Le Magnétiseur

Drames familiaux, amours interdites, filiations trahies et douteuses, magnétisme qui soigne ou qui abuse sont au rendez-vous dans le Le Magnétiseur , récit d’un romantisme noir à couper le souffle dont Frédéric Soulié maîtrise si bien les codes.

La scène se passe en 1787, au début du roman. Charlotte-Diane de l’Étang, duchesse d’Avarenne , est en disgrâce. Elle s’ennuie sur ses terres. Elle se fait narrer les expériences de magnétisme menées par le jeune Docteur Lussay et le sort de Louise dont le comportement, après avoir subi les soins du docteur, inquiète Jean d’Aspert , son promis.

Intéressée puis attirée, la duchesse a une aventure avec Jean.

Passe la tempête de la Révolution, les guerres napoléoniennes… Jean, devenu général, sauve la duchesse émigrée à Rome et apprend sa paternité…

Le magnétiseur est un personnage récurrent dans l’œuvre du second romantisme, et plus particulièrement dans la littérature fantastique du XIXe siècle. Ce personnage sombre use de l’influence réciproque des corps à des fins suspectes, diversement intéressées, le plus souvent sexuelles, conférant aux scènes dans lesquelles il intervient un intérêt dont la nature va sans dire….

Il est un avatar inquiétant de Franz Anton Mesmer (1734-1815).

Le célèbre médecin viennois, fondateur en 1784 de la Société de l’Harmonie universelle , exerça en France entre 1778 et 1785, et connut un immense succès avec la cure dite "du baquet", avant de publier son Mémoire sur la découverte du magnétisme animal et d’initier une longue période de controverse scientifique concernant ses théories.

Charles Nodier dans Jean Sbogar (1818), Balzac dans Le centenaire ou les Deux Beringheld (1822), George Sand dans Consuelo et dans La Comtesse de Rudolstadt (1843), Alexandre Dumas dans Joseph Balsamo (1846) … et tant d’autres, n’ont pas manqué d’exploiter cette épice, pour l’aura de mystère et, le cas échéant, pour la suggestion libidineuse.

C’est dans ce contexte qu’au cœur de cette histoire d’amour et de paternité trahie Frédéric Soulié fait intervenir tour à tour deux magnétiseurs, le savant docteur Lussay , plus thérapeute que magnétiseur, et le Baron de Prémitz , figure énigmatique et sombre, double noir du précédent.

Conformément à son habitude, Frédéric Soulié , condense et déplace ici un fonds de souvenirs familiaux issu de son enfance ariégeoise.

Déchirements, séductions, doutes et sacrifices … c’est un roman inquiétant et haletant que vous propose un des pionniers et virtuoses incontestés du roman-feuilleton du XIXe, digne de rivaliser avec les grands maîtres du genre, tels Dumas ou Balzac , dans un style que n’aurait pas démenti le grand ****