Piotrus
- Authors
- Lipski, Leo
- Publisher
- Montano - TAZ
- Tags
- littérature polonaise
- Date
- 2013-08-14T15:38:11+00:00
- Size
- 0.20 MB
- Lang
- fr
Né à Zurich en 1917, Leo Lipski grandit à Cracovie où il fit d'abord ses études avant d'être arrêté par les Soviétiques et déporté.
Piotruś, dont nous ne saurons rien, sinon qu’il
est jeune, d’origine polonaise, doté d’une certaine culture (il lui arrive de
citer Kant ou Heidegger), et infirme (mais cette impotence pourrait n’être qu’une
sorte de paresse métaphysique), se met lui-même en vente un jour sur le marché
de Tel-Aviv. Il est acheté bientôt par une veuve sordide. Elle l’installe dans
ses latrines : il doit les occuper en permanence pour en interdire l’accès
à des locataires dont elle veut se débarrasser. Il y passera ses journées, roulé
sur lui-même à l’ombre de l’unique objet du lieu pour tenter d’atténuer la
brûlure du soleil, regardant s’effriter les murs, écoutant les conversations
qui se font de fenêtre à fenêtre – jusqu’à ce qu’apparaisse un jour Batia, la
nièce de sa patronne, jeune peintre de seize ans, prostituée ardente et fraîche.
En échange d’un cérémonial érotique auquel il se prête (un collier au cou, il
devient l’un des chiens disparus que sa patronne aima d’amour), il obtient un
droit de sortie qui lui permet de rencontrer Batia, dont il devient le
confident et l’amant, non sans l’accompagner dans ses sorties avec ses amis de
passage. Mais Batia rêve de Paris, où ses exigences de liberté trouveraient, croit-elle,
à s’accomplir. Elle part. À nouveau « muré dans son propre corps », Piotruś
est rendu à son ascèse, à cette espèce de recherche de l’absolu par l’abject
qui semble être sa vérité avouée comme elle est la vérité inconsciente de tous.
Titre : PiotrusAuteur : Leo Lipski Edition : Gallimard , 1972 - 211 pages papierLien : http://www15.zippyshare.com/v/29577938/file.htmlFormats : doc/scan/ epub/mobiPrésentation :Piotrus, dont nous ne saurons rien, sinon qu’il est jeune, d’origine polonaise, doté d’une certaine culture (il lui arrive de citer Kant ou Heidegger), et infirme (mais cette impotence pourrait n’être qu’une sorte de paresse métaphysique), se met lui-même en vente un jour sur le marché de Tel-Aviv. Il est acheté bientôt par une veuve sordide. Elle l’installe dans ses latrines : il doit les occuper en permanence pour en interdire l’accès à des locataires dont elle veut se débarrasser. Il y passera ses journées, roulé sur lui-même à l’ombre de l’unique objet du lieu pour tenter d’atténuer la brûlure du soleil, regardant s’effriter les murs, écoutant les conversations qui se font de fenêtre à fenêtre – jusqu’à ce qu’apparaisse un jour Batia, la nièce de sa patronne, jeune peintre de seize ans, prostituée ardente et fraîche. En échange d’un cérémonial érotique auquel il se prête (un collier au cou, il devient l’un des chiens disparus que sa patronne aima d’amour), il obtient un droit de sortie qui lui permet de rencontrer Batia, dont il devient le confident et l’amant, non sans l’accompagner dans ses sorties avec ses amis de passage. Mais Batia rêve de Paris, où ses exigences de liberté trouveraient, croit-elle, à s’accomplir. Elle part. À nouveau « muré dans son propre corps », Piotrus est rendu à son ascèse, à cette espèce de recherche de l’absolu par l’abject qui semble être sa vérité avouée comme elle est la vérité inconsciente de tous.Ainsi réduite à l’anecdote, l’histoire de Piotrus pourrait passer pour n’être qu’une bouffonnerie noire. Il n’en est rien. Douloureuse certes, l’histoire est aussi empreinte tout au long d’une puissance calme où le pathétique n’a presque pas de part, mais que nulle affectation d’indifférence ne durcit non plus, et où il est aussi impossible de déceler un « pessimisme », qu’il ne serait juste de voir une volonté de grotesque dans ce qu’elle a de drôlerie. L’admirable innocence qui marque les rapports de Piotrus et de Batia, leurs dialogues, tout comme les notations de grâce dans les gestes ou les états de la nature, d’une brièveté éblouissante, ne peuvent tromper à cet égard. Ce rare équilibre est pour beaucoup dans ce que Piotrus a de fascinant, et qui permet de ranger Lipski aux côtés de ses grands devanciers du domaine polonais. Bruno Schulz, Witold Gombrowicz. (Quatrième de couverture)Extrait :Elle savait se donner si entièrement qu’il n’en restait aucune trace – tel un bateau coulé par le fond. Elle passait, fluide au-dessus de moi, comme font les vagues – en me heurtant et s’inclinant comme la vague qui s’étale, puis en se redressant comme la vague qui brise sur les rochers… pour enfin sombrer, lèvres serrées, toute vibrante. Elle demeura ainsi sans ouvrir les yeux, laissa seulement aller sa tête et desserra les dents. Au bout d’un long moment, elle murmura :— Comment est-ce arrivé ?Puis, elle se coucha sur le dos, tache d’or toujours étincelante.Elle sentait bon, comme un enfant qui se réveille. Petit à petit, ses yeux commencèrent à luire, yeux qui brillaient dans la ténèbre comme ceux d’un chat. Elle se mit à s’étirer, et enfila son short, son corsage.