LASER n. m. est un emprunt (attesté 1962) à l'anglo-américain laser (1960, année de la réalisation du premier laser ou maser optique aux États-Unis par Th. Maiman). Le mot est formé des initiales de Light Amplification by the Stimulated Emission of Radiations « amplificateur de lumière par émission stimulée de rayonnement », et l'expression est née de la substitution de light « lumière » à microwave « micro-onde » qui entre dans maser (1954).
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Le mot désigne un appareil produisant un pinceau très étroit de rayonnement lumineux et infrarouge cohérent et monochromatique intense. D'abord didactique, il est entré dans l'usage par ses applications techniques (imprimante [à] laser, etc.) et par ses connotations militaires employées dans les récits d'anticipation.
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Il se dit abusivement d'un faisceau lumineux permettant des effets spéciaux.
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Il a produit le mot technique
LASERIE n. f. (1970), utilisé par les diamantaires, et
LASÉROTHÉRAPIE n. f. (1967) « traitement médical utilisant le laser ».
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Le jargon scientifique contemporain fait usage d'un verbe
LASER v. intr. « se servir d'un laser », qui pourrait inciter à franciser le substantif en
laseur.
LASSI n. m. attesté en français au début des années 1970, est un emprunt à l'hindi lassi, peut-être de la famille du sanskrit rasa « jus ». Cette boisson indienne à base de yaourt battu dans l'eau et aromatisée (lassi sucré ; salé) accompagne le repas.
LASSO n. m., d'abord lazo en 1809 dans une relation de voyage en Amérique du Sud, puis lasso (1826), est emprunté à l'hispano-américain d'Argentine lazo au sens de « corde munie d'un nœud coulant pour attraper les bêtes, utilisée par les gauchos ». Celui-ci, au sens propre plus ancien de « lien, attache » (XIIIe s.), en espagnol de la péninsule, est le correspondant de même origine que lacs*.
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Le mot désigne une corde à nœud coulant utilisée dans les deux Amériques pour capturer les animaux. La graphie moderne lasso suppose un intermédiaire anglo-américain, le mot ayant été diffusé par les récits de voyage et les romans d'aventure nord-américains, le lasso lui-même étant fort utilisé par les cow-boys.
❏ voir
LAZZI.
LASURE n. f. est emprunté (1975) à l'allemand Lasur « glacis », de la famille de azur. Ce produit qui décore et protège le bois porte un nom assez courant qui est sorti du registre purement technique.
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Le dérivé LASURER v. tr. « enduite de lasure » est courant au participe passé (1985).
LATANIER n. m., écrit lattanier en 1651, est la francisation avec le -ier des noms d'arbres, du mot caraïbe alatani, avec chute du a- initial. Ce mot originaire des Antilles a servi à désigner un palmier des îles de l'océan Indien, passant aussi aux Caraïbes et en Asie, qui fournit une fibre textile. En Afrique, le mot désigne un autre végétal, le rônier.
LATENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1370) au latin latens, latentis « caché, secret, mystérieux », participe présent de latere « être caché, obscur, inconnu », mot qui correspond au grec lanthanein (aoriste lathein) « être caché », les autres rapprochements étant aventureux.
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Latent, « qui demeure caché », a développé fin XVIIIe-début XIXe s. des emplois spécialisés. Après un emploi vieilli en art vétérinaire (1690), il est passé en médecine (1814).
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Par calque de l'anglais latent heat, expression créée vers 1757 par le physicien écossais Joseph Black (1728-1799), il est employé en physique dans chaleur latente (1789).
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Il est passé en botanique (1834) où l'expression œil latent désigne un œil qui, dans les arbres cultivés, demeure à l'état rudimentaire et peu apparent (1867).
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Au XXe s., la psychanalyse l'a intégré à sa terminologie, l'allemand latenter Inhalt (1900, Freud, Die Traumdeutung) étant rendu par contenu latent (du rêve).
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Son radical a servi à former LATENCE n. f. (1885) probablement d'après l'anglais latency (1838, en médecine ; 1882, en physiologie). Le mot reprend toutes les spécialisations de l'adjectif, notamment en psychanalyse (1912, dans les Annales de médecine).
LATÉRAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1315) au latin lateralis « qui tient aux côtés », dérivé de latus, -eris, « flanc, côté », dont le représentant en ancien français, laz (v. 980), lez, est encore employé comme préposition pour « près de » (1050) en toponymie (Plessis-lez-Tours). Latus, sans rapport originel avec l'homonyme latus « large » (→ lé), est rapproché de l'irlandais leth « côté », mais on ne trouve pas de formes apparentées en dehors de l'italo-celtique. Cf. en latin médiéval legatus a latere (→ légat).
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Latéral, « qui concerne le côté, du côté », connaît une grande vitalité dans des emplois spécialisés : si, en généalogie (1395), il a été évincé par collatéral, il est employé en architecture (1673), géographie (1835, canal latéral), géométrie et phonétique (1916, Saussure ; 1933, substantivé en une latérale). Le sens figuré d'« indirect, annexe » (1873) d'où « accessoire » est peu répandu en dehors du langage administratif.
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Latéral a produit
LATÉRALEMENT adv. (1521),
LATÉRALITÉ n. f. (1805), surtout utilisé en médecine (1846) et en psychologie,
LATÉRALISATION n. f. (v. 1950), par l'intermédiaire d'un
latéraliser, et
LATÉRALISÉ, ÉE adj. (1960 ; en 1833 avec un autre sens).
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Latéral fournit le second élément de quelques adjectifs. Outre
collatéral, ils sont formés en
uni-, bi-, multi-.
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UNILATÉRAL, ALE, AUX adj. (1778) « d'un seul côté » a été introduit comme terme de botanique ; il a développé, au début du XIXe s., le sens de « qui ne se fait que d'un côté », spécialisé en médecine, et le sens abstrait de « qui n'engage qu'une partie », en droit (1804).
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En ont été dérivés UNILATÉRALEMENT adv. (1778) et UNILATÉRALITÉ n. f. (1879).
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Le terme de géométrie UNILATÈRE adj. (XXe s.) a été formé sur le radical de unilatéral d'après quadrilatère*.
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BILATÉRAL, ALE, AUX adj. (1804), « qui se rapporte aux deux côtés », « qui a deux côtés symétriques », s'est spécialisé également en médecine et en phonétique, ainsi qu'en droit.
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Il a pour dérivés BILATÉRALEMENT adv. (1829), BILATÉRALITÉ n. f. (1920-1924), BILATÉRALISME n. m. (1936), ce dernier spécialisé en droit et en économie politique.
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MULTILATÉRAL, ALE, AUX adj. s'est d'abord employé en mathématiques (1928) puis en économie politique (1948) et en politique, en diplomatie. Le dérivé MULTILATÉRALISME n. m. s'applique surtout à la politique internationale.
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LATÉRO- a servi à former de nombreux termes de physiologie depuis la fin du XIXe s., tels LATÉRODORSAL, ALE, AUX adj. (1898), LATÉROPOSITION n. f. (1900).
❏ voir
COLLATÉRAL.
LATÉRITE n. f. est un emprunt (1867) à l'anglais laterite (1807), mot créé par F. Buchanan à partir du latin later « brique » (terme technique sans étymologie établie), avec le suffixe -ite des noms de minerais, du grec -itês.
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Le mot désigne une roche très dure de couleur rouge vif ou rouge-brun, fréquente en zone tropicale.
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LATÉRITIQUE adj. (1908) qualifie ce qui est relatif à la latérite.
LATEX n. m. est emprunté (1706) au latin latex « liqueur, liquide », mot d'usage presque uniquement poétique et noble, employé par Lucrèce pour désigner toute espèce de liquide. Latex est regardé comme un emprunt au grec latax « reste de vin au fond de la coupe, que l'on jette au jeu du cottabe », bien que le passage d'un mot familier et de sens aussi précis et technique à un sens général et littéraire fasse problème. S'agit-il de deux emprunts parallèles ? Le rapprochement de mots celtiques et germaniques est jugé peu probable par Chantraine.
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Le mot a été introduit avec la spécialisation botanique de « suc visqueux sécrété par certains végétaux » (l'emprunt parallèle du mot latin en anglais a eu une spécialisation médicale aux XVIIe et XVIIIe s.). Rare avant le XIXe s., latex s'est répandu au sens métonymique de « caoutchouc obtenu à partir de ce suc coagulé ou de résines de synthèse ».
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On a tiré l'élément
lati- du radical du latin
latex pour former le composé didactique
LATIFÈRE adj. (1840) « qui contient, sécrète du latex », substantivé pour la cellule qui sécrète le latex.
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LASTEX n. m. (1935), croisement de
latex avec
élas(tique), est une marque déposée de fil et de tissu élastique.
LATIFUNDIUM n. m. est l'emprunt savant (1596) du latin latifundium, composé de latus « large » (→ lé) et de fundus « fonds de terre, domaine » (→ fonds). Le mot désigne une grande propriété formée à la suite d'usurpation de terres de l'ager publicus « champ public », cultivé par des esclaves, et sur laquelle les riches Romains pratiquèrent une agriculture d'un type nouveau fondée sur l'élevage, l'oléiculture et la viticulture.
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Le mot, après une attestation isolée sous la forme adaptée latifunde, a été repris au XIXe s., d'abord au pluriel latifundia (1869) et au singulier latifundium. Il recouvre une réalité économique de l'antiquité et, par extension, s'applique à un vaste domaine agricole fondé sur une culture extensive pauvre, souvent en référence à une réalité sud-américaine.
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Le dérivé LATIFUNDIAIRE adj. (v. 1900) est didactique, moins cependant que LATIFUNDISTE n. (1960).
LATIN, INE adj. et n. est emprunté (v. 1119) au latin latinus « relatif au latin, originaire du Latium », en particulier « dans la langue du Latium », d'où le neutre substantivé latinum « langue latine ». Le mot s'opposant à barbarus (→ barbare), l'ablatif latine a pris adverbialement la valeur de « en bon latin ». Latinus est dérivé de Latium, nom d'une région d'Italie centrale qui, à cause de sa nature géographique, a été interprété « pays plat » et rapproché de la racine de latus « plat, étendu » (→ lé).
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Le mot et adjectif se rapportent dès les premières attestations à la langue pratiquée dans le Latium, puis dans toute l'Italie de l'Empire romain (voir l'encadré). L'ancien français a d'une part assimilé le mot au langage en général (
XIIe s.), soulignant ainsi la longue suprématie du latin sur la langue vulgaire, le roman ; de l'autre, il l'a assimilé à un langage difficile, peu compréhensible, témoignant du clivage entre la langue parlée et la langue des clercs : il l'a rapporté au langage des oiseaux (v. 1150), employant
perdre son latin (1338) à propos des oiseaux qui demeurent muets.
Y perdre son latin « renoncer à comprendre » (1556) fait référence à la difficulté de la langue latine pour un Français.
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Par ailleurs les humanistes de la Renaissance ont assimilé gens de latin et « savants », pays latin et « monde des savants », l'adjectif s'employant pour « lettré, savant » (1298, latin et sage). Le mot y a gagné la valeur psychologique de « fin, expert » (1617) : l'argot des prisonniers, à cette époque, emploie parler latin pour « manœuvrer finement en tirant de l'argent aux nouveaux arrivants en prison » (1611).
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L'ancien français introduit également le sens large d'« occidental », par opposition aux peuples de Grèce et d'Asie Mineure (v. 1195, gent latine), correspondant à la division des deux empires romains. Cette valeur a été reprise avec un autre contenu, « qui a subi l'influence de la langue et de la civilisation latines » (1810, Staël) d'où, en linguistique au XIXe s., langues néo-latines, « issues du latin », éliminé au XXe s. par langues romanes. Dans ce type d'emplois, latin s'oppose à germanique, slave, etc.
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Il reprend aussi le sens de « relatif à l'Église catholique d'Occident qui utilise le latin comme langue liturgique » (v. 1195).
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Voile latine (1573) rappelle l'héritage latin en matière de navigation. Voir aussi l'encadré.
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Latin a produit
LATINISTE adj. et n. (v. 1460) et
LATINISME n. m. (1549), ce dernier perdant son sens d'« étude du latin » pour se spécialiser en « construction ou emploi propre au latin » (1584), d'où aussi « construction calquée d'une construction latine » (1602), « emprunt au latin » et « emploi d'un mot au sens du latin » (1899).
Latiniste, « spécialiste du latin », s'est étendu à « étudiant en latin ».
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LATINITÉ n. f. est emprunté (XVe s.) au latin latinitas « langue latine correcte » et « droit latin ». Repris au sens restreint de « manière de parler, d'écrire latin », il a reçu au XIXe s. la valeur de « monde latin, civilisation latine » (1835). Basse latinité correspond à bas latin.
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LATINISER v. est emprunté (1551) au bas latin
latinizare « traduire en latin ». Il est venu relayer l'ancien verbe dérivé de
latin, latiner « parler, raisonner en général » (
XVe s.), « dire des choses incompréhensibles », « parler latin » (
XVIIe s.).
Latiniser s'est dit pour « donner à (un mot) une forme latine », « affecter de parler latin » (v. 1580, Montaigne) et, en parlant d'un catholique de rite grec, « suivre le rite latin » (1718).
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Il a donné
LATINISATION n. f. (1722),
LATINISANT, ANTE adj. et n.
LATINO-AMÉRICAIN, AINE adj. (1931 dans les dictionnaires) qualifie ce qui est relatif à l'Amérique latine, centrale et méridionale. Le mot cumule les valeurs de hispano-américain et luso-américain. Comme nom, il s'applique aux habitants de l'Amérique latine.
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LATINO n. est en français (1986) un emprunt à l'anglais des États-Unis latino (1946), tiré de Latin-American, avec un suffixe espagnol, et appliqué aux originaires de l'Amérique latine vivant aux États-Unis. Comme adjectif, latino qualifie ce qui est relatif à ces populations (la musique latino).
LATITUDE n. f. est emprunté (1314) au latin latitudo « largeur, étendue, ampleur », de latus « large » (→ lé).
❏
Latitude a été employé en ancien français au sens général du latin, avant d'être supplanté, comme
lé et
laize*, par
largeur* ; le sens figuré de « large extension ou acception » (1798), qui en procède, a vieilli au profit du sens abstrait actuel « faculté d'agir en toute liberté » (1762).
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Le mot s'est essentiellement spécialisé en géographie (v. 1525), où il désigne (en opposition à longitude) la distance d'un lieu à un autre, mesurée par l'arc du méridien terrestre ; par métonymie, il désigne aussi le climat considéré par rapport à la température (1575), d'où (1780) la région du point de vue du climat auquel elle est soumise par sa latitude. Par analogie, latitude est aussi employé en astronomie (1585).
❏
Le radical latin a servi à former
LATITUDINAIRE n. et adj. (1696), peut-être d'après l'anglais
latitudinarian (1662), nom didactique des partisans d'une doctrine étendant le salut à tout le genre humain. Par extension, le mot désigne une personne très large en matière religieuse (1704) et qualifie dans un style littéraire une personne tolérante à l'excès en matière de morale (1704).
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Son dérivé
LATITUDINARISME n. m., d'usage didactique en religion, est attesté depuis 1817.
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LATITUDINAL, ALE, AUX adj. (1853), employé techniquement en marine et exceptionnellement au sens de « relatif à la latitude », est lui aussi sémantiquement éloigné de latitude.
LATOMIES n. f. pl. est emprunté (1515) au latin latomia, ordinairement au pluriel latomiae, lequel transcrit le grec latomia « carrière de pierre », au pluriel latomiai appliqué à une carrière de pierre servant de prison à Syracuse. Ce mot est dérivé de latomos « tailleur de pierre, carrier », formé de laas « pierre », mot d'origine obscure qui a été concurrencé par petra (→ pierre), originellement distinct, et d'un dérivé de temnein « couper, tailler » (→ tome).
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Le mot a été repris comme terme d'antiquité, à propos des carrières de Syracuse utilisées comme prison.
LATO SENSU, latinisme tardif (1907) s'est imposé dans l'usage didactique (logique, linguistique...) en contraste avec stricto sensu, plus courant. Lato est l'ablatif de l'adjectif latus « large ».
LATRIE n. f. est emprunté (1376) au latin chrétien latria « adoration », spécialement « adoration de Dieu ». Lui-même est emprunté au grec latreia, mot désignant le service en général et celui des dieux en particulier, dérivé de latreuein « servir pour un salaire » d'où « servir », spécialement « rendre un culte à un dieu », dénominatif de latron (→ larron). De cet étymon viennent les éléments -lâtre, -latrie, représentant respectivement -latrês « adorateur », et latreia « adoration ».
❏
Ce terme de théologie désigne l'adoration rendue à Dieu, surtout dans l'expression culte de latrie (1690 ; précédée par honneur de latrie, 1541, Calvin) qui s'oppose à culte de dulie « rendu aux anges et aux saints » (d'un mot grec signifiant « servitude »).
❏
LATREUTIQUE adj., emprunt didactique (1867) au dérivé grec latreutikos « concernant le culte ou l'adoration de la divinité », se dit du culte offert à Dieu en tant qu'Être souverain.
LATRINES n. f. pl. est emprunté (1437) au latin impérial latrina « lieux d'aisance », issu par contraction de lavatrina (de lavare → laver) qui, à une époque ancienne, désignait le bain qu'on appela plus tard balneum (→ bain). Lorsque l'usage des toilettes privées s'établit, on les plaça à côté de la cuisine parce que la canalisation était toute prête. Lavatrina puis latrina s'appliqua à cet ensemble, et à l'endroit par où s'écoulaient toutes les eaux de la maison. Lorsqu'au début du IIIe s. av. J.-C., on établit à Rome des bains publics, à l'exemple des Grecs, seul le lieu d'aisances resta à la cuisine, conservant le nom emprunté à celui du bain. Le mot s'appliquait aux toilettes publiques, à Rome (IIe s. av. J.-C.) ; Cf. vespasienne.
❏
Latrines, au pluriel (le singulier est enregistré en 1606), a remplacé l'ancien français de même sens longaigne, et s'est spécialisé pour désigner des lieux d'aisances sommaires, notamment militaires.
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LATTE n. f., d'abord late (v. 1155), est d'origine obscure : c'est peut-être un emprunt très ancien au germanique, les lattes ayant eu une grande importance dans la construction des maisons de bois des colons germaniques en Gaule. L'existence de cet étymon se dégage de l'allemand Latte, de l'anglais lath, du néerlandais lat, du danois laegte. Le mot germanique, peut-être apparenté à un celtique °slattā (irlandais slat), serait également à l'origine de l'italien latta et de l'espagnol lata. Pour P. Guiraud, l'origine du mot serait plutôt à rechercher dans le latin latitare « porter souvent », forme fréquentative du supin latum (→ tollé), de ferre « porter » (→ -fère) et la latte serait donc proprement un support.
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Latte, écrit avec deux t à partir du XVIe s., est le nom d'une pièce de bois refendu, longue et mince, utilisée en charpenterie et en menuiserie, aujourd'hui pour la fabrication de matériaux faits de plusieurs lattes (voir ci-dessous latté).
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Ce mot était anciennement employé par analogie (1808) pour désigner un sabre de cavalerie, d'après la forme de sa lame ; il conserve un sens analogique en Belgique, au Luxembourg où il désigne une règle plate graduée et où, en sport, il s'applique à la barre transversale du but de football.
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En argot, son pluriel sert à désigner les chaussures (1803) et par extension (1937) les pieds. Coup de latte correspond à coup de pied.
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Le mot a produit quelques termes techniques.
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LATTIS n. m., d'abord latiç (XIIIe s.), désigne une garniture en lattes.
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LATTER v. tr. (1240-1280), d'abord « attacher, clouer », signifie « garnir de lattes » (1288) et spécialement dans latter des planches (1859) « empiler des planches en laissant du vide entre elles ». Il s'emploie argotiquement pour « donner un coup de pied ».
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Il a pour dérivés LATTAGE n. m. (1503), LATTÉ, ÉE adj. (XVIe s.) et DÉLATTER v. tr. (1412) « dégarnir de ses lattes », mot technique. Latté n. m. désigne un matériau de menuiserie fait de multiples lattes de bois.
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CHANLATTE n. f., composé de chant* et de latte (XIIe s.), désigne une latte mise de chant, horizontalement et au bord de quelque chose.