L’Apprenti
- Authors
- Guérin, Raymond
- Publisher
- Ebooks libres et gratuits
- Tags
- romans
- Date
- 2017-03-22T00:00:00+00:00
- Size
- 0.41 MB
- Lang
- fr
Voici un roman méconnu, un roman rare, un roman à la fois léger et grave qu'il faut sortir de l'oubli, qu'il faut lire car il sort des sentiers battus du conformisme littéraire et nous invite à une réflexion sur l'homme et sur le monde. Écrit dans des stalags (camps de prisonniers en Allemagne) pendant la captivité de l'auteur, Raymond Guérin, le livre est publié en 1946. Il ne connaîtra pas de franc succès. Sans doute la raison tient-elle à l'hypocrisie ambiante et au fait que la société déteste qu'on lui mette le nez dans son caca. Or Raymond Guérin ne se prive pas de nous livrer son point de vue lucide et donc désespéré. L'histoire est celle de monsieur Hermès, un jeune homme que ses parents ont envoyé à Paris faire un stage dans un palace. Au fil des 420 pages de ce roman se déroulent devant nous deux histoires parallèles et mêlées, l'une objective, l'autre subjective.
L'histoire objective c'est le regard posé sur le grand hôtel, ses clients, sa direction, son personnel. On y voit évoluer, comme si on y était, la richesse insolente de clients exigeants, mais dont le comportement, apparemment chic en surface, dissimule des turpitudes de la pire bassesse dont le personnel de l'hôtel est le témoin privilégié et quotidien. On y voit aussi les tartes aux fraises tombées dans la sciure et la pisse de chat, qu'on remet prestement dans les assiettes... pour le plus grand régal des clients! Sans compter les viandes avariées rattrapées à coup d'épices !... Dans les chambres, des clientes saoûles exhibent leur cul devant le personnel... manque de pudeur? Pas du tout ! Elles sont pudiques devant les humains, ces femmes... mais, pour elles, les «larbins» du grand hôtel, ce ne sont pas des humains, juste des esclaves, des robots, des objets. Et il n'y a pas de honte à se mettre à poil devant un objet!...
L'histoire subjective est celle du héros, monsieur Hermès. Cet apprenti du palace exerce les divers métiers de l'hôtellerie: service au restaurant, service en chambres, service de nuit. Il souffre de voir cette bassesse humaine se déployer sous ses yeux: bassesse chez les clients, qui font servir à leurs chiens des viandes meilleures que celles servies au personnel de l'hôtel... bassesse aussi chez le personnel, où se livrent de terribles jeux de hiérarchie pour être «bien vu» des chefs! Au-delà, monsieur Hermès est un homme désespéré: lui qui met très haut l'amour et le plaisir, il ne trouve pour cela que des femmes, et donc que des imperfections: des emmerdeuses pleines d'exigences insupportables qui ne rêvent que mariage, grappin et famille... Sans compter les interminables et ruineuses formalités hypocrites de la drague: que d'énergie gaspillée en salamalecs, en grimaceries, en hypocrites sérénades, tout ça pour en arriver à une baise souvent décevante au cours de laquelle on attrape en outre quelques saletés au passage..
Le monde que nous décrit Raymond Guérin est un monde désespéré, un monde lucide et pessimiste, où s'opposent constamment la beauté de l'idéal et la laideur du réel! Dans chaque ligne de Guérin on croit lire en filigrane le cri de Sartre : «L'enfer c'est les autres!» Il n'est pas étonnant que la littérature de Raymond Guérin n'ait eu que peu de succès: la foule préfère les mensonges peints en rose. La vérité, grise ou noire, fait souvent horreur.L'histoire objective c'est le regard posé sur le grand hôtel, ses clients, sa direction, son personnel. On y voit évoluer, comme si on y était, la richesse insolente de clients exigeants, mais dont le comportement, apparemment chic en surface, dissimule des turpitudes de la pire bassesse dont le personnel de l'hôtel est le témoin privilégié et quotidien. On y voit aussi les tartes aux fraises tombées dans la sciure et la pisse de chat, qu'on remet prestement dans les assiettes... pour le plus grand régal des clients! Sans compter les viandes avariées rattrapées à coup d'épices !... Dans les chambres, des clientes saoûles exhibent leur cul devant le personnel... manque de pudeur? Pas du tout ! Elles sont pudiques devant les humains, ces femmes... mais, pour elles, les «larbins» du grand hôtel, ce ne sont pas des humains, juste des esclaves, des robots, des objets. Et il n'y a pas de honte à se mettre à poil devant un objet!...
L'histoire subjective est celle du héros, monsieur Hermès. Cet apprenti du palace exerce les divers métiers de l'hôtellerie: service au restaurant, service en chambres, service de nuit. Il souffre de voir cette bassesse humaine se déployer sous ses yeux: bassesse chez les clients, qui font servir à leurs chiens des viandes meilleures que celles servies au personnel de l'hôtel... bassesse aussi chez le personnel, où se livrent de terribles jeux de hiérarchie pour être «bien vu» des chefs! Au-delà, monsieur Hermès est un homme désespéré: lui qui met très haut l'amour et le plaisir, il ne trouve pour cela que des femmes, et donc que des imperfections: des emmerdeuses pleines d'exigences insupportables qui ne rêvent que mariage, grappin et famille... Sans compter les interminables et ruineuses formalités hypocrites de la drague: que d'énergie gaspillée en salamalecs, en grimaceries, en hypocrites sérénades, tout ça pour en arriver à une baise souvent décevante au cours de laquelle on attrape en outre quelques saletés au passage..
Le monde que nous décrit Raymond Guérin est un monde désespéré, un monde lucide et pessimiste, où s'opposent constamment la beauté de l'idéal et la laideur du réel! Dans chaque ligne de Guérin on croit lire en filigrane le cri de Sartre : «L'enfer c'est les autres!» Il n'est pas étonnant que la littérature de Raymond Guérin n'ait eu que peu de succès: la foule préfère les mensonges peints en rose. La vérité, grise ou noire, fait souvent horreur.