CORRÉLATION n. f. est emprunté (1412-1432) au bas latin correlatio (VIIIe s.), « relation mutuelle », de cum (→ co-) et relatio (→ relation).
❏
Le mot est attesté une première fois en rhétorique, défini comme « élément mis en codicille par cahiers, sujet discuté entre clercs ».
■
Il est repris tardivement (1718), d'après le latin philosophique, avec son sens moderne de « rapport unissant deux choses, deux notions, deux termes dont l'un appelle logiquement l'autre » (en philosophie, puis couramment). Il est employé en grammaire pour la fonction des termes corrélatifs (1890).
❏
Au
XXe s., sont apparus trois dérivés didactiques :
CORRÉLAT n. m. (1949, chez Ricœur) par dérivation régressive, au sens de « renvoi à une notion ou à un sens logiquement apparenté »,
CORRÉLATIONNEL, ELLE adj. (v. 1950) et
CORRÉLER v. tr. (1963), ce dernier d'après l'anglais
to correlate en statistiques pour combler l'absence d'un verbe correspondant à
corrélation.
■
CORRÉLATIF, IVE adj. (XIVe s. ; substantivé au XVIIe s., av. 1690) est probablement emprunté au latin médiéval correlativus (1240), substantivé au neutre en correlativum (1292). Depuis le XVIIIe s., il est employé en grammaire (propositions corrélatives, av. 1756, Dumarsais).
◆
En est issu CORRÉLATIVEMENT adv. (1653).
CORRESPONDRE v. est emprunté (1330-1332 correspondant ; 1380 pour le verbe) au latin médiéval correspondere « s'harmoniser, concorder » (1236), « payer de retour » (v. 1300) et, avec la préposition de, « rendre compte de » (v. 1290). Lui-même est composé de cum « avec » (→ co-) et de respondere (→ répondre).
❏
La plupart des formes attestées en moyen français et en français classique concernent le participe présent correspondant.
◆
Jusqu'au XVIIe s., le verbe (1380) et son participe présent adjectivé (1332) sont seulement utilisés en construction transitive indirecte, avec le sens de « être en rapport de conformité avec ». De là, pour le participe présent, une spécialisation en géométrie (1762) dans angles correspondants.
◆
Depuis 1690, correspondre est employé également en construction intransitive et pronominale pour « avoir une communication avec », à propos de deux objets ou de deux lieux et (1795, soit longtemps après correspondant) de deux personnes ; il signifie alors « avoir des relations, communiquer » (par lettres si la personne est éloignée, par signes si elle est empêchée de parole). En relation avec correspondant substantivé (ci-dessous), le verbe s'emploie spécialement pour « envoyer des articles à un journal ». Il se dit pour « coïncider par les horaires », en parlant de deux moyens de transport (1874).
❏
CORRESPONDANT, ANTE p. pr., adjectivé dès 1330 (voir ci-dessus), est substantivé (1615) au sens de « personne avec qui l'on entretient des relations par lettres ». Dès 1694, il est enregistré dans sa spécialisation de « personne qui renseigne par lettres sur les pays étrangers où il séjourne », appliqué plus tard à un journaliste qui envoie ses articles à un journal depuis l'étranger.
■
De son radical est dérivé CORRESPONDANCE n. f. (XIVe s.) au sens courant de « rapport de conformité, d'analogie (à propos d'inanimés) ». C'est à ce sens que se rattache l'emploi du pluriel correspondances chez des écrivains romantiques et post-romantiques (Nerval, Balzac, et surtout Baudelaire, Rimbaud). Plusieurs emplois particuliers apparus au XVIe s., notamment « accord d'idées, de sentiments » (1564) et « rapport de communication entre personnes » (1580), ont décliné après la période classique.
◆
Le sens usuel de « relation par écrit entre deux personnes » (1675) a pris de l'importance avec son extension métonymique pour « ensemble de lettres constituant cette correspondance ».
◆
Sous l'influence de correspondant, le mot est employé dans un contexte journalistique depuis 1832.
◆
Il a vieilli au sens de « communication entre plusieurs lieux » (1670) mais s'est spécialisé en transports à propos d'une concordance d'horaires entre trains (1829) et d'une relation commode entre deux moyens de transport (1843). Par métonymie, il désigne également le moyen de transport assurant cette correspondance, et un changement de ligne opéré en cours de trajet sur un réseau.
■
En est dérivé CORRESPONDANCIER, IÈRE n., « employé chargé de la correspondance dans une administration, une entreprise » (v. 1900).
CORRIDA n. f., attesté par la traduction française d'un voyage en Espagne écrit en anglais (1804, Voyage en Espagne, Fisher), est emprunté à l'espagnol corrida. Ce mot, dérivé de correr (→ courir), signifie proprement « course » (1492) d'où spécialement « course de taureaux » par abréviation de corrida de toros.
❏
Née en Espagne, la corrida, affiliée aux très anciens sacrifices et combats de taureaux des pays méditerranéens, Crète minoenne notamment, a commencé à prendre les formes qu'on lui connaît au
XVIIIe s., dans une petite cité montagnarde d'Andalousie, Ronda. Tout au long du
XIXe s., elle s'amplifie et s'affine, ajoutant la beauté du geste, une certaine lenteur hiératique à la vigueur et à la symbolique du combat. Avant même d'être introduite en Amérique latine, elle pénètre en France sous le Second Empire, sous l'influence de l'impératrice Eugénie de Montijo qui en raffole. Elle s'implante à Bayonne, Nîmes et Arles mais, après avoir longtemps défrayé la chronique, elle n'est vraiment reconnue qu'au
XXe s., le mot perdant alors son aspect d'emprunt pittoresque. Le vocabulaire de la corrida, lié aux mots de la famille de
taureau* (
tauromachie, etc.), est formé d'emprunts à l'espagnol.
■
Par extension, corrida est employé familièrement (comme cirque) au sens de « dispute violente, animée » (1902) et « bousculade, désordre, agitation ». Ce sens semble apparaître en français d'Algérie, sous l'influence de la communauté hispanophone.
CORRIDOR n. m. est emprunté (1611) à l'ancien italien corridore (en italien moderne corridoio) pris au sens de « passage étroit entre un local et un autre » (déb. XVIe s.). Le mot, proprement « lieu où l'on court », est dérivé du verbe correre (→ courir).
❏
Corridor est d'abord un terme de fortification, désignant un passage couvert établi derrière des murailles. Peu après, il se répand dans l'usage courant à propos d'un couloir dans un appartement, une maison (1636). Au XIXe et au début du XXe s., il est parfois altéré populairement en colidor. Il fonctionne comme synonyme de couloir, y compris dans ses emplois géographiques.
CORRIGER v. tr. est un emprunt ancien (v. 1268-1271) au latin corrigere « redresser » au propre et au figuré, d'où « réformer, améliorer (un défaut, une erreur, un écrit) », composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de regere « diriger en droite ligne » (→ régir).
❏
Comme le verbe latin, corriger reçoit ses différentes valeurs en fonction du complément qu'il introduit et du contexte : en parlant d'un texte, il signifie « relever les fautes, les erreurs » d'où spécialement « lire pour éliminer les fautes typographiques » (1694), « évaluer un devoir en en relevant les fautes » (1680). En parlant plus généralement d'une action, d'une parole, il exprime le fait de ramener à un juste milieu en exerçant une action contraire (1575) et, plus couramment, de rendre plus exact, rectifier (1797).
◆
Avec un complément désignant un être animé (homme, animal), il assume à la fois un sens physique, proche de « battre », et moral (1285) pour « rendre meilleur, atténuer ou éliminer les défauts de (qqn) ». Ces deux valeurs ont divergé au point que la première, physique, n'implique plus aucune visée d'amélioration mais le désir de nuire, de dominer, de « battre ». Il en va de même pour correction*.
◆
Corriger s'emploie alors aussi à la forme pronominale (1654-1655, se corriger de quelque vice).
❏
Le participe passé
CORRIGÉ, ÉE est employé comme adjectif (1478) et comme nom masculin par ellipse de
devoir corrigé (1834).
■
De corriger sont dérivés les adjectifs CORRIGIBLE (1444) et CORRIGEABLE (fin XVIe s.), l'un comme l'autre peu employés à la différence de l'antonyme INCORRIGIBLE adj. emprunté antérieurement (1334) au latin incorrigibilis et employé tant à propos d'une chose que d'une personne (v. 1350). INCORRIGIBILITÉ n. f. (v. 1500), d'usage didactique, est rare.
❏ voir
CORRECT (et CORRECTION).
CORROBORER v. tr. est emprunté (1389) au latin corroborare « donner force à, confirmer » (au physique et au figuré), lui-même composé d'aspect déterminé en cum (→ co-), de roborare « renforcer », dénominatif de robur, robor « force » (→ roboratif, robuste).
❏
Le verbe, apparu avec le sens figuré de « confirmer » dans un contexte juridique, est surtout employé dans les domaines de la vie intellectuelle, du travail et du droit (notamment à la voix passive). Son sens physique de « fortifier » (1530) a disparu de l'usage moderne.
❏
Le sens physique s'est mieux maintenu dans le participe présent adjectivé et substantivé
CORROBORANT, ANTE (1860), employé à la fois dans le domaine médical, par ellipse de
remède corroborant (1530), et abstraitement.
■
CORROBORATION n. f. (1286) est emprunté au dérivé latin corroboratio.
■
CORROBORATIF, IVE adj. (1628), formé savamment sur le supin corroboratum de corroborare, a décliné dans son acception médicale. Il assume le sens général de « qui sert à confirmer, à renforcer », employé spécialement en linguistique arabe, à propos d'une classe de noms qui se construisent en apposition pour renforcer le sens du mot qu'ils accompagnent.
CORRODER v. tr. est emprunté (1314) au latin corrodere, composé d'aspect déterminé en cum (→ co-), de rodere (→ ronger).
❏
Par extension de son emploi didactique pour « ronger, détruire progressivement par une action chimique » (1314), corroder a reçu le sens figuré de « détruire par une action lente et insidieuse (d'un sentiment, d'une entité morale) » (1756).
❏
Le participe présent
CORRODANT, ANTE était anciennement employé comme substantif pour désigner une substance au pouvoir rongeur, mais son emploi adjectif est limité par l'existence d'un adjectif de sens plus actif,
CORROSIF, IVE (
XIIIe s.), dérivé savant du radical de
corrosum, supin de
corrodere. Corrosif est employé dès l'origine en médecine, où il est substantivé à propos d'une substance qui corrode (1314). Il est passé dans l'usage général avec la valeur figurée de « mauvais, nuisible » (1468), puis « qui ronge, mordant » (d'un sentiment, d'un vice et, couramment, d'une critique, de l'humour).
■
CORROSION n. f. est emprunté (v. 1300) au bas latin corrosio « action de ronger, morsure », formé sur le supin de corrodere. Introduit en médecine, il a reçu d'autres acceptions spécialisées. Son emploi figuré (1756) correspondant à corrosif est beaucoup plus rare.
CORROMPRE v. tr. est emprunté (1160-1174) au latin corrumpere, composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de rumpere (→ rompre), signifiant « détruire, anéantir » et « détériorer, gâter » (physiquement et moralement).
❏
Le mot a eu le sens particulier de « séduire, débaucher (une femme) », aujourd'hui vieilli. La plupart de ses emplois concrets hérités du latin sont sentis comme marqués dans l'usage moderne, que ce soit « altérer en décomposant » (1216, dans une ancienne construction intransitive équivalant à notre usage de la forme pronominale) ou, en technique, « modifier la forme ou la substance (d'un matériau) » (1672).
◆
L'ancien sens figuré spécialisé, « trahir, déformer un texte » (v. 1170), a disparu, mais le mot est resté usuel avec le sens moral d'« altérer (ce qui est sain, honnête) » (v. 1174) et surtout d'« amener (qqn) à agir contre sa conscience, son devoir (avec des dons, des promesses) » (1283).
❏
Le participe passé
CORROMPU, UE est employé comme adjectif avec les mêmes sens que le verbe, surtout dans le domaine moral. Les autres mots du même groupe (si l'on excepte le terme régional
CORROMPERIE n. f. « saloperie ») sont empruntés à des dérivés latins.
■
CORRUPTEUR, TRICE adj. et n. (1531) représente corruptor ; du sens originel de « celui qui séduit », il passe (1561) au sens de « personne qui altère, détruit » et, encore ultérieurement, au sens moral moderne (1767, comme adjectif).
■
CORRUPTIBLE adj. (1267-1268) est emprunté au bas latin et latin chrétien corruptibilis « corrompu » (de choses, de personnes), tandis que le nom didactique correspondant, CORRUPTIBILITÉ n. f. (1492), est emprunté au latin corruptibilitas.
■
L'antonyme INCORRUPTIBLE adj. (v. 1350), représentant le latin incorruptibilis, est plus vivant que le simple. Attesté depuis le XVIIe s. avec son sens moral moderne, il est substantivé et, sous la Révolution, donné comme surnom à Robespierre et comme titre à un journal révolutionnaire (1790).
◆
Traduisant l'anglais untouchable dans un feuilleton télévisé, le nom s'applique à une police et à des policiers que l'on ne peut corrompre.
■
L'adjectif à valeur active CORRUPTIF, IVE (v. 1385), emprunté au latin tardif corruptivus, est peu usité, fortement concurrencé par corrupteur.
◈
CORRUPTION n. f. (v. 1130), emprunté au latin
corruptio, s'est, comme le verbe, spécialisé dans le domaine de la vie morale (1373). Le sens concret (v. 1170), sans sortir de l'usage, a vieilli avec ses extensions métonymiques pour « état de ce qui est corrompu » et « charogne ». C'est la famille de
pourrir qui tend à remplacer celle de
corrompre, dans ces contextes. La philosophie s'est servie de
corruption pour rendre le concept grec de
phthora (opposé à celui de
genesis, → genèse), désignant l'événement par lequel une chose cesse d'être telle qu'on puisse encore la désigner par le même nom.
■
Son antonyme INCORRUPTION n. f. (v. 1170), calqué sur le latin chrétien incorruptio « durée éternelle, inaltérabilité », a vieilli.
❏ voir
COURROUCER.
L
CORROYER v. tr. (1674), d'abord courroyer (1538), est la modification de conreer (v. 1050), issu du latin populaire °conredare, lequel est l'adaptation du gotique garedan « apprêter, parer » (→ arroi) introduit par les mercenaires germaniques qui servaient dans l'armée romaine. Le passage de conr- à corr- s'est fait par assimilation d'après les formes toniques.
❏
Le sens primitif de « parer, apprêter » (par ex. le corps d'un défunt) a disparu et s'est spécialisé dans quelques domaines techniques : dès l'ancien français, le verbe s'emploie en peausserie pour « transformer le cuir après le tannage en lui donnant le dernier apprêt » (1165-1180).
◆
En construction, il se dit pour « pétrir, malaxer (une matière) et en faire un enduit » (1580), en métallurgie pour « battre et souder à chaud (un métal) » (1674), en menuiserie pour « raboter ». Seul l'emploi en peausserie est connu dans l'usage général.
❏
Le déverbal
CORROI n. m. a connu l'évolution de la forme
conrei (1130-1140),
conroi puis
corroi et le passage du sens général de « soin » (dans l'ancienne locution
prendre conroi de qqn) aux spécialisations techniques en peausserie (1290-1300) et en construction pour désigner un enduit, spécialement un lit de glaise ou, aujourd'hui, de béton imperméable dont on revêt le fond d'un bassin, d'un réservoir (déb.
XVIe s.).
■
CORROIERIE n. f., d'abord courroierie (1247) et CORROYEUR n. m., aboutissement de coureere (v. 1260), désignent respectivement la technique et l'ouvrier assurant l'ensemble des opérations de finissage du cuir brut.
■
Le substantif d'action CORROYAGE n. m., d'abord courreage (1432), s'est également étendu du domaine de la peausserie, où il se substitue souvent à corroi, à ceux de la métallurgie (1761) et du travail du bois.
CORSAGE, CORSER, CORSET → CORPS
CORSAIRE n. m., d'abord cursaire (1443) par latinisme, puis corsaire (1477), est emprunté, probablement par l'intermédiaire de l'ancien provençal de même sens corsari (déb. XIVe s.), à l'italien corsaro (1315, Dante, Purgatoire). Ce dernier est issu du bas latin cursarius, dérivé de cursus (→ cours, course). La variante coursaire, francisée, est attestée du XVe au début du XVIIe siècle.
❏
Le mot désigne celui qui pratique la « course » soit, en droit maritime, la capture des vaisseaux marchands ennemis. Ce phénomène, probablement ancien, a atteint son apogée entre 1577 (bataille de Lépante) et 1713-1720 (après le traité d'Utrecht) sur les rivages de l'Occident européen. Il disparaît définitivement au XIXe s., le Surcouf de la période napoléonienne étant une survivance. Par métonymie, corsaire désigne aussi un bateau armé par des particuliers et autorisé par le gouvernement à poursuivre les vaisseaux marchands ennemis, d'abord sous la forme adjective (gallée) coursaire (1470) et, par ellipse du nom, corsaire (déb. XVIIe s., coursaire). Le mot a été repris pendant la Seconde Guerre mondiale pour le navire chargé d'attaquer la flotte marchande de l'ennemi.
◆
Après la fin des opérations de course, le mot entre dans le domaine des récits d'aventures maritimes ; il connote souvent, d'après ces récits, les chasses au trésor et les abordages dans les mers du Sud, plus ou moins confondu avec flibustier et pirate, lesquels concernent pourtant des réalités historiques très différentes.
◆
Depuis la fin de la Seconde Guerre (1945), il est employé dans le vocabulaire de la mode, apposé avec une valeur adjective dans pantalon corsaire « pantalon court qui s'arrête sous le genou » (tel qu'en portaient les corsaires), substantivé en un corsaire.
CORSO n. m. est un emprunt (1807) à l'italien corso, qui correspond au français cours* au sens d'« avenue ».
❏
Le mot a désigné une avenue (par ex. chez Balzac, La Maison Nucingen, 1838), puis (1848, A. Dumas) un défilé de chars, au cours d'une fête, d'un carnaval (corso fleuri, etc.).
CORTÈGE n. m. est emprunté (1622) à l'italien corteggio « suite de personnes qui en accompagnent une autre au cours d'une cérémonie » (1600), lui-même déverbal de corteggiare (apr. 1350) « accompagner un personnage important pour lui rendre hommage », de corte (→ cour, courtisan, de l'italien).
❏
Cortège, emprunté au sens du mot italien, est aussi employé en parlant de tout groupe de personnes marchant en file, sans intention d'honorer (1674).
◆
Au figuré, il se dit d'un ensemble d'entités se trouvant dans un rapport de contiguïté (1755), spécialement en physique (cortège d'électrons, mil. XXe s.) et en musique (cortège d'harmoniques).
❏
Le dénominatif CORTÉGER v. tr. (v. 1650, par cortégé) reste rare et d'usage littéraire (Chateaubriand utilise ses participes présent et passé substantivés).
CORTEX n. m. est un emprunt scientifique (1896) au latin cortex « écorce », mot qui appartient à un groupe indoeuropéen en comprenant le vieux slave kratŭkŭ « court », črěsti « couper », et le sanskrit kŕ̥ttiḥ « peau ». L'idée est celle de la chose séparée, enlevée, telle la peau des animaux, l'écorce des arbres.
❏
Le mot désigne en anatomie une partie externe, périphérique et notamment (cortex cérébral, absolument cortex) celle du cerveau.
❏
CORTICAL, AUX adj., formation savante de la Renaissance (fin
XVe s.) sur le latin
cortex, signifie d'abord « de l'écorce ». Il a été repris au sens anatomique, d'après
cortex (probablement fin
XIXe s.).
◆
De là
SOUS-CORTICAL, ALE, AUX adj. (1830 en géol.) aujourd'hui courant en anatomie.
◈
CORTICO-, élément tiré du latin
cortex, a été précédé par
cortici- dans
CORTICICOLE adj. (1846), « qui vit dans l'écorce des arbres », et concerne soit le cortex cérébral, soit le cortex des glandes surrénales.
◆
Après
CORTICIPÈTE adj. (1916), avec la forme ancienne
cortici-, pour « qui conduit au cortex », composé qui semble abandonné, apparaissent
CORTICO-MÉDULLAIRE adj. (1925), puis
CORTICO-SURRÉNALE n. et adj. f. (1938) qui qualifie et désigne la périphérie (cortex) de la glande surrénale et les hormones qu'elle sécrète, d'où
CORTICOÏDES n. m. pl. (1956 dans les dictionnaires), « hormones sécrétées par les corticosurrénales et leurs dérivés », avec pour synonyme
corticostéroïde (ci-dessous) ;
CORTICOTROPHIQUE adj. (anglais
corticotrophic, 1934) et
CORTICOTROPHINE n. f. (anglais
corticotrophin, 1932),
CORTICOTHÉRAPIE n. f. (1959 dans les dictionnaires) « emploi thérapeutique des corticoïdes et de la corticostimuline ».
CORTICOSTIMULINE n. f. désigne une hormone sécrétée par la partie antérieure de l'hypophyse, qui contrôle les sécrétions de la corticosurrénale. Elle est aussi nommée
ACTH, sigle anglais de
Adrenocorticotropic Hormon. CORTICOSTÉROÏDE (
→ cholestérol, d'où
stérol et
stéroïde), synonyme de
corticoïde.
◈
CORTISONE n. f. est emprunté (1950) à l'anglo-américain
cortisone, mot forgé en 1936 par le biochimiste E. C. Kendall et le médecin Ph. S. Hench de la Mayo Clinic, Minnesota, pour dénommer une hormone sécrétée par le cortex surrénal et utilisée en thérapeutique pour ses propriétés anti-inflammatoires et antiallergiques. Le mot est l'abréviation de la dénomination scientifique
corticosterone ou
corticosteron (corti[co]s[ter]one), le nom complet en chimie étant
17 hydroxy-11 dehydrocortico-sterone.
■
CORTICOSTÉRONE n. f. est l'adaptation de l'allemand Corticosteron (1936, Reichstein et alii), formé de l'élément cortico-, tiré du latin cortex (→ écorce), de l'élément -ster[ol] (→ cholestérol, stérol) et du suffixe chimique -one. L'importance de la découverte de cette hormone en thérapeutique se reflète dans l'adoption du mot dans de nombreuses langues, dont le français, et dans la création de composés en -cortisone (hydrocortisone), de CORTICOSURRÉNAL, ALE, AUX adj. (1950) et du dérivé CORTISONIQUE adj. (1965).
◆
CORTISOL n. m., de cortisone et -ol, d'abord en anglais, désigne une hormone corticosurrénale (la plus importante des corticoïdes).
CORUSCANT, ANTE adj., d'abord corruscant (XIVe s.) puis coruscant (1507), est emprunté au latin coruscans, participe présent de coruscare qui se dit des animaux qui se heurtent de la tête et signifie aussi « étinceler, briller » et, transitivement, « brandir ». Le verbe correspond à l'adjectif coruscus « qui s'entrechoque », aussi appliqué aux astres, à l'éclair pour « scintillant, étincelant ». La racine de ces mots correspondrait à celle du grec skairein « sauter en tous sens, danser », rapproché de l'ancien haut allemand scêron « être pétulant », moyen bas allemand scheren « se hâter, courir » et de diverses formes nominales en germanique, en baltique et en slave.
❏
Le mot a été repris avec le sens visuel de « scintillant, étincelant ». Il est tombé en désuétude après le XVIe s. avant d'être signalé au XIXe s. avec la mention « mot de Rabelais » (1842), puis d'entrer dans la langue littéraire (1882 ; 1875 comme nom, chez Goncourt).
❏
CORUSCATION n. f., d'abord corruscation (fin XIIIe-déb. XIVe s.) puis également coruscacion (1343), emprunté au dérivé bas latin coruscatio qui désigne l'action d'étinceler, la fulguration, a suivi la même évolution. Il a été repris par la langue littéraire de la fin du XIXe s. (Huysmans, 1884).
L
CORVÉE n. f. est issu (v. 1170), avec la variante corovée (XIIe s.), du bas latin corrogata (sous-entendu opera) « (travail) obligatoire dû au seigneur », à l'origine (861) « service consistant dans le labourage des terres de la réserve seigneuriale ». Corrogata est le participe passé adjectivé au féminin de corrogare « solliciter, inviter », composé d'aspect déterminé en cum (→ co-) de rogare « demander » (→ rogatoire). Aux VIIIe-IXe s., on relève une forme contractée corvada, qui a pu donner la forme française actuelle.
❏
Le mot est un terme de droit ancien qui désigne le travail gratuit que les serfs devaient au seigneur et dont l'origine remonte probablement au Bas-Empire. Jusqu'à son abolition dans la nuit du 4 août 1789, le système de la corvée est essentiel au mode d'exploitation seigneurial et religieux dont la production est fondée sur la petite exploitation paysanne. À partir du XVe s. (v. 1460), corvée exprime aussi, au figuré, l'idée d'une tâche ingrate, pénible. Depuis l'abolition des corvées, il est employé pour désigner certaines tâches dont se chargent à tour de rôle les membres d'une communauté (1835, dans l'armée).
◆
Au Canada, il a le sens de « travail collectif et gratuit fourni à un voisin pour l'aider ».
❏
CORVÉABLE adj. (1594) est emprunté au latin médiéval corveabilis (1426), dérivé de corvea (1265) « corvée », forme parallèle à corvada. Après l'abolition des corvées, il ne s'emploie que dans la locution figurée taillable et corvéable à merci (à miséricorde) d'origine juridique.
CORVETTE n. f., attesté depuis 1476, pose un problème de formation : il est, pour les uns, directement adapté, avec le suffixe -ette, du moyen néerlandais corver « bateau chasseur », lui-même dérivé de corf, proprement « panier », spécialisé pour désigner un sac à pêche et, en marine, un bateau de pêche. Corf lui-même se rattache, comme l'ancien haut allemand churb, chorp, au latin corbis « panier en osier en forme de pyramide ou de cône » (→ corbeille) qui a pour dérivé corbita, désignant un navire de transport. Selon une autre hypothèse, corvette serait, malgré l'hiatus chronologique dû au manque de dépouillement de textes techniques, dérivé avec le suffixe -ette du français corve « bateau de pêche », seulement attesté en 1709 mais relevé sous la forme corbe en 1520 (Flandre et Hollande). Celui-ci représenterait le moyen néerlandais corf. Cette hypothèse est soutenue par corvot (1476) et corbette (1694), petit bateau ostendais qui surveillait les pêcheurs sur la côte normande.
❏
Le mot désigne un bateau relativement léger affecté à des missions de reconnaissance et, spécialement, un bâtiment de guerre de taille intermédiaire entre la frégate et le brick. À partir de 1750, la corvette prend de plus grandes proportions et devient vaisseau de ligne ; en 1773, elle sert déjà de navire-école.
Capitaine de corvette est un grade de la marine qui correspond à celui de
commandant dans l'armée de terre.
■
Corvette désigne aujourd'hui un petit bâtiment d'escorte et spécialement de lutte contre les sous-marins.
CORYPHÉE n. m. est emprunté (1556) au latin coryphaeus, lui-même pris au grec koruphaios « qui occupe le sommet, la première place », d'où « chef » et, en particulier, « chef du chœur au théâtre ». Ce terme est dérivé de koruphê « sommet, extrémité », à rapprocher d'autres mots grecs désignant une extrémité (souvent bombée), tels korus « casque », korunê « bulbe (d'une plante) » et, hypothèse plus douteuse, keras « corne » (→ kéra-).
❏
Le mot a été repris au sens général de « celui qui tient la première place dans un parti, une société ». Il s'est limité ensuite à la spécialisation (1578) de « chef de chœur dans le théâtre antique », surtout répandue à partir du XVIIe s. (1691, Racine, préface d'Athalie). Par analogie, il désigne celui qui, dans l'opéra moderne, donne l'attaque aux choristes (1754) et, en danse, le chef du ballet. Les emplois métaphoriques au sens de « chef » sont didactiques et rares, mais on se souvient que les thuriféraires de Staline l'appelaient coryphée du socialisme.
CORYZA n. m. latinisation (1655) de korze (XIe s.) puis corise (v. 1370), est emprunté au bas latin coryza « écoulement nasal, rhume », lui-même adapté du grec koruza, maintenu en grec moderne et rapproché de mots désignant l'écoulement du nez dans d'autres langues indoeuropéennes, anglo-saxon hrot, ancien haut allemand (h)roz.
❏
Le mot est employé en médecine et en médecine vétérinaire pour une inflammation de la muqueuse nasale, appelée couramment rhume de cerveau.