Les Carnets De L.A.

Certaines vies suivent un itinéraire sinueux. D’autres

empruntent une trajectoire rectiligne et passent tel Lucifer d’un paradis

artificiel à l’enfer. Que l’on ne se méprenne pas : le jeune James Brown

est loin d’être un ange. À l’instar de son célèbre homonyme afro-américain, James

Brown est tourmenté par une horde de démons à l’échelle de son talent.

Son extraordinaire livre – plus une violente

purgation psychique que de véritables Mémoires – regorge de prouesses

littéraires, à commencer par sa prose incisive, son immédiateté perturbante et

son audace absolue. On ne peut s’empêcher de se demander où l’auteur a puisé la

force d’écrire ce magistral chef-d’œuvre après tout ce qu’il a vécu et comment

il a évité le couloir de la mort.

En réalité, Les Carnets de LA. sont une

réflexion sur le fait que, pour certains d’entre nous, la vie débute au

purgatoire et ne s’améliore guère après. Ce passage éloquent évoque tout à la

fois Dostoïevski et Hubert Selby : « Je suis dans la voiture et j’attends

ma mère. Elle est partie mettre le feu à un immeuble au bout de la rue. J’ai

cinq ans. »

Est-il besoin d’en dire plus ?