DARE-DARE loc. adv., attesté depuis 1640, est d'étymologie obscure, peut-être formé par redoublement expressif de dare, élément verbal tiré du verbe dialectal (se) darer « s'élancer », variante de darder* pris au sens de « s'élancer » (XVIe s.) [courir, filer comme un dard].
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La locution s'emploie familièrement au sens de « très vite, sans délai ».
DARIOLE n. f. est l'altération du mot régional doriole, de doré.
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Ce mot, ancien (1292), est resté vivant dans l'usage régional, à propos d'un flan au beurre et aux œufs.
DARJEELING n. m. est l'emprunt (répandu dans les années 1980) à l'anglais Darjeeling (tea), du nom d'une ville du Bengale, écrit à l'anglaise.
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Il désigne une variété de thé indien à l'arôme délicat.
1 DARNE n. f. est emprunté (1216-1218) au breton darn « pièce, fragment ».
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Le mot désigne une tranche de gros poisson taillée à cru (darne de saumon dès la première attestation).
2 DARNE adj., attesté en français en 1761 à Troyes, vient des dialectes de l'est de la France, champenois, lorrain, et de Wallonie, par emprunt probable au francique °darn « ébahi, ahuri ». Cet adjectif régional signifiant « ébloui, pris de vertige », se trouve dans Rimbaud (« son regard darne »).
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DARON, ONNE n., mot d'argot en usage du XVIIIe siècle (1725) au milieu du XXe, n'est pas clairement expliqué. Ce pourrait être le croisement de l'ancien français dam « seigneur » et de baron.
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Le mot s'est employé en argot pour « patron », notamment d'un cabaret, le féminin pouvant avoir le sens de « maîtresse de maison » et de « mère ».
DARSE n. f. est emprunté (déb. XVe s.), avec chute de la finale, au génois darsena. Celui-ci, attesté depuis 1147 en latin médiéval de Gênes, est lui-même emprunté à l'arabe dār aṣ-ṣinā᾿a « maison de fabrication » (qui a donné par Venise arsenal*).
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Le mot est un terme de marine dénommant un bassin abrité à l'intérieur d'un port, où l'on peut effectuer en sécurité la réparation ou l'armement des petits bâtiments. De la Méditerranée, il a gagné d'autres mers.
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Quant à DARSINE n. f. « petit port pour radouber les vaisseaux », attesté depuis 1690, il est aussi emprunté au génois, mais compris comme un diminutif de darse.
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DARTRE n. f., d'abord dertre (XIIIe s.) puis dartre (1478), est issu du bas latin de Gaule derbita (souvent au pluriel derbitae, -arum), également représenté dans les dialectes de l'Italie septentrionale, en rhéto-roman, en provençal et en catalan. Derbita, apparu dans les gloses (le latin classique disait impetigo), remonte peut-être au celtique avec -b- pour -v- (Cf. gallois tarwyden, anglais teter, tetter, de même sens). Il proviendrait d'un thème indoeuropéen °derw-, °drw-, peut-être élargissement de °der- (représenté dans le groupe indoeuropéen par le grec derein « gratter »).
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Le mot désigne une maladie de la peau se manifestant par des rougeurs et des démangeaisons.
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De
dartre est dérivé
DARTREUX, EUSE adj., d'abord attesté sous la forme
dertreux (fin
XIVe-déb.
XVe s.).
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Certains dictionnaires enregistrent DARTRIER n. m. pour un arbre dont la graine est utilisée contre les dartres (1845).
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DARTROSE n. f. « maladie cryptogamique de la pomme de terre » est attesté en 1901.
DARWINISME n. m. est tiré, avec le suffixe -isme (1867), du nom du naturaliste anglais Charles Darwin (1809-1882), auteur d'une théorie selon laquelle la sélection naturelle est le facteur essentiel de la transformation des espèces vivantes. Bien que la première attestation connue constitue une traduction de l'italien, le mot a probablement suivi l'anglais darwinism (1864).
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Le mot se rapporte à l'ensemble des théories de Darwin.
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D'autres dérivés,
DARWINIEN, IENNE adj. et n. (1869),
DARWINISTE adj. et n. (1870), ont été formés à l'époque de la diffusion de la pensée de Darwin et du débat sur ses théories.
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NÉO-DARWINISME n. m. et NÉO-DARWINIEN, IENNE adj. et n. ne sont attestés qu'autour de 1900 (1898 pour néo-darwinisme).
DATCHA n. f. est l'emprunt (1843, datscha) du russe datcha « maison de campagne », antérieurement « lopin de terre » et « petite propriété terrienne », sens eux-mêmes issus de celui de « terre concédée par un prince ». Ce développement est une spécialisation du sens général de « ce qui est donné, don », avec lequel datcha est dérivé de dat' « donner », mot reposant sur la racine indoeuropéenne °dō-, °də- « donner » (→ donner).
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Le mot, attesté en français chez le marquis de Custine qui le donne comme le nom russe pour villa, s'emploie exclusivement dans un contexte russe et soviétique à propos d'une maison de campagne.
DATE n. f. est emprunté (1281) au latin médiéval data (data littera, data charta « lettre donnée » étant les mots de la formule indiquant la date à laquelle un acte avait été rédigé). Data y est le féminin du participe passé adjectivé datus, de dare (→ donner), qui a par ailleurs donné l'anglais data « donnée ».
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Le mot est passé en français avec son sens actuel, entrant dans diverses locutions (accompagnant une préposition, un verbe : prendre date, faire date, etc.).
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L'expression à date, d'après l'anglais up to date, s'emploie en français québécois pour « jusqu'à maintenant » et pour « à jour ». Dans l'usage écrit, à date vaut pour « à ce jour ».
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Son dérivé
DATER v. est d'abord attesté par le participe passé substantivé
daté (1367), puis signifie transitivement « mettre la date sur ». Il se construit aussi intransitivement avec la préposition
de avec le sens de « s'être produit (à cette date) », spécialement dans la locution
à dater de (1772). En emploi absolu, le verbe exprime, plutôt que l'idée de « marquer une date importante », celle d'« être démodé » (1863). Le verbe a donné quelques dérivés récents.
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DATABLE adj. (1929 ; déb. XIXe s. d'après Dauzat) a entraîné INDATABLE adj. (mil. XXe s.).
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DATEUR, EUSE n. m. et adj. (1929), d'où le composé HORODATEUR, formé comme adjectif (1927) pour « qui imprime l'heure et la date sur un document », aussi nom de l'appareil, HORODATRICE n. f. (1974) désignant un autre appareil, utilisé dans les courses automobiles.
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DATATION n. f. (fin XIXe s.), utilisé en linguistique pour « assignation d'une date d'apparition à un fait de langue » (voir l'encadré : Datation et attestation), et en chronologie (datation au carbone 14).
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DATAGE n. m. (1962) « action de dater », est peu usité.
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Par préfixation en
anti-*, on a formé
ANTIDATE n. f., d'abord « date mise à la place d'une autre » (1413), qui a pris son sens actuel sous l'influence du préfixe
ante- « avant ».
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Le verbe correspondant, ANTIDATER v. tr. (1462), est quelquefois employé au sens figuré de « rajeunir » (1850, Balzac).
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Antidate et antidater ont entraîné la création des antonymes POSTDATER v. tr. (1752 dans le dictionnaire de Trévoux), après postidater (1549 ou 1636, selon la datation du texte), qui correspond à « dater postérieurement à la date réelle », en opposition à ANTIDATER. Ces verbes sont souvent employés au participe passé adjectivé. POSTDATE n. f. (1740), comme ANTIDATE n. f. est moins usité.
DATIF n. m. est emprunté (fin XIVe s. ; XIIIe s. selon certains dictionnaires) au latin impérial des grammairiens dativus casus, d'où par abréviation dativus, de dare (→ donner), le datif étant proprement le cas marquant l'attribution, la destination (celui à qui on donne).
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Le mot a été repris en grammaire.
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Parallèlement, l'usage juridique a emprunté au latin impérial dativus « donné », son adjectif DATIF, IVE (1437) « attribué par décision de justice ou par testament, non par la loi ». Ce dernier est sorti d'usage.
❏ voir
DATION.
DATION n. f. est un emprunt ancien (1272) au latin datio, nom d'action dérivé du supin de dare « donner » (→ datif).
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Le mot ne s'employait plus en français moderne que dans quelques syntagmes juridiques (dation de tuteur, de mandat..., dation en paiement) et parfois, didactiquement, pour « action de donner ». Une loi de 1968 lui a donné, grâce à A. Malraux, une valeur nouvelle : la dation en paiement, ou dation, correspond à la faculté d'acquitter certains impôts en donnant à l'État des œuvres d'art ; de là œuvre en dation et, par métonymie, le sens d'« œuvres d'art transmises en dation » (la dation Picasso de 1979).
DATTE n. f., d'abord écrit date (v. 1180), est emprunté à l'ancien provençal datil (apr. 1288) plutôt qu'à l'italien dattero (av. 1342) pour des raisons de convenance phonétique ; cependant, la graphie italienne a pu influencer l'orthographe datte (1575) qui l'a emporté. L'ancien provençal et l'italien sont tous les deux issus du latin dactylus désignant le fruit, lui-même emprunté au grec daktulos « doigt » (→ dactylo-) qui a aussi le sens emprunté, en raison de la forme allongée de ce fruit, comparé à un doigt (Cf. digitale). L'intermédiaire d'une langue romane est nécessaire pour expliquer la forme française. Le lien étymologique de datte à dactylus était senti au XVIIe s. et Furetière écrivait que l'« on devroit escrire dacte ».
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Le mot, terme de botanique, est quelquefois employé avec une valeur figurée négative (comme noix, guigne, prune), notamment dans la locution c'est comme des dattes ! (1866, Courteline) « c'est impossible ! », sortie d'usage, et dans la formule de refus des dattes ! qui, avec ne pas en foutre une datte est dans Jehan Rictus (1897).
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On a formé dessus le nom d'arbre DATTIER n. m., d'abord datier (1236) puis dattier (1611).
DATURA n. f. est un emprunt (1597) au portugais, où le mot était pris à l'hindi dhatura.
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Le mot désigne une solanacée, plante ornementale des pays chauds, originaire de l'Inde, à propriétés toxiques.
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DAUBE n. f., terme culinaire, est emprunté, sous la forme dobe (1571), à l'italien dobba « marinade » (1549), également adobbo (1570) d'où le français adobbe relevé à la fin du XVIe s. (av. 1598). Le mot italien, fréquent jusqu'au XVIIIe s. et conservé en sicilien, est lui-même emprunté, en raison de la grande influence qu'eut au XVIe s. la cuisine catalane sur celle de l'Italie du Sud, au catalan adob de même sens. Celui-ci est le déverbal de adobar « mariner » (1494), et d'abord « apprêter un aliment, préparer un plat » (XIIIe s.). Le sens général d'« apprêter, préparer » provient d'un sémantisme initial féodal et noble, et adobar signifiait « armer un chevalier », sens avec lequel il était emprunté, comme l'espagnol adobar, au français adouber*, lui-même d'origine germanique (francique °dubjan). La famille du mot, venant d'Allemagne, a traversé la France, s'est répandue en Lombardie, puis dans toute la péninsule italienne, et, par ailleurs, en Catalogne, puis est revenue en France méridionale, et a gagné Paris. En français, les deux attestations du mot au XVIe s. sont probablement, vu leur localisation géographique, des emprunts éphémères à l'espagnol adobo, attesté au sens de « marinade » depuis le XVe siècle.
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Le mot désigne une marinade puis un mode de cuisson de certaines viandes mijotées à l'étouffée dans une marinade richement aromatisée (gigotz à la dobe, 1571). Par métonymie, il désigne la viande ainsi préparée (1640), en général du bœuf, d'où l'expression bœuf en daube, usuelle depuis le XIXe siècle.
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Par une image difficilement explicable, c'est de la daube (années 1990) désigne dans l'usage très familier une chose très médiocre ou même mauvaise, nulle (cet emploi ne paraît pas pouvoir se rattacher à 1 dauber, qui est archaïque ou littéraire) ; les étymologistes font état d'un adjectif daube « gâté », dans la région lyonnaise ; de fait, le docteur Lacassagne signale dans les prisons de Lyon l'emploi de dauber pour « transmettre une maladie vénérienne à », chez les prostituées. Le rapport avec 1 dauber n'est pas établi.
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Le mot a donné 2 DAUBER v. tr. (1743) « accommoder une daube » (à ne pas confondre avec l'homonyme 1 dauber*), et DAUBIÈRE n. f. (1829) « marmite allongée particulièrement destinée à la cuisson des viandes en daube ».
❏ voir
ADOUBER.
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1 DAUBER v. (v. 1507) est d'origine obscure. Une extension de sens de l'ancien français dauber « crépir, badigeonner » (1180) ne pose pas de problème sémantique mais il est difficile de remonter du verbe au latin dealbare « blanchir, crépir », de de- et albus « blanc » (→ aube) : il est anormal que le de- soit resté si longtemps distingué du verbe, même s'il n'a pas suivi l'évolution régulière en di- et j-. L'hypothèse d'une forme régionale d'adouber* (→ aussi daube), dans laquelle la voyelle -o- de l'ancien français se serait conservée, n'est plus retenue par Wartburg à cause des difficultés phonétiques qu'elle soulève.
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Ce verbe, qui signifie « frapper » (1507) et plus précisément, selon Furetière (1690), « battre sur le dos à coups de poings comme font les petites gens et les écoliers », ne s'est conservé littérairement qu'avec le sens figuré de « maltraiter (qqn) en paroles » (1661).
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Le mot a produit DAUBEUR, EUSE adj. et n. (1671, La Fontaine) « celui qui a l'habitude de se moquer d'autrui », rarement employé pour désigner l'aide du forgeron employé à battre le fer, ce qui correspond au sens initial de dauber. Les deux valeurs sont sorties d'usage.
L
1 DAUPHIN n. m., d'abord daufin (v. 1150), est issu du latin populaire °dalphinus (710), altération du latin classique de même sens delphinus. Ce dernier est emprunté au grec delphis, delphinos « dauphin », qui s'est dit aussi de motifs décoratifs et d'une masse de fer que l'on jetait sur les navires pour les couler. L'importance du terme est suggérée par l'épithète d'Apollon (Delphinios) qui le définit par un jeu étymologique à la fois comme le dieu du dauphin (protecteur des marins) et comme le dieu de Delphes (Delphoi). Le mot, qui présente un suffixe assez rare, est apparenté à delphax, -akos « truie, porc » : l'animal, longtemps considéré (avec les autres cétacés) comme un poisson, serait nommé, à cause de sa forme, le « goret » de la mer. Delphax est lui-même un nom d'animal à suffixe -ax de caractère populaire, supposé tiré de delphus « matrice » (delphax ne s'appliquant en effet qu'à la jeune truie adulte) que l'on rapproche de termes indo-iraniens.