ARA n. m. est un emprunt (1558) au tupi arara (araraca en guarani, sous cette forme en français, chez Maupassant).
❏
Le mot, directement transmis des langues indiennes du Brésil en français (Thevet, 1558, qui écrit arat), désigne un gros perroquet à plumage vif, originaire du Brésil. La forme complète arara (1651), réempruntée, n'a pas concurrencé la forme ara (1614).
ARABE adj. et n. est la réfection, par le latin arabus, de la forme ancienne arrabit (1080), peut-être issue directement de l'arabe ῾arabī. Le mot latin vient du grec araps, arabos, lui-même emprunté à l'arabe où il signifiait peut-être « le nomade qui vit sous la tente ».
❏
Le mot concerne d'abord exclusivement l'Arabie, puis s'applique aux peuples originaires d'Arabie qui, avec l'islam, se sont établis au sud de la Méditerranée (Égypte, Libye, Maghreb), au Proche-Orient (Syrie, Irak) et en Espagne. Le mot a quelques emplois figés, tel
chiffres arabes opposé à
chiffres romains (le mot
chiffre* étant lui-même d'origine arabe).
■
Il a eu des valeurs figurées, souvent péjoratives, qui reflètent les images sociales de l'Arabe : corsaires barbaresques, d'où un arabe, du XVIIe au XIXe s. au sens d'« usurier rapace » (avec pour synonyme juif), puis « pillard nomade » (on disait aussi bédouin), succédant à barbaresque.
■
En français moderne populaire, par suite de la colonisation du Maghreb au XIXe s., arabe équivaut à « maghrébin », sans perdre ses emplois normaux ; ceci à tel point qu'on ne dit plus arabe pour « d'Arabie » mais par exemple saoudien (d'Arabie Saoudite).
■
Arabe adj. et n. m. est appliqué à la langue sémitique née en Arabie et répandue par l'islam, dont les variétés sont distinguées par des syntagmes (arabe préislamique, coranique, littéral, dialectal), différent selon les régions et opposé à l'arabe moderne, dit « du journal ». Avec un nom de pays (algérien, marocain, jordanien, égyptien...), il s'agit en général de l'ensemble des parlers arabes spécifiques de chaque pays ; arabe hassaniya, parlers arabes de Mauritanie et du Niger ; arabe choa, parler arabe servant de langue véhiculaire au Tchad, au Nigéria.
❏
ARABIQUE adj., ancien synonyme de
arabe, est emprunté (1213) au dérivé latin
arabicus. Il a subsisté en géographie (
golfe Arabique : mer Rouge) et encore aujourd'hui dans
gomme arabique.
■
Le féminin latin ARABICA a fourni le nom international d'une variété de café (d'abord, caféier originaire d'Arabie).
■
Le nom de la langue (voir l'encadré) a donné plusieurs dérivés. ARABISER v. tr. (1735) a signifié « donner une phonétique arabe à (un mot) » et ARABISME n. m. (1740) « manière de dire propre aux Arabes ».
◆
Cependant, ces deux mots, notamment avec l'indépendance des pays arabes, ont pris une autre valeur, « donner un caractère social arabe à » et, pour arabisme, « esprit, civilisation arabe ».
■
ARABISANT, ANTE, d'abord adjectif pour « arabique » (1637), a été reformé comme nom (1842) pour « spécialiste de la langue et de la culture arabes ». En français du Maghreb et des pays arabophones d'Afrique, il désigne une personne qui a fait ses études en arabe.
■
Le dérivé du verbe, ARABISATION n. f. (attesté 1903), est devenu courant pour « fait de donner un caractère arabe à (l'administration, l'enseignement, par exemple) ».
■
ARABITÉ n. f. s'emploie pour « caractère arabe » et « spécificité culturelle du monde arabe ».
■
Les mots composés en ARABO- sont nombreux. ARABOPHONE adj. et n. (attesté 1903) est d'usage fréquent en français dans la série des adjectifs en -phone, notamment du fait des relations entre l'arabe maghrébin et le français (Cf. francophone).
◆
ARABO-ISLAMIQUE adj., attesté dans les années 1960, qualifie ce qui appartient à l'élément arabe des civilisations islamiques. ARABO-AFRICAIN, AINE adj. a deux valeurs, celle qui a trait aux caractères communs au monde arabe et à l'Afrique ; celle qui renvoie aux pays arabes du continent africain.
■
ARABO-BERBÈRE adj. qualifie ce qui est commun aux Arabes et aux Berbères, notamment en Algérie, au Maroc.
◈
ARBI n. m. date sans doute du milieu du
XIXe s. (attesté 1863) ; c'est un emprunt des militaires de l'armée coloniale à l'arabe maghrébin, qui correspond à l'arabe classique
῾arăbīyī « arabe ». Ce mot familier a désigné les Maghrébins d'Algérie, dits en français
Arabes (ci-dessus) ; il était familier et condescendant, mais non injurieux.
◆
Son dérivé
ARBICOT n. m. (1861), qui a disparu, a donné le terme raciste
bicot*.
■
Enfin, par traitement en verlan sur le schéma arabeu -arbeu -beur, le n. et adj. BEUR (v. 1980) s'applique aux Maghrébins de la « deuxième génération », en général nés en France et souvent citoyens français.
◆
Un dérivé BEURETTE n. f. (av. 1990) désigne les jeunes filles.
◆
Un deuxième traitement en verlan, plus simple, REBEU n. et adj. est probablement dû à la diffusion du mot beur dans l'usage familier général (du moins en français de France) et au désir de retrouver un mot plus communautaire.
❏ voir
ARABESQUE.
ARABESQUE n. f., qui apparaît chez Rabelais en 1546, est un italianisme emprunté à arabesco, dérivé de arabo (→ arabe).
❏
Adjectif et nom masculin, il signifie « langue arabe » (jusqu'au XVIIe s.).
◆
Cependant, l'expression à l'arabesque, pour désigner un style décoratif, est ancienne. De là vient (1611) l'emploi de une arabesque, une décoration « à l'arabe », faite de formes végétales et géométriques compliquées, l'islam excluant la représentation humaine. Le mot a eu pour synonyme mauresque, par la même image.
◆
Arabesque, mot pittoresque, s'est étendu avec le romantisme à « ligne, évolution sinueuse, capricieuse » (1839, Balzac), parfois mis en relation avec grotesque (les contes de Poe traduits par Baudelaire). Il s'est employé en chorégraphie (1838) ; depuis 1872, il concerne le domaine sonore, musical (titre d'œuvres pour piano, de Debussy).
ARACHIDE n. f., d'abord féminin, est d'abord un mot scientifique (arachydna, 1752) emprunté au latin arachidna, hellénisme pris au grec arakhidna « gesse », dérivé de arakos (même sens), mot d'étymologie inconnue, qui vient peut-être d'Asie Mineure.
❏
Francisé en
arachide (1794), peu avant l'apparition de
cacahuète (1801), qui ne concerne que la graine, le mot désigne une plante tropicale produisant des graines oléagineuses. Un autre synonyme, pour la graine, est
pistache (de terre), employé en français des Antilles.
◆
Arachide (et non
cacahuète) tend à remplacer l'anglicisme
pinotte (peanut) en français du Canada. Le mot est aussi plus courant en français d'Afrique subsaharienne qu'en français d'Europe, où on emploie plus
cacahuète, avec des expressions comme
arachide de bouche (Afrique) pour une variété consommée entière. En français du Canada,
beurre d'arachide est en concurrence avec
beurre de peanut, familier.
ARACHIDIER, IÈRE adj. « qui concerne la culture d'arachides ».
ARACHNIDES n. m. pl., d'abord féminin, est un dérivé savant (1801), par le latin scientifique, du grec arakhnê « araignée » et « toile d'araignée », que l'on ne peut rapprocher, hors du grec, que du latin aranea (→ araignée) ; le mot est peut-être apparenté à arkus « filet ».
❏
Ce terme de zoologie désigne la classe d'animaux, différents des insectes, à laquelle appartiennent les araignées — considérées comme des insectes jusqu'au XVIIIe s. — ; la classe zoologique, établie par Lamarck, remplace les Araneae (araignées) de Linné.
❏
Du dérivé grec
araknoides « en forme de toile d'araignée », vient par emprunt en anatomie le mot
ARACHNOÏDE n. f. (
XVIe s., Paré), nom d'une des membranes enveloppant l'encéphale.
◆
Il a pour dérivés
ARACHNOÏDIEN, IENNE adj. (1838), « fin comme une toile d'araignée » et en anatomie (1855) « de l'arachnoïde », et
ARACHNOÏDITE n. f. (1812).
◈
■
ARACHNÉEN, ENNE adj. est un dérivé savant (1857) du grec arakhnê, d'abord didactique pour « propre à l'araignée », puis littéraire au sens de « léger, aérien comme la toile d'araignée » (1889, Goncourt : architecture arachnéenne, à propos de la tour Eiffel).
ARACK n. m. est emprunté (1519, arach ; arack au XVIIIe s.) à l'arabe ῾araq « sueur » et « exsudation », dans ῾araq al-tamr « exsudation du palmier », le suc du dattier, après fermentation, fournissant une boisson alcoolique (Cf. vin de palme). Le portugais a arraga.
❏
Le mot apparaît dans la traduction française du voyage aux Moluques de l'Italien Pigafetta. Il désigne alors un alcool de riz (sens extensif en arabe), puis (1670, arac) de canne à sucre, de lait aigri, chez les Tartares (1752). Le mot arabe ayant été emprunté dans de nombreuses langues, des réemprunts ont eu lieu, pour désigner divers produits de distillation alcoolique. On écrit aussi arak, arac (archaïque).
❏ voir
RAKI.
ARAIGNÉE n. f. désigne, sous diverses variantes formelles (notamment une voyelle initiale i dans iraignée, du XIIe au XVIIe s.), ce que nous appelons toile d'araignée, le mot ayant changé de sens, d'ailleurs très tôt (déb. XIIe s.). C'est un dérivé de araigne, aragne, iraigne, irègne « araignée » au sens actuel. Toutes ces variantes sont issues (déb. XIIe s.) du latin aranea « toile des arachnides ». L'animal se disait araneus (l'italien a gardé cette distinction : ragna, ragno), forme primitive du mot latin, probablement apparenté au grec arakhnê « araignée » (→ arachnides). Un composé a donné musaraigne* (avec mus « souris »).
◆
Le couple araigne-araignée, où le suffixe -ée vaut pour « ce qui est produit par... », a disparu avec son premier terme (XVIe-XVIIe s.), araignée prenant le sens de l'ancien mot.
◆
Les composés du type arantèle (XVIe s.), du latin tela, pour désigner la toile, n'ont pas vécu ; le latin avait connu araneae tela, littéralement « toile d'araignée ».
❏
C'est au
XVIe s. que le dérivé
araignée, d'abord « toile d'araignée », se met à désigner l'animal (1549), éliminant peu à peu la forme simple
araigne, aragne (maintenue dans les dialectes et encore attestée en français central au
XIXe s.).
◆
Araignée étant seul usuel, c'est le syntagme
toile d'araignée qui a occupé le premier sens du mot, alors que les dialectes occitans utilisent plutôt
toile aragne (Cf. espagnol telaraña). Araignée a divers emplois extensifs.
◆
Le fait que
araignée rouge, araignée d'eau désignent des insectes, et non des arachnides, souligne le fait que la distinction entre insectes (concept précisé aux
XVIIIe-
XIXe s.) et araignées est relativement récente
(Cf. arachnides).
◆
La forme caractéristique de nombreuses araignées, aux pattes longues et recourbées disposées autour du corps, a donné lieu à des métaphores comme
doigts d'araignée (1694) avec l'idée secondaire de doigts crochus, d'avidité pour
araignée de comptoir « marchand » et
araignée de trottoir « prostituée », en argot (1896), expressions sorties d'usage. L'idée de marche rapide s'y joint dans le second syntagme, qui reprend
araignée de bastringue (1809) « fille qui fréquente les cabarets ».
■
Par ailleurs, la forme de l'araignée sert à désigner des objets à partie centrale circulaire et à éléments rayonnants : « pince à crochets de chirurgien » (XVIe s., Paré), « cercle de l'astrolabe » (1690), « crochet de fer à plusieurs branches » (1694), « poulie à plusieurs branches » (1678), « petite voiture à grandes roues » (1870), plus récemment « système de fixation à plusieurs élastiques » où l'idée de la toile est aussi présente.
■
D'autres métaphores, pour aragne, puis pour araignée, concernent la toile : « filet à oiseaux » (araigne, 1565 ; araignée, 1660) ou « filet de pêche » ; « nielle des prés » (aragne), « grillage de fer » (areigne, 1386) ; la plupart ont disparu.
Enfin, les valeurs symboliques négatives attachées à l'animal donnent parfois lieu à de la phraséologie : tristesse (araignée du matin, chagrin ; mais du soir, espoir), folie : avoir une araignée dans le plafond (1866), ou au plafond « être un peu fou ».
❏
Le latin
aranea a servi à former quelques termes scientifiques, notamment
ARANÉIDES n. m. pl. (1803) « ordre de la classe des arachnides, les Araignées de Linné »
(Cf. arachnides) ; cet ordre a été établi par Walckenaer (« arachnides fileux »).
◆
ARANÉIFORME adj. (1838) a vieilli.
◈
ARANTÈLE n. f. est composé (1561) du latin
aranea ou de
aragne et du latin
tela « toile », selon le procédé familier au
XVIe s., pour désigner la toile d'araignée. Ce mot disparu est parfois repris comme archaïsme littéraire.
◆
Il s'est spécialisé en vénerie pour désigner des formations fibreuses sur le pied du cerf.
❏ voir
ARACHNIDES, ÉRIGNE, MUSARAIGNE, ROGNE.
L
ARAIRE n. m. est un terme ancien (arere, déb. XIIe s.) devenu dialectal (nord-est et midi de la France) et repris (1740) avec un sens distinct de celui de charrue. Le Centre connaît, avec un autre suffixe, areau et ses variantes, courantes au XVIe siècle. Ces mots, supplantés par charrue, sont issus du latin aratrum, dérivé de arare. C'est un verbe indoeuropéen, signifiant « labourer », que l'on retrouve dans de nombreuses langues (racine °ara-). Un dérivé spécifique désigne l'instrument pour labourer, aroun en grec, arathar en celtique, etc. C'est le passage de l'instrument archaïque, sans roues, à celui qui en comporte, que signale le passage au mot charrue.
❏
Araire, après l'apparition de la charrue (XII-XIIIe s.), reste en usage pour désigner l'ancien instrument et ses équivalents dans des cultures traditionnelles.
❏
Le verbe latin
arare avait donné en ancien français
arer (1155), éliminé par
labourer, et qui a eu des sens figurés en marine (
XVIe-
XVIIIe s.). Il a disparu, comme ses dérivés
arée n. f. « terre labourée » (1155) et « action de labourer » (2
e moitié
XIXe s.),
arage n. m. « terre labourable » (
XIIIe-
XIVe s.) et comme
areur n. m. « laboureur », issu (
XIIIe s.) du dérivé latin
arator, et
areüre, airure n. f. (
XIIe-
XVIe s.) « labour ; culture ». Outre
araire, deux mots de cette famille ont survécu,
arable et
aratoire.
◈
ARABLE adj. est un emprunt ancien (1155) au latin
arabilis à l'accusatif, dérivé de
arare. Il signifie « propre à être labouré ».
Bœuf arable « de labour » s'est employé en moyen français (1395-
XVe s.).
■
ARATOIRE adj. est un emprunt (traité quant au suffixe) au latin aratorius, autre dérivé de arare. Bœuf aratoire (1514), qui avait remplacé bœuf arable (ci-dessus), est lui aussi sorti d'usage.
◆
L'adjectif semble repris au XVIIIe s. dans ses emplois modernes : instrument aratoire (1787), art aratoire (1796), vieilli.
ARAMÉEN, ENNE adj. et n. est tiré du nom hébreu Aram, le fils de Sem dans la Bible, ancêtre mythique des Araméens. Le mot qualifie ce qui a rapport à ces tribus nomades de Mésopotamie, qui formèrent au XIIe s. avant le christianisme des petits États en conflit avec les Hébreux. Au VIIIe s. av. J.-C., les Araméens furent soumis aux Assyriens et se dispersèrent, leur langue se diffusa. L'araméen n. m. désigne cette langue, qui fut celle de la Palestine au temps du Christ et servit au commerce dans la région jusqu'à la conquête arabe.
ARANÉIDES, ARANTÈLE → ARAIGNÉE
ARAPÈDE n. m. et f. (le masculin l'emporte dans les dictionnaires modernes), qui se trouve cité dans l'Encyclopédie (1765) à l'article patelle, est un emprunt au provençal arrapeda, alapeda, lui-même de l'hellénisme latin lepas, lepadis. Il désigne en français de Provence le coquillage ailleurs appelé patelle.
ARAUCARIA n. m. est emprunté (1823, adapté en araucaire) au latin botanique araucaria, tiré par A. L. de Jussieu (Genera plantarum) de l'espagnol Araucanos, nom d'une population indienne du sud du Chili (en français Araucans).
❏
Le mot désigne un conifère originaire d'Amérique du Sud.
L
ARBALÈTE n. f. est issu (1080) du composé latin arcuballista (Végèce), de arcus (→ arc) et ballista (→ baliste). Il est écrit arbaleste dès La Chanson de Roland, par disparition du c de arcus (°arcbaleste) ; une variante arbalestre est usuelle jusqu'au XVIe s. et a produit le dérivé arbalestrier (XIIe s. ; variante arbalestier). Elle est produite par assimilation, comme pour regesta-registre. Une autre variante, erbalète, a elle aussi disparu.
❏
L'arme fut en usage jusqu'au
XVIe s., mais le mot reste connu comme terme historique et a été repris, de même que
arc, pour exercer un sport, d'où le sens « tir à l'arbalète ; sport qui consiste à tirer avec cette arme » (probablement mil.
XIXe s.).
Arbalète a en outre désigné des petits arcs pour enfants (1544,
arbellette) et par plaisanterie, en argot, un fusil (1915-1918), une arme à feu (mil.
XXe s.) ;
Cf. escopette, tromblon.
◆
L'idée d'arme est aussi à la base du figuré plaisant pour « membre viril » (1531), encore attesté au
XXe s. mais peu usuel
(Cf. ci-dessous 1 arbalétrier).
◆
L'idée de rapidité
(filer comme une arbalète) concerne la valeur régionale et peu attestée de « flèche ».
■
Sans rapport avec le sémantisme « arme », d'autres emplois concernent des objets plus ou moins cintrés, en forme d'arc, « poutre » (aubelestre, 1287), éliminé par le dérivé 2 arbalétrier (ci-dessous), des instruments techniques, par allusion à la corde de l'arc, « attache du battant d'un métier à tisser » (1751), des pièges comportant un arc de métal (XIIe, au moins jusqu'au XVIIIe s.). On peut signaler aussi cheval en arbalète (1749) pour « (attelage) en flèche ».
❏
1 ARBALÉTRIER n. m. (v. 1375), d'abord
arbalestier (
XIIe-jusqu'au
XVIIIe s.), désigne le soldat armé d'une arbalète et (mil.
XIXe s.) celui qui pratique l'arbalète comme un sport
(Cf. archer).
◆
Des métaphores érotiques ont eu cours à l'époque classique, du type
méchant arbalétrier (1657) « homme qui se vante à tort d'exploits amoureux »
(Cf. abatteur de quilles), aussi
n'être pas grand arbalétrier (1694) ; plus tard, le mot a signifié « souteneur » (1718).
■
Un homonyme vient du sens métaphorique en charpenterie, d'abord sous la forme arbalestier (1676) puis, à partir des formes en -estre, 2 ARBALÉTRIER (1693 ; arbalestrier, 1690), « poutre oblique d'un comble, assemblée à une poutre verticale (poinçon) », terme technique toujours en usage.
■
ARBALÉTRIÈRE n. f., réfection suffixale (1300) de arbalesteres (1174), désigne une meurtrière en forme de croix permettant de tirer à l'arbalète.
+
1 ARBITRE n. m. est emprunté (1213) au latin arbiter « témoin qui assiste à un événement », puis « arbitre », mot d'origine obscure, peut-être formé sur ad- (→ à) et un verbe archaïque baetere signifiant « aller » (le témoin « survient » ?). La série latine n'a donné lieu qu'à des emprunts, à l'exception de arbitrium, d'où vient l'ancien français arvaire, etc. « vision, songe », « illusion ».
❏
D'abord juridique en français, le mot s'applique aussi, par latinisme, à un témoin (1586), figurément (1654) à une autorité qui fait respecter ses décisions ; ce sens existait déjà en latin.
◆
Au figuré, on a parlé de arbitre de la vie, de la mort (1653) pour « maître absolu ».
◆
Une spécialisation en sports (1896) concerne la personne désignée pour contrôler la régularité d'une épreuve sportive ; elle correspond à l'avènement d'un sport organisé.
❏
L'homonyme
2 ARBITRE n. m., dans
franc arbitre (v. 1230), puis
libéral arbitre (1521) et
libre arbitre (1541), est abstrait : « faculté de se déterminer par la seule volonté, sans contrainte ». Il vient du latin
arbitrium « fait d'être témoin » et « arbitrage », d'où « pouvoir de décider » (
liberum arbitrium, chez Tite-Live).
◆
L'emploi du mot seul, dans ce sens (1265), est archaïque ou confondu avec
1 arbitre.
◈
ARBITRAL, ALE, AUX adj. (1270), du dérivé latin
arbitralis, et
ARBITRER v. tr. (1274), pris au latin
arbitrari, sont liés au sens juridique de
arbitre et, récemment pour le verbe, à son usage en sports (1901,
arbitrer un match) et à celui de
arbitrage en finances (1922 dans les dictionnaires).
■
Le dérivé du verbe, ARBITRAGE n. m. (1283, en droit), a pris au début du XVIIIe s. un sens financier (l'opérateur « arbitre » les différences de cours à son avantage) ; d'où ARBITRAGISTE (1869, comme nom) et même ARBITRAGER v. (XXe s.) qui montre que le verbe arbitrer n'est pas usuel dans ce sens.
◆
Arbitrer, comme arbitre, s'est spécialisé en sports.
■
Arbitrer a aussi pour dérivé ARBITRABLE adj. (1866).
◈
ARBITRAIRE adj. est emprunté (1397, Froissart) au latin
arbitrarius « du témoin ; de l'arbitre », qui a pris à partir d'Aulu-Gelle le sens de « relatif au libre arbitre ».
■
C'est le premier emploi en français, avec une évolution depuis l'usage philosophique et politique (arbitraire n. m. « pouvoir absolu », 1525) vers la langue courante, où arbitraire devient péjoratif (1611) : « qui procède du caprice, du bon plaisir », jusqu'à devenir voisin de despotique ou de tyrannique (en parlant d'une décision). Comme adjectif et substantif masculin (l'arbitraire, au XVIIIe s. chez Montesquieu), cet emploi reste vivant.
◆
Dans la seconde moitié du XIXe s., l'adjectif prend en sciences la valeur d'« auquel on peut attribuer une valeur quelconque » (attestée 1877 en mathématiques : quantité arbitraire). Comme adjectif et nom masculin, cette valeur passe aux sciences humaines, où le mot correspond à « non motivé, libre, conventionnel », par exemple en linguistique chez Saussure (déb. XXe s.). L'opposition arbitraire / conventionnel s'est alors déplacée par rapport à l'emploi précédent, politique, où arbitraire « dû au pouvoir et au vouloir d'un seul » s'opposait à conventionnel « collectif ».
■
Le dérivé ARBITRAIREMENT adv. (1397) a pris au XVIIe s. (1677) la valeur de « manière autoritaire et despotique » et, plus récemment, celle de « conventionnellement ».
ARBORER v. tr. est un italianisme, emprunté (v. 1320 ; v. 1490, selon F. e. w.) à arborare « élever, dresser droit (comme un arbre) », du latin arbor (→ arbre).
❏
Il signifie « planter, dresser (un étendard, etc.) » puis « porter de manière très visible, et fièrement », équivalent approximatif de afficher, étaler, parfois ironique comme ces verbes. Par métaphore, arborer l'étendard de qqn signifie « se déclarer ouvertement pour lui » (1718).
ARBORESCENT, ENTE adj. est emprunté (1549) au dérivé latin arborescens, de arborescere, verbe dérivé de arbor (→ arbre).
❏
De « en forme d'arbre », sens du latin, le mot français a retenu la subdivision des branches ; l'adjectif équivaut à « ramifié ». Comme son dérivé ARBORESCENCE n. f. (1838), l'adjectif a pris des valeurs figurées, « développement (développé) par subdivisions », « formation (formé) de subdivisions, de bifurcations », en parlant d'un schéma (Cf. arbre).
❏
Le latin
arbor a produit en français une série de mots.
■
ARBORÉ, ÉE adj. (XVIe s.), mot de géographie (« parsemé d'arbres », dans savane arborée) et d'horticulture (jardin arboré, courant en Belgique).
■
ARBORICOLE adj. (1863) se dit en zoologie pour « qui vit dans les arbres ».
◆
Il sert aussi d'adjectif à ARBORICULTURE n. f. (1836) « culture des arbres, exploitation des forêts », lequel, comme ARBORICULTEUR, TRICE n. (1853), appartient à la riche série des mots en -cole, -culture...
■
Arboriculteur a remplacé l'ancien ARBORISTE n. m. (1572) « pépiniériste » qui vient du moyen français arboliste (1499), altération de herboriste (→ herboriste), avec influence de arbor.
■
ARBORISER v. intr. (1539, Rabelais), tiré de arbor, arboris, s'est plus ou moins confondu avec herboriser.
■
Il est sémantiquement distinct de ARBORISÉ, ÉE adj. (1750) « qui présente une forme en ramifications », d'où ARBORISATION n. f. (1806) souvent appliqué aux cristaux, au givre.