TCHADOR n. m. est un emprunt au persan čadōr qui désigne une tente, puis un voile intégral (sous la forme chadir 1819, puis tchader 1852), rare av. le XXe s., répandu en 1978.
❏  Le mot désigne le grand voile noir que portent traditionnellement les musulmanes chiites. Diffusé après la révolution islamiste d'Iran (1979), il est devenu (abusivement) synonyme de voile islamique.
Le tchador, de couleur sombre, couvre la tête, avec une fenêtre grillagée pour la vue, et le corps jusqu'aux pieds. Pour l'Afghanistan, la langue pachto utilise la forme TCHADRI n. m. (connue en français dans les années 1990). ◆  C'est la forme persane tchador qui l'a emporté en français, employé erronément (et politiquement) pour toutes les formes de voile islamique, tels le hijjab ou le tcharchaf, mots pourtant employés en français.
TCHAO → CIAO
TCHAPALO n. m. est un emprunt à une langue africaine, employé en français d'Afrique pour désigner la boisson alcoolisée, analogue à la bière, faite à partir du « petit mil » ou sorgho. On dit aussi bière de mil, et dolo.
❏  TCHAPALOTIÈRE n. f. « vendeuse de tchapalo ».
TCHARCHAF n. m. est un emprunt (1875) au turc çarşaf (prononcé tcharchaf), mot désignant le drap de lit et le voile, employé à propos du voile cachant le visage des musulmanes turques (différent du tchador).
TCHATCHE n. f. est un emprunt (1959), par l'usage algérois, à un verbe espagnol onomatopéique, chacharear « bavarder ».
❏  Le mot désigne d'abord la disposition à parler beaucoup, le bagou, puis (années 1980) la parole populaire des « cités », des banlieues. ◆  Il a pour dérivé TCHATCHER v. intr. (1983), d'où TCHATCHEUR, EUSE n.
TCHÈQUE adj. et n., écrit tchekhe (nom) en 1841, est un emprunt à la langue tchèque elle-même, où l'ethnique Česko n'a pas d'étymologie sûre. Le mot qualifie et désigne ce qui a rapport au peuple slave de Bohême et de Moravie, et à la République tchèque. Comme nom masculin le mot désigne la langue du groupe slave occidental, écrite en caractères latins.
❏  TCHÉCOSLOVAQUE adj., terme d'histoire, correspond à l'État disparu de Tchécoslovaquie (→ slovaque).
TCHÉRÉMISSE adj. et n., écrit en français Czeremisses n. m. pl. en 1701, est emprunté au russe, pour qualifier et désigner ce qui est relatif à un peuple du groupe finnois oriental et à sa langue (adjectif attesté en français en 1882). Les Tchérémisses vivent en Haute-Volga, entre Kazan et Nijni-Novgorod.
TCHERKESSE adj. et n. est un emprunt (1876) à un mot de cette langue, pour qualifier et désigner ce qui a rapport à ce peuple du nord du Caucase, dans la région autrefois appelée Circassie. Le mot tcherkesse a été emprunté au russe, qui l'avait pris à la langue autochtone, où il est, semble-t-il, formé des mots türks (turco-tatars) tcher « route » et kes « couper », ces Caucasiens ayant longtemps résisté aux Russes jusqu'au XVIIIe siècle.
TCHERNOZIOM n. m. est un emprunt oral, phonétique (1876) au composé russe de tchernyi « noir » et zemlja « terre » (translittéré en tchernozem(e) en 1880-1890). Mot de géographie et de pédologie, il désigne les terres fertiles très sombres, présentant en profondeur du carbonate de chaux, dites en français terres noires, type courant en Russie.
TCHERVONETZ n. m., emprunt (1924) à un mot russe d'origine polonaise, est le nom de l'ancienne unité monétaire de la Russie, reprise en 1922 (pour 10 roubles-or), puis remplacée par le nouveau rouble.
TCHÉTCHÈNE adj. et n., écrit Tchetchenses en 1876, est un emprunt, par le russe, à un mot de la langue tchétchène, qualifiant et désignant ce qui a rapport à ce peuple du Caucase et à sa langue, ainsi qu'à la république de la Fédération de Russie, nommée Tchétchénie-Itchkérie. Son nom est représenté dans les langues caucasiennes (en avar tchatchan, en kabarde chéchène « peuple, nation »). Le mot est beaucoup plus connu dans les langues occidentales depuis la guerre de répression menée par la Russie à l'encontre de l'indépendance tchétchène.
TCHI, dans l'expression que tchi, loc. adv. est un emprunt au romani (tsigane) signifiant « rien », « personne ». Que tchi s'est employé dans la seconde moitié du XXe siècle.
TCHIN TCHIN interj. est un emprunt (1829) au mot du pidgin anglo-chinois de Canton tsing tsing, formule de salut, prononcé en français par des personnes qui trinquent ensemble (comme santé !).
TCHITOLA n. m., emprunt à une langue africaine (attesté en 1964), désigne un arbre d'Afrique, résineux, au bois d'un brun rougeâtre, utilisé en menuiserie pour le contreplaqué, et ce bois.
TE → TOI
1  n. m. représente (1704), d'abord écrit T (1690), l'emploi substantivé du nom de la lettre t.
❏  Le mot désigne un objet ayant la forme d'un T, spécialement un bandage (1752), appelé pour plus de clarté bandage en té (XIXe s.), une sorte de règle double, une gaine de tuyauterie (1836) et un genre de ferrure (1872).
❏ voir TEE-SHIRT.
2  ! ou (vieux)  ! interj. (attesté par écrit en 1859), est un emprunt au provençal, impératif à la 2e personne du singulier, du verbe tené, qui correspond à tenir. Équivaut à tiens !, souvent associé à vé ! (« vois ! »).
TEAM n. m. est emprunté (1879) à l'anglais team, mot d'origine germanique peut-être apparenté au latin ducere (→ conduire), dont le sens propre est « attelage » et qui a pris le sens d'« équipe » (XVIe s.).
❏  Le mot est passé en français avec ce dernier sens, limité au domaine du sport et, de nos jours, supplanté par équipe.
TEASING n. m., anglicisme de la langue publicitaire (1983), est pris à l'anglais teasing, participe présent du verbe to tease « exciter, taquiner », d'abord « faire souffrir, attaquer » (1619), métaphore du sens originel de cette série germanique « déchirer, séparer en morceaux » d'origine indoeuropéenne (sanskrit dayate « diviser », grec daiesthai).
❏  Le mot s'applique au procédé publicitaire par lequel on cherche à susciter la curiosité par un message dont le sens sera dévoilé plus tard.
TECHNIQUE adj. et n. est emprunté (1684) au latin technicus, nom, « maître d'un art, spécialiste », lui-même emprunté au grec tekhnikos « propre à une activité réglée », « industrieux, habile » (quelquefois « artificiel »), de tekhnê « savoir-faire dans un métier », « habileté à faire » (en bonne et en mauvaise part), « métier, technique » et, dans un sens plus général, « manière de faire, moyen ». Ce mot, auquel correspond ars (→ art) en latin, est opposé chez Platon à la fois à phusis « nature » (→ physique) et à epistêmê « savoir » (→ épistémologie). Il exprime originellement la notion de « construire, fabriquer » et se rattache à une racine indoeuropéenne qui a fourni le sanskrit takṣati « construire », takṣan- « charpentier », le latin texere (→ tisser), avec une évolution sémantique différente, et le grec tektôn « charpentier » (→ tectonique). En raison de la divergence des formes, tekhnê s'est affranchi de tout lien avec tektôn et s'est prêté à des emplois plus généraux.
❏  Technique, en français, s'est d'abord employé dans le syntagme calqué du latin (Quintilien) grammairien technique (1684) « qui enseigne les principes de la grammaire ». Vers techniques (1721) signifiait « vers faits pour aider la mémoire en y rappelant en peu de mots beaucoup de faits, de principes ». ◆  Ce n'est qu'à partir de 1750 (Manuel lexique de l'abbé Prévost, adaptation du dictionnaire anglais de Dyche) que l'adjectif a pris son sens moderne : « qui appartient à un domaine spécialisé de la connaissance ou de l'activité ». L'adjectif dans cet emploi général a d'abord qualifié le langage et ce que l'on appellera plus tard la terminologie (ou technologie) sous l'influence des adjectifs anglais technic et technical, attestés dans ce sens dès le XVIIe siècle. ◆  Il s'emploie depuis le XVIIIe s. à propos d'ouvrages, de textes, ainsi que pour qualifier ce qui, en art, relève du savoir-faire. Dans cet emploi, où il s'oppose à « esthétique », il est substantivé au masculin, le technique (1744, Diderot). ◆  C'est au XIXe s. que se développent les valeurs actuelles (voir ci-dessous la technique et technicité) et au XXe s. les spécialisations, pour qualifier l'activité appliquée à l'industrie, à la production d'objets, par rapport aux domaines abstraits et théoriques (Cf. sciences) qui sous-tendent ces pratiques. Le mot est également appliqué au domaine de l'éducation (enseignement technique, 1883 ; collège technique, 1941).
Il est aussi substantivé au féminin (1842), la technique n. f. correspondant à l'ensemble des procédés empiriques employés dans la production d'une œuvre, l'obtention d'un résultat, en général ou en particulier (une, des techniques). Par extension, ce nom désigne couramment une manière précise de procéder, en quelque domaine que ce soit. Le substantif, dans certains emplois, est concurrencé depuis les années 1960-1970 par l'anglicisme technologie (ci-dessous).
❏  Le mot a produit un certain nombre de dérivés à partir de la fin du XVIIIe siècle.
■  Le premier est TECHNIQUEMENT adv. (1790) qui suit le développement de l'adjectif et est devenu usuel au XIXe siècle.
■  TECHNICIEN, IENNE n. (1836) s'est d'abord employé au sens de « personne qui a écrit sur les préceptes des arts » avant de prendre sa valeur moderne (déb. XXe s.) de « spécialiste d'une technique » et, plus fréquemment (1923, Larousse), de « travailleur manuel qui maîtrise une technique » (distingué de ingénieur).
■  TECHNICIEN, IENNE adj. est beaucoup plus récent (v. 1930) au sens de « relatif à la technique, qui la fait prévaloir ».
■  Technique a aussi donné TECHNICITÉ n. f. (1823), « caractère de ce qui est technique » avec les valeurs successives de l'adjectif, puis collectivement « connaissances et pratiques techniques d'un groupe » (v. 1970).
■  Dans la seconde moitié du XXe s. ont été formés TECHNICISER v. tr., « rendre technique », d'où TECHNICISATION n. f., et TECHNISER v. tr., plus rare, d'où TECHNISATION n. f., tous enregistrés depuis 1964 dans les dictionnaires, les deux derniers faisant double emploi avec les précédents. ◆  Apparaissent un peu plus récemment TECHNICISME n. m. (v. 1970) et TECHNICISTE adj. (v. 1970) avec le -isme qui suggère le systématisme du recours à la technique.
TECHNÈME n. m. (1972), terme didactique formé avec -ème pour « unité minimale » (Cf. phonème), désigne l'unité minimale dans un système technique.
TECHNÉTIUM n. m. a été tiré du grec tekhnêtos « artificiel » (du verbe tekhnaxein « inventer », de tekhnê) par Perrier et Segrè, en 1947, pour désigner l'élément radioactif artificiel d'abord appelé masurium (no atomique 43). Symbole Tc.
TECHNICOLOR n. m., formé en anglais sur color, est un nom déposé en 1917 aux États-Unis, employé en français en 1938, mais répandu et connu après 1945, pour un procédé de cinéma en couleurs. En technicolor s'est dit pour « en couleurs vives ».
TECHNICO- sert à former des composés tels TECHNICO-COMMERCIAL, ALE, AUX adj. et n. (mil. XXe s.), spécialisé à propos des professionnels possédant des connaissances techniques sur des produits commercialisés, TECHNICO-ÉCONOMIQUE, -FINANCIER (attesté en 1953), -SCIENTIFIQUE... qui ont chacun une valeur générale, qualifiant ce qui est à la fois technique et économique, financier, scientifique. Voir ci-dessous les composés en techno-.
Sous la forme du premier élément techno- (ci-dessous technocratie, technologie), de l'élément final -technie, -technique et de l'élément technico- tiré de technique, le groupe possède une grande vitalité.
TECHNOCRATIE n. f. est un emprunt (1933) à l'anglo-américain technocracy, mot créé en 1919 par l'Américain V. H. Smyth avec les éléments techno- et -cracy (→ -cratie). Le système de prise en main de la société par les techniciens fut présenté en 1931-1933 au public américain par un mouvement « technocratique », constitué à New York autour d'Howard Scott, personnalité charismatique qui se prévalait d'une expérience technique universelle. S'inspirant de Thorstein B. Veblen, Scott affirmait que la révolution technique allait rendre caducs les concepts économiques, annonçait l'effondrement du « système de marché » et son remplacement par une bienfaisante « technocracy ». Le mouvement, d'abord accueilli favorablement par une Amérique marquée par sa récente crise économique, se développa à l'automne 1932 mais son activité cessa quelques mois plus tard. ◆  Le mot, en français, est passé dans le langage courant pour désigner, souvent avec une connotation péjorative, un système politique dans lequel les techniciens ont un pouvoir prédominant.
■  Il a produit un certain nombre de dérivés : TECHNOCRATE n. (une fois v. 1920 ; repris 1933, répandu 1957, « personne, décideur qui se détermine en fonction de facteurs techniques »), TECHNOCRATIQUE adj. (1933, S. Weil), TECHNOCRATISER v. tr. (v. 1965) et le terme politique TECHNOCRATISME n. m. (1968), « système favorable à la technocratie ». ◆  Ces mots, qui connotent pour la technique matérielle un pouvoir social déterminant, sont le plus souvent péjoratifs.
TECHNOLOGIE n. f. est emprunté (1656) au grec tardif tekhnologia « traité ou dissertation sur un art, exposé des règles d'un art », dérivé de tekhnologos « qui traite des règles d'un art », de tekhnê et logos (→ -logie).
■  Le mot s'est d'abord employé avec le sens du grec ; puis il a désigné (1803, Boiste) ce que l'on appelle aujourd'hui la terminologie technique, ce qui correspond aux premiers emplois de l'adjectif technique. P. Larousse le définit encore (1875) comme la science des « arts » (techniques) en général, le sens moderne et plus restreint d'« étude et science des techniques et des objets techniques » étant attesté, au début du XIXe s. (1803), mais étant longtemps demeuré rare. ◆  De nos jours, le mot, comme ses dérivés, tend à être employé par anglicisme (technology) pour désigner une technique de pointe, moderne et complexe, sinon toute technique moderne, avec une connotation méliorative, publicitaire ou politique.
■  Technologie a produit TECHNOLOGIQUE adj. (1795), « qui a rapport à l'étude des sciences et des techniques » et aujourd'hui par anglicisme « technique », dont a été tiré TECHNOLOGIQUEMENT adv. (XXe s.). ◆  Un autre dérivé, TECHNOLOGISTE n. (1839, titre d'un journal) ne s'est employé que pour « spécialiste de la science des techniques ». Il a été éliminé par TECHNOLOGUE n. (1872, dans Littré), « spécialiste de la technologie ». ◆  Ces dérivés encore vivants vers 1960-1970 ont suivi technologie dans son usage extensif et abusif et sont devenus des synonymes prétentieux (ou politiques, publicitaires) de technique, techniquement et technicien.
Parmi les dérivés préfixés de technologie, on doit retenir BIOTECHNOLOGIE n. f. (1969), utilisation des méthodes et techniques utilisant de la matière vivante (micro-organismes, protéines, gènes, enzymes...) pour des opérations utiles aux industries pharmaceutique, agroalimentaire, à l'agronomie. ◆  NANOTECHNOLOGIE n. f. (1926) pour les techniques physicochimiques, biologiques appliquées à des objets qui sont à l'échelle du nanomètre (voir nano-).
PHILOTECHNIQUE adj. est formé (1795) à partir du grec philotekhnia « goût des arts », de philos « ami ». Le mot, employé dans société philotechnique, est né à une époque d'enthousiasme pour la vulgarisation des sciences et des techniques. Il est sorti d'usage en dehors de cette appellation, aujourd'hui historique.
POLYTECHNIQUE adj. et n. f., composé de poly-*, apparaît (1795) dans École polytechnique et est substantivé au XXe s. (Polytechnique n. f.). Cette école a d'abord été nommée École centrale des travaux publics (1794). Elle avait été créée par le Directoire pour former les ingénieurs de certains corps de l'État et des officiers de certaines armes. Devenue école militaire en 1804, elle est couramment nommée l'X (→ X). Le mot, alors didactique, signifie également (1845, adj.) « qui concerne plusieurs techniques, plusieurs sciences ». Parmi les argots des grandes écoles, celui de Polytechnique a fourni de nombreux mots passés dans l'usage.
■  Il a produit POLYTECHNICIEN, IENNE n. et adj., aujourd'hui seulement lié à l'École polytechnique mais qui s'est appliqué (1842) à une personne maîtrisant plusieurs techniques. Polytechnicien désigne aussi l'ancien élève de l'École, type social valorisé et important dans la société française.
RADIOTECHNIQUE adj. et n. f. (1927) qualifie et désigne les procédés utilisant les ondes radioélectriques. Le mot fut en usage au cours du XXe s. ; il est archaïque.
D'autres composés en techno-, comme TECHNOPOLE n. m. (1983) « zone de recherches techniques située près d'un centre urbain », en principe distinct de TECHNOPÔLE n. m. (1986) « zone de développement et de recherches techniques, pôle de recherche ». Ce sont des termes surtout administratifs. TECHNOSCIENTIFIQUE adj. tend à remplacer technico- (ci-dessus). TECHNOSTRUCTURE n. f. (emprunt probable à l'anglais, attesté en 1967 dans Galbraith) est entré dans l'usage didactique.
TECHNO adj. et n. f. (v. 1990) est tiré du radical de technique ou de l'élément techno-, sous l'influence de l'anglo-américain (de même origine). ◆  Musique techno ou la techno désigne un type de musique électronique à rythme marqué et constant, formé de cellules mélodiques élémentaires. Sa diffusion en français est contemporaine des premières rave parties.
⇒ encadré : Le tzigane ou tsigane