[Les gestionnaires de l'Apocalypse #3, part 01] • Le Bien des autres

Premier tome du troisième volet des Gestionnaires de l'apocalypse – cette tétralogie de Jean-Jacques Pelletier consacrée à la mondialisation des mafias –, Le Bien des autres est particulièrement inquiétant, puisqu'il traite de la manipulation des populations, à travers le percutant triumvirat de la politique, de la religion et des médias.

De portée internationale et d'une ampleur colossale, la saga de Jean-Jacques Pelletier n'a pas d'équivalent au Québec. Ancrés dans l'actualité, soutenus par une vision sombre et grinçante du monde, les scénarios politico-criminels développés par Pelletier font frémir. Dans Le Bien des autres , le Consortium, une organisation occulte vouée au profit et au mal, entreprend de se débarrasser de son éternel ennemi, l'agence clandestine nommée “l'Institut”. Il aura ainsi les mains libres pour déstabiliser le Québec en créant un climat d'insécurité “susceptible de générer de la demande pour (…) un régime fort et rassurant, propre à calmer les inquiétudes du peuple”. L'élection d'un nouveau parti politique fédéral, inféodé au machiavélique Consortium n'en sera que plus certaine. Tandis que les tensions linguistiques sont attisées par divers attentats, l'enquête du sympathique inspecteur-chef Théberge le conduit vers la mystérieuse et influente Église de la Réconciliation Universelle…

Cette imposante brique reprend les ingrédients qui ont fait le succès de l'auteur de La Chair disparue et de L'Argent du monde  : analyse brillante des enjeux, narration éclatée en courtes scènes, construction rigoureuse, dialogues souvent savoureux, personnages typés. Une mécanique efficace qui, cependant, ménage peu de place à l'émotion. Très cinématographiques, tournés vers l'action plutôt que vers l'introspection, les thrillers du professeur de philosophie devraient fournir une matière idéale à la série télévisée que préparent le duo Luc Dionne et Pierre Houle ( Omertà, Bunker le cirque ). -- Marie Labrecque