L FIENTE n. f. est l'aboutissement (vers 1170) du latin populaire °femita, °fimita, dérivé de fimetum, lui-même de fimus (→ fumier).
❏  Fiente, « excrément (de certains animaux) », désigne par métaphore une chose (1927) ou une personne méprisable (1932, Céline).
❏  FIENTER v. intr., « déféquer » en parlant de certains animaux (XIVe-XVe s.), a aussi signifié « fumer la terre » (1468).
■  Il a fourni FIENTEUX, EUSE adj. (1611), littéraire.
L + 1 FIER v. tr. est l'aboutissement (1080, pron.) du latin populaire °fidare, altération du latin classique fidere « avoir confiance », qui se rattache à une racine indoeuropéenne °bheidh- « se fier, persuader » (→ foi).
❏  Se fier (1080, se fier en), construit aujourd'hui avec à (1316), demeure courant au sens latin et s'est employé avec de (v. 1360) et sur (1668). En emploi transitif (XIIe s.) au sens de « confier », le verbe était déjà vieux au XVIIe siècle.
❏  FIANCER v. tr. dérive de fiance « serment de fidélité » (1080, de fier), aujourd'hui d'emploi régional (1130) pour « confiance ». ◆  Fiancer, c'était d'abord « engager sa parole » (1170, fiancier) d'où spécialement « s'engager à épouser qqn » (vers 1225 ; 1736, se fiancer) et par métaphore « allier de façon harmonieuse » (1833).
■  Les dérivés du verbe suivent la même évolution : FIANCÉ, ÉE adj. et n. a signifié « engagé sur l'honneur » (1180, adj.) avant de prendre son sens moderne (1367) ; le nom est devenu (mil. XXe s.) un euphémisme pour amant, maîtresse.
■  FIANÇAILLES n. f. pl., autrefois « vœu, promesse » (v. 1214, sing.) d'où « promesse de mariage » (1268), désigne aussi (1904) le temps qui s'écoule entre la promesse et le mariage.
FIABLE adj., réfection (XIIIe s.) de feaule (v. 1190), est dérivé de se fier ; l'ancien français connaissait aussi feable « sûr, fidèle » (XIIe s.), dérivé de fei « foi ». Rare depuis le XVIIe s., fiable est repris (v. 1968) pour qualifier un mécanisme dont la probabilité de tomber en panne est faible puis, couramment, pour « crédible » ; FIABILITÉ n. f. (XIIIe s., fiableté « confiance ») a été repris et répandu dans les années 1960.
Sur fier ont été formés deux préfixés.
■  DÉFIER v. tr. signifie « aviser que l'on renonce à la foi jurée », aujourd'hui en histoire, d'où « provoquer » (1080) et défier qqn de... « le mettre en demeure de (faire qqch.) » (1661).
■  DÉFI n. m. (fin XVe s.) a suivi l'évolution de défier dont il est le déverbal ; au XXe s., il prend aussi le sens d'« obstacle que doit surmonter une civilisation dans son évolution » (v. 1965) pour traduire l'anglais challenge. Par ailleurs, défier a voulu dire « renier », « abandonner » (v. 1130, desfier), sans doute d'après le latin classique diffidere (Cf. difier, XIIe s.). ◆  Se défier signifie littéralement « se méfier » (v. 1262).
■  Les dérivés DÉFIANCE n. f. (1532 ; aussi 1170, « défi ») et DÉFIANT, ANTE (XVIe s.) sont usuels mais d'usage plus soutenu que méfiance et méfiant.
SE MÉFIER v. pron. s'emploie avec un complément de personne (fin XVe s.) ou de chose (1690) et en construction absolue (1868) pour « être sur ses gardes ».
■  Il a fourni MÉFIANCE n. f. (XVe s.) et MÉFIANT, ANTE adj. (1642), rarement substantivé (1781). L'adjectif et le nom, usuels de même que le verbe, s'opposent à confiant et confiance.
❏ voir CONFIER.
L 2 FIER, FIÈRE adj. est issu (v. 1050) du latin ferus « sauvage » (→ féroce) au propre — par opposition à mansuetus « apprivoisé » — et au figuré ; ferus se rattache à une racine indoeuropéenne °ghwer- « sauvage ».
❏  Fier s'est appliqué à une personne qui s'estime supérieure aux autres, sens vivant à l'époque classique et vieilli aujourd'hui, sauf dans les locutions fier comme Artaban (1829 dans Vidocq), comme un coq, etc, et il n'est pas fier ; de là vient faire le fier « se montrer suffisant » (1692). ◆  Jusqu'au XVIIe s. fier signifie « farouche », « qui a du courage » (1080) et, seulement en parlant des animaux, « difficile à approcher » (v. 1190), qualifiant aussi ce qui est impétueux (v. 1190). ◆  L'idée de « satisfaction » demeure dans l'emploi courant (1080) de fier de qqch., sans celle de supériorité. Cependant, l'idée de « grandeur » (vers 1160) est conservée dans l'emploi au sens de « fort, fameux » (une fière chandelle).
❏  FIÈREMENT adv. (1080) « d'une manière sauvage » et « de façon hautaine » a suivi l'évolution de l'adjectif.
■  FIERTÉ n. f. (1080, fiertet « hardiesse », d'après le latin feritas « mœurs sauvages ») a lui aussi des développements de sens parallèles à fier. La fierté, vertu célébrée au début du XVIIe s., est en relation avec un idéal moral influencé par l'Espagne.
Le diminutif FIÉROT, OTE adj. et n. (1545, adj. « un peu fier » ; 1780, n.), qui a remplacé l'ancien français fieret (XIIIe s.), est repris en 1808 au sens de « prétentieux, fat ».
Le composé FIER-À-BRAS n. m. « fanfaron » (v. 1330) vient du nom propre donné à un géant sarrazin de chansons de geste (Fierabras est le titre de l'une d'elles, vers 1180) ; ce pourrait être la traduction du latin fera bracchia « bras redoutables » ; pour P. Guiraud, fier représenterait l'impératif du verbe férir « frapper » et fierabras signifierait « frappe à (tour de) bras ». ◆  Le mot a une valeur plus positive en français québécois, lorsqu'il signifie « homme robuste et batailleur ».
L FIÈVRE n. f. est issu (v. 1155) du latin febris, d'origine obscure.
❏  Fièvre « élévation anormale de la température » symptôme de plusieurs maladies appelées fièvres : fièvre jaune, fièvre de Malte, etc. En médecine vétérinaire, fièvre du Rift désigne une maladie des moutons, des chèvres, due à un virus et transmissible à l'homme. Fièvre de Lassa, en français d'Afrique, s'applique à une maladie des rongeurs transmissible à l'homme. ◆  Fièvre s'emploie par figure pour « vive agitation » (v. 1190), spécialement dans fièvre de « désir ardent de » (1793). De là, la fièvre de l'or (1865).
❏  FIÉVREUX, EUSE adj. s'emploie au propre (1155, fievros) et au figuré (1580) ; FIÉVREUSEMENT adv. est surtout utilisé au figuré (1842).
À côté des mots issus de l'évolution phonétique, febris a fourni des formes empruntées. FÉBRIFUGE adj. et n. m. est emprunté (1666) au bas latin febrifugia (de fugare ; → fuir).
FÉBRILE adj. est emprunté au bas latin febrilis « qui concerne la fièvre, est causé par la fièvre » ; il s'emploie au propre (1503) et couramment au figuré (1831) pour « agité, un peu anxieux ».
■  En dérivent FÉBRILITÉ n. f. (1842), plus courant au figuré, et FÉBRILEMENT adv. (1845).
■  SUBFÉBRILE adj. (mil. XXe s.) qualifie un état légèrement fébrile.
1 FIFRE n. m. est emprunté (XVe s., puis 1507, fiffre) au suisse allemand Pfifer « joueur de flûte » (Cf. allemand Pfeifer), introduit par les mercenaires suisses. Le mot vient du moyen haut allemand pfife « flûte », repris au latin pipare « pépier » (→ piper).
❏  Le mot désigne une petite flûte et (1531, phiffre) le joueur de flûte.
FIFRELIN ou FIFERLIN n. m. est emprunté (1821) à l'allemand Pfifferling « girolle » et « objet sans valeur » (au XVIe s., dans des locutions comme das ist keinen Pfifferling wert « cela ne vaut rien »).
❏  Fifrelin « petite chose », « menue monnaie » — surtout en phrase négative : pas un fifrelin « pas un sou » —, est peu en usage aujourd'hui mais il a donné le dérivé régressif 2 FIFRE n. m. (1898), terme péjoratif désignant (1918) un sou, la plus petite monnaie, d'où que fifre « rien du tout » et aussi une personne sans valeur. Cet emploi a disparu, mais le composé dévalorisant SOUS-FIFRE n. m. (1904) est resté vivant pour « subalterne insignifiant ». Il est aujourd'hui démotivé.
FIFTY-FIFTY adv. est un anglicisme populaire (1901) pour « cinquante cinquante », donc « partagé également ». Il est encore vivant pour « moitié-moitié ».
L FIGER v. est la réfection (vers 1225) de fegier (XIIe s.) issu d'un latin populaire °feticare « prendre l'aspect du foie », de °feticum « foie », altération du latin classique ficatum (→ foie) ; pour P. Guiraud, c'est foie qui vient de figer, issu d'une forme populaire °figicare, d'après le classique figere (→ fixer).
❏  Du sens de « coaguler (le sang) » (XIIe s.) et d'« épaissir (d'un liquide gras) » (v. 1225), on passe par extension à celui de « rendre immobile » (1592, se figer ; 1858, tr.), au propre et au figuré pour le pronominal. ◆  FIGÉ, ÉE adj. correspond figurément à « immobilisé, pétrifié » (attesté 1542).
❏  Le verbe a fourni les dérivés FIGEMENT n. m. (1549) « action de figer » et FIGISME n. m. (v. 1970), didactiques et rares.
FIGNOLER → 2 FIN
FIGUE n. f. est emprunté (v. 1175 ; 1170, fige) à l'ancien provençal figa (XIIe s.), issu d'un latin populaire °fica. Ce mot, qui avait abouti en ancien français à fie (v. 1170), représente l'altération, d'après de nombreux noms de fruits en -a, du latin classique ficus « figue » et « figuier » (l'italien fico a les deux sens). Ficus appartient comme le grec sukon à la famille d'un mot méditerranéen pré-indoeuropéen.
❏  Ce nom de fruit entre dans quelques locutions. Faire la figue à (qqn) (1210) « se moquer » est un calque de l'italien far la fica, geste obscène de dérision, la fica représentant le sexe de la femme, sens repris du grec sukon et passé en français. ◆  Pour expliquer l'origine de mi-figue mi-raisin (1487, moitié figue moitié raisin), on a supposé, au XIXe s., que la locution évoquait la fraude d'importateurs de Corinthe qui mêlaient dans leurs expéditions à Venise de vulgaires figues aux raisins, mais l'anecdote est inconnue avant le XIXe siècle. Il faut plutôt se souvenir que figues et raisins sont les fruits secs du Carême. ◆  Par analogie de forme on nomme figue de Barbarie (mil. XVIIe s.) le fruit comestible d'une cactée nommée figuier de Barbarie (1625).
❏  FIGUIER n. m., réfection (v. 1200) de figier (v. 1170), a remplacé fiier, fier (v. 1120) construit sur fie.
■  FIGUERIE n. f. (v. 1350) s'emploie encore, rarement, à côté de FIGUERAIE n. f. (1627), usuel en français du Maghreb.
FICUS n. m. est le nom botanique du figuier (v. 1850) et de plantes de la même famille, dont l'une est cultivée en appartement.
FIGURE n. f. est emprunté (v. 881) au latin figura, mot polysémique : « forme, aspect », d'où « représentation sculptée », « mode d'expression », « manière d'être ». Figura est formé sur le radical de fingere « modeler (dans l'argile) » qui a abouti en français à feindre*.
❏  Dans une première série d'emplois, figure a le sens général de « forme » et de « représentation d'une forme ». Au sens de « forme extérieure (de qqn, qqch.), allure » (vers 881) il est aujourd'hui littéraire et parfois n'est plus compris, par exemple dans le Chevalier à la triste figure, calque de l'espagnol Caballero de la trista figura, pour désigner Don Quichotte ; il a signifié (v. 1050) « comportement » jusqu'à l'époque classique, entrant dans plusieurs locutions figurées dont faire figure « se distinguer », courante dans la langue classique et littéraire aujourd'hui sauf dans faire bonne, mauvaise figure.
■  À partir du XIIe s. (v. 1160) le mot se dit d'un dessin représentant qqch. et spécialement d'un portrait (v. 1269, « statue », comme en latin).
■  Figure désigne aussi la représentation graphique d'un ensemble de signes (vers 1269, « chiffre »), une forme correspondant à une abstraction (1546 en géométrie, d'abord « surface ou volume ») ou à une action programmée (1680, pour la danse) en équitation, en patinage, etc.
■  Par spécialisation du sens de « forme extérieure », figure s'emploie (milieu XVIe s.) pour « forme de la face humaine », qu'il s'agisse de caractériser l'air, la mine (1662) ou de parler du visage ; figure a remplacé, à partir du XVIIIe s., visage et face dans l'usage courant.
■  Le mot avait aussi (v. 1375) le sens de « cas exemplaire, modèle » ; de là procède le sens d'« individu célèbre, remarquable » (1595, Montaigne).
■  Un des sens du latin figura, celui de « signe, symbole », est repris (v. 1121) ; dans cet emploi, figure, courant encore au XVIIe s., est aujourd'hui un terme didactique. De là vient l'emploi en théologie (XIIIe s. ; 1170, « parabole ») pour « allégorie », en rhétorique (1580), par exemple figures de mots et de pensées, et en logique (XIVe s. ; figures de syllogisme). Voir l'encadré.
❏  FIGURER v. est un emprunt (XIe s.) au latin figurare « représenter », « imaginer », « orner de figures (en rhétorique) », dérivé de figura. ◆  Le sens de « façonner, donner une forme » a eu cours en français jusqu'au XVIIe siècle. Figurer, c'est « représenter sous une forme visible » au moyen des arts (v. 1265), ou « représenter à l'imagination » (v. 1360) ; ce dernier emploi a disparu, mais le pronominal se figurer aux sens de « s'imaginer » (XVe s.) et de « croire à tort » (1606) est encore usuel, comme figure-toi, figurez-vous (que) (1690). ◆  Dans son emploi intransitif, figurer a signifié (1694) « jouer un certain rôle » (notamment à côté d'un grand) ; aujourd'hui, c'est au contraire « jouer un rôle sans importance » (1865 ; Cf. ci-dessous figurant) et « se trouver (dans un ensemble) » (1827 ; figurer sur une liste).
■  FIGURÉ, ÉE adj. (v. 1050, « bien dessiné ») a suivi une évolution sémantique parallèle à celle du verbe ; il est encore très utilisé aujourd'hui pour parler de ce qui est exprimé par des figures (1200) notamment dans langage, style figuré (1572), sens figuré (1666).
■  Il a produit FIGURÉMENT adv. (déb. XIVe s.), mot usuel.
FIGURATIF, IVE adj. (fin XIIe s.) a repris le sens du dérivé latin chrétien figurativus « symbolique » ; il signifie aussi « qui représente la forme des objets » (1740) d'où, par extension, son emploi dans les arts : poésie figurative (1872, vieilli aujourd'hui), peinture figurative (1952) utilisé pour s'opposer à peinture abstraite.
■  FIGURATIVEMENT adv. (1495) est littéraire et INFIGURATIF, IVE adj. est didactique (1975), à côté de NON-FIGURATIF, IVE adj. et n. m. (1936), synonyme partiel de (art) abstrait, défini négativement par l'absence de « figures » du monde perçu.
FIGURANT, ANTE adj. et n. a signifié (av. 1662) « figuratif » et a désigné (1740, adj. ; 1762, n.) des danseurs qui, dans les corps d'entrée d'un ballet, exécutaient des figures diverses ; de là vient l'emploi moderne au théâtre (1800), puis au cinéma. Par extension le mot désigne une personne qui, étant présente, n'a pas de rôle actif (1907).
FIGURATION n. f. est emprunté (1314) au latin figuratio, du supin de figurare. Il signifie « forme » puis « fait de figurer qqch. » (1339, « image »), d'où par métonymie (1450) « figure qui représente ». ◆  Le sens collectif correspondant à figurant (de théâtre) est plus tardif (1866).
DÉFIGURER v. tr. (1119) signifie « rendre méconnaissable en altérant la forme », en particulier le visage, mais aussi les faits, la pensée, une entité (défigurer la langue, 1634).
■  Le dérivé DÉFIGURATION n. f. (fin XIIIe s., deff-) a signifié « état de ce qui est défiguré » avant d'être reformé (1866) peu avant DÉFIGUREMENT n. m. (1886) avec une valeur active.
FIGURINE n. f. est un emprunt (1578) à l'italien figurina (XVIe s.) « petite figure » en peinture et « petite statuette », diminutif de figura, du latin figura au sens de « statue ». Le mot reprend le premier (1578) et le second sens (1829) de l'italien.
⇒ encadré : Figure et sens figuré
L + FIL n. m. est issu (v. 1130) du latin filum « fil, filament » et « tranchant d'une lame », « fil d'un discours », « ligne, trait », mot d'origine inconnue.
❏  Fil, d'abord « brin ténu », se spécialise très tôt et désigne une matière étirée en longueur (v. 1170, fils d'or), et le brin long et fin d'une matière textile (v. 1176) servant à coudre ou à tisser. De cet emploi viennent des locutions figurées comme de fil en aiguille (1269), cousu de fil blanc (1594). Par extension, fil désigne un brin qui sert à tenir, à attacher (1382), d'où par figure ne tenir qu'à un fil, avoir un fil à la patte et dans l'usage technique (1824), fil à plomb servant à montrer la verticale. Le fil à couper le beurre, outre son sens concret (« fil métallique à poignées ») symbolise l'invention dérisoire. La finesse du fil a suscité des comparaisons, mince, maigre (1883) comme un fil (Cf. ci-dessous fil de fer). ◆  La technique des métaux a produit de nombreux syntagmes (fil de cuivre, de laiton) et correspond aux dérivés fileter, filière, ci-dessous. L'un d'eux, fil de fer est très courant et a servi à désigner en argot des jambes maigres (1872), puis une personne filiforme (1901, Bruant). ◆  Par analogie le mot s'emploie pour la sécrétion filiforme (dite filandre) produite par l'araignée (1690), spécialement dans fils de la Vierge (1755). Par allusion au fil donné par Ariane à Thésée pour s'orienter dans le labyrinthe, fil d'Ariane (1748) ou fil conducteur se dit de ce qui permet de se retrouver dans un ensemble complexe. Dans le même sens, on emploie fil rouge (calque de l'allem. roter Faden [Goethe] selon Bernet et Rézeau). ◆  C'est par référence aux fils dissimulés qui permettent de mouvoir les marionnettes (Cf. ficelle) que fil désigne (av. 1848) un moyen secret d'action. ◆  Un autre contexte, celui de fil matérialisant l'arrivée d'une course, est exploité dans arrivée, victoire sur le fil (fin XXe s.) « de justesse ». ◆  Dans le domaine technique on relève fil télégraphique (1856), fil téléphonique, d'où coup de fil « coup de téléphone », et le sens de « conducteur électrique » (1890) dans fil électrique. Du fait que les fils électriques qui se touchent peuvent provoquer un court-circuit, avoir les fils qui se touchent (attesté dans les années 1990) correspond à péter les plombs (« déraisonner »). De là, sans fil (ci-dessous → sans-fil, dans les composés), qui provient de télégraphie* sans fil, et T. S. F. (→ télégraphie). ◆  Dès la fin du XIIe s., fil s'emploie aussi au figuré au sens de « succession, enchaînement » (v. 1195, fil des idées) — d'où au fil des heures (XVIe s.) — et avec une valeur spatiale pour « sens d'un cours d'eau » (v. 1200), emploi restreint à des locutions comme au fil de l'eau. ◆  Par analogie, fil s'emploie (milieu XVIIIe s.) pour parler de la direction suivie par les fibres du bois, des muscles et à propos d'une veine dans une pierre ; de droit fil « sens des fils d'un tissu » vient par figure le droit fil « orientation » (1954).
■  Fil « tranchant d'une lame » (1559) a fourni la locution figurée (XXe s.) [sur] le fil du rasoir.
❏  FILET n. m., diminutif de fil (1180, « petit fil »), a plusieurs sens techniques, en anatomie (v. 1290, filet de la langue), en botanique (1865), en reliure (1690), et aussi dans filet d'une vis (1690), etc. Couramment il se dit d'un écoulement fin et continu, au propre (1306-1307 ; 1393, du sucre en fusion) et au figuré (1680, un filet de voix).
À côté de ces valeurs qui se fondent sur la minceur du fil, le mot filet a pris le sens particulier de « morceau de viande levé le long de l'épine dorsale (ou de part et d'autre de l'arête d'un poisson) » (1393, surtout dit du bœuf et du veau ; 1718, filet mignon, surtout à propos du porc), allusion au caractère allongé, et peut-être parce que le morceau est souvent roulé et entouré d'un fil.
Le mot filet représente aussi l'altération de filé n. m. « ouvrage fait de fils » (v. 1380), participe passé substantivé de filer, d'où le sens de « réseau de fil fait de mailles » (1461) spécialement pour capturer les animaux (XVIe s.) ; de là au figuré (1615) tendre un filet, attirer qqn dans ses filets. Ce réseau de fil est aussi employé pour envelopper ou tenir (1690 ; par ex. un filet de ballon, un filet à provisions) ou utilisé dans certains jeux de balle (1877, pour le tennis). ◆  Parmi les réseaux de fils pour la capture d'animaux, les filets de pêche sont devenus les plus importants, avec tout un vocabulaire technique selon les modalités de la pêche. Dans ce sens, le mot a pour dérivé FILEYEUR n. m. (années 1980) « bateau équipé pour la pêche au filet (droit) », distingué du chalutier. → chalut.
Sur filet ont été formés FILETER v. tr. (1857 ; 1235, foilleté « fait de fil fin »), terme technique dont dérive FILETAGE n. m. (1587), reformé (1857) pour « disposition des filets d'une vis ou d'un objet fileté ».
■  Deux préfixés utilisent le sens de filet en boucherie et en typographie. ◆  CONTREFILET n. m. « morceau de viande » (XXe s.) et ENTREFILET n. m., d'abord terme d'imprimerie au sens de « paragraphe entre deux filets » (1831) et qui a pris par extension le sens usuel de « court article ».
FILIÈRE n. f., dérivé de fil, a signifié en ancien français « pelote de fil » (1228) puis « fil » (1352). Outre des emplois spécialisés, il désigne (1382) un instrument pour réduire les métaux en fils et, par extension, pour fileter en vis (1755). Au figuré, filière désigne en commerce un titre à ordre qui représente une marchandise négociable (1243), rare avant le XVIIIe s., et par ailleurs (av. 1791) une succession d'opérations à accomplir avant de parvenir à un résultat. C'est aussi, en physique, une famille de réacteurs nucléaires de mêmes caractères (v. 1960).
De fil dérivent d'autres termes techniques, comme FILARDEAU n. m. « jeune brochet » (1392) et « jeune arbre élancé » (1771),
■  FILIN n. m. (1611) est le nom générique des cordages en marine, mot usuel.
■  FILERIE n. f. (1962) est un terme technique d'électricité.
1 FILOCHE n. f., régional, autrefois « filet » (1374, filoiche ; Cf. ancien lyonnais filochi « corde », XIVe s.), dérivé suffixé de fil, désigne (1743) un tissu à larges mailles, puis une épuisette pour la pêche. Le mot a survécu dans le centre-est de la France, pour désigner des filets, un filet à provisions, un récipient de mailles métalliques pour le poisson de vivier.
■  Il a fourni 1 FILOCHER v. tr. (1869), terme technique et régional pour « sortir (le poisson) de l'eau avec une épuisette » et, antérieurement, EFFILOCHER v. tr. (1761 ; 1657, effiloché, n. m.), régionalement effiloquer (1798). Ce verbe signifie « effiler des tissus pour les réduire en charpie », d'où couramment s'effilocher (1851), en parlant d'un vêtement usagé.
■  Les dérivés EFFILOCHAGE n. m. (1761), EFFILOCHE n. f. (1838), EFFILOCHURE n. f. (1870 ; 1776, effilogeure) sont techniques.
■  1 FILAIRE adj. se dit d'une transmission par fil (v. 1950). L'expression téléphone filaire s'est imposée quand les téléphones mobiles se sont généralisés (1998). ◆  BIFILAIRE adj. (1854), très antérieur à filaire, est formé de bi-, fil et suffixe.
Sur fil ont été composés des termes techniques, des noms comme CONTREFIL n. m. (1540), SERRE-FILS n. m. inv. (1869) ou FIL-À-FIL n. m. inv. (1930). ◆  Composé avec l'acception spéciale de « fil électrique », SANS-FIL s'est dit, d'abord au féminin (av. 1925, Claudel in T. L. F.) pour télégraphie sans fil, puis au masculin, pour « message ainsi transmis » (1927, P. Morand). Le mot, qui a produit SANS-FILISTE n. (1912, écrit sanfiliste) est sorti d'usage, sauf pour évoquer le passé.
Par ailleurs, fil a servi à former des verbes préfixés.
■  ENFILER v. tr. signifie « traverser d'un fil » (1187) et « traverser par une épée » (1561) ; par figure le verbe signifie « s'engager tout droit dans une voie » (1609) et, en gardant l'idée du fil qui passe, « débiter de façon continue des propos » puis, familièrement, « passer un vêtement » (1866). ◆  De l'idée de « traverser » vient le sens érotique (XVIIe s.) de « posséder sexuellement » (→ filou).
■  Sur le verbe ont été formés des dérivés comme ENFILADE n. f. (1611) « disposition de pièces qui se suivent », ENFILAGE n. m. (1697), et les préfixés RENFILER v. tr. (1580), RÉENFILER v. tr. (XXe s.), DÉSENFILER v. tr. (1694), rares.
1 DÉFILER v. tr., d'abord dans soie défilée « qui n'est pas filée » (1299), signifie (1408) « défaire (ce qui est enfilé) », comme désenfiler. ◆  Le sens familier du pronominal se défiler « se dérober » (1860) se rattache au sens militaire (1829) de défiler « soustraire les troupes à l'enfilade du feu ennemi ».
■  Ce verbe a produit DÉFILAGE n. m. (1784) et 1 DÉFILEMENT n. m. (1785).
EFFILER v. tr., d'abord attesté dans s'esfiler « se défaire fil à fil » (fin XIe s., attestation isolée), est repris au XVIe s. (1526) au participe passé effilé « aiguisé ». ◆  Le verbe est reformé pour « défaire fil à fil » (1611 ; 1606, pron.) et « rendre allongé et fin, ou pointu » (1781, pron.).
■  Du verbe viennent EFFILURE n. f. (1685), EFFILAGE n. m. (1780), EFFILEMENT n. m. (1796) et EFFILEUR, EUSE n. (1870).
FAUFILER v. tr. est un terme de couture (1690 ; 1684, au participe passé), altération, par attraction de faux, de forfiler, fourfiler (1348), de fors « hors » (→ dehors), et fil. ◆  Au figuré, il a signifié « introduire adroitement » (1696, intr.), sorti d'usage, mais se faufiler est bien vivant aux sens de « s'insinuer (dans une société) » (1694), « se glisser à travers des obstacles » (1823).
■  Il a fourni des termes techniques, dont FAUFIL n. m. (1865).
■  SURFILER semble formé sur FILER. → Filer.
FILAMENT n. m. est emprunté (1538) au bas latin filamentum « étoffe de fil », dérivé du latin classique filum. Il désigne une production organique longue et fine comme un fil, spécialement (1904) un fil conducteur très fin.
■  Il a pour dérivé FILAMENTEUX, EUSE adj. (1571).
FILASSE n. f. est issu (v. 1130, filace) du latin populaire °filacea, du radical de filum. Il s'est employé pour le fil de l'araignée et désigne (XIIIe s.) une matière textile non encore tissée. Par analogie, il se dit de cheveux de couleur blond pâle (mil. XVIIIe s.).
2 FILAIRE n. f., emprunt (1809) au latin scientifique filaria (1787 ; de filum), désigne en zoologie un ver long et fin comme un fil, parasite de l'homme et responsable d'une maladie nommée FILARIOSE n. f. (1901 ; de filaria) ; l'anglais a formé plus tôt filariasis (1879), puis filariosis (1888).
FILIFORME adj. composé savant du latin filum (1762), s'emploie pour « très mince, fin comme un fil ». L'idée de fragilité est réalisée dans l'emploi figuré de pouls filiforme « très faible, “filant” ».
❏ voir FICELLE, FILER (et FILANDRE, FILATURE), FILIGRANE, FILON, FILOU.
FILATURE → FILER
L FILER v. est issu (v. 1160) du bas latin filare « étirer en fils », « faire couler en fils », dérivé de filum (→ fil).
❏  Filer a signifié « couler, s'écouler », valeur qui demeure en parlant de qqch. qui prend la forme d'un fil (1690), mais disparue à propos de personnes pour « aller à la file ». ◆  Parallèlement, filer reprend le sens de « transformer en fil (une matière textile) » (XIIIe s.) et par analogie (v. 1210) signifie « sécréter (un fil) », en parlant d'un insecte ; et plus tard « passer (un métal) à la filière » (1759). ◆  Par métaphore, on dit filer doux (fin XVe s.), allusion au fil que l'on déroule lentement pour ne pas le rompre, pour « se plier, accepter une contrainte, obéir ». ◆  Par extension le verbe signifie « dérouler de façon continue », par exemple un câble (av. 1559 ; 1762, intr.), d'où par figure « réciter d'une manière continue » (1559), puis « développer progressivement » (1865, filer une métaphore), en musique filer une note (1811).
■  De l'image du déroulement viennent les sens usuels de « s'enfuir » (1754, intr.) d'abord en argot, d'où « disparaître rapidement » (1857, d'une chose) et « aller droit devant soi, à une allure rapide » (1744 en marine, au Canada), d'abord terme de chasse. ◆  Par ailleurs le verbe signifie « suivre (qqn) sans être vu » (1813) [Cf. filature]. ◆  Le verbe a en outre pris en argot le sens de « donner » (1835), probablement d'après refiler (ci-dessous).
❏  Plusieurs dérivés sont employés comme termes techniques, principalement dans le domaine du textile comme : FILAGE n. m. (XIIIe s.), FILEUR, EUSE n. (1376, fillour ; 1260, filaresse), FILOIR n. m. (XIVe s.).
■  FILÉ n. m., outre des sens techniques (1265, « fil », puis 1865, « fil de métal entourant un fil de soie »), s'emploie comme terme de cinéma (XXe s.) pour un panoramique très rapide.
■  Le sens policier de « suivre » qu'a pris filocher en argot, où une abréviation suffixée de filature a produit 2 FILOCHE n. f., tandis que filer « s'enfuir », « aller vite », avec ce même suffixe -oche a fourni le verbe familier 2 FILOCHER v. intr. (1916), aussi transitif (1899) pour « prendre en filature ».
FILE n. f., déverbal de filer, désigne une suite dont les éléments sont placés l'un derrière l'autre (1464), spécialement (mil. XVIe s.) une ligne de soldats ; le mot s'emploie dans les locutions adverbiales à la file (av. 1527, à la fille), en file (av. 1695), notamment en file indienne, et à propos des automobiles en double file (v. 1950).
■  Sur file a été composé 2 DÉFILER v. intr. (Cf. aussi fil) au sens de « marcher en file » (1648) et par extension « se succéder de façon ininterrompue » (1932).
■  DÉFILÉ n. m., dérivé du verbe, désigne (1643) un passage encaissé (on n'y peut passer qu'à la file) et la manœuvre des troupes qui défilent (1669) ; par extension il s'emploie (1842) pour « succession » (concret et abstrait).
■  2 DÉFILEMENT n. m., autrefois « défilé de troupes » (1832), est un terme technique (1927).
FILATURE n. f. désigne l'usine où l'on fabrique le fil (1724) et les opérations industrielles pour obtenir le fil (1801), remplaçant le moyen français filerie (XIVe s.), dérivé de fil ; le mot s'emploie aussi pour l'action de suivre qqn sans être vu (1829) notamment dans prendre en filature.
■  FILATEUR, TRICE n. « personne qui exploite une filature » (1812) a un homonyme rare, dérivé de filer et désignant (1879) une personne qui en file une autre.
FILANDRE n. f. est une forme altérée (1392) de °filande, du bas latin filanda « ce qui est à filer », de filare. Le mot a désigné un filet de pêche, aujourd'hui (XVIe s.) une fibre longue et coriace (dans des viandes, des légumes) mais il est rare, contrairement à filandreux. Il sert aussi à nommer le « fil » de l'araignée.
■  Le dérivé FILANDREUX, EUSE adj. (1603) « fibreux » est utilisé aussi au sens figuré (1831) de « touffu, embrouillé » (en parlant d'un discours).
■  FILANDIÈRE n. f. (1292, filandrier, -ière) « femme qui file à la main », sens sorti d'usage, s'est employé pour désigner les Parques (1668, les sœurs filandières).
FILIPENDULE adj. est un composé savant, calqué du latin moderne, de filum « fil » et pendulus « suspendu », d'où « suspendu à un fil ». Comme substantif féminin, le mot désigne une araignée et une plante, la spirée.
D'AFFILÉE loc. adv. « à la file » (1853) vient d'un ancien verbe affiler (1671) « planter en ligne », construit sur file.
REFILER v. tr., sorti d'usage au sens de « filer de nouveau (la laine) » (1564), a pris au XVIIIe s. la valeur figurée de « donner, rendre qqch. de défectueux » avec l'idée de tromperie ; d'abord écrit rafiler (1740) dans cet emploi familier, le verbe a produit REFILE ou REFIL n. m., employé dans la locution très familière aller au refile (ou refil) « vomir » (1883), refil équivalant en argot ancien à « marchandise refusée » (1902). Le sens général étant « rendre », aller au refile a aussi signifié en argot « rembourser », et « dénoncer ».
SURFILER v. tr. (1873, Daudet) correspond à « coudre à grands points, avec un fil qui passe au-dessus », et (1877) à « augmenter la torsion de [un fil] ». ◆  SURFILAGE n. m. (1875) et SURFIL n. m. (déverbal, 1926) sont plus techniques.
❏ voir FIL, FILON, FILOU, PROFIL.
FILET → FIL
FILIAL, ALE, AUX adj. est un emprunt (1330) au bas latin filialis, dérivé de filius (→ fils). L'adjectif latin a le sens spécial de « qui concerne les relations de l'enfant à ses parents ».
❏  Filial conserve le sens du latin ; il est courant dans un sens extensif « digne d'un fils ».
❏  L'adjectif a servi a former FILIALEMENT adv. (v. 1460), FILIALITÉ n. f. (1845), didactiques ou littéraires.
■  FILIALE n. f. désigne, par métaphore et influence du sens figuré de filiation (1844), une société à personnalité juridique distincte mais dont la moitié au moins du capital appartient à une autre société, dite société mère.
FILIATION n. f. est emprunté (XIIIe s.) au bas latin filiatio, terme de droit désignant le lien de parenté qui unit un enfant à ses parents, dérivé du latin classique filius.
■  Le mot conserve le sens du latin ; par analogie il désigne (1302, filiacion) l'état d'une abbaye qui doit son origine à une autre et par extension (1720) un lien de descendance directe. Par figure (1752), il s'emploie pour « succession, enchaînement ».
FILIGRANE n. m. est emprunté (1665) à l'italien filigrana (XVIIe s.), composé de fili, pluriel de filo (du latin filum ; → fil), et de grana « grains », du latin granum (→ grain), les filets du filigrane (« ouvrage d'orfèvrerie ») ayant d'abord été ornés de grains. Le mot a souvent été altéré en filigramme, première forme attestée (1664) et encore relevée au XIXe siècle.
❏  À cause du réseau de fils placé dans la forme, le mot désigne (1835 ; dès 1818 sous la forme altérée filigramme) un dessin imprimé dans la pâte du papier, qu'on peut voir par transparence ; de là vient, au figuré, la locution adverbiale (XXe s.) en filigrane « de façon implicite ».
L FILLE n. f. est issu (v. 1050, filie) du latin filia « enfant de sexe féminin, jeune personne », féminin de filius (→ fils).
❏  Le mot conserve le sens du latin et se définit dans un rapport de filiation (la fille de qqn) ; par extension il s'emploie au sens de « descendante » (XVe s.) et pour désigner (1640) une personne que l'on considère comme sa fille. Par analogie (2e moitié du XIIIe s.), c'est le nom donné à certaines religieuses (Filles de la Charité, du Calvaire, etc.) ou à une église qui dépend d'une autre (1690). Au figuré fille, comme fils, s'emploie (1601) pour une chose qui naît d'une autre.
■  Fille s'oppose aussi à garçon, par exemple dans des syntagmes figés comme petite fille, vieille fille « femme célibataire » ; il est utilisé absolument (1528) pour jeune fille (une fille à marier), d'où autrefois rester fille, aujourd'hui rester vieille fille « célibataire » ; avec un qualificatif, fille s'emploie (XVe s.) pour jeune femme. Fille(-)mère (1797) est aujourd'hui vieilli (on emploie plutôt mère célibataire).
■  Utilisé péjorativement, le mot a aussi valeur de « prostituée », en emploi absolu (1387) ou dans des locutions comme fille perdue (1606), fille de joie (XVIIe s. ; Cf. aussi fille de vie, 1409).
■  Fille désignait aussi une jeune fille de qualité au service d'une reine (1606 ; fille d'honneur, 1655), ou une jeune fille ou une femme employée à un travail (fille de salle, de cuisine, etc.). Cf. les emplois analogues de femme*.
❏  Le dérivé 1 FILLETTE n. f. (1200, fillete) désigne une petite fille (Cf. garçonnet).
■  FIFILLE n. f. (1783) est un terme enfantin, passé au XIXe s. dans le langage des adultes.
■  FILLASSE n. f. est péjoratif au sens de « grosse fille sans grâce » (1587), archaïque pour « fille de mauvaise vie » (XVIe s.).
PETITE-FILLE n. f. est formé (XIIIe s.) sur le même modèle que petit-fils, d'où ARRIÈRE-PETITE-FILLE n. f. (1636).
■  BELLE-FILLE n. f. (v. 1470 ; de belle*) désigne soit la femme du fils, soit (1570) la fille qu'un conjoint a eue d'un précédent mariage.
2 FILLETTE n. f. est d'origine obscure ; il représente peut-être une altération (1387) d'après fille de feuillette (1396) « petite mesure », attesté en Bourgogne et en franco-provençal (1370, foliette), de l'ancien folheta (1375), sans doute dérivé d'un latin populaire °follia (déb. IXe s., latin médiéval folia « mesure de liquide »), du latin classique follis « outre », de la même famille que flare (→ enfler, fou).
❏  Fillette désignait (1387) une sorte de tonneau ou de mesure variable de liquides. C'est aujourd'hui le nom familier d'une demi-bouteille, utilisée surtout pour les vins d'Anjou, et senti comme une métaphore de 1 fillette.