TANE n. m., emprunt à une langue polynésienne, peut s'employer en français de Tahiti et des îles polynésiennes, pour « homme » et spécialt « compagnon, mari, fiancé, amant ».
TANGARA n. m. est un emprunt des langues européennes (attesté en 1614 en anglais, en 1640 en français), au portugais du Brésil, lui-même pris au tupi, pour dénommer un passereau d'Amérique du Sud, d'une famille (Tanagridés) comprenant plus de 300 espèces de petits oiseaux au plumage de couleurs brillantes.
TANGENTE n. f. est emprunté (1626) au latin tangens, -entis, participe présent de tangere « toucher » (sens concret et abstrait), « toucher à », qui était employé dans de nombreuses acceptions figurées, dont une familière analogue à celle de taper « emprunter », en français moderne. Tangere est rapproché pour le sens du groupe germanique du gotique tekan « toucher » (Cf. anglais to take) mais le t germanique (qui suppose un ancien d) ne concorde pas avec le latin. Si les deux groupes sont apparentés, la consonne initiale étant inexpliquée, on supposerait un ancien thème °teg, təg- ; comme l'indoeuropéen n'admet pas de racines commençant et finissant par une sonore simple, le °deg- sur lequel reposent les formes germaniques n'est pas originel. Tangere n'est pas passé en français comme dans d'autres langues romanes ; il a été supplanté par le dérivé de l'onomatopée °tok- (→ toucher).
❏
Tangente terme de géométrie, est passé dans l'usage familier avec la locution prendre la tangente (1867), réfection de la locution plus ancienne s'échapper par la tangente (1798), qui vient de la géométrie (Voltaire). Dans l'argot de l'École polytechnique, la tangente désigne l'épée de polytechnicien, parce qu'elle se porte tangente à la bande du pantalon (1867), et aussi l'appariteur (1878), le surveillant d'un examen écrit (1907).
❏
L'adjectif correspondant
TANGENT, ENTE, repris au participe latin, est employé en géométrie (1683) ; il a développé le sens figuré de « qui approche d'une chose » (1878,
tangent à), d'où, souvent, « qui se fait de justesse ».
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Tangente a produit les termes de géométrie
SOUS-TANGENTE n. f. (1690) et
COTANGENTE n. f. (1721).
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Il a aussi produit les dérivés TANGENCE n. f. (1815) « état de tangente » et TANGENTIEL, ELLE adj. (attesté 1806), ce dernier produisant TANGENTIELLEMENT adv. (fin XVIIIe s., Laplace) et TANGENTIALITÉ n. f. (1951).
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Sur l'adjectif a été formé récemment TANGENTER v. tr. « longer, être près de » (1883 dans Loti).
❏ voir
ATTEINDRE, CONTACT, CONTAGION, CONTIGU, CONTINGENT, ENTAMER, ENTIER, INTÉGRAL, TANGIBLE, TÂTER.
TANGERINE n. f. est un emprunt (attesté dans la traduction française d'un roman d'Ellery Queen, 1951) à l'anglais tangerine, mot-valise formé de Tangiers, Tanger et orange (le roman s'appelle The Chinese Orange Mystery), avec le suffixe -ine (Cf. mandarine, clémentine). C'est le nom du fruit hybride de l'oranger et du citronnier, qui a la forme du citron et la couleur de l'orange.
TANGIBLE adj. est emprunté (fin XIVe s.) au bas latin tangibilis « qui peut être touché, palpable » (synonyme de tactilis ; → tactile à tact), dérivé de tangere « toucher » (→ tangente).
❏
Tangible s'applique à ce qui tombe sous le sens du tact, en emploi littéraire ou didactique.
◆
Il est plus courant pour qualifier une chose abstraite dont la réalité est évidente (1502).
❏
Il a d'abord produit l'antonyme
INTANGIBLE adj. (v. 1455), qui se dit spécialement d'une loi, d'un principe qui doit rester intact (1899) ; il a fourni
INTANGIBILITÉ n. f. (1840).
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Au XIXe s. sont apparus les dérivés de tangible, TANGIBILITÉ n. f. (1800) et TANGIBLEMENT adv. (1876).
TANGO n. m. et adj. inv. est emprunté (1864) à l'espagnol d'Argentine tango, nom d'une danse populaire, probablement emprunté à l'espagnol tango, nom d'une danse gitane (tango gitano, flamenco), d'ailleurs entièrement différente de l'actuel tango. Le mot serait passé d'Espagne en Argentine et au portugais du Brésil, et la danse aurait inspiré la habanera (« de la Havane ») à Cuba. Le tango argentin (du Rio de la Plata), danse et musique développée à Buenos Aires, est passé en 1910 aux États-Unis et en Europe dès 1912. L'origine du mot espagnol est douteuse ; on a pensé à une source africaine transmise en Andalousie par les Arabes au XVe siècle ; il s'agirait d'un rituel africain, le shango, un mot de langue ibo tamgu « danser » étant aussi évoqué (Webster).
❏
Le mot est introduit comme terme exotique, puis au début du
XXe s. (1912, Bloch et Wartburg) devient le nom d'une danse de salon, plus tard de la musique de cette danse.
■
Tango se dit aussi (1914) d'une couleur (orange vif) mise à la mode lors de la vogue du tango et, par métonymie, d'un demi de bière additionné de sirop de grenadine (mil. XXe s.). Dans ce sens, le mot, attesté dès 1913 en anglais, est le croisement de tangerine « mandarine », dérivé de Tanger, Tangiers « Tanger », et du nom de la danse.
TANGON n. m., mot de marine (1778), semble en rapport avec le moyen français tanque (1448), emprunt au moyen néerlandais tange, remontant à l'ancien norrois. Le mot serait alors apparenté au verbe tanguer*. C'est le nom d'un espar horizontal, et par extension d'une poutre mobile perpendiculaire à la coque sur laquelle on amarre les embarcations quand le navire est à l'ancre. Le mot a d'autres spécialisations, dont (1904) celle de l'espar maintenant l'ouverture du spinnaker (tangon de spi).
1 TANGUE n. f. est un emprunt du français (1552) au normand tanga (XIIe s.), lui-même de l'ancien nordique tang « varech ». C'est le nom, surtout connu en Normandie, du sable fin et vaseux, de couleur grisâtre, du littoral de la Manche, utilisé comme engrais.
❏
TANGUIÈRE n. f. (1853), « sablière de tangue », a un synonyme plus récent (années 1960), TANGUAIE n. f.
2 TANGUE n. m., en français de la Réunion, est le nom d'un petit mammifère insectivore, originaire de Madagascar et appelé tenrec* par les zoologistes. Malin comme un tangue, « rusé ».
?
TANGUER v. intr., mot de marine qui apparaît au XVIIe s. (1643), est d'origine incertaine. Il est probablement dérivé de l'ancien français tangre « partie du couteau qui s'emboîte dans le manche » (XIIIe s.), qui représenterait l'ancien norrois tangi de même sens. P. Guiraud préfère rapprocher les verbes tangre et tanguer de l'ancien français tangonner « piquer de l'aiguillon », qui serait lié au latin tangere « toucher » et « piquer » au figuré (→ tangente), le navire qui tangue « piquant du nez ».
❏
Le verbe s'applique à un navire qui se balance par un mouvement alternatif et longitudinal (par opposition à rouler) et, par analogie, s'emploie à propos d'une personne (1872) et de divers moyens de transport (XXe s.).
❏
Le dérivé TANGAGE n. m. (1643) est d'emploi courant, comme son complémentaire roulis, mais TANGUEUR, EUSE adj. et n. est un ancien terme de marine (1812), peut-être reprise de tanqueur, tangueur (1611), pour désigner un portefaix qui charge ou décharge un navire.
❏ voir
TANGON(?).
L
TANIÈRE n. f. (1538), d'abord écrit tasniere (v. 1190), est issu par évolution phonétique du latin populaire °taxonaria (attesté en 902 comme nom de lieu en Mayenne : Taxinarie), dérivé du latin tardif taxo « blaireau » (→ taisson). Les formes anciennes taisnière (XIIIe s.), tesnière (v. 1213), tasnière montrent, selon Bloch et Wartburg, que le mot ne doit pas être rapproché de l'italien et de l'ancien provençal tana « tanière », issus probablement par suppression de suffixe d'un latin populaire °subtanus « qui se trouve au-dessous ».
❏
Le mot, qui signifie donc proprement « retraite du blaireau », s'est aussitôt appliqué à toutes sortes de bêtes sauvages.
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Par extension, il a pris le sens figuré de « logis dans lequel on se cache » (XVe s.) et, l'accent étant mis sur un autre caractère du gîte animal, d'une habitation élémentaire (fin XVIIe s., La Bruyère).
TANK n. m. est emprunté (1857) à l'anglais tank « citerne, réservoir » (1690), lui-même emprunté (v. 1616), pour désigner les réservoirs d'irrigation de l'Inde, à un mot indien (gujerati tankh, marathi tanken) peut-être issu du sanskrit tadaga « étang, lac ».
❏
Le mot est passé de l'anglais en français au sens de « vaste réservoir de stockage » (
tanques 1617, rare avant le
XIXe s.), mais ce sens a mis longtemps à se répandre.
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L'acception de « véhicule blindé à chenilles » (1916) est un autre emprunt à l'anglais tank. Le mot, peut-être par analogie d'aspect mais surtout pour assurer le secret, avait été choisi pour désigner les premiers chars de combat étudiés en Angleterre en décembre 1915 et en 1916. Attesté dans le Figaro le 22 septembre 1916, le tank de la Première Guerre mondiale est devenu en français char d'assaut sous l'influence du général Estienne. Le Journal Officiel no 262 donne char comme équivalent obligatoire de tank (arrêté ministériel du 12 août 1976), mais le déclin de tank dans son sens militaire devant char était un fait acquis.
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Au milieu du XXe s., le mot s'est répandu au sens anglais de « citerne » dans l'industrie pétrolière, dans la marine et dans l'aviation. Un arrêté ministériel du 12 août 1976 recommande de le remplacer par réservoir.
❏
Tank a produit
TANKISTE n. m. et
TANKEUR n. m., tous deux dans l'argot des poilus (1919) pour désigner le soldat d'une unité de tanks.
Tankeur a disparu au profit de
tankiste, répandu en 1940-1941 à propos des unités allemandes de blindés.
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ANTITANK adj. inv. en genre, est attesté au début du
XXe s..
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TANKER n. m. a été emprunté (1933) à l'anglais
tanker (1900), également
tanker-ship, dérivé de
tank.
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Le mot désigne un bateau-citerne transportant des produits pétroliers ; il est toujours en usage, malgré les recommandations officielles pour navire-citerne et pétrolier (J. O. du 19 janvier 1973).
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Le composé SUPERTANKER n. m., emprunté (1964) à l'anglais, a pour équivalent francisé superpétrolier.
TANSAD n. m. est l'emprunt (1920 Tan Sad) d'une marque anglaise, Tan Sad, formée de tandem et saddle « selle ».
❏
Le mot désigne le siège à deux places d'une moto. Sa graphie actuelle est tansad (dep. 1947).
L
TANT adv. et nominal est issu (seconde moitié du Xe s., tan) du latin tantum « relativement à cette grandeur, à cette quantité », employé également en corrélation avec quantum, avec ut consécutif, et au sens de « seulement » (y compris avec une idée temporelle). Tantum était substantivé avec les sens correspondants de « cette grandeur, autant ». Quant à sa syntaxe, il s'emploie en corrélation avec quantum, introduisant avec quod une relative consécutive, avec ut une conjonctive consécutive, et il est employé dans plusieurs locutions. Tantum est le neutre pris adverbialement de l'adjectif tantus, démonstratif de quantité, de grandeur, dont la forme archaïque était °tam-to-s, et qui contient (comme talis, tum) la racine indoeuropéenne du démonstratif (→ tel).
❏
L'histoire du français
tant est celle d'une grande extension de son champ d'emplois (seul ou en corrélation) et d'une grande productivité en locutions usuelles. En tant qu'adverbe de quantité, marquant l'intensité,
tant est fréquemment employé avec une subordonnée consécutive introduite par
que (1250, avec inversion du sujet, dans des phrases du type
tant vient... que...) ; la locution
tant et si bien que (1666) étant marquée comme recherchée, et
à tant faire que de (et infinitif) comme archaïque.
Tant il y a que... (v. 1534) ne se dit plus.
■
Sans que, tant se construit encore directement avec un verbe (1080) mais son emploi avec un adjectif (fin Xe s.) ou un adverbe (concurrencé par si, tellement) est archaïque.
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Il est employé également avec un complément de détermination introduit par de, quelquefois redoublé dans la locution tant et tant de (1585). La même valeur d'intensif est réalisée par les locutions tant soit peu et tant s'en faut (1538).
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Un autre type d'emploi fait de tant un nominal exprimant une quantité non exprimée mais supposée définie, déterminée ; tant est alors employé seul (v. 1370) ou précédé d'un article indéfini dans un emploi disparu : un tant « une commission » (1882), d'un article défini pour exprimer la date (le tant du mois) et en locution dans tant et plus (1530).
■
De très nombreux emplois, attestés à partir du XIIIe s., réalisent une comparaison, une confrontation de deux termes. Tant y est redoublé en tant... tant, tant que..., tant que... (déb. XIIIe s.) et employé en relation avec que, notamment dans plusieurs locutions comme tous tant que (1640, tous tant que nous sommes), en tant que (déb. XVIIe s.), calque de la locution latine in tantum quantum. Tant... que a remplacé l'ancien français tant... comme (encore au XVIe s.) ; tant bien que mal « à peu près, difficilement » semble récent (1872). Le second membre de la comparaison est implicite dans les locutions usuelles tant mieux (XVIe s. ; tant mieux pour toy 1567) et tant pis (XVIe s.), à rapprocher de (c'est) dommage, courant dans tant pis pour (et pronom ou nom de personne) qui vaut pour « c'est ennuyeux, mais mérité ».
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Tant qu'à faire (1847), attesté après la locution plus développée tant qu'à faire les choses (1827), représente l'équivalent courant de tant qu'à faire que de « puisqu'il faut faire... ».
■
Enfin, tant a une valeur temporelle dans tant que... (v. 1180) « aussi longtemps que », rémanence d'un type d'emploi de tant qui s'est restreint par rapport à l'ancien et au moyen français.
❏
Tant a produit deux diminutifs exprimant l'idée d'une « petite quantité ».
■
TANTET n. m. (v. 1213) a vieilli, même dans la locution un tantet (v. 1350) équivalant à « un peu » et aujourd'hui régionale.
■
TANTINET n. m. (v. 1450, ung tantinot) s'est mieux maintenu, notamment dans la locution un tantinet (1485), employée plaisamment (l'ancienne langue avait d'autres diminutifs : tantin, tantelet, sortis d'usage).
■
De tant est aussi dérivé TANTIÈME adj. et n. m. (1562, tantiesme ; une première fois au XVe s.), qui a vieilli comme adjectif au sens de « qui représente une fraction non précisée d'une grandeur » mais a développé comme nom la spécialisation de « pourcentage d'un tout » (1824).
❏ voir
TANTÔT, AUTANT, POURTANT.
TANTALE n. m. est emprunté (1623) au latin Tantalus, lui-même pris au grec Tantalos, nom dans la mythologie grecque d'un fils de Zeus. La mythologie fournit plusieurs variantes de son aventure : il aurait été puni pour avoir dévoilé aux humains les secrets de l'Olympe ou pour avoir dérobé le nectar et l'ambroisie ; il fut placé sous un rocher toujours sur le point de tomber et de l'écraser ou plongé dans l'eau jusqu'au cou sans pouvoir étancher sa soif.
❏
Par allusion à ces châtiments, le mot a désigné (
XVIIe s.) une personne qui a des désirs irréalisables et au
XVIIIe s. (av. 1750) un avare fortuné qui se prive de tout. Ces emplois ont disparu, mais on emploie toujours
supplice de Tantale (1842).
Par ailleurs tantale reprend le latin zoologique pour désigner (1754) un oiseau échassier d'Amérique centrale et un ibis d'Afrique.
Enfin, tantale est en chimie (1802) l'emprunt du nom donné en 1802 par Ekeberg à un élément (métal) parce qu'on ne peut le dissoudre dans aucun acide.
❏
De ce dernier emploi viennent en chimie
TANTALIDE n. m. (1805) et
TANTALIQUE adj. (1832).
◈
Le premier usage du mot avait fourni
TANTALISER v. tr. (fin
XVIIIe s., Mirabeau), littéraire et rare.
TANTE n. f. est l'altération (v. 1160 ; v. 1200 selon T. L. F.), d'après une forme enfantine supposée (voir ci-dessous tata), de l'ancien français ante (v. 1160, mais antérieur ; voir ci-dessous antine), encore attesté au XVIe s. dans le composé belante (1512, belle ante), qui a laissé des traces en Suisse romande et en poitevin, et que l'on retrouve dans l'anglais aunt. Ante remonte par évolution phonétique au latin classique amita « sœur du père, tante paternelle » et se rapproche, avec une consonne intérieure, de amma « maman » ; ce mot familier et enfantin, non attesté directement, est postulé d'après les représentants romans et les gloses d'Isidore de Séville.
❏
Tante, comme terme de parenté, désignant la sœur du père ou de la mère, entre dans grand-tante (ci-dessous) et tante à la mode de Bretagne « cousine de l'un des parents ». Le mot, en français d'Afrique, s'applique surtout à la sœur du père (les langues africaines ont deux mots différents pour le côté paternel et maternel). Tante se dit aussi de la femme d'un oncle (comme en français d'Europe) et grand-tante pour la femme d'un grand-oncle. Un emploi extensif courant est « parente, amie proche de la même génération que le père ». Au XIXe s. se sont développés ses sens figurés et familiers : ma tante (1823) désigne le mont-de-piété, le prêteur sur gages, par allusion ironique à ceux qui déguisent l'origine d'un emprunt en prétextant recourir à leur famille ; oncle est attesté au XVIIe s. en ce sens (1642) en Belgique.
◆
Par métaphore, tante désigne aussi, avec une connotation insultante, un homosexuel passif (1834, Raspail) : on parlait alors de mômes, cousines et tantes selon les âges. Cet emploi est dans Balzac, où un personnage explique ce mot d'argot (« c'est le troisième sexe, milord », Splendeurs et Misères des courtisanes).
❏
Le terme de parenté a produit les appellations enfantines
TANTINE n. f. (fin
XIXe s. : 1898 A. Daudet), qui reprend l'ancien français
antine (1133) dérivé de
ante (voir l'étym. ci-dessus).
Tantine et
TANTIE n. f. s'emploient, en français d'Afrique, de Madagascar, pour tous les sens du mot
tante.
◆
TATA n. f. (1782) est en concurrence avec
tatan (1793 ; encore chez Stendhal,
Correspondance, 1800).
Tata a comporté en outre des acceptions péjoratives de « femme qui se mêle de tout », « femme d'âge mûr corpulente ».
◆
Il s'emploie familièrement par substitution pour
tante en parlant d'un homosexuel (1881), mais représente alors l'initiale redoublée de
tapette*.
◆
Ce sens de
tante a lui-même donné lieu à
TANTOUZE ou
TANTOUSE n. f. (1899), mot aux connotations injurieuses.
◈
Le composé
GRAND-TANTE n. f. (1538), analogue à
grand-père, grand-mère, désigne la mère d'une tante ou d'un oncle ou la sœur d'un grand-père, d'une grand-mère.
TANTÔT adv. et n. est formé (v. 1155, tantost, in F. e. w. ; v. 1130, selon G. L. L. F. ; 1119 écrit tant tost dans tant tost cum), de tant* et de tôt*, qui ne sont plus analysés dans le composé.
❏
Le mot signifie d'abord « aussitôt », encore au
XVIe s. et aujourd'hui dans des usages régionaux. Il a pris par extension le sens de « prochainement, dans un avenir proche », usuel jusqu'au
XVIIe s. en français de France, et d'« il y a peu de temps » (
XIIe s.), sens restés courants en Belgique, au Québec
(j'irai tantôt, j'y suis allé tantôt). À tantôt « à bientôt, à tout à l'heure ».
◆
L'usage classique de France l'emploie pour « dans la même journée » (1580) et spécialement « dans l'après-midi » (1636), emploi connoté ensuite comme régional (surtout dans l'ouest et le sud-ouest de la France, aussi de la Champagne à la vallée du Rhône) ou comme populaire.
◆
Il est répété dans
tantôt... tantôt (1507,
tantost) « à tel moment... à un autre moment ».
■
L'emploi substantivé de tantôt (1872, dans la locution sur le tantôt) est propre à un usage familier ou régional.