Les Récits D’Adrien Zograffi II
- Authors
- Istrati, Panaït
- Publisher
- Bibebook
- Date
- 1924-01-01T00:00:00+00:00
- Size
- 0.16 MB
- Lang
- fr
Figure assez connue de la littérature de l’entre-deux-guerres, Panait Istrati
tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son œuvre est
interdite en France durant la guerre et en Roumanie durant le régime
communiste. Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider à
Nice en janvier 1921. Il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée
qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti et lui répond
promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain. Durant des séjours
en Union Soviètique, il devine, derrière l’accueil réservé aux hôtes
étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l’écriture
de Vers l’autre flamme, confession pour vaincus, ouvrage coécrit avec Boris
Souvarine et Victor Serge dans lequel, il dénonce sans concession l’arbitraire
du régime soviétique. Selon Louis Janover, « Istrati décrit l’exploitation
impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre
ses privilèges ». L’ouvrage, contient la fameuse réplique d’Istrati à l’un des
leitmotifs de l’argumentaire communiste (« on ne fait pas d’omelette sans
casser des œufs »), à savoir : « Je vois bien les œufs cassés, mais où donc
est l’omelette ? » Extrait : - Mon enfant, tu ne blesseras personne. Nous
sommes ici en famille, ou presque. Et c'est pour mon bien que tu dois parler
de ce que tu as appris dans les livres. Je ne vis plus maintenant que pour la
vérité. Mais depuis deux ans que je lis, tant bien que mal, dans la Bible, je
ne fais que m'embrouiller. Comment expliques-tu, Adrien, que tant de sagesse
s'étale dans ce livre à côté de tant de fables, par exemple cette histoire
invraisemblable de Job ? Adrien, intimidé par le regard pénétrant du prêtre,
répondit : - C'est parce que les personnages bibliques échappent au contrôle
de l'histoire. La Bible est un livre de foi, à l'usage des croyants : elle te
demande de croire, non pas de chercher. - Mais dis-moi si tu peux croire à un
Dieu qui enlève à un père tous ses enfants, pour le plaisir de l'éprouver ? Il
doit avoir un cœur de vrai bandit !