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Technique, en français, s'est d'abord employé dans le syntagme calqué du latin (Quintilien)
grammairien technique (1684) « qui enseigne les principes de la grammaire ».
Vers techniques (1721) signifiait « vers faits pour aider la mémoire en y rappelant en peu de mots beaucoup de faits, de principes ».
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Ce n'est qu'à partir de 1750 (
Manuel lexique de l'abbé Prévost, adaptation du dictionnaire anglais de Dyche) que l'adjectif a pris son sens moderne : « qui appartient à un domaine spécialisé de la connaissance ou de l'activité ». L'adjectif dans cet emploi général a d'abord qualifié le langage et ce que l'on appellera plus tard la terminologie (ou
technologie) sous l'influence des adjectifs anglais
technic et
technical, attestés dans ce sens dès le
XVIIe siècle.
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Il s'emploie depuis le
XVIIIe s. à propos d'ouvrages, de textes, ainsi que pour qualifier ce qui, en art, relève du savoir-faire. Dans cet emploi, où il s'oppose à « esthétique », il est substantivé au masculin,
le technique (1744, Diderot).
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C'est au
XIXe s. que se développent les valeurs actuelles (voir ci-dessous
la technique et
technicité) et au
XXe s. les spécialisations, pour qualifier l'activité appliquée à l'industrie, à la production d'objets, par rapport aux domaines abstraits et théoriques
(Cf. sciences) qui sous-tendent ces pratiques. Le mot est également appliqué au domaine de l'éducation (
enseignement technique, 1883 ;
collège technique, 1941).
Il est aussi substantivé au féminin (1842), la technique n. f. correspondant à l'ensemble des procédés empiriques employés dans la production d'une œuvre, l'obtention d'un résultat, en général ou en particulier (une, des techniques). Par extension, ce nom désigne couramment une manière précise de procéder, en quelque domaine que ce soit. Le substantif, dans certains emplois, est concurrencé depuis les années 1960-1970 par l'anglicisme technologie (ci-dessous).
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Le mot a produit un certain nombre de dérivés à partir de la fin du
XVIIIe siècle.
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Le premier est TECHNIQUEMENT adv. (1790) qui suit le développement de l'adjectif et est devenu usuel au XIXe siècle.
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TECHNICIEN, IENNE n. (1836) s'est d'abord employé au sens de « personne qui a écrit sur les préceptes des arts » avant de prendre sa valeur moderne (déb. XXe s.) de « spécialiste d'une technique » et, plus fréquemment (1923, Larousse), de « travailleur manuel qui maîtrise une technique » (distingué de ingénieur).
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TECHNICIEN, IENNE adj. est beaucoup plus récent (v. 1930) au sens de « relatif à la technique, qui la fait prévaloir ».
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Technique a aussi donné TECHNICITÉ n. f. (1823), « caractère de ce qui est technique » avec les valeurs successives de l'adjectif, puis collectivement « connaissances et pratiques techniques d'un groupe » (v. 1970).
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Dans la seconde moitié du XXe s. ont été formés TECHNICISER v. tr., « rendre technique », d'où TECHNICISATION n. f., et TECHNISER v. tr., plus rare, d'où TECHNISATION n. f., tous enregistrés depuis 1964 dans les dictionnaires, les deux derniers faisant double emploi avec les précédents.
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Apparaissent un peu plus récemment TECHNICISME n. m. (v. 1970) et TECHNICISTE adj. (v. 1970) avec le -isme qui suggère le systématisme du recours à la technique.
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TECHNÈME n. m. (1972), terme didactique formé avec
-ème pour « unité minimale »
(Cf. phonème), désigne l'unité minimale dans un système technique.
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TECHNÉTIUM n. m. a été tiré du grec
tekhnêtos « artificiel » (du verbe
tekhnaxein « inventer », de
tekhnê) par Perrier et Segrè, en 1947, pour désigner l'élément radioactif artificiel d'abord appelé
masurium (n
o atomique 43). Symbole Tc.
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TECHNICOLOR n. m., formé en anglais sur
color, est un nom déposé en 1917 aux États-Unis, employé en français en 1938, mais répandu et connu après 1945, pour un procédé de cinéma en couleurs.
En technicolor s'est dit pour « en couleurs vives ».
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TECHNICO- sert à former des composés tels
TECHNICO-COMMERCIAL, ALE, AUX adj. et n. (mil.
XXe s.), spécialisé à propos des professionnels possédant des connaissances techniques sur des produits commercialisés,
TECHNICO-ÉCONOMIQUE, -FINANCIER (attesté en 1953),
-SCIENTIFIQUE... qui ont chacun une valeur générale, qualifiant ce qui est à la fois technique et économique, financier, scientifique.
Voir ci-dessous les composés en techno-.
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Sous la forme du premier élément
techno- (ci-dessous
technocratie, technologie), de l'élément final
-technie, -technique et de l'élément
technico- tiré de
technique, le groupe possède une grande vitalité.
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TECHNOCRATIE n. f. est un emprunt (1933) à l'anglo-américain
technocracy, mot créé en 1919 par l'Américain V. H. Smyth avec les éléments
techno- et
-cracy (→ -cratie). Le système de prise en main de la société par les techniciens fut présenté en 1931-1933 au public américain par un mouvement « technocratique », constitué à New York autour d'Howard Scott, personnalité charismatique qui se prévalait d'une expérience technique universelle. S'inspirant de Thorstein B. Veblen, Scott affirmait que la révolution technique allait rendre caducs les concepts économiques, annonçait l'effondrement du « système de marché » et son remplacement par une bienfaisante « technocracy ». Le mouvement, d'abord accueilli favorablement par une Amérique marquée par sa récente crise économique, se développa à l'automne 1932 mais son activité cessa quelques mois plus tard.
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Le mot, en français, est passé dans le langage courant pour désigner, souvent avec une connotation péjorative, un système politique dans lequel les techniciens ont un pouvoir prédominant.
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Il a produit un certain nombre de dérivés : TECHNOCRATE n. (une fois v. 1920 ; repris 1933, répandu 1957, « personne, décideur qui se détermine en fonction de facteurs techniques »), TECHNOCRATIQUE adj. (1933, S. Weil), TECHNOCRATISER v. tr. (v. 1965) et le terme politique TECHNOCRATISME n. m. (1968), « système favorable à la technocratie ».
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Ces mots, qui connotent pour la technique matérielle un pouvoir social déterminant, sont le plus souvent péjoratifs.
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TECHNOLOGIE n. f. est emprunté (1656) au grec tardif
tekhnologia « traité ou dissertation sur un art, exposé des règles d'un art », dérivé de
tekhnologos « qui traite des règles d'un art », de
tekhnê et
logos (→ -logie).
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Le mot s'est d'abord employé avec le sens du grec ; puis il a désigné (1803, Boiste) ce que l'on appelle aujourd'hui la terminologie technique, ce qui correspond aux premiers emplois de l'adjectif technique. P. Larousse le définit encore (1875) comme la science des « arts » (techniques) en général, le sens moderne et plus restreint d'« étude et science des techniques et des objets techniques » étant attesté, au début du XIXe s. (1803), mais étant longtemps demeuré rare.
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De nos jours, le mot, comme ses dérivés, tend à être employé par anglicisme (technology) pour désigner une technique de pointe, moderne et complexe, sinon toute technique moderne, avec une connotation méliorative, publicitaire ou politique.
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Technologie a produit TECHNOLOGIQUE adj. (1795), « qui a rapport à l'étude des sciences et des techniques » et aujourd'hui par anglicisme « technique », dont a été tiré TECHNOLOGIQUEMENT adv. (XXe s.).
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Un autre dérivé, TECHNOLOGISTE n. (1839, titre d'un journal) ne s'est employé que pour « spécialiste de la science des techniques ». Il a été éliminé par TECHNOLOGUE n. (1872, dans Littré), « spécialiste de la technologie ».
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Ces dérivés encore vivants vers 1960-1970 ont suivi technologie dans son usage extensif et abusif et sont devenus des synonymes prétentieux (ou politiques, publicitaires) de technique, techniquement et technicien.
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Parmi les dérivés préfixés de
technologie, on doit retenir
BIOTECHNOLOGIE n. f. (1969), utilisation des méthodes et techniques utilisant de la matière vivante (micro-organismes, protéines, gènes, enzymes...) pour des opérations utiles aux industries pharmaceutique, agroalimentaire, à l'agronomie.
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NANOTECHNOLOGIE n. f. (1926) pour les techniques physicochimiques, biologiques appliquées à des objets qui sont à l'échelle du nanomètre
(voir nano-).
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PHILOTECHNIQUE adj. est formé (1795) à partir du grec
philotekhnia « goût des arts », de
philos « ami ». Le mot, employé dans
société philotechnique, est né à une époque d'enthousiasme pour la vulgarisation des sciences et des techniques. Il est sorti d'usage en dehors de cette appellation, aujourd'hui historique.
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POLYTECHNIQUE adj. et n. f., composé de
poly-*, apparaît (1795) dans
École polytechnique et est substantivé au
XXe s. (
Polytechnique n. f.). Cette école a d'abord été nommée
École centrale des travaux publics (1794). Elle avait été créée par le Directoire pour former les ingénieurs de certains corps de l'État et des officiers de certaines armes. Devenue école militaire en 1804, elle est couramment nommée
l'X (→ X). Le mot, alors didactique, signifie également (1845,
adj.) « qui concerne plusieurs techniques, plusieurs sciences ». Parmi les argots des grandes écoles, celui de Polytechnique a fourni de nombreux mots passés dans l'usage.
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Il a produit POLYTECHNICIEN, IENNE n. et adj., aujourd'hui seulement lié à l'École polytechnique mais qui s'est appliqué (1842) à une personne maîtrisant plusieurs techniques. Polytechnicien désigne aussi l'ancien élève de l'École, type social valorisé et important dans la société française.
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RADIOTECHNIQUE adj. et n. f. (1927) qualifie et désigne les procédés utilisant les ondes radioélectriques. Le mot fut en usage au cours du
XXe s. ; il est archaïque.
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D'autres composés en
techno-, comme
TECHNOPOLE n. m. (1983) « zone de recherches techniques située près d'un centre urbain », en principe distinct de
TECHNOPÔLE n. m. (1986) « zone de développement et de recherches techniques, pôle de recherche ». Ce sont des termes surtout administratifs.
TECHNOSCIENTIFIQUE adj. tend à remplacer
technico- (ci-dessus).
TECHNOSTRUCTURE n. f. (emprunt probable à l'anglais, attesté en 1967 dans Galbraith) est entré dans l'usage didactique.
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TECHNO adj. et n. f. (v. 1990) est tiré du radical de
technique ou de l'élément
techno-, sous l'influence de l'anglo-américain (de même origine).
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Musique techno ou
la techno désigne un type de musique électronique à rythme marqué et constant, formé de cellules mélodiques élémentaires. Sa diffusion en français est contemporaine des premières
rave parties.