[André 01] • Histoire Inattendu Des Arabes en Espagne
- Authors
- Histoire
- Publisher
- Famot
- Tags
- histoire , histoire (arabes - berbères)
- Date
- 2016-04-25T22:00:00+00:00
- Size
- 1.46 MB
- Lang
- fr
Peu de peuples ont été autant calomniés et ignorés délibérément que ne l'a été — et ne l'est toujours, hélas ! — le peuple berbère. On fouillerait vainement les bibliothèques à la recherche d'une histoire spécifique de cette grande nation dont l'existence est pourtant attestée depuis au moins quarante-cinq siècles, comme sa remarquable stabilité dans la même aire géographique, à savoir l'immense pays délimité par la Méditerranée au nord, l'Atlantique à l'ouest, la rive occidentale du Nil à l'est, et le Sahel soudanais au sud. Une histoire gommée Depuis la plus lointaine antiquité, une espèce de malédiction s'acharne à refuser à l'histoire des Berbères toute autonomie. Cette histoire n'est traitée, et encore sommairement, que comme un appendice de l'histoire des autres peuples auxquels le hasard a confronté les Berbères. Ainsi de Carthage, dont nous n'ignorons aucune des puériles intrigues de palais tandis qu'un silence lourd et mystérieux enveloppe le peuple qu'elle domina : les multitudes berbères autochtones. Si l'on excepte l'ouvrage de Salluste consacré à la guerre de Jugurtha, les historiens romains ne se sont guère plus intéressés aux transformations de la société berbère qui s'opéraient sous leurs yeux. Byzance ni les Vandales ne firent davantage cas de l'histoire locale. Quant aux Arabes, à l'exception d'Ibn Khaldoun, leur souci majeur fut d'arabiser l'histoire des Berbères, au point de l'incorporer à la leur. Même les historiens berbères de culture arabe ne procédèrent pas différemment : l'évolution du Maghreb est pour eux subordonnée à celle du Machreq (Orient arabe) dont elle ne serait qu'un prolongement. Plus récemment, les historiens européens qui se sont attachés à la Berbérie ont succombé à la tentative de justifier l'entreprise coloniale par la recherche d'une « parenté » entre Berbères et Européens. Ils ont présenté l'histoire de l'Afrique du Nord comme le récit d'une incompréhensible tragédie au terme de laquelle cette « province romaine et chrétienne » a mystérieusement épousé le Diable (l'Islam), des griffes de qui il s'agissait de l'arracher... « Nos ancêtres les Mecquois » Avec l'accession des pays berbères à l'indépendance, il y a une trentaine d'années, on se serait attendu à un revirement. La logique de l'histoire autant que les passions nationalistes eussent normalement commandé aux Berbères de ressaisir leur patrimoine et d'écrire enfin l'authentique histoire de leur nation. Eh bien ! Il n'en a rien été, jusqu'ici. En très large majorité, les historiens maghrébins se sont enlisés dans les mêmes ornières que leurs prédécesseurs arabes ou berbères. Une fois de plus, le devenir berbère n'est pour eux qu'une parenthèse à peine soulignée dans la grande convulsion qui marque la renaissance de la ... nation arabe. Une fois de plus, le peuple berbère est frustré de son passé, de sa personnalité, de son originalité. On en est même venu à enseigner dans les écoles primaires maghrébines que l'histoire du pays commence au VIIIe siècle, c'est-à-dire avec la conquête arabe. Après « nos ancêtres les Gaulois », voici « nos ancêtres les Mecquois »… Plus de deux millénaires et demi d'une riche histoire sont purement et simplement « gommés » pour satisfaire à des impératifs politiques à courte vue. Une restitution Pourtant, à la lumière des récentes découvertes archéologiques et historiques, le rôle joué par la Berbérie dans l'Histoire apparaît plus que jamais essentiel. Elle ne s'est pas contentée d'être une intermédiaire, le plus souvent à son corps défendant, entre l'Europe de l'Ouest, l'Orient et l'Afrique. Son génie a fécondé les apports culturels venus de ces trois côtés et élaboré une synthèse grandiose à laquelle sont redevables aussi bien la civilisation orientale que l'occidentale et l'africaine. Oblitéré par les passions religieuses, raciales, culturelles, politiques, ce rôle fondamental doit être restitué au peuple berbère. Le présent ouvrage entreprend cette restitution. Lorsque, par exemple, nous corrigerons l'erreur des historiens répétant que l'Espagne a été conquise par les Arabes, nous ne ferons que rendre justice aux véritables conquérants, les Berbères. Et restituer à ceux-ci leur part de gloire dans l'immense effort qui a engendré la brillante civilisation hispano-mauresque.