Un Coeur Aride

Sur la côte toscane, une petite station qui l'été se gonfle et se modernise, pour n'être plus l'hiver qu'une bourgade de province. En 1931, les jeunes filles du pays vivent ainsi sur deux rthmes : en été les bals et la vie urbaine, en hiver, le retour à une demi-claustration.Anna et sa soeur Bice ont été élevées par leur tante, couturière de l'Intendance. Elles-mêmes travaillent tout le jour à la maison. On redoute les villégiateurs et les soldats qui sont la perte des filles de Marina. Restent les garçons du pays un peu timides, un peu cyniques, à la fois très libres dans leurs propos et très prudents dans leurs gestes.C'est dans ce cadre qu'Anna va, par une série de choix courageux, par une fidélité profonde à elle-même, risquer, manquer et peut-être sauver son destin de femme. Au regard des conventions, Anna n'est bientôt plus une fille sage, et pourtant chaque étape de ce qui, vu du dehors, paraît être une suite d'erreurs, est le fuit d'une décision proprement admirable, celle-là même de l'authenticité. Anna ne ment pas comme ne ment pas ce paysage auquel elle sait qu'elle appartient pour toujours ; et ce n'est pas par hasard qu'à la dernière page du livre, elle comprend, devant la plaine et la mer, qu'elle a atteint, elle qu'on disait "un coeur aride", la vie vraie.Ce récit prolonge "Fausto et Anna", et "La ragazza" - et s'en détache par un retour à la technique des premiers essais littéraires de Cassola : saisir en de peits blocs de durée (les chapitres n'ont souvent pas plus de 4 ou 5 pages) l'épaisseur d'une existence, avec tout ce qui y est impliqué d'avant et d'après, sans qu'il soit besoin de le dire. C'est comme une constante pénétration du silence dans la parole, et peut-être de l'éternité dans le temps.