? BUQUER v. intr., écrit buskier en 1200, puis buquer au XVe s., pourrait venir du francique buskan ou être la variante picarde du verbe bûcher « abattre du bois » (→ bûche). Dans l'usage du nord de la France, en Champagne, il s'emploie pour « frapper, heurter, cogner ».
? + BURE n. f. pose un problème étymologique du fait de son attestation relativement tardive (1441). L'antériorité de burel, bureau, attestée dès le milieu du XIIe s., a incité à expliquer bure par un phénomène de dérivation régressive, ce qui est peu satisfaisant. On évoque généralement un étymon latin populaire °bura, rendu hypothétique par l'absence de correspondants romans (l'existence de l'espagnol archaïque et du portugais bura manquant de fondement). Ce mot latin virtuel, lui-même d'origine obscure, pourrait être une forme secondaire du bas latin burra, « étoffe grossière », dont le représentant bourre* et le dérivé bourras ont pu désigner des étoffes au XIIe siècle. Selon P. Guiraud, qui accepte l'hypothèse d'un croisement avec bourre, bure serait un emploi substantivé féminin remontant à l'adjectif latin burrus « roux » (d'où l'adjectif bur chez Rabelais), emprunt populaire ancien au grec purros de même sens, parfois dit d'un vêtement. Purros appartient au groupe de pur « feu » (→ pyr-).
❏  Le mot désigne une étoffe grossière de laine brune et, par métonymie, un vêtement de cette étoffe. ◆  Quelques emplois métaphoriques mettent l'accent sur la couleur ou la rugosité et, au figuré, sur l'austérité monacale.
❏  BUREAU n. m. d'abord burel (v. 1150), buriaus (v. 1190), étant donné la chronologie des attestations, ne peut être considéré comme le diminutif de bure. Il remonterait soit au même étymon que lui, le latin populaire °bura, soit, selon P. Guiraud, au représentant du latin burrus.
■  En ancien et moyen français, le mot désigne une étoffe de laine brune grossière et, par métonymie, un vêtement de cette étoffe ; ce sens, après le nouvel emploi du mot (XIVe s.), est concurrencé par celui de bure à partir du XIVe s. puis est sorti d'usage, se conservant dans les dialectes comme le montre au XIXe s. l'emploi dans le Berry, attesté par G. Sand en parlant d'une étoffe et adjectif de couleur (agneau bureau). ◆  Cette grosse étoffe servait à faire des tapis de table, spécialement pour les tables où l'on effectuait les comptes et où l'on délibérait, si bien que bureau a pris la valeur de « tapis de table » (1316), notamment dans la locution mettre qqch. sur le bureau, équivalant à mettre qqch. sur le tapis, qui ne serait plus comprise aujourd'hui.
■  En effet, on est passé par métonymie de l'acception « tapis couvrant la table » à « table ainsi couverte », d'abord en parlant de celle où l'on fait des comptes (1361), puis de la table autour de laquelle on délibérait ou examinait les pièces d'un procès (XVe s. dans la locution tenir bureau « tenir audience »). L'abondance des valeurs de table, où prédominaient d'autres contenus, a conduit à désigner au XVIe s. par le mot bureau toute table de travail (seconde moitié du XVIe s.). En français du Québec, bureau peut désigner le meuble appelé commode en France.
■  Par une nouvelle extension métonymique, bureau désigne aussi la pièce dans laquelle est installée la table de travail (1495), spécialement le lieu où un homme d'affaires a ses papiers et où il travaille (1680). Cet emploi correspond au recul du mot cabinet* dans ce contexte. Dans ce sens, on trouve aussi bureau d'affaires (1797), employé au XIXe siècle. ◆  Au XVIe s. aussi, bureau commence à s'appliquer également à l'établissement tout entier dans lequel travaillent des employés, spécialement à un établissement ouvert au public où s'exécute un service d'intérêt collectif (1557), sens précisé dans bureau des mineurs, bureau des postes (1690) puis bureau de poste, bureau de tabac (av. 1770, bureau à tabac). À cette acception devenue usuelle, les bureaux désignant un secteur d'activité sans cesse plus important, s'ajoute un emploi plus restrictif désignant le service assuré dans un bureau (bureau de renseignements, av. 1759). D'après bureau des réclamations, on parle plaisamment de bureau des pleurs. Au sens concret du mot, on parle d'immeuble de bureaux (à bureaux, au Québec). Au sens d'« administration », le mot s'emploie au Canada là où on dirait cabinet en français de France (bureau d'avocat, de médecin) ; le bureau du maire, d'un ministre, son secrétariat. ◆  Toujours par développement métonymique, le mot est appliqué collectivement aux personnes travaillant dans un bureau (1718) et, spécialement, aux membres d'une assemblée élus par leurs collègues pour diriger des travaux (1787), puis au comité chargé d'étudier une question. Les bureaux, à partir de la fin du XVIIIe s., concernent en particulier l'administration, puis le secteur tertiaire, en relation avec la notion d'« employé » qui se développe au XIXe s. (employé de bureau). Le deuxième bureau, d'après l'emploi du mot pour désigner un service d'État-major, se dit d'un bureau de renseignement militaire. Au figuré, l'expression, en français d'Afrique, s'emploie pour désigner la maîtresse d'un homme marié. On dit aussi bureau, dans ce sens.
BURALISTE n. est formé (XVIIe s.) sur le radical de bureau, peut-être sur le modèle de journaliste à côté de journaux, et plus généralement sur le modèle des noms d'agent en -aliste (naturaliste, journaliste, criminaliste), la langue ne connaissant pas le suffixe d'agent °-eliste en dehors de quelques dérivés de noms propres (pantagruéliste, machiavéliste). ◆  Le mot désigne la personne tenant un bureau de paiement, de recette, de distribution et, plus couramment, la personne tenant un bureau de tabac.
BUREAUCRATIE n. f. a été créé au XVIIIe s. avec l'élément -cratie* par l'économiste Gournay (1712-1759) ; attesté clairement à partir de 1764, il s'est répandu sous la Révolution (1790), désignant (et dénonçant) le pouvoir politique des bureaux, l'influence excessive de l'administration et, par métonymie, l'ensemble des fonctionnaires et de leur pouvoir.
■  Il a produit BUREAUCRATE n. m. et adj. (1790) dont la valeur péjorative n'a fait que se développer aux dépens du sens étymologique d'« homme haut placé dans les bureaux », et qui a produit à son tour BUREAUCRATIQUE adj. (1796), d'où BUREAUCRATIQUEMENT adv. (v. 1960) et BUREAUCRATISER v. tr. (1876), d'où BUREAUCRATISATION n. f. (1905).
BUREAUTIQUE n. f., apparu en 1976 comme nom déposé, est un mot mal formé sur une coupe syllabique de informatique*, désignant l'ensemble des techniques visant à automatiser et à informatiser les travaux de bureau.
BURLINGUE n. m. est une formation argotique (1877), dérivée de l'argot burlin (v. 1836), lui-même diminutif de bureau. ◆  Le mot se dit familièrement pour le lieu de travail et, par la même métaphore que buffet, pour le ventre.
En ancien français même, burel « étoffe grossière » a donné le féminin BURELLE n. f. (XVe s.) qui, d'après les rayures de l'étoffe en question, s'est spécialisé en héraldique pour désigner les bandes horizontales d'un écu, en nombre pair, au singulier, puis (1798) au pluriel. Le sens primitif a été repris à propos d'une étoffe de laine fine (fin XVIe s.), mais reste rare et régional (pour l'Auvergne, Henri Pourrat en 1922).
BURETTE n. f., d'abord bivrete (XIIIe s.), est le diminutif du substantif buire avec réduction phonétique. Buire (v. 1175) désignait une cruche en terre ou en métal à large panse utilisée pour l'eau, l'huile, le lait et, par extension, un vase à anse. Le mot, selon la majorité des étymologistes, pourrait être issu d'un francique °būri « récipient », du germanique °būrja- à rapprocher du germanique °bur- « cabane » (d'où un mot liégeois, emprunté par le français, bure « puits de mine »). Le sens de « récipient » semble pouvoir être attribué à °būri et °būrja- d'après le suisse allemand bür désignant encore un grand récipient en forme de cuve. Une dérivation de l'ancien français buie « cruche » (XIIe s.), lui-même issu du francique °būk « ventre » restitué par l'allemand Bauch, fait difficulté d'un point de vue phonétique, le -r- étant inexpliqué. On a aussi évoqué une base préromane °burros dont les représentants sont attestés, en Frioul et d'autres, préslaves, dans le nord des Balkans ; mais cette hypothèse fait difficulté du point de vue géographique.
❏  Le sens ancien de « petite cruche » ne s'est maintenu que dans la liturgie catholique pour désigner le petit vase contenant l'eau et le vin nécessaires à la célébration de la messe (1360). Par extension, burette désigne le petit flacon à goulot dans lequel on met l'huile ou le vinaigre (1611). En technique, il a désigné le récipient de métal utilisé par les fabricants de chandelles pour les mouler (1845) et, de nos jours, une boîte de métal à tube verseur pour injecter l'huile de graissage (1866) et un appareil cylindrique utilisé en chimie. ◆  L'emploi du pluriel burettes en argot puis dans le langage familier pour « testicules » (v. 1860) paraît être un emploi métaphorique du nom du flacon liturgique ; il entre dans la locution casser les burettes à qqn « l'importuner », une des nombreuses variantes de casser les couilles.
❏ voir BURNES.
BURGAU n. m. désignant un coquillage (1563), notamment un coquillage des Antilles, a un correspondant en espagnol (burgado, 1639) et en portugais (burgalhão, XVIIe s.), ce qui suggère une origine exotique. Un rapport avec le patronyme Burgaut ou l'ancien français burgaut, « homme violent et stupide », ou avec le dialectal burgaud « frelon » (Ouest), n'est vraisemblable ni pour le sens ni pour la localisation.
❏  Le mot désigne un coquillage univalve nacré et, par métonymie, la nacre qu'il fournit (1762).
❏  BURGAUDINE n. f., réfection (1838) des types antérieurs burgadine (1654) et burgandine (1694), est dérivé de burgan (1611), variante de burgau, peut-être à la suite d'une confusion dans l'écriture gotique entre u et n. Le mot désigne la nacre fournie par la coquille du burgau.
BURGONDE → BOURGUIGNON ; voir aussi l'encadré.
⇒ encadré : Le burgonde
BURGRAVE n. m., réfection (1482) de bourchgrave et bourgrave (1413), est emprunté au moyen haut allemand tardif burcgrāve « châtelain », correspondant à l'allemand Burggraf. Ce mot est formé de burc (allemand Burg, → bourg), « ville », « château », et de grāve qui remonte à l'ancien haut allemand gravo et a donné l'allemand moderne Graf « comte » (→ rhingrave). La forme bourchgrave (1314) semble venir du mot correspondant en moyen néerlandais, burchgrave.
❏  Ce terme de féodalité et d'histoire germanique désigne le commandant d'une place forte ou d'une ville, fonction puis dignité nobiliaire de certains seigneurs châtelains. Il a joui d'une grande vogue parmi les écrivains romantiques français, notamment Hugo (1826-1828, La Chasse du burgrave dans Les Odes et Ballades ; 1843, la pièce Les Burgraves). Par dérision (et allusion probable à la gravité pompeuse du personnage), le mot, après la pièce de Hugo, a servi à nommer les membres de la commission de l'Assemblée législative chargés de préparer la loi du suffrage restreint en 1850 (1852, Hugo). Dans la seconde moitié du XIXe s., il s'est employé ironiquement à propos d'un vieux barbon (1864, Labiche).
? BURIN n. m., attesté en 1420, est d'origine douteuse. L'hypothèse la plus répandue en fait un emprunt à l'italien burino (aujourd'hui bulino), lui-même issu d'un longobard °boro « foret », outil pour percer, appartenant à une famille germanique qui compte l'ancien haut allemand borōn (allemand bohren), l'ancien norrois bora, le moyen néerlandais boren, le vieil anglais borian (anglais to bore), « forer, percer ». Ces formes permettent de dégager un germanique commun °boron, apparenté aux mots latins forare (→ forer), ferire (→ férir), et au grec pharynx (→ pharynx).
❏  Le mot désigne l'instrument en acier dont on se sert pour graver les métaux et un ciseau d'acier pour couper les métaux (1676) ; par métonymie, il se dit du graveur lui-même (1690, un bon burin) et de l'estampe ainsi gravée (1845). ◆  Dans d'autres domaines techniques, il désigne également un ciseau d'acier : en art dentaire (1706), en serrurerie (1740), en marine (1771).
❏  BURINER v. (1554) « graver au burin » s'emploie par métaphore à propos du travail stylistique d'un écrivain (1798), induisant l'idée d'« écrire avec une grande perfection » (1835), sens vieilli. Par extension à d'autres domaines techniques, il est employé en art dentaire (1706), en marine (1820). ◆  L'argot l'a repris avec le sens de « travailler ferme » (1888), acception sortie d'usage au profit de synonymes (bûcher, puis bosser, etc.).
■  Du verbe ont été dérivés BURINEUR, EUSE n. (1599), nom d'ouvrier passé du domaine de la gravure à celui du travail des métaux (1877), autrefois employé familièrement pour « personne qui travaille dur » (1907), BURINAGE n. m. (1881), et le participe passé adjectivé BURINÉ, ÉE (XIXe s.), passé dans l'usage courant en parlant d'un visage, de traits marqués.
L BURLE n. f. est dérivé de l'ancien verbe burler, emprunt à l'occitan et franco-provençal burlá « crier, hurler » (v. 1750 à Lyon), issu du latin populaire *bragulare. Courant dans les dialectes, le mot est passé au français régional, du Rhône à l'Ardèche, pour désigner le vent froid du nord-est (la bise*), qui souffle par exemple sur les hauts plateaux du Velay ou du Vivarois. Il se dit aussi pour « tempête de neige ».
1 BURLESQUE adj. et n. est une réfection étymologique (1666) de bourlesque (1594), emprunté par voie orale à l'italien burlesco, d'abord attesté dans alla burlesca (av. 1566), puis de façon autonome (av. 1584). Le mot caractérise le style d'écrivains comme Berni, Caporali, d'un comique usant d'expressions triviales pour évoquer des réalités nobles ou élevées, travestissant en farce toutes les formes d'amplification littéraires (agrandissement du sublime ou rareté du précieux). Il est dérivé de burla « farce », probablement emprunté à l'espagnol burla « plaisanterie » (1330), d'où burlador « trompeur » (appliqué à Don Juan de Séville). Burla, selon Wartburg, remonterait à un latin populaire °burula, diminutif de °bura, altération du bas latin burra (→ bourre, bure). Cependant, il est difficile de suivre pour burlesque le type de développement (du concret à l'abstrait) que l'on observe dans baroque et grotesque. L'italien burla a lui-même été emprunté par le français bourle, « mystification » (XVIe-XVIIe s.), et burlare par le français se burler « se moquer » (1578), disparu au XVIIe siècle.
❏  Le mot, apparu dans la Satire Ménippée, correspond entre 1640 et 1660 à la mode littéraire qu'il qualifie et désigne (le burlesque, 1648). Cette tendance a été défendue et illustrée par Scarron dans son Recueil de quelques vers burlesques (1643), son Typhon (1644) et surtout dans le Virgile travesti (dont les deux premiers chants paraissent en 1648). Cette dernière œuvre, qui restera inachevée (le huitième et dernier chant paraît en 1652), détermine à la fois une restriction et une extension du champ du mot. Apportant une ambiguïté dans la hiérarchie des genres littéraires, elle inspire la parodie d'œuvres révérées, jouant sur le contraste entre la noblesse du sujet et la « bassesse » du ton. Par ailleurs, le mot devient ensuite caractéristique de l'époque baroque du XVIIe s. (avant 1660-1670), en raison du triomphe du genre. D'où son emploi après 1670 et encore au XVIIIe s., notamment dans les dictionnaires, pour « archaïque » en parlant d'un fait de langue familier ou comique (souvent rapproché de marotique). ◆  Outre son emploi en histoire littéraire, le mot s'applique à une expression, une chose, une personne d'un comique extravagant fondé sur un contraste, spécialement en parlant du cinéma comique muet américain. Voir ci-dessous 2 burlesque.
❏  BURLESQUEMENT adv. « d'une manière burlesque » est enregistré par Furetière (1690).
■  2 BURLESQUE n. m., désignant un spectacle de variétés alliant la caricature à un réalisme pénible et à la laideur (1930), est un emprunt à l'anglo-américain burlesque (1857). Celui-ci est une spécialisation de sens de l'anglais burlesque n. « caricature grossière et moqueuse », lui-même emprunté au français. Ce genre de spectacle s'est créé à la fin du XIXe s. aux États-Unis. Selon Paul Morand, il est d'inspiration allemande. Le burlesque, qui recourait notamment à un érotisme pervers (femmes obèses, âgées...), ne s'étant pas répandu dans d'autres pays, le mot ne s'emploie en français que dans un contexte américain.
BURKA, BURQA, BOURKA n. f. est un emprunt (années 1990) à un mot arabe.
❏  Le mot désigne un voile épais couvrant le corps, ajouré à la hauteur des yeux, et que doivent porter les musulmanes dans certaines régions de l'Islam, notamment en Afghanistan. Le mot est devenu dans les années 2006-2007 symbolique du voile islamique et s'emploie en France (à tort) pour des formes plus légères de ce voile (par exemple le hijjab).
BURKINABÉ adj. et n. est le gentilé de l'État du Burkina Faso, expression mandingue signifiant « la terre des braves gens » appliquée après l'indépendance à la colonie appelée par la France Haute-Volta (nom de fleuve). Le mot qualifie ce qui est relatif à cet État et dénomme ses habitants.
BURNES n. f. pl. est un mot de la région de Valenciennes désignant des excroissances sur un tronc d'arbre, passé dans la langue populaire générale (attesté 1888).
❏  Le mot, peut-être influencé par le sens populaire de burettes*, désigne les testicules. L'expression casser les burnes (à qqn) équivaut à casser les couilles, « importuner ».
BURNOUS n. m. (1839) succède à des formes aussi diverses qu'albernoux (1478), albrenousse (1507), albornoz (1617), alburnous (1826) et parallèlement bernucium (en latin de la Renaissance, 1556), barnusse (1556), bornoz (1686), bournous (1735, puis 1830). Le mot a été emprunté plusieurs fois à l'arabe barnūs, burnūs, « bonnet long, capuchon », « manteau muni d'un capuchon », par des voies différentes avec ou sans l'article arabe al-. L'arabe burnus, lui-même attesté au Xe s., est emprunté au grec tardif birros, « vêtement en tissu grossier, courte capote à capuchon », parfois écrit burros, apparenté, voire repris au latin birrus (→ béret, barrette). Le passage en arabe se serait fait par l'intermédiaire du syriaque. ◆  Avant son apparition en français, burnus avait été emprunté par les langues romanes du Sud sous diverses formes : espagnol albornoz (v. 1350), catalan albernuç avec l'article (1366), italien brenuzio (v. 1450). La plus ancienne forme en français, albernoux, semble supposer un intermédiaire ibérique comme c'est le cas pour albornos ; les formes non agglutinées du XVIe s. (bernucium, barnusse) sont issues de traductions d'auteurs italiens ; bornoz est parvenu par une transcription néerlandaise de l'arabe ; enfin, les formes modernes résultent d'emprunts directs : voyages, campagne d'Égypte sous Napoléon ; le mot n'est vraiment implanté en français qu'à partir de la conquête de l'Algérie.
❏  Cet emprunt désigne un manteau de laine à capuchon, sans manches, porté par les Maghrébins. Avec le sens métonymique de « travailleur indigène, au Maghreb », il est employé dans la locution faire suer le burnous « exploiter la main-d'œuvre indigène », en parlant des colons d'Afrique du Nord. Sous le burnous, en français du Maghreb, équivaut à sous le manteau, « clandestinement ». ◆  Par extension, burnous désigne un grand manteau adopté par la mode à certaines époques (1863), en particulier un manteau (ou cape) à capuche pour les jeunes enfants.
BURON n. m., procède de l'ancien français buiron (1172) que l'on fait venir du francique *buri « cabane », à rapprocher d'une racine germanique *bur- « hutte », la finale pouvant être celle de maison (latin mansionem). Le mot, courant en français d'Auvergne, désigne une petite maison de berger, et spécialement une petite fromagerie artisanale, où le BURONNIER n. m. (mot attesté en 1787 en Auvergne) fabrique du fromage.
-BUS → OMNIBUS, 2 AUTO (sous AUTOMOBILE)
BUSC n. m. est probablement, en ce qui concerne les premières formes attestées au XVIe s., buz (1545) et buste (1545-1548), un emprunt à l'italien busto, « corset renforcé » (XIIIe-XIVe s.), mot qui a donné buste*. La forme moderne, d'abord écrite busq (1547), puis busque (1552) encore dans l'édition de 1759 de Richelet, et enfin busc (1835), reprend le mot italien croisé avec busco, « brin, fétu », qui appartient à la même racine que le français bûche*. Ce croisement s'explique par la nécessité de distinguer en français le mot de son homonyme buste et par le rapport entre les tiges ou baleines constituant le busc et le sens de « brin, fétu » ; on note au XVIe s. des emplois symétriques de busque au sens de « buste ». L'hypothèse généralement reçue d'un emprunt à l'italien busco est moins satisfaisante des points de vue chronologique (antériorité des formes du type bust) et sémantique (busco n'ayant que le sens de « fétu, paille »).
❏  Le mot a désigné un corset renforcé qui a connu une grande vogue au XVIe siècle. La mode de l'objet explique à cette époque l'emploi de la locution à la buste, à la busque, au busc avec les différentes formes du mot aux deux genres, au sens de « à la mode nouvelle ». ◆  Par métonymie, busc est devenu le nom de la lame de baleine ou d'acier servant d'armature au corset (1835).
■  Dans le langage technique, busc désigne la saillie contre laquelle viennent buter les portes d'une écluse, comparée à la courbe du busc. Voir ci-dessous busqué.
❏  BUSQUÉ, ÉE adj. (XVIe s.) est d'abord attesté substantivement au féminin à propos d'une femme portant un busc (par ellipse pour femme busquée), emploi supposant celui de l'adjectif au sens de « muni d'un busc ». ◆  Cet emploi a disparu et le mot a été repris dans le langage technique à propos des portes d'une écluse (1751), puis d'un cheval dont la tête est arquée (1835) et, plus couramment, pour caractériser un nez aquilin (1867).
■  Par élargissement de suffixe, busqué a produit le verbe BUSQUER v. (1718). Le verbe exprime, transitivement et pronominalement, l'action de « (se) vêtir d'un corset à busc, munir d'un busc », sens disparu, se spécialisant en couture pour désigner l'action de raccourcir une jupe en la creusant du haut de la ceinture (1845). ◆  Le verbe a suivi l'évolution de busqué, prenant le sens de « bomber, arquer » (1860), d'usage soutenu comme intransitif, et celui de « se fermer à angle droit » en technique.
■  BUSQUIÈRE n. f. (1690), nom de la coulisse du corset dans laquelle on introduit le busc, appartient désormais au vocabulaire de l'histoire du costume.
L 1 BUSE n. f. est issu par dérivation régressive (1460) de l'ancien français buison, buson (XIIIe s.), encore employé au XVIe s. au sens figuré de « imbécile, homme stupide ». Ce mot est issu du latin buteo, -onis de même sens, mot ancien qui figure comme nom propre dès le IIIe s. av. J.-C., probablement d'origine onomatopéique comme le nom du hibou bubo, dont le dérivé bubulare a été emprunté par le français bubuler, qui se dit du hibou qui pousse son cri (1838).
❏  Buse dénomme un oiseau rapace diurne aux formes lourdes. ◆  Dans le contexte de la chasse à l'oiseau rapace, et par allusion au fait que la buse est inapte au dressage en fauconnerie (« on ne peut faire d'une buse un faucon »), le mot a développé dans le langage familier le sens figuré de « personne sotte et ignare » (1545) également en appellatif (triple buse !) et en emploi adjectivé. Buse s'est combiné avec aigle* dans BUSAIGLE n. m. (1845), nom d'un aigle de la taille d'une buse dont les tarses sont entièrement empennés. BUSARD n. m. d'abord busart (1174-1183), dérivé par changement de suffixe de l'ancien français buison, buson, désigne un oiseau rapace diurne à longues ailes et longue queue.
❏  BUSARD n. m. d'abord busart (1174-1183), dérivé par changement de suffixe de l'ancien français buison, buson, désigne un oiseau rapace diurne à longues ailes et longue queue.
❏ voir BUTOR.
? 2 BUSE n. f., attesté au XIIIe s. à Liège, est d'origine incertaine. On part généralement de l'ancien français busel « tuyau, conduit » (d'un instrument de musique), lui-même issu du latin bucina (→ buisine, art. buccin) avec un autre suffixe. Cependant, l'aire septentrionale des premières attestations du mot a suggéré à certains un étymon moyen néerlandais buse, buyse « tuyau » ; mais le mot néerlandais peut être un emprunt au français.
❏  Le mot désigne un conduit de gros calibre, spécialement utilisé pour acheminer un fluide. Il est employé en technique dans les mines (1752), puis en construction, en travaux publics et en automobile. En Belgique, le mot s'emploie pour « bec verseur ». ◆  Par analogie d'aspect, il s'est employé familièrement dans le nord de la France pour désigner un chapeau haut de forme (Cf. tuyau de poêle).
❏  On en a dérivé BUSETTE n. f. (1313), « canal, conduit », sorti d'usage au XVIe s. et repris (1905) en métallurgie à propos du garnissage en matières réfractaires de l'orifice d'une poche de coulée.
3 BUSE n. f. (1878), en français de Belgique, désigne l'échec à un examen. Il a pour dérivé BUSER v. tr. « faire échouer à un examen, recaler ». Ces mots sont aussi employés en français du Rwanda, du Congo.