[Gutenberg 15375] • Voyage dans l'Aurès / Notes d'un médecin envoyé en mission chez les femmes arabes

[Gutenberg 15375] • Voyage dans l'Aurès / Notes d'un médecin envoyé en mission chez les femmes arabes
Authors
Chellier, Dorothée
Publisher
Rayon de Perle
Tags
aurès mountains (algeria) , women -- diseases
Date
2013-03-06T00:00:00+00:00
Size
0.10 MB
Lang
fr
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Dorothée Chellier est originaire d''Algérie, Ancien aide d'anatomie à l'école d'Alger, elle fut l'une des premières femmes médecin françaises d'origine algérienne.

Elle est chargée de mission par Monsieur Cambon, Gouverneur général de l'Algérie, qui apportait une sollicitude particulière à l'étude des problèmes se rattachant à la question indigène. Elle ira donc en mission de mai à juin 1895 dans l’Aurès, côté femmes, pour « étudier les pratiques de l’accouchement, de l’avortement et la fréquence des maladies utérines » mais aussi pour « hâter l’œuvre d’assimilation des populations indigènes ».

Le seul hôpital dans lequel s’arrête Dorothée Chellier, se trouve à Arris, construit en 1893 par les Pères blancs. Dans les villages on aménage le café maure en salle de consultation, on dresse la tente de la tebiba. Elle note les maladies les plus répandues, la malaria, la syphilis, les pathologies oculaires. Elle rencontre celle qu’elle appelle « la reine de l’Aurès », une jeune et belle courtisane, mariée à 12 ans. Remariée plusieurs fois elle choisit le célibat et la prostitution.

Au cours de sa mission, Dorothée Chellier note les pratiques traditionnelles et les croyances concernant la grossesse et l’accouchement. La « matrone » se contente d’aider l’enfant à « sortir », tandis que la femme debout tire sur une corde attachée à un rondin de bois de la charpente. Si le placenta n’est pas expulsé naturellement, elle l’abandonne dans la cavité utérine. La mortalité infantile sévit partout dans les montagnes et les campagnes.

Quant à la pratique de l’avortement, Dorothée Chellier la met en relation avec la pratique tolérée de la prostitution dans certains villages. Les Azrias, les « filles galantes », ont recours à l’avortement.

son ouvrage "Voyage dans l'Aurès" "Notes d'un médecin envoyé en mission chez les femmes arabes", compte une quarantaine de pages, et fournit des informations inestimables sur la population locale. Elle écrit :

" Nous ferions mieux encore en Algérie si nous arrivions à pénétrer la vie intime indigène, sans chercher à lui imposer notre croyance. C'est le seul vrai moyen de gagner l'arabe à notre cause." (pp.25-26)

"On n'ignore pas que depuis la conquête de l'Algérie nos efforts, pour nous assimiler les Arabes, sont restés à peu près stériles.
Les flatteries, les rigueurs n'ont abouti à aucun résultat sérieux. L'Arabe demeure réfractaire à toutes les tentatives de civilisation.
Etant d'origine algérienne, et connaissant les mœurs du pays, je m'étais souvent demandé si la non possibilité de pénétrer dans le gynécée n'était pas une des causes pour lesquelles l'assimilation était restée jusqu'ici impossible."

"Je m'étais demandé encore si une femme médecin ne pourrait pas faire quelque chose d'utile en facilitant l'introduction de nos idées dans ce milieu si obstinément, si volontairement éloigné de nous".
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