2 TAQUET n. m. est construit (1611) sur le radical onomatopéique takk- exprimant un bruit sec (→ tac). Le mot a pu se confondre dans certains cas avec 1 taquet.
❏
D'abord au sens disparu de « claquet de moulin », taquet désignait en fauconnerie (1622) la planche sur laquelle on frappe pour rappeler l'oiseau et s'est employé dans nourrir au taquet (1622) « élever (un oiseau de proie) en liberté ».
?
TAQUIN, INE adj. et n., mot à l'histoire complexe, serait emprunté, sous une forme ancienne taquehan, taquehein (1244, dans le nord de la France), à un mot du moyen néerlandais non attesté (°takehan) qui a pu être composé du verbe taken « saisir, prendre » (correspondant à l'anglais to take) et d'une forme Han équivalant au français Jean, le moyen néerlandais an étant une forme réduite de Johannes. La combinaison serait une sorte d'exclamation incitative « Saisis, Jean ! ». Mais l'apparition de tacain dans le sud de la France pourrait suggérer une autre origine pour la forme moderne.
❏
Le mot, d'abord relevé dans des textes de la France septentrionale comme nom, sous les formes taquehan, taquehein (Douai), taskehan (1281, Douai) puis caquehan à Paris (1330), désigne alors une conspiration, une émeute, surtout de la part des ouvriers contre leurs maîtres ou contre l'autorité communale. En moyen français, répandu dans toute la France, le mot, dont le h a progressivement cessé de se prononcer, s'est modifié par contraction en tacain (1411, Tarn), puis taquin (1442) tandis qu'il est passé d'un sens collectif à un sens individuel à valeur insultante : « bandit » (1411). Par affaiblissement, il en est venu à désigner un homme emporté, violent (1442), un filou, un traître (v. 1600, D'Aubigné) ainsi qu'un avare, aussi comme adjectif (1538), seuls sens observés avant le XVIIe s., le dernier correspondant à la valeur du verbe taquiner.
◆
Par affaiblissement, taquin s'est appliqué à un querelleur, une personne obstinée comme nom et comme adjectif (1762), sens devenu archaïque. La valeur aujourd'hui courante, « qui prend un vif plaisir à agacer, à impatienter », n'est attestée qu'à la fin du XVIIIe s. (av. 1799, Marmontel) comme nom et comme adjectif (1855 dans George Sand), fréquemment appliquée aux enfants. Il correspond à l'évolution du verbe taquiner « chicaner pour des vétilles » (voir ci-dessous) et on peut le considérer comme son dérivé.
❏
Les dérivés, qui correspondent à la forme moderne apparue au
XVe s., ont connu une évolution sémantique analogue. En moyen français
TAQUINADE n. f. (1455) est un terme de jeux équivalant à « escroquerie »,
TAQUINEMENT adv., apparu au
XVIe s. (1559, Amyot), est demeuré très rare.
■
TAQUINERIE n. f. (1553) a d'abord désigné une avarice sordide (sens encore répertorié par l'Académie en 1798) et une trahison (fin XVIe s.), puis le caractère d'une personne querelleuse (1762), avant de prendre la valeur moderne de « caractère de ce qui s'amuse à harceler légèrement » (1835) et par métonymie « action par laquelle on taquine qqn » (une, des taquineries).
■
TAQUINER v. a commencé par s'employer intransitivement (1660) pour « être avare, lésiner ». Puis il s'utilise aussi comme transitif pour « chicaner, ennuyer pour des vétilles » (1785), aujourd'hui « s'amuser à contrarier qqn » (1798), dans la construction pronominale se taquiner (1823) et se taquiner de « se fâcher de... », chez Balzac.
◆
De nos jours, par extension du sens de « contrarier » apparu à la fin du XVIIIe s. avant le sens correspondant de taquin, il signifie « harceler légèrement » et, en parlant d'une incommodité physique comme la toux, « inquiéter légèrement » (1864). Il entre dans la locution plaisante et désuète taquiner la muse (1907, Larousse) « faire des vers ».
■
TAQUINAGE n. m. (1838 dans Balzac), « action de taquiner », en a été tiré avec les sens modernes correspondants. Il est rare.
TARA n. m., attesté en 1881 chez Pierre Loti, est un emprunt à une langue africaine, et s'emploie en français d'Afrique pour un lit bas fait d'un assemblage de fibres végétales. On écrit aussi târa.
TARAB ou TARAAB n. m., emprunt à l'arabe, désigne un style de musique populaire des villes de l'Afrique de l'Est, dont la partie vocale est accompagnée par des instruments indiens et africains.
?
TARABISCOTER v. tr. semble dérivé (1866, selon Dauzat ; puis 1893) de l'adjectif tarabiscoté, ée (1848, Gautier, boiseries tarabiscotées), tiré de TARABISCOT n. m. (1808). Ce mot de menuiserie désignait une petite cavité entre deux moulures et, par métonymie, reste le nom du rabot utilisé pour creuser cette cavité. Il est d'origine incertaine : on a invoqué un croisement entre taraud* et arabesque* (Dauzat) ou bien (P. Guiraud) un croisement entre tarer « percer », d'un radical onomatopéique tar- (→ tarabuster, tarare), et un verbe hypothétique °biscoter, dérivé du provençal bisco « biseau ».
❏
Alors que tarabiscot est limité à un usage purement technique, tarabiscoté et tarabiscoter sont passés dans la langue courante. L'adjectif a une valeur expressive, non technique, et le verbe a pris (1860) le sens abstrait de « raffiner précieusement », à connotation péjorative.
❏
Il a fourni TARABISCOTAGE n. m. (1894).
TARABUSTER v. tr., attesté à partir du milieu du XVIe s., doit exister dès le XIVe s. comme le montrent ses dérivés tarrabustis « désordre, querelle » (av. 1370) et tarrabus « bruit, querelle » (XVe s.). C'est un mot populaire résultant du croisement de deux radicaux onomatopéiques : tar-, que l'on a dans 1 et 2 tarare*, et tabb-, dans le moyen français tabust « bruit » (1457 ; 1400, tabut) et son dérivé tabuster « battre, frapper » (1410) → tabasser. On peut le rattacher au provençal tarabustar ou talabustar, issu du croisement de tabustar « faire du bruit » (XIVe-XVe s.), dérivé de tabust (XIIIe s.), et rabasta « querelle, bruit » (→ rabâcher, peut-être tarabiscoter).
❏
Tarabuster a d'abord été employé intransitivement avec l'idée de « faire du bruit ». Il a très vite un emploi transitif au sens d'« importuner qqn » (XVIe s., probablement ; attesté en 1611), mais il a perdu la possibilité qu'il avait au XVIIe s. (Molière) de se construire avec un complément abstrait (l'attention, l'esprit).
❏ voir
TABASSER.
TARAMA n. m. ou f. est l'emprunt (attesté v. 1970 ; certainement antérieur) du grec moderne taramás « œufs de poisson salés ».
❏
Le mot désigne une spécialité culinaire grecque, une pâte onctueuse à base d'œufs de cabillaud pilés avec de l'huile et de la mie de pain ou de la chair de pomme de terre.
1 TARARE interj. est une formation onomatopéique (1616, tarare pompon), sur un radical tar-, probablement d'abord apparue dans un refrain de chanson.
❏
Cette interjection marquant le dédain, encore employée à la fin du XVIIIe s. (Beaumarchais), a disparu, remplacée par une formation de même type, taratata.
❏
TARATATA interj. (1861 dans H. Monnier ; « bruit de clairon », 1860) reprend
tariatare, attesté dès la fin du
XVe s. (1493) puis éliminé par
tarare, et s'emploie encore. Un croisement avec
ta, ta, ta est probable.
◈
2 TARARE n. m. est probablement formé (1785) lui aussi à partir du radical expressif
tar- pour désigner, à cause de son bruit, un appareil servant à nettoyer le blé en grains. P. Guiraud propose cependant d'y voir une variante de
tarière*, le nom de l'appareil venant alors d'une de ses particularités techniques.
■
Le dérivé TARARER v. tr. (1876) est un terme technique vieilli.
❏ voir
TARABUSTER, TARIN.
TARASQUE n. f. est emprunté (1655 ; écrit la Tharasque, 1614) au provençal tarasca (1369), nom d'une bête chimérique invoquée pour faire peur aux enfants dans quelques villes du Midi, d'abord Tarascon, et dont on promenait la représentation en procession. Le mot est dérivé du nom de cette ville, dont les plus anciennes attestations sont Tarascou (IIe s.) et Tarascone (IVe s.) et qui remonte soit à un préindoeuropéen tar- « pierre, rocher » avec un double suffixe -asc et -onem, soit au nom des Tarusques qui fondèrent cette ville, apparenté à celui des Étrusques.
❏
Le mot est passé en français avec le sens du provençal. Il sert à désigner une sorte de monstre sculpté, de gargouille (1832) et se dit quelquefois, au figuré, d'un danger plus ou moins fictif.
TARAUD n. m., réfection (1676) de tarault (1538 ; 1595, écrit taraut), est une altération par substitution de suffixe de °tareau, variante de tarel (1216), tarele (1260), forme dissimilée de tarere (→ tarière), encore en usage en Picardie.
❏
Taraud désigne un outil de métal formé d'une mèche dont le pas est interrompu par des rainures longitudinales. Il est beaucoup plus rare que son dérivé verbal tarauder.
❏
TARAUDER v. tr. (1676), qui apparaît au sens technique de « creuser en spirale (du bois) pour y pratiquer un pas de vis », a développé des sens figurés : « donner des coups » (1725), aujourd'hui vieilli, et « tourmenter » (1881) d'abord familier.
■
En sont dérivés TARAUDAGE n. m. (1842) et TARAUDEUR, EUSE adj. et n. (1787, n. m.) « ouvrier qui taille des filets en creux », dont le féminin taraudeuse sert spécialement à désigner une machine-outil (1877), et employé comme adjectif (déb. XXe s.) avec le sens figuré de « qui transperce, tourmente » (XXe s.).
◆
TARAUDANT, ANTE adj., tiré du participe présent, ne semble pas attesté avant le XXe siècle.
L
TARAVELLE n. f., attesté en moyen français (v. 1450) au sens de « tarière », puis à partir de 1600, est issu, par l'occitan taravella (v. 1400) et des formes dialectales, du latin populaire °terebella féminisation du latin tardif terebellum, diminutif de terebra « tarière » (→ térébrant). Ce mot technique et régional désigne un plantoir pour la vigne, en forme d'étrier, qui s'employait dans le Bordelais et en Charentes. En Provence, c'est le nom de la pièce de bois permettant de manœuvrer un treuil.
TARBOUCHE ou TARBOUCH n. m. est un emprunt (1836), d'abord sous la forme tarpos (1673, Galland, alors pris au turc) et tarpous, à l'arabe tarbuš, lui-même pris au turc tarpos.
❏
Le mot désigne un bonnet tronconique en drap rouge entouré d'un tissu clair, orné d'un gland de soie, voisin du fez.
L
TARD adv. (v. 1360), auparavant tart (v. 1050), est issu du latin tarde adv. « lentement » et « tardivement », de tardus « lent », adjectif sans étymologie connue, mais dont la structure rappelle celle du grec bradus « lent » et « tardif ».
❏
La valeur dominante de l'adverbe est d'abord (1080) « à la fin d'une période, d'une partie déterminée du temps », spécialement « à la fin de la journée » (v. 1155,
tart), par la suite « à une heure avancée de la matinée » (1636) ; d'où la construction ancienne
a tard (v. 1200 ; 1135,
a tart) « en retard » et la locution
il (est) se fait tard (1636), toujours en usage.
■
À partir du XIVe s. (v. 1360), tard développe un autre sens, « après le moment habituel, après un temps considéré comme long », réalisé notamment dans quelques locutions : tôt ou tard (1530 ; mil. XIIe s., u tost u tart [ou tôt ou tard]), trop tard, au plus tard (1636 ; 1538, pour le plus tard), plus tard (v. 1658), pas plus tard que... (1717).
◆
La locution sur le tard (1376), autrefois « à une heure avancée de la journée », a de nos jours le sens de « dans l'âge mûr » (1559).
❏
Le mot a servi à former le diminutif
TARDILLON n. m. (1842), appliqué anciennement à un animal né tardivement et encore employé régionalement pour désigner un enfant né longtemps après ses frères et sœurs (attesté 1907).
◈
De
tard, employé dans l'ancienne locution
à tart (
XIIe s.), est issu le composé
ATTARDER v. tr. (
XVe s.) ; celui-ci est surtout employé à la forme pronominale, devenue usuelle, son emploi transitif subissant la concurrence de
retarder*.
■
Attarder n'a pas de dérivés vivants sinon son participe passé adjectivé ATTARDÉ, ÉE.
◆
Le substantif d'action ATTARDEMENT n. m. (1324), repris au sens de « fait de s'attarder » (1895, Daudet), est quasiment inusité.
◈
TARDER v. est emprunté (1119,
intrans.) au latin
tardare « ralentir, faire prendre du retard »
(tr.) et « être en retard »
(intr.), dérivé de
tardus. Tarder a concurrencé et supplanté la forme populaire
targer (1080) ou
targier (v. 1155), courante en ancien français et encore relevée au
XVIIe s., et qui était issue du latin populaire
°tardicare, altération de
tardare. L'ancien provençal
tarzar (
XIIIe s.) ainsi que des formes dialectales (Dauphiné) remontent à une autre forme populaire
°tardiare.
◆
Tarder, avec le sens transitif de « retarder, différer » (v. 1155), encore vivant au
XVIIe s., a décliné au profit de
retarder*, de même le sens « être lent à venir » (v. 1175) a été concurrencé par
s'attarder*. L'usage actuel l'emploie intransitivement avec un nom de personnes pour sujet, au sens d'« être lent à, mettre longtemps avant de commencer » (v. 1175,
soi tarder de), et spécialement dans la construction
sans (plus) tarder (1545).
◆
Son emploi avec un nom de choses pour sujet (fin
XIIe s.) au sens d'« être attendu impatiemment » a vieilli, sauf dans la locution impersonnelle
il (me) tarde de (1549 ; v. 1175,
...que), employée par la langue classique avec un
ne explétif.
■
Aucun des anciens dérivés du mot, TARDANCE n. f., TARDERIE n. f., TARDATION n. f., ne s'est maintenu, le nom correspondant à tarder étant retard, déverbal de retarder*.
◈
TARDIF, IVE adj. est issu (v. 1120) du latin populaire
°tardivus, attesté par l'italien
tardivo, le catalan
tardiv, l'espagnol
tardío, et dérivé du latin classique
tardus « lent, qui tarde », au figuré « lent d'esprit, lourd ».
■
Tardif a longtemps conservé les sens du latin, au propre (notamment construit avec à, XIIIe s.) et au figuré (1380 ; v. 1541, en parlant de l'esprit) ; ces emplois sont encore vivants dans l'usage classique au XVIIe siècle.
◆
L'usage moderne emploie tardif pour qualifier une chose qui apparaît à la fin d'une époque (1560) et, par opposition à précoce, un végétal, un animal qui se forme plus lentement que la moyenne (1538).
■
En sont issus TARDIVEMENT adv. (v. 1320), forme moderne qui remplace tardiement (v. 1200), et TARDIVETÉ n. f. (v. 1200, « lenteur d'esprit ») ou TARDIVITÉ n. f. (1440-1475), anciennement tardiveteit (v. 1190), mot rare encore usité comme terme de jardinage.
◈
TARDIGRADE adj. et n. est un emprunt (1615) au latin
tardigradus, « qui marche lentement ».
◆
Le mot, en zoologie, s'est appliqué à des arachnidés (1764, Ch. Bonnet), puis à des mammifères édentés (1795, Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier).
❏ voir
OUTARDE, VENIR (tard venu).
TARE n. f. est emprunté (1311), par l'intermédiaire de l'ancien provençal tara (seulement attesté en 1375) ou de l'italien, à l'arabe tarḥa « poids des emballages », substantif verbal de ṭaraḥa « enlever, ôter ». Le mot qui appartient au même domaine que magasin, autre emprunt commercial à l'arabe par le provençal, est passé en catalan, en espagnol et en portugais sous la forme tara (XVe s.), ainsi qu'en italien (XVe s., tara).
❏
Tare a dû désigner initialement un contenant qui, une fois pesé, permettait de connaître le poids de la marchandise contenue, d'où l'acception la plus ancienne en commerce de « déchet dans le poids ou la qualité d'une marchandise ».
◆
Par extension le mot a, d'une part, le sens général de « défectuosité » (v. 1460), d'où l'acception figurée « défaut, vice, dommage » attestée dès le XVe s., et d'autre part, à partir du XVIIIe s., le sens spécialisé en commerce et en métrologie de « poids de l'emballage ou du récipient d'une marchandise (qu'il faut déduire pour obtenir le poids net) » (1723).
◆
Le sens figuré de « défaut » a entraîné dès le moyen français l'acception « défectuosité physique plus ou moins grave » (1403) et son extension courante et familière.
❏
De
tare est tiré l'adjectif
TARÉ, ÉE (v. 1500, selon Bloch et Wartburg ; puis 1534, dans Rabelais), qualifiant d'abord une chose altérée par un défaut (
fruit taré ; 1611, à propos d'un objet plein de trous, mangé par les vers) et, au figuré, une personne affectée de défauts, de vices (1559).
◆
L'emploi moderne et familier (v. 1950), qui réactualise ce sens, s'est développé de manière difficilement explicable ; il peut venir d'une nouvelle dérivation en
-é à partir de
tare « grave défaut (psychique) ».
■
Le dénominatif TARER v. tr., d'abord attesté (1623) au sens figuré de « corrompre, altérer », s'emploie aussi comme terme de commerce (1723) ; il est rare au sens propre d'« atténuer, corrompre » (1798).
◆
On en a tiré TARAGE n. m. (1845), mot technique désignant l'opération consistant à peser un emballage ou un récipient avant de le remplir pour en déduire le poids.
❏ voir
TAROT.
TARENTULE n. f. est emprunté une première fois au XIIIe s. (v. 1298, Livre de Marco Polo, écrit tarantule) puis au XVIe s. (1568), également sous les formes tarentole (1532 ; encore en 1740, dans le dictionnaire de l'Académie) et tarentelle (1553). Il est pris à l'italien tarantola, dérivé de Taranto « Tarente », nom d'une ville des Pouilles en Italie du Sud, parce que cette grosse araignée y est commune. Tarentule a évincé la forme antérieure tarente (v. 1130), propre à l'ancien et au moyen français, qui désignait en outre une musique du sud de l'Italie (1378) ; voir ci-dessous tarentelle.
❏
La piqûre de l'araignée passant pour causer des troubles nerveux, le mot est entré dans les locutions être mordu de la tarentule (av. 1778, Voltaire), être piqué de la tarentule (1788) « être excité ».
❏
Ce trouble nerveux a reçu le nom de
TARENTISME n. m. (1741), mot formé sur
Tarente, qui a pour équivalent
TARENTULISME n. m. (1845), dérivé de
tarentule.
◈
TARENTELLE n. f., nom d'une danse très rapide du sud de l'Italie, est l'emprunt (1787) de l'italien
tarentella, autre nom de la tarentule, qui a servi à désigner la danse, peut-être comparée à l'agitation provoquée par le tarentisme ou autre dérivation de
Taranto. Par métonymie,
tarentelle sert à désigner (1842) l'air sur lequel on exécute la danse, sens attesté anciennement pour
tarente (ci-dessus).
G
TARGE n. f. représente (1080, La Chanson de Roland) un francique °targa, que postulent l'ancien haut allemand zarga (allemand Zarge), l'ancien anglais targe (anglais target) et l'ancien scandinave targa, désignant une sorte de bouclier. Le mot est également passé en ancien provençal sous la forme targa, emprunté par l'italien targa dont la forme a influencé la graphie targue en moyen français (1530) [→ (se) targuer].
❏
Le mot désigne un bouclier carré en usage au moyen âge. Par extension, il se disait en ancien français du cuir recouvrant le bouclier (v. 1175).
◆
En moyen français, il désigne une monnaie des ducs de Bourgogne portant au revers l'image d'un bouclier (1451) et un ornement en forme de targe (1536).
◆
De là, en horticulture, l'acception d'« ornement de parterre en forme de croissant fait de traits de buis » (1636). Le mot est archaïque et, dans son sens premier, historique.
❏
Son diminutif
TARGETTE n. f. est plus usuel, non pas au sens d'« ornement » (1301,
n. m., d'après Bloch et Wartburg) ou de « petit bouclier » (1304), sortis d'usage, mais avec le sens pris par analogie de forme, « petit verrou » (1550), aujourd'hui complètement démotivé.
◆
Le pluriel est employé en argot pour « chaussures, bottines » (1918), peut-être d'après le sens technique de « morceau de cuir
(targe) couvrant la main » (1723).
■
De targe est aussi dérivé TARGEUR n. m. (1812), nom régional d'un poisson osseux et plat d'après la forme de son dos.
❏ voir
(SE) TARGUER.
TARGUER (SE) v. pron. est la modification (v. 1440) de l'ancien français soi targer (v. 1210), dérivé de targe* avec le sens de « se protéger, se couvrir d'un bouclier ».
❏
L'évolution sémantique a été la suivante : à partir du sens propre « se couvrir d'une targe » (v. 1210, sous la forme
targer) puis « se couvrir d'un objet quelconque » (
XIVe s.), le verbe a développé les sens figurés de « se mettre sous le couvert de qqn, de son autorité » (v. 1360) et par extension, à l'époque où l'on passe de
targer à
targuer, de « s'armer (contre la médisance, les coups du sort) » (v. 1560), « s'excuser en avançant une raison » (1631).
■
Le sens moderne (1603) qui correspond à « se prévaloir, tirer avantage avec ostentation » est une spécialisation probablement empruntée, par l'intermédiaire d'auteurs comme d'Aubigné, à l'ancien provençal (se) targa, qui avait pris la valeur de « faire parade », « se donner de l'importance ». Ce verbe appartient à l'usage littéraire ou soutenu.
TARGUI, IE n. et adj. sing. est un emprunt (1857, Fromentin) à l'arabe maghrébin Targi, lui-même emprunté au berbère.
❏
Le mot désigne une personne appartenant aux populations nomades du Sahara, de langue berbère. Il est d'usage didactique, à la différence du pluriel.
❏
TOUAREG n. m. pl. (attesté 1864) est d'emploi courant, y compris abusivement au singulier pour targui ; c'est un emprunt au pluriel Tawarig, d'abord adapté en Touariks (1839), alors glosé « nègres de Barbarie ». Le touareg n. m. désigne par ailleurs (1873, Renan) l'ensemble des parlers berbères des Touareg, nommé aussi TAMAHEK n. m. et adj. (1907) ou TAMACHEK (1876), d'un mot targui, dont l'usage était réservé aux linguistes avant d'être relativement diffusé en France par les berbérophones d'Algérie. On écrit aussi tamashek (transcription à l'anglaise), tamacheq.
TARICHEUTE n. m., hellénisme littéraire (1858, Th. Gautier), est un emprunt au grec tharikheutês, de tarikhos « corps embaumé » et aussi « viande conservée, salée ». Le nom s'applique à l'embaumeur, dans l'ancienne Égypte.
L
TARIÈRE n. f. représente une réfection (1212) de tariedre, attesté dans les gloses juives (déb. XIe s.), lui-même variante de taredre, tarrere ; ces formes sont issues par évolution phonétique du bas latin taratrum « foret, vrille », relevé chez Isidore de Séville (VIIe s.) et d'origine gauloise (Cf. le correspondant irlandais tarathar). Taratrum est par ailleurs passé en portugais (trado), en espagnol (taladro), en ancien provençal (taraire), à côté des formes moins nombreuses issues d'un latin tardif terebellum, comme l'italien trivello, l'ancien provençal taravel. Terebellum est l'altération du latin classique terebra « foret, vrille ».
◆
Le passage de tar(r)ere à tarière peut être dû à l'influence de l'ancien verbe tarier (XIIe s.) « provoquer, exciter », issu de l'élément onomatopéique tar- (→ tarabuster). P. Guiraud fait dériver cette famille (aussi tarot*) d'un dialectal tarer « percer », issu d'un gaulois °tarare, de même sens. Le changement de genre est enregistré à partir du XIVe s., mais le mot est encore masculin dans la plupart des parlers gallo-romans. Une variante de tarière a par ailleurs donné, par changement de suffixe, le mot tarault (→ taraud).
❏
Tarière désigne d'abord une grande vrille utilisée pour percer des trous dans le bois, puis l'instrument servant à faire des forages dans le sol (1752).
◆
Par analogie de forme et de fonction, le mot désigne le prolongement de l'abdomen des femelles de certains insectes servant à creuser des trous pour leurs œufs (1817, Cuvier).