BASE-BALL n. m. est un emprunt (1889) à l'anglo-américain baseball, d'abord écrit « bass-ball » (entre guillemets) en 1850, puis base-ball (1857) et, plus souvent, baseball. Bien que l'on attribue à Abner Doubleday le fait d'avoir dessiné le premier terrain de base-ball et d'avoir conduit durant l'été 1839 le premier match à Cooperstow (village du sud de l'État de New York), Américains et Anglais se disputent l'origine du jeu. Le mot, formé de ball (→ balle) et de base « fondation » (XIVe s.), d'où « piquet, jalon de jeu », emprunté du français base* ou du latin basis, est attesté en Angleterre dès 1744 sous la forme baseball dans un petit exposé des règles du jeu, livre qui connut un immense succès et fut réédité deux fois aux États-Unis (1762, à New York ; 1787, à Worcester). La controverse sur l'origine du mot se double d'un débat sur l'origine du jeu que les Américains lient à leur jeu de old cat (« vieux chat ») et que les Anglais rattachent aux rounders (Ouest) et au feeder (Londres) en suggérant que les émigrants anglais l'auraient importé en Amérique. De toutes façons, il est dérivé du cricket anglais.
❏
Le mot désigne ce jeu de balle américain, sport national aux États-Unis, peu pratiqué en Europe, mais courant au Québec, où le vocabulaire de ce sport, fait d'anglicismes, est souvent francisé (bâton au lieu de batte, but au lieu de base).
1 BASILIC n. m. est emprunté (1425) au bas latin basilicum (IVe s.), lui-même emprunt au grec basilikon (Aristote) « plante royale », nom donné à une plante aromatique. Ce mot est le pluriel neutre substantivé de basilikos, « royal », servant également à désigner le trésor royal, un onguent. La forme bazeillecoq (1393) serait, selon Arveiller, une adaptation d'un type provençal °basilicó, d'après coq* et ozeille, oseille* (le texte de 1393 contenant les deux noms de plantes).
❏
Le mot désigne une plante de la famille des labiées aux feuilles aromatiques.
❏ voir
2 BASILIC, BASILIQUE.
2 BASILIC n. m., d'abord basilisc (v. 1120) et baselique (v. 1250), est emprunté au latin basiliscus, nom d'un reptile fabuleux. Le mot est emprunté au grec basiliskos, proprement « petit roi », surtout employé pour désigner des animaux : le roitelet, une espèce de serpent (peut-être le cobra d'Égypte), et un poisson de mer non identifié. Le mot est le diminutif de basileus « roi » (→ 1 basilic, basilique).
❏
Basilic apparaît dans les psautiers anglo-normands pour désigner un animal mythique,
« roi des sierpens » (v. 1250) qui, en sifflant, ferait fuir les autres serpents et porterait sur la tête une tache en forme de diadème. Ce serpent aurait, selon les Anciens, la faculté de tuer par son seul regard (d'où la locution figurée
regard de basilic, sortie d'usage) et, selon la Bible, serait doté d'ailes. Ultérieurement, on l'aurait identifié comme un serpent venimeux existant en Palestine et dans le désert de Cyrénaïque.
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Par analogie, le mot est passé en artillerie pour désigner un très gros canon, plus court que la couleuvrine (1534).
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Linné, d'après un sens du mot grec, l'a recréé en latin scientifique (1768, basiliscus) pour dénommer un saurien à crête dorsale de l'Amérique tropicale ; cette dénomination, reprise par Lamarck (1809), est enregistrée depuis 1845 par les dictionnaires généraux.
BASILIQUE n. f. est emprunté (1495) au latin basilica, lui-même repris du grec basilikê (sous-entendu stoa) qui désigne d'abord le portique ou le siège de l'archonte-roi à Athènes. Le mot latin s'applique à un vaste édifice sur le forum romain, à la fois tribunal et centre d'affaires. Le mot grec est le féminin substantivé de l'adjectif basilikos « royal » (→ 1 basilic), fait sur le modèle de turannikos « tyrannique » (→ tyran), peut-être d'abord sous la forme °basileikos, en remplacement de basileios. Cet adjectif est dérivé de basileus, « roi, chef, souverain », mot subsistant en grec moderne et probablement emprunté, comme turannos (→ tyran). Une forme mycénienne apparentée a pu cependant suggérer une origine indoeuropéenne. On ne sait pas précisément pour quelle raison basilica a été employé tardivement (IVe-Ve s.) pour désigner les églises chrétiennes : la basilica de la maison des patriciens romains a pu servir au culte ou bien l'église primitive, de plan identique, a été comparée aux grandes basiliques païennes. La fondation de la Basilica Constantini à Jérusalem, sur le tombeau du Christ, a joué un grand rôle dans la diffusion du mot.
❏
Le mot a été repris comme terme d'architecture religieuse pour une église chrétienne bâtie sur le plan des basiliques romaines.
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Le sens latin « édifice civil rectangulaire à Rome » a été réemprunté (1530).
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Plus couramment, le mot désigne une église privilégiée par le pape et, dans l'usage commun, une grande église (lorsqu'il ne s'agit pas d'une cathédrale).
❏
Le dérivé BASILICAL, ALE, AUX adj., d'abord bazilical (XVIe s.), s'est employé au XVIe s. au sens ancien de « de la basoche ». Il a été repris beaucoup plus tard avec le sens actuel de « qui concerne une basilique » (1897), en archéologie dans plan basilical, désignant le plan antique rectangulaire et allongé, commun aux basiliques antiques et à certaines églises.
❏ voir
2 BASILIC, BASOCHE.
BASIN n. m. est issu par aphérèse (1642) de l'ancien type bombasin (1299), également bombasine (1556), dont la première syllabe a probablement été confondue avec l'adjectif bon. Bombasin est lui-même emprunté au lombard (milanais) bombasin(n)a, nom d'une étoffe croisée dont la chaîne est ordinairement de fil et la trame de coton. Le mot correspond à l'italien bombagino « coton » (av. 1250), dérivé de bambagia, issu du latin médiéval bambax (XIe s.), transcription du grec tardif pambax « coton » (Xe-XIIIe s.), devenu ultérieurement par assimilation bambux, à rapprocher de bombux « ver à soie » (→ bombyx). Les formes en bomb- du latin médiéval et de l'italien sont influencées par le latin bombyx.
❏
Le mot, introduit sous la forme bombasin par la relation du voyage de Marco Polo, a disparu dans son sens d'emprunt.
◆
Il se dit par extension (XXe s.) d'une étoffe damassée présentant des effets de bandes longitudinales obtenus par juxtaposition d'armures de fil (« effet de chaîne ») et de satin (« effet de trame »).
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En français d'Afrique, le mot, aussi écrit BAZIN, s'emploie pour le tissu damassé, en coton, employé pour confectionner les boubous de cérémonie. Basin riche, « de la meilleure qualité ». Par métonymie, « boubou* de basin » (dit basin ou boubou basin).
BÂSIR v. intr. d'origine gauloise, attesté en français de France au début du XVIe s., plus tôt en argot ancien pour « faire disparaître, éliminer », a survécu dans les parlers de l'ouest de la France et jusqu'à nos jours en français acadien (attesté en 1897). Il signifie « disparaître » et « faire disparaître ».
BASKET-BALL ou BASKET n. m. est un emprunt (1898) à l'anglo-américain basket-ball, nom d'un jeu inventé en 1892 par James E. Naismith, professeur de gymnastique à l'International Young Men's Christian Association du Collège de Springfield (Massachusetts). Le premier élément est l'anglais basket, « panier » (XIIIe s.), également attesté en ancien français, d'origine incertaine : l'hypothèse d'un rattachement au latin bascauda, « cuvette où l'on lave la vaisselle », donné par Martial pour un mot britonnique, mais plutôt gaulois, semble devoir être abandonnée ; le second élément est ball, « balle, ballon » (→ balle).
❏
En français, le mot, surtout usité sous sa forme abrégée basket (1903), désigne un sport entre deux équipes qui doivent lancer un ballon dans le panier du camp adverse. Le calque balle au panier ne s'est pas implanté.
❏
L'abréviation française
basket a donné
BASKETTEUR, EUSE n. (1930) « joueur de basket », correspondant à l'américain
basketballer.
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BASKETS n. m. pl. (1953), « chaussures montantes de toile ou de caoutchouc (en principe pour jouer au basket) », est devenu très courant après 1960. Le mot, quelquefois considéré comme féminin s'est aussi écrit basquettes (1963).
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Dans les années 1970, il donne lieu à quelques locutions figurées familières comme être bien dans ses baskets et surtout lâche-moi les baskets « laisse-moi tranquille ».
BASMATI n. m. est un emprunt (attesté en 1985) à l'hindi bāsmatī, de bās « parfum » et l'élément matī exprimant la possession.
❏
Le mot désigne une variété de riz indien naturellement parfumé, aux grains blancs et fins. On l'emploie en apposition, dans riz basmati.
BASOCHE n. f., d'abord attesté sous la forme latinisée basocham comme nom de lieu (1144 et au XIIe s.), puis en emploi isolé sous la forme Besoiche (déb. XIIIe s.) et indirectement au XVe s. d'après son dérivé basochien (1480), ne s'emploie régulièrement qu'à partir du XVIe s. (1519). Selon l'hypothèse communément reçue, il est issu du latin basilica (→ basilique) avec une évolution phonétique particulière, puisque la forme attendue serait °baseuche. Dans les noms de lieux, le mot se rattache, soit au sens d'« église ou monument érigé en mémoire d'un martyre », attesté en latin chrétien et médiéval, soit à celui de « marché couvert ». Il est probable que le nom commun est de même origine, soit par une reviviscence savante du sens de « tribunal » qu'avait le mot en latin classique, soit par l'extension aux clercs d'une cour de justice d'un terme appliqué à l'ensemble des ecclésiastiques attachés à une église. P. Guiraud, en se fondant sur la survivance en gallo-roman du latin basis (→ base), suggère que la basoche pourrait être le « siège » et représenter un gallo-roman °basocca. Selon lui, l'emploi du mot à propos de la basilique de Saint-Martin à Tours est dû au fait que cette église était le siège épiscopal de la région. Cf. aussi cathédrale, chaise.
❏
Le mot, employé en ancien français au sens de « basilique », dans des noms de lieux, n'est guère attesté comme nom commun.
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Son emploi, aujourd'hui en histoire, pour désigner la communauté des clercs du parlement de Paris apparaît à la fin du XVe siècle. En procède, par extension (1833), l'emploi familier pour « ensemble des gens de justice et de palais », en général péjoratif.
❏
En est dérivé BASOCHIEN, IENNE adj. et n. (1480), « qui appartient à la basoche » et substantivement « membre de la basoche » (1542), aujourd'hui archaïque ou historique.
1 BASQUE n. f. n'a rien à voir avec le nom ethnique Basque (→ 2 Basque). C'est l'altération (1532), par contamination avec basquine* (qui, lui, est apparenté au nom de peuple), de baste (1351), lui-même probablement emprunté au provençal basto qui signifie à la fois « couture à longs points » et « plis faits à une robe pour la relever ». Le provençal est en effet la seule langue romane du sud avec le catalan à avoir ce sens (l'italien basta n'a en effet que le sens de « faufilure », de même que l'espagnol basta, 1571). Cette hypothèse est préférable à celle qui fait de baste le continuateur direct de l'ancien français baste (XIe s., Gloses de Raschi), déverbal de l'ancien français bastir (→ bâtir). Tous ces mots remontent au germanique °bastjan (→ bâtir). P. Guiraud préfère voir dans basque un double de bâche* qui remonte, selon lui, à °basica, dérivé du latin basis (→ base), la basque constituant la « base » du vêtement et lui conférant son aplomb ; d'après lui, il faudrait voir en baste le représentant de °basitum (→ bât) et le déverbal de bâtir, qu'il fait remonter à un °basitare.
❏
Le mot a désigné le rempli que l'on fait à une pièce d'étoffe et par métonymie la partie de l'étoffe située au-dessous de la ceinture du corsage (1532).
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Il est devenu, dans l'habillement moderne, le nom de la partie rapportée d'une veste qui part de la taille et descend plus ou moins bas sur les hanches. Avec ce sens plus général, il est employé dans la locution figurée être pendu aux basques de qqn (fin XVIIIe s.) « ne pas le quitter d'un pas ».
2 BASQUE adj. et n. est l'emploi comme nom commun (1578) du substantif ethnique Basque « habitant de la région qui s'étend de part et d'autre de la frontière occidentale franco-espagnole », attesté lui aussi en 1578. Ce terme est issu du latin Vasco, -onis, surtout au pluriel Vascones, mot recouvrant la population composite du sud-ouest de la France (Pline), employé à basse époque adjectivement, et dont l'accusatif Vasconem a donné gascon*. Le passage du v au b signale probablement un emprunt à l'espagnol ou au gascon.
❏
Le mot a d'abord désigné un laquais utilisé comme coursier, les Basques, au sens large que le mot avait alors, avec une réputation d'excellents marcheurs et coureurs, étant souvent employés comme laquais aux XVIe et XVIIe s. (Richelet, en 1680, enregistre la locution aller du pié comme un Basque, et Furetière, en 1690, courir comme un Basque).
◆
Le nom ethnique a remplacé cet emploi spécialisé après l'époque classique. On rapporte la locution figurée parler (français) comme une vache* espagnole à un modèle non attesté comme un Basque espagnol.
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Le basque n. m. désigne la langue d'origine pré-indoeuropéenne parlée par les Basques (1710) et appelée dans la langue même euskara. Voir l'encadré.
❏
Le dérivé BASQUAISE adj. f. (XIXe s., servante basquaise) est spécialement employé en cuisine à propos d'un mets typique du Pays basque (sauce, poulet basquaise), elliptiquement pour à la mode basquaise, à la basquaise.
❏ voir
BASQUINE.
BASQUINE n. f., d'abord vasquine (1532), forme qui a coexisté jusqu'au XVIIe s. avec basquine (1563), est emprunté à l'espagnol basquina, terme d'habillement pour la seconde jupe que les femmes mettaient sur la première pour sortir. Ce mot, attesté depuis le XVe s. sous la forme basquiña puis basquina (1565), est dérivé de basco « natif du pays basque » (→ 2 basque) avec le suffixe -ina. La longue coexistence des formes françaises en v- et en b- s'explique par le fait qu'en espagnol b et v se confondent dans la prononciation.
❏
Le mot désigne l'ample jupe soutenue par un cercle qui était portée par les femmes basques et espagnoles, sens devenu historique. Anciennement, il servait à désigner un corsage décolleté sans manches qui se portait sous les vêtements, mode adoptée sous François Ier (XVIe s.).
2 BASSE n. f. est emprunté (1660) à l'italien basso (féminin bassa) « bas », de même origine que le français bas*, spécialisé en musique pour désigner la partie d'un morceau la plus grave en harmonie, une corde au son grave (1561), un instrument exécutant la partie la plus grave (1640) et la plus grave des voix masculines (1643).
❏
Avant la fin du XVIIe s. le mot, homonyme du féminin de l'adjectif bas, désigne la partie qui fait entendre les sons les plus graves des accords dont se compose l'harmonie, la voix masculine la plus basse (1670) et l'instrument servant à jouer la partie basse (1690). En ce sens, il a donné le nom d'instrument basse de viole (1670), également appelé viole de gambe, italianisme calqué de viola di gamba « viole de jambe ».
◆
Au XXe s., le mot s'enrichit de nouveaux emplois, référant à la contrebasse en jazz, par emprunt à l'anglais bass, et à la guitare basse en pop-music.
❏
De
basse est tiré le nom d'instrumentiste
BASSISTE n. (1838 au masculin) employé en musique classique, puis en jazz et dans les musiques populaires, comme nom de l'instrumentiste jouant de la contrebasse.
◈
BASSE-CONTRE n. f. (1512,
bassecontre) est calqué de l'italien
contra-basso « voix la plus basse de l'échelle musicale » (
XVIe s.). L'inversion des deux termes en français s'explique probablement par un souci d'éviter la confusion avec
contrebasse*. Le mot a désigné une voix d'homme plus grave que la voix de basse-taille et, par métonymie, le chanteur ayant cette voix (1558), la partie de chant que celui-ci exécute. Il s'opposait à
haute-contre et à
contre-ténor, toujours en usage.
◈
BASSON n. m. est emprunté (1613) à l'italien
bassone désignant un instrument de la famille du hautbois dont il est la basse. C'est le dérivé de
basso avec le suffixe augmentatif
-one.
■
De basson est dérivé BASSONISTE n. (1821).
◈
2 BASSET n. m. reprend (av. 1866) l'italien
bassetto, autre dérivé de
basso, et s'emploie dans
cor de basset « clarinette basse ».
❏ voir
CONTREBASSE.
BASSETTE n. f. est emprunté (1674) à l'italien bassetta, attesté depuis le XIVe s. comme nom d'un jeu de cartes ayant des ressemblances avec le pharaon et le lansquenet. Lui-même est dérivé de basso « bas » (→ bas), en raison des cartes basses que distribue le banquier, avec le suffixe -etta à valeur diminutive. L'introduction du jeu en France au XVIIe s. est attribuée à Giustiniani, noble vénitien, ambassadeur en France.
❏
Le mot et le jeu ont vieilli.
L
1 BASSIN n. m., d'abord bacin (v. 1165) puis bassin (XVIe s.), est issu d'un latin populaire °baccinus, restitué d'après le bas latin bacchinon (VIe s.) « récipient creux à fond plat », de la même famille que le mot qui a donné bac*.
❏
Le mot signifie « récipient » et spécialement « récipient creux », se disant spécialement d'un ustensile de cuisine, d'un accessoire pour la toilette (1363,
bassin de barbier), d'un ustensile utilisé lors de cérémonies religieuses ou rituelles (1360,
bassin à aumône).
◆
Une autre valeur disparue, pour « bassin de cuivre servant de tambour », a donné naissance au verbe
2 bassiner (ci-dessous). C'est du bassin à aumônes que procède la locution figurée
cracher au bassin « donner de l'argent » (
XVIe s.) qui a disparu ;
Cf. ci-dessous bassinet.
◆
Au
XVIe s. il s'applique, par analogie, à une construction en pierre recevant l'eau (1539), sens dont procèdent des emplois techniques en maçonnerie, tannerie, pisciculture.
■
Par analogie de forme, il se dit en anatomie de la ceinture osseuse qui forme la base du tronc (1546).
■
En géographie, il s'applique à la région où un fleuve a son cours (XVIe s.), avec des expressions spécialisées, comme bassin fermé. De ce dernier sens procèdent de nouveaux emplois, en marine pour un petit port pratiqué dans un plus grand (1683), en géologie (bassin d'effondrement, bassin sédimentaire...) et en hydrologie (bassin hydrographique), en économie... On parle notamment de bassin minier, houiller, et, en matière de travail, de bassin d'emploi. En français d'Afrique et en géographie économique, bassin arachidier « région productrice d'arachides ».
❏
BASSINET n. m., écrit
bacinet (v. 1220) jusqu'au
XVIe s., a désigné une calotte de fer que les hommes d'armes portaient sur le camail jusqu'au
XVIe s., époque où il est remplacé par le morion. Le sens propre de « petit bassin » est peu usité, sauf dans la locution figurée
cracher au bassinet « donner de l'argent » (
XIXe s.), variante qui s'est substituée à
cracher au bassin.
◆
Le mot a développé d'autres acceptions par analogie de forme. Il désigne plusieurs espèces de renoncules (1509), la pièce creuse de la batterie d'une arme à feu à silex (1575) et, en anatomie, une petite cavité du rein (1690).
◈
1 BASSINER v. tr. (fin
XIVe s.), à côté de
baciner (
XVe-
XVIe s.), signifie « humecter doucement (une partie du corps) pour soigner » ; en relation avec
bassinoire, il a développé également le sens de « chauffer les draps d'un lit » (fin
XVe s.). Il s'est spécialisé en boulangerie et horticulture en réalisant l'idée d'« humecter ».
■
En sont dérivés 1 BASSINOIRE n. f. (1454, écrit bacinouere) « instrument pour chauffer les draps d'un lit » et « grosse montre » (av. 1861), BASSINEMENT n. m. (1549), substantif d'action qui a reculé au profit du synonyme BASSINAGE n. m. (1838), surtout usité en médecine et en horticulture (1863).
◈
BASSINE n. f., d'abord
bachine (1500), forme féminine de
bassin, désigne un ustensile large et profond servant à divers usages domestiques et industriels, spécialement un récipient de cuisine destiné à faire cuire les confitures, les sirops (déb.
XVIIe s.). Il est couramment employé avec la valeur métonymique de « contenu d'une bassine »,
BASSINÉE n. f. (1575) étant peu usité.
◈
Le verbe familier
2 BASSINER v. tr., « ennuyer (qqn) par des propos oiseux, des questions indiscrètes » (1858), vient d'un emploi dialectal de
bassiner pour « ennuyer » (Anjou, Normandie, Moisy, en Suisse romande). Ce développement est lui-même un emploi figuré péjoratif de
bassiner, « faire un charivari, en tapant sur des ustensiles de cuisine pour ennnuyer des jeunes mariés » (1807), dans lequel survit le moyen français
baciner, « tambouriner » ou, par retour à l'étymologie, « frapper sur un bassin de cuivre pour faire une annonce » (1414). Ce verbe est dérivé de
bassin qui avait acquis le sens spécial de « tambour » (déb.
XIIIe s.) par analogie avec la forme d'un bassin.
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On en a dérivé 2 BASSINOIRE n. f., vieilli, et 2 BASSIN n. m., sorti d'usage (1858, Larchey), deux noms désignant une personne ennuyeuse, par calembour avec les noms d'ustensiles.
BASTE interj. est la francisation (1534) de l'exclamation italienne basta (déb. XVIe s.) exprimant l'indifférence, la résignation, l'impatience ou la déception et signifiant littéralement « il suffit ». C'est un emploi lexicalisé de la troisième personne de l'indicatif présent de bastare « suffire » (XIIIe s.), lequel a été emprunté par l'ancien français baster v. intr. (av. 1270), « suffire, être suffisant », d'où « céder, s'arrêter de résister » (1608), encore vivant avec ce dernier sens en Suisse. Bastare remonte probablement à un latin populaire °bastare, « porter » d'où « supporter, durer » (sens attestés en ancien italien) et « fournir en suffisance ». Ce mot se rattache au grec bastazein « soupeser », d'où « soulever », qui se disait d'un arc pesant, d'une pierre ; en grec tardif, il signifie « porter », « emporter », parfois « produire » et s'emploie au figuré pour « peser, soupeser dans son esprit ». P. Guiraud préfère voir dans °bastare le représentant d'un roman °basitare, dérivé du latin basis (→ base) au sens de « base, soubassement ».
❏
Le mot, également employé sous sa forme italienne
BASTA (1807), signifie « assez ». Il s'est employé dans des jeux disparus pour déclarer qu'on a assez de cartes.
BASTER v. intr., du français de Suisse, semble dérivé de baste, plutôt que de l'italien bastare « suffire », ce qui était le cas du verbe baster employé en France du XVIe au XVIIIe s. Le verbe s'emploie pour « céder, s'incliner (devant qqn) » (depuis 1608).
❏ voir
BÂT, BÂTON.
BASTIDE n. f. est emprunté (1305) à l'ancien provençal bastida, qui désigne un ouvrage de fortification (1212-1213), une ville nouvellement bâtie, surtout en Gascogne et en Périgord sous la domination anglaise (1263), et une cabane, une hutte (1276). Ce mot, qui correspond au latin médiéval bastida (première moitié du XIIIe s.), est le participe passé féminin substantivé de bastir (→ bâtir).
❏
Le mot désigne d'abord une ville nouvellement bâtie, de plan régulier, en Gascogne et Périgord. Il a aussi désigné une fortification (1360), une forteresse, un château fort (1374).
◆
Par l'intermédiaire du sens de « hutte, cabane » (XIVe s.), qui a disparu, il a développé le sens actuel de « petite maison de campagne », surtout en français du Sud-Est (1570). Cf. ci-dessous bastidon.
❏
BASTILLE n. f. provient par substitution de suffixe de
bastide. Bassetille (1370), avant
bastille (v. 1400), est un terme d'architecture militaire désignant un ouvrage de fortification. Le mot a spécialement servi à désigner (1476) le château fort commencé à Paris sous Charles V et qui servit de prison d'État. Devenu le symbole de l'oppression et de l'arbitraire royal, la Bastille fut prise par les insurgés et détruite en 1789.
◆
Par métaphore, le mot se dit (1783, Mercier, Linguet) d'une prison, et au figuré (fin
XVIIIe s.) d'une limite morale ou intellectuelle pour l'homme.
■
BASTILLEUR n. m., « celui qui embastille » (1795), s'est employé pendant la Révolution.
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BASTILLÉ, ÉE adj. (1671) dérive de bastiller, antérieurement bateiller (XIIe s., bateillé « fortifié ») ; c'est un terme d'héraldique décrivant un meuble garni de créneaux renversés vers la pointe de l'écu ; il a servi sous la Révolution (1790) de synonyme à embastillé.
◈
Le préfixé
EMBASTILLER v. tr. (1429), d'abord « établir des troupes dans une bastille » sens disparu, a été reformé d'après
emprisonner au sens d'« enfermer à la Bastille » (1717), puis en général « emprisonner » (1795).
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Le substantif d'action correspondant, EMBASTILLEMENT n. m. est apparu pendant la Révolution (av. 1794).
◆
Un sens ultérieur, « action d'entourer une ville de fortifications » (1838), n'a pas eu de succès.
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BASTIDON n. m. « petite bastide, cabanon » est un emprunt (1867) au provençal
bastidoun dérivé de
bastida.
◆
Le mot, d'usage régional, a pour synonyme
BASTIDETTE n. f. (Giono, 1929).
❏ voir
BASTINGUE.