RÉCOLER v. tr., indirectement attesté en 1337 par son participe passé, puis à la forme pronominale (1356), l'emploi transitif étant attesté peu après (v. 1370), est emprunté au latin recolere « cultiver de nouveau, complètement » d'où « pratiquer de nouveau », « repasser dans son esprit, passer en revue ». Ce verbe est formé de re- (→ re-) pris dans sa valeur itérative ou intensive, et de colere « cultiver », « honorer » et « habiter » (→ cultiver).
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Après une attestation de recolé qualifiant un acte minuté (1337), le verbe repasse dans le langage administratif et juridique au XVIe siècle. En moyen français, se recoler signifie « se souvenir » (1356) et « rappeler, repasser dans son esprit » (v. 1370). Au XVIe s., recoler correspond à « parler », « dire », et spécialement à « faire répéter son rôle à un acteur » d'après l'idée de base de « se rappeler (des mots) ». Avec la même idée, il a pris le sens de « relire leur déposition à des témoins pour vérifier s'ils en maintiennent les termes » (1538) et « vérifier juridiquement le nombre de meubles saisis avant de les mettre en vente » (1690).
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L'accent aigu de récoler date du XVIIIe siècle. Le verbe est archaïque.
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À la différence de récoler, le dérivé RÉCOLEMENT n. m. (1389) a toujours été un terme juridique et administratif, désignant d'abord le dénombrement opéré par un fonctionnaire. Les spécialisations modernes sont didactiques ou techniques : « action de récoler un témoin » (fin XVe s.), « vérification de la conformité d'un inventaire » (1690) et, en droit forestier, « vérification contradictoire de l'exécution des clauses et conditions imposées dans la coupe d'une forêt » (1690). Le mot s'emploie aussi à propos de la vérification contradictoire de constructions et d'ouvrages (1690) et de la vérification et pointage sur inventaire (1690).
RECOLLIGER (SE) v. pron., d'abord recolligier (v. 1370, Oresme) est emprunté au latin recolligere « rassembler, réunir », « reprendre », au propre et au figuré. À basse époque, le mot s'employait aussi concrètement pour « acquérir », « moissonner » et « accueillir qqn », et se recolligere pour « se retirer (dans un monastère) ». Il a donné recueillir* et, par l'intermédiaire de l'italien, récolte*.
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Le verbe a été éliminé par son doublet recueillir* ; se recolliger a signifié « se recueillir religieusement » (1636) et recolligé (1656, Bossuet) « recueilli en soi-même ».
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RÉCOLLECTION n. f. est emprunté (1372) au latin médiéval
recollectio, -onis « recueil, recueillement », dérivé du supin
(recollectum) de
recolligere.
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Repris au sens de « résumé », sorti d'usage, le mot s'est spécialisé dans la langue religieuse pour l'action de se recueillir par la prière, la méditation (1553) ; par métonymie, il désigne en religion une retraite spirituelle de courte durée (1876, petite récollection). Le rapport ressenti avec collection* n'est pas analysé.
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RÉCOLLET n. m. est emprunté (1611) au latin ecclésiastique médiéval
recollectus, participe passé de
recolligere, nom pris par des religieux d'une branche réformée de l'ordre de Saint-François pour indiquer leur vocation de la récollection.
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Le féminin récollecte (1690), RÉCOLLETTE n. f. (1771), a désigné des religieuses de certaines communautés franciscaines. Tous les mots de cette série étymologique sont archaïques.
RÉCOLTE n. f. est emprunté (1550) à l'italien ricolta, participe passé substantivé au féminin de ricogliere « recueillir », représentant du latin recolligere (→ recueillir, recolliger).
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Italianisme rival de cueillette (« nous disons la récolte, au lieu qu'on souloit dire la cueillette », écrit H. Estienne en 1578), le mot s'est imposé pour « action de recueillir les produits du sol, les produits cultivés ». Par métonymie, il désigne ces produits (1558).
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Depuis le XVIIe s., il se dit, par analogie, du fait de recueillir des produits non végétaux comme le miel, les perles (1690) et, au figuré, désigne ce que l'on recueille à la suite d'une recherche ou comme résultat d'une conduite (1690).
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RÉCOLTER v. tr., dénominatif de
récolte, est attesté en 1742. Le mot, blâmé par Voltaire et toutefois admis par l'Académie en 1762, a le sens de « faire la récolte (des produits du sol) ». Il a développé le sens figuré (1788) et le sens analogique (1862) correspondant à ceux du nom.
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Il a donné les dérivés RÉCOLTABLE adj. (1788), assez rare, RÉCOLTANT, ANTE adj. (1834) en parlant d'un exploitant qui procède lui-même à la récolte (notamment dans propriétaire récoltant) et RÉCOLTEUR, EUSE n. (XXe s.), surtout à propos des ouvriers employés à la récolte du caoutchouc (1927).
RÉCOMPENSER v. tr. est emprunté (v. 1290) au bas latin recompensare « donner en retour, en compensation, payer », formé du préfixe re- (→ re-) et du latin classique compensare (→ compenser).
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Jusqu'à la fin du
XVIIe s., le sens du mot était très proche de celui du verbe simple
compenser, avec l'idée de dédommagement : il signifiait « dédommager (qqn) d'une perte, d'une privation, d'un mécompte » (v. 1290), « réparer (une perte, un dommage) » et, avec un nom de chose pour sujet, « constituer une réparation » (1322),
se récompenser signifiant « se dédommager » (v. 1460) ; à l'époque classique,
récompenser le temps perdu (1669) a le sens de « rattraper le temps perdu ».
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L'usage moderne, effaçant toute idée négative et faisant disparaître le rapport avec compenser, met l'accent sur la gratification d'un mérite, d'un service : il apparaît en moyen français pour « gratifier (qqn) d'un don, d'une faveur pour le remercier ou en hommage » (v. 1380), sens qui ne s'implante qu'à partir du XVe siècle. Récompenser prend en outre le sens de « reconnaître le mérite de (qqch.) par une faveur » (1580, Montaigne) et se dit d'une conséquence heureuse qui constitue une gratification (1671) [la réussite a récompensé son courage]. Il s'emploie aussi par antiphrase pour « recevoir la punition méritée » (1550).
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RECOMPENSATION n. f. (1263,
recumpensacion) est emprunté au bas latin
recompensatio (
IIIe s.) au sens de « compensation, dédommagement » et signifie aussi « gratification » entre 1294 et le
XVe s. (1422).
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Il a été éliminé par le déverbal RÉCOMPENSE n. f. (1413) qui a suivi une évolution analogue à celle du verbe : le sens de « dédommagement » (1441), déjà vieilli au XVIIe s., a été réactivé dans la spécialisation juridique d'« indemnité pécuniaire due par la communauté à l'un des époux ou par l'un des époux à la communauté après dissolution de la communauté » (1803).
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Le sens moderne, « avantage (matériel, moral) accordé en reconnaissance d'un service, d'un acte méritoire » (1413), s'est répandu à partir du XVIe siècle. La valeur antiphrastique de « punition » (v. 1485) est devenue plus rare après l'époque classique.
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On rencontre quelquefois, dans le style littéraire, RÉCOMPENSEUR n. m. (av. 1544), d'abord « celui qui donne en retour » puis « celui qui récompense » (1577), et RÉCOMPENSANT, ANTE, adjectivation (XXe s., Gide) du participe présent.
RÉCONCILIER v. tr. est emprunté (v. 1160) au latin reconciliare « remettre en état, rétablir », « ramener » (au propre), d'où « regagner, renouer avec (qqch.) » (au figuré). Ce verbe est formé de re- (→ re-), préverbe à valeur itérative, et conciliare « unir, associer » (→ concilier).
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Se réconcilier apparaît au
XIIe s. avec le sens de « se remettre en bons termes (avec qqn) », plus tard dans les locutions
se réconcilier avec soi-même (v. 1692),
se réconcilier avec Dieu « demander pardon à Dieu de ses péchés et recevoir l'absolution » (av. 1710). Le pronominal s'est employé au
XVIIe s. pour « redevenir favorable à » (1636). Au
XXe s.,
se réconcilier se rencontre aussi avec la valeur figurée de « s'unir contre qqn alors qu'on a toutes les raisons de s'opposer ».
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Le verbe actif est d'abord attesté avec une spécialisation liturgique, pour « bénir à nouveau (un lieu saint profané) » (v. 1188), d'après le latin médiéval reconciliare (fin VIIIe s.), et « absoudre (un pécheur) », en le ramenant dans le sein de l'Église après une confession sacramentelle (v. 1190).
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Le sens courant de « réunir (des personnes) qui étaient brouillées » (ou une personne avec une autre) semble un peu plus tardif (fin XIIIe s.) ; il donne lieu à des emplois figurés en parlant de personnes (v. 1692), réconcilier contre (1831) s'employant pour « réunir contre (un ennemi commun) », et, dans un style soutenu, de choses (1668).
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RÉCONCILIÉ, ÉE, le participe passé, est adjectivé très tôt (v. 1190) dans l'acception religieuse d'« absous par l'Église », avant de prendre le sens courant de « raccommodé ».
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RÉCONCILIABLE adj. (v. 1587) semble dû à l'influence d'irréconciliable (ci-dessous), beaucoup plus courant.
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RÉCONCILIATION n. f., emprunt (
XIIIe s.) au dérivé latin
reconciliatio, -onis, apparaît au sens religieux de « cérémonie par laquelle une personne est réintroduite dans l'Église » (
XIIIe s.), étendu à la cérémonie par laquelle un lieu saint profané est béni de nouveau (
XVIe s.), d'après des valeurs du latin chrétien et médiéval.
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Comme pour le verbe, le sens courant d'« action de rétablir l'amitié entre deux personnes », est second (v. 1350) ; en droit, le mot se dit du rétablissement des liens conjugaux entre époux en instance de divorce ou de séparation de biens (1804), et, par extension, assume un emploi synonyme de concorde, fraternisation, spécialement en politique (1831).
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RÉCONCILIATEUR, TRICE adj. et n. est emprunté (1355) au latin reconciliator ; repris isolément en parlant de celui qui rétablit, le mot se répand au XVIe s. dans un double contexte religieux (déb. XVIe s.) et laïque (adj., 1512, puis 1545 ; n., 1588).
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IRRÉCONCILIABLE adj. est emprunté à la Renaissance (1534) au bas latin
irreconciabilis, formé de
ir- (→ in-) et de
conciliare avec une terminaison d'adjectif. Le mot qualifie des personnes ou des groupes humains (1587) entre lesquels il n'y a pas de réconciliation possible. Par métonymie, il qualifie des sentiments ne pouvant être apaisés (1669). Il a été employé pour qualifier le parti d'opposition radicale refusant toute compromission avec Napoléon III en 1869, et substantivé pour désigner les membres de ce parti.
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Les dérivés IRRÉCONCILIABLEMENT adv. (fin XVIe s.) et IRRÉCONCILIABILITÉ n. f. (XXe s.) sont peu usités.
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Par croisement avec réconcilié, irréconciliable a produit IRRÉCONCILIÉ, ÉE adj. (1838-1840), qui sert de synonyme littéraire à non réconcilié.
RECONDUCTION n. f. est un emprunt juridique (XVIe s.) au latin médiéval reconductio, -onis, dérivé du supin (reconductum) de reconducere « se charger en retour » et, en droit, « relouer, reprendre à loyer », verbe formé de re- (→ re-) marquant le mouvement en retour, et de conducere « conduire ensemble, louer » (→ conduire).
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Le mot, introduit en droit, désigne le renouvellement automatique d'un contrat à durée limitée lorsqu'il n'a pas été résilié en temps voulu, spécialement dans les locutions
reconduction tacite, verbale (1582).
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On parle aussi (
XXe s.) de
reconduction du budget. Par extension, il est passé dans l'usage en désignant le maintien en vigueur, la continuation de qqch. (attesté mil.
XXe s.). Dans ces deux sens, il a influé au
XXe s. sur le développement du verbe
reconduire, dérivé de
conduire*.
RECONDUCTIBLE adj. s'emploie, surtout en droit, pour « qui peut être reconduit » (→ conduire).
L +
RECONNAÎTRE v. tr., d'abord reconoistre (v. 980), est issu par voie orale du latin recognoscere « retrouver », « rappeler à sa mémoire, passer en revue, inspecter », « faire un examen critique d'un ouvrage, réviser » ; à basse époque, ce verbe s'emploie pour « connaître, comprendre, se rendre compte », « avouer sa faute », à la fois en construction transitive (IVe s.) et réfléchie (se recognoscere « faire des aveux », 852). Il est adopté par le vocabulaire féodal pour « faire l'aveu d'un fief, reconnaître les droits d'un seigneur » (1102) et « confirmer les droits de qqn sur un bien » (1063). Ce verbe est formé de re- (→ re-), préfixe pris dans sa valeur itérative, et cognoscere (→ connaître). L'italien riconoscere et l'espagnol reconocer remontent à ce même verbe latin.
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Le verbe exprime d'abord l'opération intellectuelle par laquelle l'esprit saisit un objet en reliant entre elles des images et perceptions le concernant : il correspond à « faire renaître dans la mémoire une image, une idée » (v. 980), et spécialement à « identifier de manière certaine (une personne ou une chose déjà rencontrée) » (fin
XIIe s.) et « retrouver (qqn ou qqch.) avec son caractère véritable » (v. 1170), par exemple dans
je te reconnais bien là (1671).
■
Avec un complément désignant une personne ou une chose que l'on n'a jamais vue, le verbe s'emploie d'abord dans un contexte militaire au sens d'« explorer le terrain, la position de l'ennemi » (1557), puis en général « identifier (une chose, une personne) à certains caractères » (1608). De la valeur militaire, vient le sens d'« explorer (un site, une situation) » (1611), notamment en marine (1748, reconnaître un port) et en vénerie reconnaître entre les chasses (1810), au XXe s. reconnaître le pays.
■
Le second sens de base, « savoir, connaître comme vrai », apparaît dès l'ancien français (1080) ; il correspond spécialement à « admettre pour chef, maître » (1080), plus couramment « admettre comme religion ». Une valeur fréquente est « avouer, confesser » (v. 980), spécialement dans la construction reconnaître de et l'infinitif (1676, Mme de Sévigné), propre à l'usage classique. La nuance exprimée est tantôt « être conduit à constater » (XIIIe s., « se rendre compte »), tantôt « admettre pour vrai après avoir nié ou douté, malgré ses réticences » (XIVe s.), par exemple dans la locution impersonnelle il faut reconnaître que... (1908). Une troisième valeur est « accorder une qualité à qqn » (1580). De là, en droit, « admettre officiellement l'existence de (qqch., qqn) » (1539, recognoistre la debte).
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Le troisième sens de reconnaître, celui de « témoigner de la gratitude » (XIIIe s.), s'est moins bien implanté que dans les dérivés reconnaissance, et reconnaissant (ci-dessous) : sorti d'usage avec un nom de personne pour complément (1226), il ne s'emploie guère qu'avec un nom de chose, dans un registre littéraire.
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La forme pronominale se reconnaître a été employée très tôt (v. 980) pour « avouer qu'on a péché, et qu'on s'en repentit », sens disparu pour cette construction. Il exprime l'idée de « savoir où l'on est, s'orienter » (v. 1160), dont procède, en langue classique, l'idée de « reprendre conscience, se remettre » au figuré (1629). Il signifie également « retrouver son image » (fin XVIIe s.), par extension, « trouver de la ressemblance entre une personne (réelle, imaginaire) et soi-même » (av. 1784, Diderot).
❏
Les dérivés de
reconnaître sont anciens.
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RECONNAISSABLE adj., d'abord reconoisable, qualifie (1080) ce ou celui qui peut être reconnu, en s'opposant souvent à méconnaissable*.
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RECONNAISSANCE n. f., anciennement reconuisance, apparaît aussi dans La Chanson de Roland (1080). Le mot a d'abord servi à désigner un signe de ralliement, cette valeur métonymique, « ce qui sert à reconnaître », donnant en marine l'expression signaux de reconnaissance (fin XVIe s.).
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Au sens actif, « action de reconnaître », il désigne (1573) l'exploration d'un lieu, d'une position (d'abord dans un contexte militaire), d'où, ce qui sert à reconnaître (1835), et ce qui reconnaît (1875).
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En relation avec l'emploi pronominal réciproque du verbe, il désigne le fait de se reconnaître (1680) et, spécialement au théâtre, la péripétie au cours de laquelle deux ou plusieurs personnes se reconnaissent (1667).
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Suivant un développement sémantique parallèle à celui de reconnaître, reconnaissance désigne aussi le sentiment de gratitude (v. 1190), notamment dans la locution en reconnaissance de et dans des locutions déterminées, d'ou familièrement reconnaissance du ventre « pour la personne qui a nourri » (XXe s.). L'autre valeur de base, « action d'admettre, d'accepter une chose », est d'abord (fin XIIe s.) religieuse et correspond à « confession, aveu » ; sens disparu. Le mot acquiert ensuite la valeur de « fait d'admettre, après avoir nié ou douté », et, en droit, se dit pour « fait de reconnaître pour sien » (1606, reconnaissance d'écriture) et « action de reconnaître formellement » (1771), d'où reconnaissance de gouvernement (1835), reconnaissance de dettes.
■
RECONNAISSANT, ANTE, le participe présent de reconnaître, est adjectivé, d'abord sous les formes reconoissant (v. 1175) et recunussant (déb. XIIIe s.), aux sens de « facile à reconnaître » et « qui avoue ».
◆
Ces acceptions sont sorties d'usage, l'adjectif se spécialisant (v. 1335) avec la valeur de reconnaître « témoigner de la gratitude », malgré la rareté du verbe dans cet emploi, mais en relation avec reconnaissance qui a conservé les deux types d'emploi. Reconnaissant, en français moderne, n'est plus senti comme lié à reconnaître.
❏ voir
RECONQUÉRIR, RECONQUÊTE, RECONSIDÉRER, RECONSTITUER, RECONSTRUIRE, RECONTACTER, RECONVENTIONNEL, RECONVERTIR → les verbes et noms simples.
RECORD n. m. est emprunté (1882) au mot anglais record « témoignage enregistré » (XIIIe s.), emprunté à l'ancien terme de droit français record, recort « rappel, témoignage », du verbe recorder « rapporter » et « rappeler » (→ recors) et spécialisé en sports à propos de la constatation officielle d'un exploit (1883).
❏
Le mot, repris avec le sens d'« exploit sportif », a eu d'après l'anglais la valeur de « liste des performances d'un champion » (1902). Par extension, il désigne tout résultat supérieur à tous ceux qui ont été obtenus dans le même domaine (1893), quelquefois ironiquement (1904).
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Par l'intermédiaire d'un emploi apposé (1884, course-record), il est adjectivé pour qualifier ce qui surpasse tout ce qui a été fait (1916), spécialement dans, en un temps record (mil. XXe s.).
❏
Par adjonction de l'anglais
man « homme », comme dans
tennisman, rugbyman, record a produit le faux anglicisme
RECORDMAN n. m. (1883) pour désigner le détenteur d'un record.
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Par analogie, on a formé RECORDWOMAN n. f. (1896) avec l'anglais woman « femme ». Ces composés sont vieillis mais n'ont pas reçu d'équivalent français ; on leur préfère champion, championne.
RECORS n. m., sous sa graphie actuelle (v. 1490), semble être une forme de pluriel de l'ancien recort employé pour « témoin » (XIVe s.), d'après l'ancien verbe recorder qui était fréquent dans l'ancienne langue juridique au sens de « rapporter comme témoin », d'où recordeur « témoin » (XIIIe s.). Recort existait antérieurement comme adjectif au sens de « qui se souvient » (v. 1160). De même que l'ancien français record « souvenir, mémoire », usuel jusqu'au XVIe s. et encore employé par Montesquieu comme terme de jurisprudence (→ record), il est dérivé de l'ancien verbe se recorder « se rappeler » (1050) et recorder (v. 1120), également « répéter (qqch.) pour le savoir par cœur » (v. 1120) et « rafraîchir la mémoire à qqn » (v. 1155), encore à l'époque classique et au XVIIIe siècle. Recorder représente le latin de basse époque recordare, variante du latin classique recordari « se rappeler, se représenter par la pensée », de re- (→ re-), préverbe à valeur itérative, et de cor, cordis « cœur, esprit » (→ cœur).
❏
Recors, terme de juridiction, désignait le témoin d'un huissier susceptible de lui prêter main-forte en cas de contrainte par corps (1529), sens courant jusqu'à la fin de l'Ancien Régime ; puis (depuis 1769) il désigne un agent préposé à l'exécution des ordres de la justice.