TARIF n. m. est la réfection, d'après les noms masculins en -if (1641), de l'ancienne forme féminine tariffe (1572, d'après Bloch et Wartburg), tarife (1604) elle-même empruntée, par l'intermédiaire de l'italien tariffa (XVIe s.), à l'arabe ta῾rīfa « notification », lors du commerce avec le Levant. Le mot arabe est passé aussi en catalan (XVIe s.), en espagnol et en portugais (XVIIe s.) sous la forme tarifa.
❏  Le mot désigne le tableau indicateur des prix de marchandises, des travaux à exécuter, des frais et droits à acquitter (par ex. dans tarif des douanes). Il a en particulier le sens de « prix (d'une marchandise ou d'un travail déterminé) ». Le mot s'applique notamment aux transports en commun (1844 à propos des chemins de fer). ◆  Par figure, il a développé dès le XVIIe s. le sens familier d'« évaluation » (1605), notamment à propos des peines et punitions, par exemple dans une armée (mil. XVIIIe s.).
❏  Il a produit le dénominatif TARIFER v. tr. (1723), fréquent au participe passé adjectivé TARIFÉ, ÉE et dont est tiré le nom d'action TARIFICATION n. f. (1832).
■  Il a servi à former TARIFAIRE adj. (1919) qui qualifie ce qui est relatif à un tarif.
? 1 TARIN n. m. (v. 1350), aussi écrit tairin au XIVe s. (v. 1330), est d'origine incertaine, peut-être formé d'après le radical onomatopéique tar- évoquant un bruit (→ tarabuster, 1 tarare). P. Guiraud, partant des caractéristiques de l'oiseau, vif et bruyant, rattache le mot à l'ancien français tarier v. tr. « provoquer, exciter » (XIIe s.), lui-même formé sur tar-.
❏  Le mot désigne un petit passereau d'Europe.
2 TARIN n. m., d'abord argotique (1904) puis familier pour « nez », reste d'origine inconnue ; l'hypothèse d'un rapport avec le nom de l'oiseau, à cause de la forme du bec, est peu convaincante, 1 tarin étant un mot rare. D'abord argotique, le mot n'est plus que familier.
❏  TARBOUIF n. m. (1945) est une resuffixation probable de tarin, mais on ne voit pas le rapport avec bouif « cordonnier ». Il a vieilli.
TARIR v. est emprunté (v. 1175) au francique °þarrjan « sécher », postulé par l'ancien haut allemand tharrjan de même sens et qui a donné aussi l'ancien provençal tarir.
❏  Le verbe est d'abord employé intransitivement au sens de « cesser de couler », à propos d'un cours d'eau. Dès le XIIIe s., l'expression figurée la douleur tarit signifie « s'arrête, cesse ». Le premier emploi transitif dans tarir un mal (XIVe s.) réalise lui aussi la valeur figurée de « faire cesser ». ◆  Toutefois, la construction intransitive ne se répand qu'au XVIe s., au sens propre (la rivière, la source a tari), parallèlement à celui du pronominal se tarir (v. 1559). ◆  La langue classique impose l'usage de tarir à propos des larmes, relevé en 1571, puis en emploi transitif, au propre et au figuré pour « faire cesser la douleur » (1645). ◆  Puis le mot est attesté pour « épuiser » (1694) et se tarir pour « s'épuiser » (1690) ; la locution ne pas tarir sur qqch. est enregistrée par l'Académie en 1694, ne pas tarir de (avec éloge, etc.) étant très postérieure (1890, Zola). ◆  Le XXe siècle a vu apparaître un emploi spécialisé du sens concret, transitif, en zootechnique pour « faire cesser les sécrétions laitières d'une femelle de mammifère ».
❏  TARISSABLE adj., d'abord terrissable (v. 1536) puis sous la forme actuelle (1718), est resté rare, à la différence de son antonyme préfixé INTARISSABLE adj. (XVIe s.), de sens propre et surtout figuré en parlant des paroles et d'une personne qui s'exprime (être intarissable sur...). ◆  INTARISSABLEMENT adv., dérivé (1834) de tarissable, est littéraire.
■  TARISSEMENT n. m. (1585) a développé au XIXe s. son sens figuré (v. 1850) et au XXe s. un emploi spécialisé en zootechnie correspondant à celui du verbe.
■  Les deux participes ont été adjectivés, TARI, IE (1694) puis TARISSANT, ANTE (v. 1770), ce dernier rare au propre comme au figuré (1842).
? TARLATANE n. f., d'abord sous la forme tarmadane (1701) et tarmatane (1699), formes probablement influencées par le nom de l'île de Ternate, aux Moluques, tarlatane (1752) étant emprunté au portugais tarlatana. Ce dernier paraît être une modification de tiritana, emprunt au français tiretaine. Pierre Guiraud prefère y voir un mot de la famille du latin tarmes « ver », par tarelé « perforé », de tarle « ver ».
❏  Le mot, devenu rare aujourd'hui, désigne une étoffe très légère de coton ou de lin, peu serrée, très apprêtée (elle servait notamment pour les jupes de danseuses). Le mot survit (XXe s.) à propos de la gaze amidonnée employée en chirurgie pour des bandages, des pansements.
TARMAC, TARMACADAM → MACADAM
TARO n. m., emprunt (1788) à une langue tahitienne, désigne une plante tropicale (Colocasia : colocase) cultivée pour son tubercule alimentaire et surtout dénomme ce tubercule. Le mot est usuel en français des zones tropicales, Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Afrique subsaharienne (où la feuille, elle aussi comestible, est appelée oreille d'éléphant).
TAROT n. m. est emprunté au XVIe s., écrit tarau (1534, Rabelais) et resuffixé au début du XVIIe s. (1604), à l'italien tarocco, généralement employé au pluriel tarrochi. Le mot est d'origine obscure : il est probablement dérivé de tara « déduction », correspondant de même origine arabe que le français tare*, parce que dans ce jeu le joueur doit, dans certaines circonstances, mettre de côté une carte.
❏  Surtout employé au pluriel, tarots désigne des cartes plus longues que les cartes à jouer, portant des figures différentes (arcanes majeurs et mineurs, honneurs ou figures) et servant à la divination (cartomancie). Tarot désigne aussi (1604) l'usage de ces cartes, leur symbolique. L'un des jeux les plus connus en France se nomme tarot de Marseille.
❏  Il a produit TAROTÉ, ÉE adj. (1642) qui qualifie toute carte dont le dos est orné de compartiments en grisaille comme celui des tarots.
■  Celui qui fabrique les tarots a reçu le nom de TAROTIER n. m. (1594), aujourd'hui surtout vivant pour l'ouvrier qui conduit la machine à imprimer le dos des cartes à jouer.
TARPAN n. m. est un emprunt en histoire naturelle (1776 dans Buffon), au kirghize tarpan, nom des chevaux revenus à l'état sauvage, dans les steppes d'Asie occidentale.
? TARPON n. m. est un emprunt (avant 1907) à l'anglais tarpon (1685), d'origine incertaine. Il s'applique à un grand poisson (Clupéidés) vivant dans les eaux de Floride, près de l'embouchure des rivières, recherché pour ses écailles et comme proie pour la pêche sportive.
TARSE n. m. et adj., réfection (1478) de talse (v. 1363), aussi écrit tarsen (1538), est emprunté au grec tarsos, proprement « claie ou plateau d'osier pour faire sécher (le fromage) », « lit de roseaux utilisé dans la construction » et « racines emmêlées formant un lacis ». Par analogie, le mot grec désignait diverses surfaces planes : la plante du pied, le plat de la main (tardivement), la pelle d'une rame, le plat de l'aile étendue. C'est un terme technique ancien tiré du radical du verbe tersesthai « sécher, dessécher, faire égoutter », qui a des correspondants dans le sanskrit tŕ̥ṣyati « avoir soif » et le latin torrere « sécher » (→ torréfier, torride), cette notion de « sécher » étant à l'origine de tous les emplois. Cependant, tersesthai étant sorti de l'usage courant, tarsos s'est détaché de la notion de « sec » et, désignant un objet plat, a pu servir dans divers vocabulaires techniques.
❏  Le français l'a emprunté comme terme d'anatomie en parlant d'une lame de tissu conjonctif de la paupière, emploi disparu, puis (1575, Paré) de la partie postérieure des os du pied, du talon. ◆  Par analogie, il se dit en zoologie de la partie terminale de la patte des insectes (1762) et du troisième article du pied d'un oiseau (1812). ◆  Il est adjectivé pour qualifier, en anatomie, le cartilage de la paupière (1845).
❏  Tarse a produit quelques dérivés qui appartiennent au vocabulaire de la zoologie, de l'anatomie ou de la médecine.
■  TARSIER n. m. (1765, Buffon) désigne un petit mammifère lémurien de Malaisie.
■  TARSIENS n. m. pl. signifie « sous-ordre des primates » (1792) en zoologie.
Plusieurs dérivés de tarse « os du pied » ont été formés en médecine, tels TARSIEN, IENNE adj. (1800), TARSALGIE n. f. (1872), de -algie, « douleur du tarse », TARSITE n. f. (XXe s.) et les termes de chirurgie, formés sur -ectomie et -plastie, TARSECTOMIE n. f. (1890) « section chirurgicale du tarse » et TARSOPLASTIE n. f. (v. 1950).
■  Par préfixation, ont été formés les termes d'anatomie MÉTATARSE n. m. (1586) « partie du squelette du pied formée de cinq os placés entre le tarse et les premières phalanges des orteils », d'où MÉTATARSIEN, IENNE adj. (1747) et n. m. (1845), qualifiant et désignant les cinq os du métatarse.
1 TARTAN n. m. est emprunté (1792) à l'anglais tartan (v. 1500) d'origine incertaine : il est peut-être à rapprocher du moyen anglais tartarin qui désignait primitivement un drap de Tartarie et qui est emprunté à l'ancien français tartarin de même sens, variante de tartare. Une seconde hypothèse y voit l'emprunt de l'ancien et moyen français tertaine, variante de tiretaine n. f. (1247), nom d'une étoffe grossière en laine ou en laine, coton et lin. Tiretaine est lui-même dérivé de l'ancien français tiret (v. 1138), dérivé de tire « étoffe de soie » (attesté v. 1160) remontant au bas latin tyrius « étoffe de Tyr », spécialisation et substantivation de l'adjectif ethnique tyrius « de Tyr », repris au grec Turios.
❏  Tartan a été emprunté pour désigner une étoffe de laine cardée, tissée en rayures de couleurs se croisant à angle droit, très employée en Écosse où chaque clan* se caractérisait par un tartan différent (P. N. Chantreau, Voyage dans les trois royaumes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande). ◆  Par métonymie, le mot sert à désigner un vêtement, un châle de tartan (1812) et le dessin de cette étoffe à carreaux, particulier à chaque clan (1850). ◆  Par analogie, il est employé en parlant d'une étoffe de coton dont le motif rappelle le tartan écossais (1842), alors moins courant que écossais n. m.
2 TARTAN n. m. est un emprunt, diffusé lors des Jeux olympiques de Mexico (1980) à l'anglais tartan, marque déposée, allusion à scotch « écossais » et donc à 1 tartan, par la marque étatsunienne 3M. C'est le nom d'un revêtement des pistes d'athlétisme, fait d'un agglomérat de caoutchouc et de matières plastiques.
TARTANE n. f., attesté en 1632, est un mot propre à la Méditerranée : l'italien a tartana, le provençal tartano, l'espagnol, le portugais et le catalan tartana. C'est probablement un emploi métaphorique de l'ancien provençal tartana (XIIIe s.) « buse (oiseau de proie) » (provençal moderne tartano), plusieurs noms d'oiseaux servant à désigner des bateaux (Cf. hirondelle). Tartana est probablement formé, comme le portugais tartaranhão (et d'autres noms d'oiseaux apparentés), sur le radical onomatopéique tar- que l'on trouve en français dans quelques mots (→ tarabuster, tarière, 1 tarin). Les variations de consonnes, par exemple entre tartarassa et tardarasso (Bouches-du-Rhône, Var), également constatées dans les autres langues, sont caractéristiques des formations onomatopéiques.
❏  Tartane désigne un petit navire de la Méditerranée portant un grand mât, autrefois utilisé pour le cabotage. Il désigne également un filet de pêche.
TARTARE adj. et n. m. est un emprunt, d'abord écrit tartaire (XIIIe s.) et refait en tartare (XIVe s.), au latin médiéval Tartarum, lui-même pris à l'arabe Tatar ; ce mot d'origine turco-mongole est relevé dès le IXe s. dans les annales chinoises (Thata) pour désigner des tribus de Mongols et de Turcs, puis des tribus d'Asie centrale.
❏  Le mot s'applique aux Tartares, nom des populations vivant en Asie centrale et connues d'abord en Occident par les invasions de Gengis Khân ; on employait aussi en ce sens (1756) la variante TATAR, ARE adj. et n. qui désigne aujourd'hui (n. m.) une langue turque parlée en Russie centrale. ◆  Tartare n. m. s'employait aussi en ancien français (v. 1280, tartaire) comme nom d'une étoffe en soie ; il a désigné au XVIIIe s. un valet militaire (1743), puis un courrier officiel turc (1828). ◆  Le mot s'emploie aujourd'hui en France dans sauce tartare (d'où une tartare, 1841), autrefois sauce à la tartare (1825), sorte de mayonnaise fortement assaisonnée, et couramment dans steak tartare ou tartare n. m. (XXe s.) « morceau de bœuf cru, haché et assaisonné » (appelé en Belgique filet américain), par allusion à la coutume alléguée des cavaliers tartares ou mongols de consommer de la viande crue.
TATAR, ARE adj., forme attestée au XIIIe s. au sens de « tartare », a été repris au XVIIIe s. (1765, Encyclopédie) à propos des populations mongoles et de Russie orientale. Comme nom, le tatare (1815) a désigné la langue (türk) parlée en Russie orientale.
TARTARIN n. m. est l'emploi comme nom commun du nom du célèbre personnage des récits d'Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon (1872) et leurs suites, nom choisi sans doute par allusion à la réputation des Tartares d'être de redoutables guerriers. Le mot s'est employé pour « vantard, fanfaron ». Il a suscité le dérivé TARTARINADE n. f. (1894) « fanfaronnade, vantardise ».
? + 1 TARTE n. f. (XIIIe s. : v. 1220), d'abord sous la forme tarta (1163, Picardie), souvent tartre en ancien français, est d'origine incertaine. On s'accorde souvent pour y voir une variante de tourte*, sous l'influence du latin médiéval tartarum (→ tartre), la croûte d'une tarte ayant pu être comparée au dépôt formé par le tartre ; on retrouve le latin tartarum dans l'italien tartara « tarte aux amandes » (XIIIe s.). P. Guiraud accepte le rapport de tarte à tartre, mais pense que l'analogie s'est faite sur la garniture de crème et non sur la croûte attachée : comme le tartre, « lie de vin », dont elle a la consistance, elle est déposée dans le fond du récipient (de la pâte, dans ce cas). La paronymie avec tourte* (latin torta, que Ménage pensait être l'étymon de tarte) a dû influencer ce sens.
❏  Tarte, désignant couramment au sens concret une pâtisserie sucrée (garnie de fruits, de crème, etc.), avec les syntagmes courants tarte à, aux (et nom de fruit), tarte aux pommes, tarte au citron (avec une pâte meringuée), etc. Tarte à l'alsacienne ou tarte alsacienne, aux fruits et à la crème. Tarte fine, tarte aux fruits sur une pâte feuilletée fine. Tarte tatin → tatin. En Alsace, tarte flambée, calque de flammenkueche (→ flammenkuche). Au Québec, on parle aussi de tarte au sucre. L'expression s'emploie dans le nord de la France, dans les Ardennes et en Belgique. ◆  Tarte à la crème, au sens propre, est largement attesté en français classique (il s'agissait d'une tarte aux fruits : « Y a-t-il assez de pommes en Normandie pour tarte à la crème », Molière). Le syntagme entre dans l'expression figurée tarte à la crème « argument rebattu » (attesté seulement en 1870), qui a pour origine une scène de L'École des femmes de Molière, où il s'agit de l'expression et non de la chose ; cependant, parce qu'elle a évoqué depuis le projectile de batailles burlesques, cette locution n'est plus comprise par beaucoup. ◆  Tarte a aussi le sens figuré et familier de « gifle » (1895), anciennement assumé par son dérivé TARTÉE n. f. (1590) et précédé par la locution classique (XVIIe-XVIIIe s.) tarte en pommes, désignant plaisamment un coup donné du plat de la main, avec l'idée de « faire manger » qui explique ce sémantisme.
Le mot entre dans l'expression c'est de la tarte (v. 1950), qui fonctionne comme variante sémantique de c'est du gâteau « c'est facile », surtout en emploi négatif ce n'est pas de la tarte « c'est difficile », aussi « c'est désagréable ».
❏  TARTELETTE n. f., formé sur tarte avec le suffixe diminutif -elette, est attesté depuis 1346. ◆  De la tarte à la crème, employée comme projectile dans des scènes burlesques (voir ci-dessus), vient le composé ENTARTER v. tr., créé ou répandu dans les années 1980 à l'occasion d'une plaisanterie consistant à plaquer une tarte à la crème sur le visage d'une personnalité, de préférence devant les caméras de la télévision. On emploie aussi ENTARTAGE n. m.
Tarte a aussi donné TARTINE n. f. (v. 1500), mot qui semble inusité à l'époque classique : Cotgrave donne tartinage comme synonyme de tartelage n. m., ancien dérivé collectif de tarte, mais non tartine, absent des dictionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles. Tartine réapparaît beaucoup plus tard (déb. XIXe s.) au sens de « tranche de pain recouverte d'un aliment (beurre, confiture...) », alors détaché de son étymologie. La première attestation de tartine (Molinet) est d'ailleurs métaphorique et ambiguë (« Garnis nous de fausses tartines De trahyson... »). Le mot, dans l'usage dialectal, semble désigner aussi ce qui garnit le pain (« motte de beurre », in Wartburg) et le passage de sens qui mène de tarte « pâtisserie » et « garniture de pâtisserie » (ci-dessus) à tartine est obscur. Le sens actuel, « tranche de pain garnie d'une couche de substance molle (beurre, confiture, etc.) », n'est établi qu'au début du XIXe siècle, après des attestations isolées (1596 ; 1600). ◆  Par métonymie, le mot, qui désigne une tranche de pain à tartiner, a développé le sens figuré de « long article de journal, grand discours » (1823), d'abord dans l'argot des comédiens et des journalistes, ainsi que, par analogie de forme, le sens argotique de « chaussure » (1829) (→ tatane).
■  De tartine est dérivé TARTINER v., employé intransitivement par Barbey (1839), Balzac (1845) au sens figuré d'« écrire un long article », l'emploi transitif au sens propre n'étant attesté que plus tard (1884, Verlaine, par métaphore ; déb. XXe s., concrètement). ◆  Tartiner a produit TARTINEUR, EUSE n. (1846), appliqué au XIXe s. à un journaliste. ◆  TARTINABLE adj. et son dérivé TARTINABILITÉ n. f. (v. 1980) sont des mots du commerce, pour désigner l'aptitude d'un produit à être étalé en tartines.
Le verbe péjoratif TARTOUILLER v. tr. (1851) a été formé sur tarte ou sur tartine, au sens figuré dans l'argot des peintres, avec -touiller (→ touiller) au sens de « peindre mal en pleine pâte ». ◆  Ce verbe a pour dérivés vieillis TARTOUILLADE n. f. (1851) et TARTOUILLEUR n. m. (1851).
Tarte lui-même entre dans la formation de deux composés péjoratifs : TARTEMPION n. propre et n. m. (1879 ; 1834, Tartampion, nom d'un charcutier [Enckell]), nom burlesque formé avec pion*, à rapprocher aussi de 2 tarte.
2 TARTE adj., attesté en argot en 1900, semble être une altération de tarde « mauvais, laid », emprunt à l'italien tardo « lourd ». Au XIXe s., l'argot l'emploie (1821) au bagne pour « mauvais, lamentable » et aussi pour « faux » (Vidocq, 1836 : mornifle tarte « faux monnayeur »). Dans la langue familière du XXe s., il vaut pour « laid et ridicule ». ◆  Le passage de tarde à tarte s'explique par l'influence de 1 tarte, dans des emplois péjoratifs et ridicules (tarte à la crème, etc.), et peut-être de tartre. De fait tarte, adjectif péjoratif, se prolonge par les dérivés en t, un seul conservant le d original.
❏  TARDERIE n. f. (1899) vaut, en argot, pour « laideur » et « bêtise », par métonymie « personne très laide, très bête ».
■  TARTIGNOLLE adj., de tarte adj. et suffixe plaisant -gnolle (1929), est entré dans l'usage familier pour « assez tarte, moche, ridicule », mais avec une connotation plus amusée. Il est resté en usage. ◆  TARTOUSE adj. (1917) a mieux résisté que TARTOUILLE adj. (1928) ; chacun ayant un dérivé en -ard.
TARTIFLETTE n. f. est apparu vers 1985 (selon Marc Veyrat) comme pseudo-régionalisme savoyard créé par le grand commerce, à partir de l'occitan tartifle, passé en français régional au XVIIIe s. Ce plat qui a inspiré cette préparation se nomme en Savoie pélá n. f. correspondant à « poêlée » (de pommes de terre).
❏  Le mot désigne un plat de pommes de terre au gratin de reblochon, préparé le plus souvent industriellement.
⇒ encadré : Le tzigane ou tsigane