Victor Hugo en Suisse
![Victor Hugo en Suisse](/cover/ufQPsO4z223QkYjt/big/Victor%20Hugo%20en%20Suisse.jpg)
- Authors
- Hugo, Victor
- Publisher
- Bibliothèque numérique romande
- Tags
- lettres , récit de voyage
- Date
- 2016-10-10T00:00:00+00:00
- Size
- 0.35 MB
- Lang
- fr
En 1825, Victor Hugo avait eu l’idée avec Charles Nodier de publier la relation du voyage qu’il comptait faire au Mont-Blanc avec sa famille. Le voyage se fit, mais l’éditeur ayant eu des difficultés, ces relations ne se publièrent que par morceaux, dans diverses revues. Plus tard, Victor Hugo effectua d’autres voyages… Dans ce périple en Suisse de 1839 – descendant depuis l’Allemagne vers Nice au climat plus clément – et dont certaines étapes sont restées à l’état de notes – Victor Hugo nous écrit : «Je veux tout voir, et je regarde autant le bord du chemin que le bord du ciel. Et puis, ce sont des scènes domestiques où se révèlent les originalités locales. […] plutôt curieux qu’archéologue, plutôt flâneur de grandes routes que voyageur, je suis un grand regardeur de toutes choses, rien de plus, mais je crois avoir raison ; toute chose contient une pensée ; je tâche d’extraire la pensée de la chose. C’est une chimie comme une autre. Tout cela m’amuse et me ravit. […] À Freiburg, j’ai oublié longtemps l’immense paysage que j’avais sous les yeux pour le carré de gazon dans lequel j’étais assis. C’était sur une petite bosse sauvage de la colline. Là aussi, il y avait un monde. […] En somme, cet univers-là est aussi grand que l’autre. […] À Rheinfelden, les exubérantes enseignes d’auberge m’ont occupé comme des cathédrales ; et j’ai l’esprit fait ainsi, qu’à de certains moments un étang de village, clair comme un miroir d’acier, entouré de chaumières et traversé par une flottille de canards, me régale autant que le lac de Genève.» Ce qui ne l’empêche pas de rester ébloui devant les chutes du Rhin : «La cascade fait un rugissement de tigre, bruit effrayant, rapidité terrible. Poussière d’eau, tout à la fois fumée et pluie.» Ou, du Rigi : «En ce moment l’abîme devenait magnifique. Le soleil se couchait derrière la crête dentelée du Pilate. Il n’éclairait plus que les sommets extrêmes de toutes les montagnes, et ses rayons horizontaux se posaient sur ces monstrueuses pyramides comme des architraves d’or.»