TABULAIRE adj. est emprunté (1355) au latin tabularius « caissier », dérivé de tabula (→ table).
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Le mot, d'abord substantif, a désigné un caissier de la Rome antique. Il a été repris comme adjectif (v. 1493) pour « inscrit sur un tableau », sens et forme étant sortis d'usage.
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Reformé au début du XIXe s. (1819) en sciences comme dérivé savant du latin tabula, l'adjectif qualifie ce qui est disposé en tables ou en tableaux, puis devient dans l'usage didactique l'équivalent de « en forme de table » (1829) et en géographie « de plateau ».
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TABULATEUR n. m. est dérivé savamment (1908) du latin
tabula pour désigner le dispositif d'une machine de bureau permettant d'aligner les signes de façon à former des tables, des tableaux.
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TABULATRICE n. f. est un autre dérivé savant (1921) de tabula, désignant une machine utilisant des cartes perforées. Il se dit aussi d'une imprimante fonctionnant ligne par ligne.
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TABULER v., formé (1943) sur tabula d'après les précédents, est, selon sa construction, le verbe correspondant à tabulateur (intransitivement) ou à tabulatrice (transitivement).
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Il a produit TABULATION n. f. (1933), « utilisation du tabulateur d'une machine de bureau ».
TABUN n. m. est un emprunt à l'allemand Tabun (1936), désignant un gaz de combat (du groupe des organophosphorés).
TAC n. m. et interj. est un mot d'origine onomatopéique, d'abord relevé dans tac-tac (1560) et tic-tac (→ tic) ; l'élément takk-, exprimant un bruit sec, a produit, avec ses variantes tikk-, tokk-, plusieurs mots en français (→ 2 taquet, toc).
❏
Le mot, redoublé en tac-tac depuis le XVIe s. pour exprimer le bruit du marteau d'une porte (1560), d'un couteau contre un verre (1690), d'un moulin (1875), était en concurrence avec tic-tac. Avec une valeur temporelle, « rapidement, immédiatement », il est entré dans la locution usuelle répondre du tac au tac (1897) qui vient du langage de l'escrime (1873, riposter du tac au tac ; 1859, riposter du tact au tact [sic]).
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Tac a aussi donné TACOT n. m. (1803) désignant au XIXe s. l'outil qui met en mouvement la navette d'un métier à tisser, puis (1872) le battoir des laveuses.
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Le mot a pris au début du siècle ou à la fin du XIXe s. son sens actuel, « véhicule (automobile) d'un type ancien ou d'un fonctionnement défectueux » (1905) et « petit train local » (1917, emploi commenté par Proust), ceci par un glissement de sens habituel, de « mécanisme bruyant » à « mauvais véhicule » (Cf. guimbarde, par ex.).
❏ voir
TAQUER.
TACAUD n. m. est un emprunt des zoologistes (1769) au breton takohed, désignant un petit poisson de la côte atlantique.
TACCA n. m., terme de botanique (1803 dans Lamarck), est un emprunt au malais takah, qui signifie « dentelé », à propos d'une plante tropicale, une herbacée à grandes feuilles découpées, dont les tubercules fournissent une fécule comestible ; cette fécule.
TACET n. m., latinisme musical, s'est d'abord employé dans l'expression faire le tacet (prononcé tacète) « ne rien dire » (1613) avant de désigner le fait de s'arrêter de jouer, de chanter, pour un instrument, une voix, et l'indication de ce silence sur la partition. Le mot ne s'emploie plus après le XVIIIe siècle.
L
TACHE n. f. succède (v. 1160) à taje, take (fin XIe s.) et teche (1080) ; il est issu d'un latin populaire °tacca « tache, signe », qui proviendrait du gotique taikns, représenté par l'allemand Zeichen « signe ». La forme teche s'explique par un latin populaire °tecca où le -ai- gotique était passé à -e- ; l'italien a conservé l'alternance du a et du e avec tacca « tache » et tecca « défaut », alors que l'ancien provençal et le catalan taca proviennent du type °tacca. P. Guiraud fait de tache le déverbal de tacher qui représenterait un latin populaire °tacticare, construit sur le supin (tactum) du classique tangere « toucher » (→ tangente), la tache étant une marque du doigt ; la variante teche proviendrait selon lui d'une confusion à l'époque romane entre tactum et tectum « couvert ».
❏
Le mot s'introduit (fin
XIe s.) avec une valeur concrète, désignant une salissure visible, sens dominant dans l'usage courant, et thème récurrent de la publicité des produits de nettoyage neuf et dix siècles plus tard. Le mot apparaît dans
La Chanson de Roland (1080) dans l'emploi neutre de « marque distinctive », s'appliquant à une qualité bonne ou mauvaise. Cette acception demeure jusqu'au
XIVe s., époque où la valeur négative semble l'emporter.
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Dès le
XIIe s.,
tache s'emploie pour « défaut » (v. 1138), plus tard à propos d'une action honteuse qui atteint l'honneur ou la réputation (1559), de ce qui dépare une œuvre (1561 ; puis 1798) et d'une chose impure contraire à la religion (1560) ; par exemple dans
Agneau sans tache « Jésus-Christ » (1553) et
la tache originelle « le péché originel » (1526).
■
Parallèlement, tache développe des valeurs concrètes, désignant une altération à la surface de quelque chose, d'abord une marque sur la peau (XIIe s.), d'où tache de vin « nœvus » (1694), tache de rousseur, tache de son, ensuite une taie sur l'œil (1530).
◆
Tache désigne aussi (fin XIVe s.), sans idée de salissure, une marque colorée naturelle sur le pelage ou les plumes des animaux. Le mot s'emploie en astronomie (1634, Mersenne, taches du soleil), à propos de la partie terne d'un diamant (1764, Voltaire) et en parlant des végétaux (1876), il se dit aussi en embryologie (1855, tache germinative).
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En peinture, le mot s'est d'abord employé péjorativement pour « tache de couleur qui rompt l'harmonie du tableau » (1755) et dans la locution faire tache « rompre une harmonie » (fin XVIIIe s.), usitée ensuite au figuré (1830). Puis c'est l'idée de contraste qui prévaut, liée à un nouvel emploi de tache (1865), « élément coloré qui apparaît sur un fond uniforme » ; avec l'impressionnisme s'introduit l'idée de juxtaposition de touches d'une seule couleur (ci-dessous tachisme).
◆
Tache d'huile s'est employé pour désigner une déchirure à un habit (1718) et un mauvais tour joué à quelqu'un (1867) ; on ne l'emploie aujourd'hui que dans faire tache d'huile « se répandre de proche en proche » (1872).
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Dans l'usage familier, le mot s'emploie pour « individu lamentable et pénible » (quelle tache, ce mec !).
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En français régional du Jura, de la Franche-Comté, tache sert à dénommer une portion de terrain où un type de végétal (notamment des champignons) abonde (une tache de morilles).
❏
TACHER v. tr., dérivé de
tache ou issu d'un latin populaire
°tacticare (ci-dessus), apparaît sous la forme
tajer (fin
XIe s.) au sens de « tacheter », puis au participe passé adjectivé
tachié (v. 1175), et en moyen français
taché, ée (v. 1450) « souillé, sale ». Le sens moderne est attesté chez Chrétien (v. 1280).
Se tacher est attesté en 1812.
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L'infinitif n'est attesté qu'au
XVIe s. (1530) et s'est employé avec une valeur morale (fin
XVIe s.), remplacé alors par
entacher (ci-dessous).
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Taché, d'abord
takié (1311), attesté anormalement tard sous sa forme actuelle (1791), s'applique à un animal qui porte naturellement des taches.
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TACHANT, ANTE adj., du participe présent, se dit de ce qui tache (1788 d'une matière ; 1845, d'une plante) et de ce qui est salissant.
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TACHETÉ, ÉE adj. succède par substitution de finale (1538) à tacelé (v. 1120), tachelé (XIIe s.) « qui présente de petites taches ».
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TACHETER v. tr. apparaît au XVIe s. (1538) et reste peu employé, comme son dérivé TACHETURE n. f. (1611).
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TACHISME n. m., introduit à propos de la peinture figurative (1897) et moins usité que
pointillisme, s'emploie plus souvent aujourd'hui en parlant d'une école de peinture abstraite procédant par taches de couleur.
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TACHISTE adj. (1882), terme de peinture, est aussi substantivé (1888).
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Tache a produit deux dérivés préfixés.
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ENTACHER v. tr. s'introduit avec une valeur morale, écrit entechier (XIIIe s.), de teche, puis entachier (1380), enfin entacher (1538) ; il est aujourd'hui plus courant au passif et au participe passé. Il s'est employé au XVIe s. au sens concret (1530).
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ENTACHÉ, ÉE adj. est plus ancien, sous la forme antechié (v. 1175). Il est attesté comme tache avec une valeur neutre, « pourvu de telle qualité bonne ou mauvaise », mais en même temps appliqué à ce qui est souillé moralement et construit avec de (v. 1190, entachié de). L'adjectif s'est spécialisé au XIXe s. en droit : acte entaché de nullité (1835), comme vicié.
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2 DÉTACHER v. tr. (1539), d'abord detachier (v. 1501), n'a qu'une valeur concrète, « débarrasser d'une tache ».
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Il a fourni DÉTACHEUR, EUSE n. (1680, au masculin ; 1845, nom féminin), d'abord dans le style burlesque et alors en concurrence avec dégraisseur. Le mot a été repris (n. m.) pour désigner un produit, en concurrence avec détachant.
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2 DÉTACHAGE n. m. (1870) et DÉTACHANT, ANTE adj. et n. m. (1876) s'emploient surtout dans le contexte du nettoyage des vêtements, ainsi que DÉTACHABLE adj. (att. 1961).
❏ voir
ENTICHÉ ; peut-être TAG.
TÂCHE n. f. est la francisation (1180, tasche) du latin médiéval taxa « prestation rurale », qui a donné tasca en ancien provençal (XIIe s.) ; taxa dérive du latin classique taxare (→ taux, taxer).
❏
Tâche désigne tout d'abord le travail déterminé que l'on a l'obligation de faire, avec une notion de « rétribution », spécialement dans à la tâche (1606) que précède en tasche (XIVe s.), à propos des personnes payées selon l'ouvrage exécuté.
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Cette notion s'efface dans l'emploi figuré de la locution prendre à tâche de (1640) « prendre à cœur ». Par extension, le mot se dit aussi d'un devoir moral (1782).
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L'expression tâche complète pour « travail à temps complet » s'emploie au Luxembourg.
❏
Le dérivé
TÂCHER v. (mil.
XIVe s.,
se taschier) exprime l'idée de « faire des efforts pour » ; il s'est construit avec la préposition
à (
tascher a qqch, v. 1470), évincée par
de (fin
XVe s.), et aussi directement avec
que (1549). Il comporte quelquefois la nuance de « faire des efforts pénibles en s'appliquant à un ouvrage auquel on n'est pas propre » (depuis le
XVIIIe s., Voltaire). Son emploi à la seconde personne de l'impératif (attesté 1730) fonctionne comme une expression atténuée de l'ordre
(tâchez de...).
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De
tâche est aussi dérivé
TÂCHERON n. m. (1508), qui prolonge le plus ancien
tascheeur (v. 1278) « ouvrier agricole à la tâche ». Ce sens est rare avant la fin du
XIXe s., cependant que le mot désigne aussi un sous-entrepreneur du bâtiment à qui un entrepreneur cède sa tâche (1832).
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Tâcheron est passé dans l'usage courant en parlant d'une personne travaillant avec application, quelquefois avec la nuance péjorative (1904) de « personne effectuant des besognes de commande, sans grande intelligence ».
TACHÉO- et TACHY- sont des éléments formants tirés du grec takhus « rapide » (à propos d'êtres humains, d'animaux, des pieds, de la pensée, de l'action), utilisé dès le grec comme premier terme de nombreux composés. Le mot grec est d'étymologie inconnue.
❏
Le premier composé formé en français,
TACHÉOGRAPHIE n. f. (1681), puis
TACHYGRAPHIE (1721), désignant l'écriture au moyen de laquelle on écrit aussi vite que l'orateur parle, est sorti d'usage avec le procédé, de même que ses dérivés
TACHYGRAPHE n. m. (1765, également
tachéographe, tachigraphe) et
TACHYGRAPHIQUE adj. (1765), remplacés par
sténographie et ses dérivés. Le mot
tachygraphe a été reformé pour désigner un appareil reproduisant rapidement des dessins (1882), puis un enregistreur de vitesse (av. 1933).
■
TACHÉOGRAPHE n. m. a été repris (1903) pour désigner un appareil de visée inventé en 1898 et utilisé dans la levée des cartes et plans, tandis que tachygraphe n. m. prenait son sens moderne, « appareil enregistrant la vitesse » (1923).
■
TACHÉOMÈTRE n. m. désigne en géodésie un instrument permettant de relever rapidement un plan nivelé (1875), entraînant la formation de TACHÉOMÉTRIE n. f. (1858). TACHISTOSCOPE n. m., composé pris à l'anglais (1890), est formé du grec takhistos, superlatif de takhus, et -scope, pour un appareil de projection d'images lumineuses à différentes vitesses, servant à l'entraînement à la lecture rapide et à des études de mesure de la perception visuelle.
◈
TACHYMÈTRE n. m. (1894, après
tachomètre, 1811 ; de
-mètre) dénomme un appareil de mesure des vitesses de rotation (d'un moteur), un compte-tours. De là
TACHYMÉTRIE n. f.
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TACHYCARDIE n. f., terme de médecine (1871, trad. de Virchow), est la transcription du latin moderne
tachycardia « accélération du rythme des battements du cœur ».
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Quand l'accélération se double d'une irrégularité des battements, on parle de
TACHYARYTHMIE n. f. (1912), de
tachy- et
arythmie (→ rythme).
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Quelques autres termes savants (médecine, biologie) ont vu le jour à la fin du XIXe et au XXe s., l'élément étant toujours productif.
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TACHYON n. m. est le nom international d'une particule inobservable et hypothétique, censée se déplacer à une vitesse supérieure à celle de la lumière.
TACHINE n. m. ou f. est la francisation (1804, Latreille) du latin zoologique tachina (1803), lui-même pris au grec takhinos « agile, rapide », de takhus (→ tachy) comme nom d'une grosse mouche vivant sur les fleurs et dont les larves sont parasites des chenilles.
TACITE adj. est emprunté (1466) au latin tacitus « dont on ne parle pas », d'où « qui n'est pas formellement exprimé » et « qui ne parle pas », d'où « silencieux, calme », dérivé de tacere (→ taire).
❏
En français, l'adjectif exprime l'idée de « qui ne parle pas, silencieux », sens littéraire et archaïque.
◆
Sa valeur courante, « non exprimé, sous-entendu » (1495), existait depuis 1286 en ancien gascon et depuis 1352 en ancien provençal. Elle donne lieu à certains emplois juridiques (reconduction tacite, XVIe s.).
❏
Son dérivé TACITEMENT adv., « sans être formellement exprimé » (1474), a signifié aussi « en cachette, à voix basse » (1495).
TACITURNE adj. est emprunté (v. 1485) au latin taciturnus « silencieux », « qui ne parle pas », dérivé de tacere (→ taire) probablement sous l'influence de nocturnus (→ nocturne), la nuit et le silence étant souvent invoqués ensemble.
❏
Dans ses premières attestations, taciturne qualifie un endroit où il n'y a pas de bruit et ce qui a le caractère du silence nocturne (1829). Cependant, de nos jours, il est rare que cet adjectif qualifie un lieu, cet emploi métaphorique étant très littéraire (1857, Fromentin parlant de clôtures taciturnes).
◆
Il a fonctionné un temps comme synonyme de tacite* au sens de « non formellement exprimé » (1519), avant de prendre son sens actuel « qui parle peu (par humeur, tempérament) » (1530), seule valeur du mot qui soit usuelle, et « qui ne se traduit pas en paroles » (1680), d'un sentiment.
❏
Le dérivé
TACITURNEMENT adv. (1512), « en silence » puis (1857) « de manière taciturne », est rare.
◈
Le nom correspondant,
TACITURNITÉ n. f. (1375), est emprunté au dérivé latin
taciturnitas, -atis.
◆
En moyen français, il s'est dit du silence qu'on garde, de la discrétion (1531 ; disparu dès le début du
XVIIe s.) et, au
XVIIe s., de la paresse à écrire (1638).
◆
Son sens moderne, « tempérament d'une personne taciturne » (1549), relève d'un registre plus soutenu que l'adjectif.
TACLE n. m. est, après des formes indécises (tachle en 1913, tackling en 1907), un emprunt à l'anglais tackle dérivé du verbe to tackle « saisir, attraper » (1828) spécialisé en sports pour « intercepter » (1884). En dehors de ces valeurs, le nom lui-même est ancien (takel, v. 1250) pour « équipement », emprunt au moyen néerlandais takel « gréement (d'un navire) », de la famille germanique du verbe take (taken en néerlandais « prendre, attraper »).
❏
Le mot désigne, au football, le fait de reprendre du pied le contrôle du ballon sur l'adversaire (tacle de force, latéral). Au figuré, « fait de reprendre l'avantage » ; il est moins courant que le verbe.
❏
TACLER v., soit dérivé de tacle, soit emprunté au verbe anglais tackle, s'emploie en français depuis les années 1950 (écrit tackler, 1954) pour « faire un tacle, au football ». Il est alors intransitif, puis transitif pour « reprendre le contrôle du ballon sur (un adversaire) ». Au figuré, le verbe s'emploie, notamment en politique, pour « reprendre l'avantage sur (qqn) ».
G
1 TACON n. m., d'abord tacones (1036, à Arras ; tacun, XIIe s.), est issu du francique °takko « dentelure, feston ».
❏
Le mot, sous diverses formes, s'est dit en ancien français de pièces de cuir pour réparer des souliers et aussi (XIIIe-déb. XVIe s.) du talon. Il désigne régionalement (depuis le XVe s.) une pièce de tissu servant à réparer les vêtements ; il correspond alors à petas (Cf. rapetasser) en occitan du Nord (Auvergne, etc.) et a donné en ancien et en moyen français rataconner, retaconner. Le mot est attesté depuis le XVe s. en français de Suisse, où il s'est maintenu.
◆
Le moyen français tacon, au sens de « languette », se serait spécialisé en technique (1690), alors écrit aussi taquon, pour désigner une garniture placée sous les caractères typographiques pour les exhausser, idée possible de « talon ». C'est du moins l'hypothèse de Wartburg car, dans ce sens, le mot est spontanément rattaché au verbe taquer* et pourrait aussi relever de la racine onomatopéique tak- (→ tac).
❏
Le dérivé TACONNER ou TAQUONNER v. tr. (v. 1225, en picard) signifiait « raccommoder (des chaussures) avec des tacons ». Il signifie en typographie « exhausser à l'aide du tacon ».
2 TACON n. m. est un emprunt (1555) au bas latin tacco, taco de même sens (VIe s.), probablement d'origine gauloise.
❏
Le mot désigne un jeune saumon qui n'a pas encore effectué la descente de rivière pour rejoindre la mer.
TACOS n. m. pl. est un emprunt à l'espagnol du Mexique, parfois passé par l'anglais des États-Unis (tacos, 1949), diffusé en français dans les années 1970, pour des crêpes de maïs garnies (viande hachée, sauce épaisse pimentée, haricots noirs, guacamole, etc.) roulées et frites (le singulier un taco est assez rare).
TACONEOS n. m. pl. est emprunté à l'espagnol, de taconear « frapper du talon », de tacón « talon ». Le mot désigne le martèlement rythmé des talons, dans la danse du flamenco, qui fait partie du zapateado.
TACT n. m. est emprunté (v. 1354, puis v. 1570, Paré) au latin tactus « action de toucher, attouchement », au figuré « influence », nom d'action qui correspond au verbe tangere « toucher » (→ tangente, tangible).
❏
Tact a d'abord désigné le sens du toucher, aujourd'hui réservé au nom
toucher, sauf pour désigner spécialement ce sens quand il permet d'apprécier les divers stimuli mécaniques s'exerçant sur la peau et les muqueuses.
■
Le mot a pris son sens figuré moderne de « délicatesse, doigté » (1757 par métaph. ; repris XIXe s.). Il avait désigné la faculté de juger rapidement sur de faibles indices (1769), notamment en ce qui concerne les usages du monde, les convenances.
❏
TACTILE adj. a été emprunté (1541) au dérivé latin tactilis « qui se rapporte au toucher », au sens second de « perçu par le toucher ». Ce sens « vieillit » (selon l'Académie, 1935), à la différence de celui de « qui concerne la sensibilité, les sensations du toucher » (1762). N'étant employé que concrètement, il n'est plus lié à tact, lequel est surtout figuré. Il est spécialisé en zoologie (poils tactiles, 1901).
TACTIQUE n. f. est emprunté (1320, pour « tacticien » ; mil. XVIIe s. comme n. f.) au grec taktikê (sous-entendu tekhnê) « art de ranger, de disposer, ou de faire manœuvrer des troupes », substantivation de l'adjectif taktikos « qui concerne l'arrangement, la disposition ». Le mot est dérivé de tassein (tattein en attique) « placer, ordonner », spécialement employé en art militaire, mot sans étymologie établie.
❏
Tactique s'est introduit en français avec le sens spécialisé en art militaire de son étymon grec, de nos jours entendu de façon plus large comme l'art de combiner les moyens militaires au service d'un combat. Il est passé dans l'usage courant (1788) en parlant de l'ensemble des moyens mis en œuvre pour parvenir à une fin, s'opposant à
stratégie, qui désigne la façon de mener un conflit dans son ensemble.
■
L'adjectif tactique (v. 1850) est soit un emploi adjectif du nom, soit un réemprunt au grec taktikos « relatif à l'art de placer, d'arranger (spécialement une armée) ». Le mot, d'abord employé dans le domaine militaire, signifie à la fois « relatif au combat » et « utilisable au combat » (1860) ; il est passé dans l'usage courant au XXe s. et a acquis récemment un sens militaire technique dans armes tactiques « à moyenne portée ».
❏
Tactique n. f. a produit
TACTICIEN, IENNE n. (1758), dit d'abord d'un militaire.
◆
L'adjectif a pour dérivé
TACTIQUEMENT adv. (1903, Foch).
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La physique contemporaine a emprunté ISOTACTIQUE adj. à l'italien isotattico (1955, G. Natta), de iso-* et du grec taktikos ; elle lui oppose ATACTIQUE adj. (av. 1968).
❏ voir
SYNTAGME, SYNTAXE, TÂCHE, TAUX, TAXE, TAXI-.