L
1 TEMPE n. f. est la réfection (1530) de l'ancien français temple (1080), considéré comme la seule forme correcte jusqu'au XVIIe siècle. Temple est issu du latin populaire °tempula, altération par changement de terminaison du latin classique tempora, pluriel du neutre tempus, -oris « tempe » (depuis Virgile). É. Benveniste, comparant le grec krotaphos de même sens qui appartient à une racine signifiant « battre », a proposé de rattacher tempus à la racine indoeuropéenne °(s)temb(h)- « heurter, écraser en frappant ». On a aussi supposé que tempus était le même mot que tempus (→ temps) spécialisé au sens de « temps du battement des artères ».
❏
Tempe, attesté dès les premiers textes avec son sens actuel « région latérale de la tête, entre le niveau de l'œil et du bout de l'oreille et la naissance des cheveux », a aussi eu en ancien et en moyen français les sens de « joue » (déb. XIIIe s.), « cheveux des tempes » (au pluriel) et par extension « cerveau » (fin XIVe s.).
❏
1 TEMPORAL, ALE, AUX adj. et n. (1520), d'abord timporal (v. 1363, Chauliac), est emprunté au bas latin temporalis, dérivé du latin classique tempus, -oris, pour servir d'adjectif en anatomie à tempe.
◆
Le mot est substantivé au masculin (le temporal) pour os temporal (fin XVIe s.) et au féminin en temporale (v. 1859) pour artère temporale.
a TEMPERA loc. adj. inv. est un emprunt (1884) à une expression italienne de la Renaissance (v. 1400 en ce sens) qui signifiait à l'origine « par la trempe (de l'acier) », dérivé de temperare « tremper ». Se dit en peinture d'une couleur délayée dans de l'eau additionnée d'un agglutinant (colle, gomme, œuf) et de la peinture ainsi exécutée, dite aussi détrempe (peindre, peinture a tempera).
TEMPÉRAMENT n. m. est emprunté (1478) au latin classique temperamentum « combinaison proportionnée des éléments d'un tout, juste proportion », également employé à l'époque impériale pour temperatio au sens d'« action de tempérer » ; le mot est dérivé de temperare « mélanger, mêler » et « se modérer » (→ tempérer).
❏
Tempérament, apparu au
XVe s. (1470), devient usuel aux
XVIe et
XVIIe s. au sens de « type d'organisme considéré dans les caractères de son fonctionnement », dans le cadre de la théorie des humeurs qui régit le discours médical jusqu'au
XVIIIe s., persiste parfois au
XIXe s. et a laissé des traces dans la phraséologie moderne.
◆
Par extension,
tempérament désigne l'ensemble des caractères qui déterminent le comportement humain (1649). Depuis le
XVIIIe s. (att. 1734) — notamment dans les récits érotiques, tel
le Portier des Chartreux, 1741, puis dans Nerciat, Sade... — il s'applique spécialement à l'appétit sexuel, la locution
avoir du tempérament signifiant « être porté sur l'amour physique » (1762), puis aussi « avoir une forte personnalité » (
XIXe s.).
■
D'autres sens, plus proches du latin et en relation avec le verbe tempérer, apparaissent au XVIe s. avant d'être éclipsés par celui de « caractère » : le mot a eu le sens de « modération » (1522), qui correspond à l'ancien et moyen français atemprement, dérivé de atemprer « modérer » issu du latin attemperare ; il s'est employé pour désigner l'équilibre d'un mélange, sa composition (1636) et, dans le domaine moral, une modification qui tempère, adoucit (1657), un arrangement, un moyen terme (1632).
◆
Cette notion d'adoucissement reste vivante dans deux emplois spéciaux du mot, en musique (comme tempéré) en parlant de l'organisation de l'échelle des sons, d'abord comprise comme un adoucissement des dissonances (1690), et aussi en commerce dans l'expression vente à tempérament (1867) « adoucie par l'échelonnement des paiements » ; ce dernier emploi, usuel, est aujourd'hui isolé par rapport aux autres valeurs du mot.
❏
Le dérivé TEMPÉRAMENTAL, ALE, AUX adj. (1845, Bescherelle), « qui a trait au tempérament d'un individu », est d'usage didactique.
TEMPÉRATURE n. f. est emprunté (1538) au latin temperatura, dérivé de temperare (→ tempérer), avec ses deux sens de « constitution bien dosée d'un corps » et « degré de chaleur ou de froid ».
❏
Les premiers sens attestés en français, « constitution physique (d'un corps) » (1538) et « composition, constitution, en général » (Rabelais), sont sortis d'usage après le
XVIIe s., partiellement au profit de
tempérament*.
■
Le sens de « degré de chaleur de l'atmosphère » (1547) s'est imposé et spécialement celui de « degré de chaleur dans un lieu, dans un organisme » (1789), par exemple dans avoir de la température (attesté seulement en 1920) qui équivaut à « avoir de la fièvre ».
◆
Température se dit par métaphore (1777) de l'état d'esprit, de la disposition d'une personne, d'une situation, par exemple dans la locution prendre la température de (1926), métaphore de la médecine.
◆
Avec ses valeurs modernes, le mot est démotivé par rapport au verbe tempérer et à tempérament. Il sert à former des expressions scientifiques et techniques, comme température absolue (1819), critique (1877), très basse, très haute température (U. H. T.).
❏ voir
U. H. T.
TEMPÉRER v. tr. est emprunté (1540 ; 1119, au
p. p. isolément) au latin
temperare « disposer convenablement (les éléments d'un tout), combiner dans de justes proportions », également « régler, organiser », « modérer » et intransitivement « garder la mesure, être modéré ». L'étymologie de
temperare n'est pas éclaircie ; un rapprochement avec
tempus (→ temps) est sémantiquement délicat, sauf à voir en
tempus une « coupure (du temps) » et dans
temperare une valeur proche du français
couper, par exemple dans
couper le vin. Ce verbe a par ailleurs abouti, par évolution phonétique, au français
tremper*.
Tempérer s'emploie d'abord dans le domaine moral et, à partir du XVIe s., pour « modérer un excès thermique ou climatique ».
◆
L'usage ancien l'employait aussi pour « modérer la force de (un fluide) par mélange » (XVIe s., Rabelais) et lui a conservé jusqu'au XVIIe s. le sens de « mélanger, doser », qui vient du latin.
◆
Depuis le XVIIe s., se tempérer correspond au figuré à « se modérer », avec une valeur réfléchie (1662) et réciproque (1690).
❏
Le participe passé
TEMPÉRÉ, ÉE est adjectivé (1119, puis 1380, repris au
XVIe s.) au sens de « doux, modéré ». À la différence du verbe, l'usage moderne l'emploie surtout à propos d'un climat (1538) et, par métonymie, de la zone dans laquelle règne ce climat (1636).
◆
Il est passé dans le vocabulaire de la musique (1742,
système tempéré) pour désigner une gamme dans laquelle la note bémolisée et la note diésée consécutives sont remplacées par un ton intermédiaire
(→ tempérament) ; ainsi l'une des œuvres majeures de J. S. Bach se nomme en français
Le Clavier (ou Le Clavecin) bien tempéré.
◈
TEMPÉRANCE n. f. est un emprunt (v. 1230) au latin
temperantia « modération, mesure, retenue », fait sur le participe présent
temperans de
temperare.
◆
En français, le mot, avec le sens de « vertu qui modère les passions et les désirs sensuels », est rare avant le
XVIe s.
◆
Le mot s'emploie plus couramment à propos de la modération dans le boire et le manger (1611).
■
TEMPÉRANT, ANTE adj. a été emprunté (1553) au latin temperans « retenu, modéré », participe présent de temperare, pour servir d'adjectif à tempérance.
◆
Il a été substantivé pour désigner une personne sobre (1694), emploi archaïque, et au masculin en médecine à propos d'un produit ayant des propriétés calmantes (1752), sens disparu.
◈
Des antonymes en
in- ont été empruntés au latin.
■
INTEMPÉRÉ, ÉE adj. est un emprunt du XVIe s. (1534) au latin intemperatus « non mélangé » et « immodéré », formé sur le participe passé de temperare.
◆
L'adjectif a qualifié un temps humide, froid (→ intempérie) et s'est appliqué (1545) à l'homme avec l'idée de dérèglement ; il est considéré comme vieilli dès le XVIIIe s. (1740, Académie).
■
INTEMPÉRANT, ANTE adj. représente un emprunt savant (1552) au latin intemperans, -antis « qui n'a pas de mesure, de retenue », « incontinent, dissolu », formé de in- (→ 1 in-) et de temperans, participe présent de temperare.
◆
L'adjectif est d'abord attesté au sens latin de « déréglé dans ses passions » (1552), d'où esprit intempérant (av. 1703, Saint-Évremond), emplois sortis d'usage.
◆
Le mot se spécialise en conservant l'idée de « manque de mesure » ; il s'applique à une personne qui abuse des plaisirs de la table et, en particulier, de la boisson, aussi substantivé au masculin dans ce sens (Pascal), ensuite à la personne qui s'abandonne aux plaisirs de la chair (1690, Bossuet).
■
INTEMPÉRANCE n. f., emprunté (1370-1372, Oresme) au dérivé latin intemperantia « excès », « licence, indiscipline » et « intempérie (de l'air) », s'est employé d'abord pour « manque de tempérance, de modération ».
◆
Il prend ses acceptions modernes à partir du XVIe siècle : « excès des plaisirs de la chair » (1550), « excès de table » (1553) et spécialement « liberté excessive dans l'expression » (1650, Vaugelas, intempérance de langue ; 1703, Saint-Évremond, intempérance de plume), cette dernière valeur étant devenue archaïque.
❏ voir
INTEMPÉRIE, OBTEMPÉRER, TEMPÉRAMENT, TEMPÉRATURE, TREMPER.
L
TEMPÊTE n. f. est issu (v. 938, tempeste) d'un latin populaire °tempesta « temps », spécialement « mauvais temps », féminin substantivé de l'adjectif classique tempestus « qui vient à temps », dérivé de tempus (→ temps). Un autre dérivé latin de tempus a produit une valeur similaire en ancien provençal (temporali) et en français classique (→ temporel). °Tempesta a aussi fourni le catalan et l'italien tempesta.
◆
L'adjectif tempestus a par ailleurs produit un substantif tempestas « laps de temps, moment », puis « temps » et « température », spécialisé au sens de « mauvais temps, orage » et au figuré « trouble, malheur, calamité » ; l'accusatif tempestatem a abouti à l'ancien français tempesté n. m. « tempête, orage » (1119) et à l'ancien provençal tempestat, qui a été éliminé par l'homonyme venant de °tempesta.
❏
Tempête signifie d'abord concrètement « ouragan, orage très violent » et s'emploie spécialement en parlant de ce temps sur la mer. Au sens général, on parle de tempête de neige, de sable... En mer, tempête a de nombreuses connotations autour du danger de naufrage, des difficultés de navigation. Dans l'usage technique de la météorologie marine, tempête désigne un vent de vitesse comprise entre 89 et 102 km par heure (force 10 de l'échelle de Beaufort) et violente tempête entre 103 et 117 km par heure (force 11) ; au-dessus, on parle d'ouragan.
◆
Dès le XIIe s., le mot a donné lieu à des emplois figurés ; le sens de « folie, mélancolie » (v. 1175) est sorti d'usage, celui de « tourment, trouble de l'âme » (v. 1206) survit en tant que métaphore du sens concret, notamment dans des expressions comme s'assurer un port dans la tempête (1669), doubler le cap des tempêtes « sortir d'une crise » (1872) et « sortir de l'âge des passions » (1875). Une tempête sous un crâne (titre d'un chapitre des Misérables de V. Hugo) fait allusion à l'agitation de l'esprit.
◆
Par ailleurs, on relève au début du XIIIe s. l'emploi de tempête pour « bruit, vacarme » (v. 1205), courant en ancien français dans la construction mener grant tempeste, valeur présente en français moderne dans une tempête de... et sentie comme métaphorique.
◆
L'idée de bruit et celle de trouble se trouvent associées dans le sens de « bagarre, émeute » (fin XIVe s.), surtout par la suite (1647, Corneille) dans un contexte politique et lui aussi archaïque, sauf par reprise métaphorique.
❏
TEMPÊTER v. intr. se dit d'abord (v. 1150) de la mer. L'usage ancien employait le verbe transitivement au sens de « mettre sens dessus dessous », au concret (v. 1165, du vent, de l'orage) et au figuré (v. 1200), ainsi qu'à la forme impersonnelle
il tempête « il y a un violent orage » (1400), comme
il pleut, il vente.
◆
L'usage moderne emploie surtout l'intransitif au figuré, avec un nom de personnes pour sujet au sens de « manifester à grand bruit sa colère » (v. 1175).
■
Le verbe a produit TEMPÊTEUR, EUSE n., d'abord tempesteur (1360) « personne qui fait du bruit ». Le mot se dit d'une personne qui s'emporte souvent (1872), mais il demeure rare.
◈
TEMPÉTUEUX, EUSE adj. est emprunté (v. 1300,
tempestuose) au bas latin
tempestuosus « orageux » au figuré, dérivé du latin classique
tempestas.
◆
Le mot a évincé l'ancien adjectif
tempestous (fin
XIIe s.),
tempesteus (
XIVe s.), puis
tempêteux (1671), dérivé français de
tempeste, tempête.
◆
Il a progressivement perdu ses sens originels, « agité par la tempête » et « qui a le caractère de la tempête » (
XVIe s.), déjà qualifiés de « vieillis » dans les dictionnaires du
XVIIIe siècle.
◆
Il se dit par figure de ce qui est plein d'agitation (1544) et d'un comportement querelleur (
XVIIIe s.).
■
En est dérivé TEMPÉTUEUSEMENT adv., « rapidement et violemment » (XVe s.), d'emploi rare.
1 TEMPLE n. m. est un emprunt ancien (1080) au latin templum, terme de la langue augurale désignant l'espace carré délimité par l'augure dans le ciel et sur la terre, à l'intérieur duquel il recueille et interprète les présages (Cf. droit et règle, mots qui véhiculent étymologiquement une idée proche). Par extension, templum s'est dit du ciel tout entier (au pluriel templa caeli), des régions infernales, des plaines de la mer, ainsi que d'un lieu, d'un édifice consacré aux dieux. D'après Festus, le mot est employé en technique pour désigner une solive placée sur les chevrons, peut-être en référence aux lignes transversales tracées par l'augure dans le templum ou à la figure tracée par les poutres qui s'entrecroisent, déterminant une espèce de templum. Le mot latin est rapproché de façon approximative du grec temenos « enclos sacré » et donc de la racine contenue dans temnein « couper » (→ tome, -tomie).
❏
En français, le mot est d'abord un terme d'Antiquité judaïque qui se réfère au « temple » par excellence, à l'édifice construit par Salomon à Jérusalem sur ordre de Jahvé, détruit par les Chaldéens, rebâti au VIe s. avant J.-C. et agrandi par Hérode avant d'être anéanti lors de la prise de Jérusalem.
◆
Le sens général d'« édifice consacré au culte catholique » (v. 1155) est sorti d'usage ou littéraire et archaïque (1643, Corneille), de même que les sens métonymiques correspondants (« les fidèles », etc.). Ce sens a été éliminé dans l'usage courant par église, temple désignant dès lors (à partir de la 2e moitié du XIIe s.) soit en général tout édifice du culte (v. 1170), dans quelque religion que ce soit, soit un tel édifice dans l'antiquité occidentale, Égypte, Grèce, Rome... (1558, en référence au lieu de pratique des augures), soit enfin, après la Réforme (1535), l'édifice du culte protestant, alors opposé à église. Cependant, des termes spécifiques, mosquée, synagogue, limitent l'emploi du mot pour les religions autres que la chrétienne, sauf pour celles où le mot spécifique est rare ou inconnu en français. On parlera ainsi de temple pour les édifices contenant une statue de Bouddha. Temple a eu pendant la Révolution (1793) divers emplois liés au culte de la Raison et de l'humanité (on a aussi appliqué l'expression temple de l'humanité aux hospices).
◆
Quelques sens figurés sont réalisés dans des syntagmes déterminés (temple du goût), certains d'usage érotique comme le temple de Cypris (1627), le temple d'amour ou de l'Amour « le sexe féminin » (1785, Sade), temple de Vénus qui s'est employé auparavant pour « maison close » (fin XVIIe s.).
◆
L'appellation ordre du Temple (v. 1174) et absolument le Temple (v. 1190) désigne l'ordre fondé à Jérusalem en 1119 lors des premières croisades dans une maison voisine du lieu où se dressait le temple de Salomon et d'abord nommé Pauvres Chevaliers du Christ. Par extension, le nom fut donné à un ancien monastère fortifié de cet ordre à Paris et, par suite, au quartier où il se trouvait (faubourg du Temple).
❏
De
temple dérive
TEMPLIER n. m. (v. 1220), d'abord
tramplier (1205), qui désigne un chevalier de l'ordre du Temple, supprimé en 1312 par Clément V, après des procès commencés en 1307 sur l'ordre de Philippe IV le Bel. Il a fourni la locution
boire comme un templier (1532), devenue archaïque.
◆
Par extension,
templier a désigné un membre d'une secte mystique prétendant tirer son origine de l'ancien ordre des Templiers (1812, Boiste).
◈
Par ailleurs, d'après un sens latin, « solive »,
2 TEMPLE n. m. a désigné (1281) une règle servant à tendre l'étoffe sur un métier. Le mot s'est employé jusqu'au
XIXe s., remplacé ensuite par d'autres formes (ci-dessous).
■
Il a pour diminutif TEMPLET n. m. (1765 ; 1680, dans un autre sens).
◈
2 TEMPE n. f. (1765) s'emploie dans le sens de
2 temple. Par la suite,
tempe s'emploie aussi en boucherie (1812), comme nom d'une pièce de bois qui servait à maintenir ouvert le ventre d'un animal.
❏ voir
CONTEMPLER.
TEMPO n. m. est un emprunt (1765) à l'italien tempo, proprement « temps », spécialisé en musique dans des expressions comme tempo di gavotta, tempo di minuetto, relevées dans l'Encyclopédie ; tempo est de même origine que temps*.
❏
Le mot désigne de façon relative la notation des mouvements d'un morceau de musique ; il est alors qualifié (tempo moderato) ; a tempo (1842) indique que l'exécutant doit revenir au tempo normal.
◆
Tempo s'emploie au XXe s., notamment en jazz, pour « vitesse d'exécution » (1934) et, par figure (1922), se dit du rythme qu'imprime un auteur à une action et, en psychologie, du rythme propre à un individu dans ses activités.
TEMPORAIRE adj. est emprunté (1562) au latin temporarius « approprié aux circonstances, dépendant des circonstances » et « qui dure un temps limité », dérivé de tempus, -oris (→ temps).
❏
Temporaire s'est d'abord appliqué aux phénomènes atmosphériques ; au sens de « qui dure un temps limité » (1589). Le mot est rare avant le
XVIIIe siècle. Il prend alors le sens théologique de « chancelant » en parlant de la foi (1752), substantivé pour désigner la personne qui n'a qu'une foi chancelante (1752). Ce sens est sorti d'usage.
■
L'adjectif ne correspond plus qu'à l'acception « qui n'exerce ses activités que pour un temps » (1791), d'abord dans le domaine administratif, le mot prenant ensuite une valeur très générale analogue à celle de momentané, provisoire, s'opposant à définitif, durable...
◆
Il s'est appliqué (1865) à ce qui concerne la durée, par exemple en musique.
❏
En est dérivé TEMPORAIREMENT adv. (1792), assez usuel.
TEMPOREL, ELLE adj. est emprunté (v. 1190), peu après temporal n. m. (v. 1150), au latin classique temporalis « qui ne dure qu'un temps » et « qui désigne le temps » (en grammaire), puis en latin ecclésiastique opposé à eternalis ; il est substantivé à l'époque gallo-romaine pour « époque » (tempus) et « tempête » (tempestas) ; temporalis dérive de tempus (→ temps).
❏
Le mot qualifie ce qui ne dure qu'un temps, ce qui est périssable (v. 1190), d'abord sous la forme
temporal (v. 1160), et, par extension dans le langage religieux, ce qui est du domaine séculier (opposé à
ecclésiastique) [1283]. L'adjectif est attesté peu après un substantif pris au latin,
temporel, signifiant « époque » du
XIIe (v. 1150) au
XVIe siècle. Il était aussi substantivé, d'abord avec le sens particulier de « revenu qu'un ecclésiastique tire de ses fonctions » (1330), sorti d'usage ou historique, puis pour désigner l'autorité civile qui s'exerce sur les biens et les personnes (v. 1660).
◆
Il assume, substantivé avec une valeur de neutre, le sens général de « ce qui est de cette terre » (1544) par opposition à l'emploi substantivé de
spirituel. Le nom s'est employé pour « tempête » (1690), précédé par
temporal (déb.
XVIIe s.) qui correspond au premier sens de l'ancien provençal (v. 1000).
◆
L'adjectif a eu au
XVIIe s. la valeur de « temporaire » (1636) ; il s'est spécialisé en grammaire (1798) pour qualifier une forme qui marque le temps.
◆
Il a été employé en philosophie au
XXe s. en relation avec
temporalité (1927, Jankélévitch).
■
2 TEMPORAL n. m. a été repris comme terme liturgique (attesté XXe s.) pour désigner la partie du missel ou du bréviaire qui comprend les offices pour chaque temps de l'année.
❏
Le dérivé de
temporel, TEMPORELLEMENT adv. est attesté depuis le
XIIe s. (1190,
temporelment) avec le sens de « du monde » par opposition à
éternellement.
◆
Depuis la seconde moitié du
XIIIe s. (v. 1283,
temporeusement), il est employé par opposition à
spirituellement. Son emploi didactique au sens de « relativement au temps » (en philosophie) semble récent (
XXe s.).
■
À temporel s'opposent les préfixés ATEMPOREL, ELLE adj. (1933), didactique, « hors du temps, qui ne relève pas du temps », et INTEMPOREL, ELLE adj. (1878), plus courant mais souvent d'usage littéraire, substantivé au sens de « ce qui est hors du temps » (1884, n. m.).
◆
L'adjectif a fourni le dérivé INTEMPORALITÉ n. f. (1933, Malègue, in T. L. F.), formé d'après temporalité (ci-dessous) et d'usage didactique.
◈
TEMPORALITÉ n. f. (v. 1265 ; 1190,
temporaliteiz) est emprunté au latin
temporalitas, -atis (Tertullien) « durée limitée », dérivé de
temporalis.
◆
Le mot s'est d'abord employé par opposition à
éternité ; en droit religieux, il a désigné le pouvoir temporel (v. 1283) et le domaine temporel (d'un évêché, d'un chapitre) [1335].
◆
L'usage moderne l'emploie comme terme de grammaire et de philosophie (1943, Sartre) au sens de « caractère de ce qui est dans le temps » (peut-être inspiré par
intemporalité, ci-dessus).
TEMPORISER v. intr. est emprunté (1413) au latin médiéval temporizare « passer le temps », dérivé du latin classique tempus, -oris (→ temps).
❏
En moyen français, le verbe a d'abord eu les sens de « durer, demeurer (d'une institution, d'une personne) » et « patienter » (XVe s.).
◆
Son acception actuelle, « différer d'agir par calcul », est attestée depuis la fin du XVe s.. Le sens transitif de « différer (qqch.) » (1460) ne s'est pas maintenu.
❏
Les anciens dérivés du mot ont été supplantés par des dérivés de formation savante attestés depuis le XVIIIe siècle. L'ancien nom d'action TEMPORISEMENT n. m. (1440-1475 ; jusqu'au XIXe s.) s'est effacé devant TEMPORISATION n. f. (v. 1780), « fait de différer d'agir ». Le nom d'agent TEMPORISEUR adj. et n. m. (v. 1570), vieilli, a été remplacé par TEMPORISATEUR, TRICE n. (1788) et adj. (1842) qui correspond à temporiser au sens de « différer d'agir ».
◆
Le nom sert spécialement à désigner un appareil commandant le changement d'opération d'un dispositif électrique en temps voulu (v. 1950).
L
1 TEMPS n. m. est emprunté à la fin du Xe s. au latin tempus, -oris « temps, fraction de la durée », distinct de aevum (→ âge), qui indique plutôt le temps dans sa continuité. C'est pourquoi on emploie fréquemment en latin le pluriel tempora « portions de temps, époques » et des expressions comme tempus diei « moment du jour », anni tempora « saisons », primum tempus (→ printemps). Tempus désigne également le moment, l'époque, en particulier le moment favorable, l'occasion (au pluriel tempora « les circonstances »). Dans la langue poétique et rhétorique, il se dit spécialement du temps métrique, de la mesure, et en grammaire du temps d'un verbe (d'après le grec khronos ; → chrono-). De genre inanimé, le mot n'est ni personnifié, ni divinisé (le dieu du temps étant Saturnus, équivalent latin du dieu grec Khronos, et qui a d'autres attributions). Tempus figure dans de nombreuses locutions adverbiales, notamment tempori (ou tempore) « à temps », ad tempus « au moment voulu », ex tempore « sur-le-champ ». Son étymologie reste obscure, et le rapprochement proposé avec temperare (→ tempérer) n'est pas sûr.
❏
En français, les formes héritées
tens (v. 1050),
tems sont les plus courantes au moyen âge et l'on écrit encore
tems jusqu'aux
XVIIe-
XVIIIe siècles. Le mot cumule les valeurs des mots latins
tempus et
aevus, soit les notions de « fraction de durée » et de « durée continue ». Dès les premiers textes, en effet, il désigne l'ensemble de la durée considérée d'une manière générale et la succession des parties de la durée envisagée par rapport aux événements, aux occupations de la vie.
◆
Considéré dans une succession,
temps désigne depuis le
XIIIe s. un point situé par notre expérience d'un avant et d'un après, sens réalisé dans de nombreuses locutions (comme
en temps et lieu) et, en français moderne, par plusieurs emplois didactiques faisant de ce point l'objet d'un calcul (1755,
temps vrai ; 1872,
temps solaire ; 1872,
temps sidéral).
◆
Temps désigne aussi dès l'ancien français la suite des événements dans l'histoire, l'époque à laquelle on vit (
XIIIe s.) et absolument l'époque dont on parle. Déterminé par un possessif, il se réfère particulièrement à la jeunesse (1465) ; qualifié par un adjectif ou un complément, il désigne un certain âge de la vie, en particulier l'ensemble des moments heureux ou malheureux (v. 1225 ; 1549,
le bon temps ; syntagme repris en français moderne à propos d'un passé meilleur,
c'était le bon temps !). Le mot évoque le passé dans l'expression
dans le temps « autrefois » (parfois sentie comme régionale et rurale).
◆
Certains emplois déterminés réalisent l'idée de « moment de faire (qqch.) » (v. 1170) comme dans les locutions
tens est de (1080), devenue
il est temps que (v. 1275),
il est temps de (1382),
il est grand temps « il faut agir au plus vite »,
prendre le temps de (1608),
prendre son temps (1670 ;
prendre le temps, fin
XVIe s.). En français de Suisse,
avoir meilleur temps (
de, suivi d'un infinitif) « avoir avantage à », l'aspect temporel n'étant plus essentiel.
◆
L'emploi du pluriel
les temps (1535) met l'accent sur l'indétermination et appartient spécialement au langage biblique (1535), par exemple dans
avant les temps « avant la création » (1694), ou historique.
◆
À partir du
XVIe s.,
le temps, absolument, concerne la notion même d'écoulement de la durée, spécialement sous la forme personnifiée d'une représentation mythologique (1573), comme une entité et, en philosophie, comme catégorie, grandeur, milieu de l'expérience humaine en tant que concept fondamental, comme l'espace, la matière, etc. ; cet emploi se dégage clairement au
XVIIe siècle.
◆
Temps est également considéré du point de vue des occupations humaines dans un grand nombre de locutions usuelles :
perdre son temps « faire des choses vaines » (
XIIe s.),
avoir le temps « disposer d'assez de temps » (1535), fréquent en emploi négatif,
gagner du temps (1690 ;
XVe s.,
gagner temps).
◆
Dans le langage didactique, le temps est conçu comme une grandeur mesurable (1573), objet de la chronométrie.
◆
Précédé de l'article indéfini
un, le mot n'indique parfois qu'un espace limité de cette durée (v. 1360, Froissart), par exemple dans
cela ne dure qu'un temps (1718). Ce sens de « moment » est présent dans des locutions courantes, comme
de temps en temps, de temps à autre « à des moments distincts »,
quelque temps « pendant une certaine durée »,
tout le temps « constamment, sans cesse ». En français de Belgique,
tout un temps « assez longtemps », et
un petit temps « un court moment ».
◆
Précédé de l'article défini
le (1659), ou encore suivi d'un infinitif introduit par
de (1535), le mot prend la valeur de « moment fixé »
(c'est le temps de, le temps est venu de). C'est avec cette nuance qu'on emploie la locution
à contretemps (ci-dessous).
◆
Parallèlement à d'innombrables locutions, ce sens a donné lieu à plusieurs emplois spécialisés réalisant l'idée d'une division de la durée : il s'emploie en musique (1677) à propos de chaque division égale de la mesure
(→ mesure, tempo), en danse classique (1690), en gymnastique et en escrime (1677), en mécanique (1886) à propos des phases dont l'ensemble constitue le cycle de fonctionnement d'un moteur
(cycle, moteur à quatre, à deux temps), en sports (1860), en métrique (1933) et en informatique (v. 1960,
temps réel, temps partagé, etc.).
■
L'usage du mot en grammaire (XVe s.) correspond à l'un des rares emplois techniques se rapportant à la notion considérée dans la chronologie ; il caractérise les formes du verbe et s'articule avec mode, voix et aspect.
2 TEMPS n. m. Parallèlement à cet ensemble d'emplois, temps désigne dès le XIIe s. (v. 1130, tens) l'état de l'atmosphère à un moment donné et, suivi d'un adjectif (beau, mauvais), il s'est employé en ancien français pour « saison » (XIIe s.), d'où le sens de « saison propre à certains travaux » (1393). En français moderne, l'adjectif est antéposé dans beau temps, mauvais temps. Pleuvoir à plein temps (où temps peut être interprété aussi comme 1 temps « tout le temps ») se dit dans quelques régions de France. Un temps de saison « normal à cette époque de l'année ». Dans ce sens, il s'agit en français moderne d'un véritable homonyme, parfois précisé par un syntagme (le temps qu'il fait, le temps météorologique...).
◆
Non qualifié, le mot a eu le sens de « tempête, orage » du XIIIe (v. 1250) jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Il reste un témoin de cet emploi dans des expressions comme gros temps (1680), où temps est d'ailleurs analysé aujourd'hui comme « mauvais temps ».
◆
Le mot a aussi désigné l'état du ciel (v. 1220), aujourd'hui seulement avec un adjectif (1684, temps bas).
◆
Il s'emploie dans quelques locutions comme parler de la pluie et du beau temps « parler de choses insignifiantes » (fin XVIIe s.) et dans couleur de (du) temps « bleu clair » (v. 1700).
❏
Temps n'a pas produit de dérivés (
temporaire*, temporel*, temporiser* empruntés au latin, occupant la place), mais il fournit le premier ou le second élément de quelques composés.
■
Le plus ancien est QUATRE-TEMPS n. m. pl. (1537), précédé par le pluriel quatretamps (v. 1340) et encore antérieurement par quator tempre (XIIIe s.) pour désigner les (trois) jours de jeûne ordonnés par l'Église au début de chacune des quatre saisons de l'année.
■
PASSE-TEMPS n. m. a d'abord été employé au sens de « joie, plaisir » (1413) avant de recevoir son sens actuel (1538).
■
CONTRETEMPS n. m. (1559), qui s'est d'abord dit de l'interruption de la cadence d'un cheval, a développé des sens spécialisés en musique (1611), en danse (1690) et en escrime (1655). Il a un sens figuré usuel, « accident inopiné qui dérange les dispositions prises » (1654).
◆
À CONTRETEMPS loc. adv. (1627) signifie « au mauvais moment, mal à propos ».
■
GARDE-TEMPS n. m. (1872, Littré) est le nom donné à un instrument de précision utilisé en astronomie pour marquer l'heure.
■
MI-TEMPS n. f. est attesté depuis 1900 pour « chacune des deux parties d'un match » et signifie aussi (1907) « moment de repos entre les deux parties ».
■
Il a servi de modèle à TIERS TEMPS n. m. qui désigne chacune des trois parties d'un match de hockey sur glace.
❏ voir
CONTEMPORAIN, ENTRE-TEMPS, INTEMPESTIF, LONGTEMPS, PRINTEMPS, TEMPÊTE, TEMPO, TEMPORAIRE, TEMPOREL, TEMPORISER.
TEMPURA n. f. est la transcription (attestée en français au XXe s.) du mot japonais tempura (parfois transcrit tempula, la phonétique japonaise ne distinguant pas les sons r et l). Le mot est lui-même emprunté au portugais, cette recette ayant été apportée du Japon par les Portugais. Tempura, en portugais, vient de la famille du latin tempus, temporis (→ temps) au sens spécial de « période de Pâques », époque traditionnelle de cette friture.
❏
Le mot désigne, dans la cuisine japonaise, une préparation de beignets très fins de crustacés, poisson ou légumes.
TENACE adj. est emprunté (1501) au latin tenax, -acis, dérivé de tenere (→ tenir), « qui tient fortement », selon le contexte « adhérent » (choses), « parcimonieux », « ferme (pour la mémoire) », « obstiné, opiniâtre ».
❏
Le mot français présente d'abord la même diversité sémantique que le latin ; cependant l'acception concernant la mémoire (1501) et le sens d'« avare » (déjà noté « vieux » en 1660) sont sortis d'usage, de même que le sens concret « adhérent, visqueux » (1560).
◆
Tenace qualifie une personne attachée fermement à ses opinions (1530), l'attitude d'une telle personne (1748), un mal difficile à extirper (1580, Montaigne). L'adjectif s'applique également, sur un plan concret, à un objet dont les parties tiennent fortement ensemble (1745), à un végétal qui s'accroche (1800) et, par analogie, à une odeur persistante (XXe s.) ; mais ces emplois sont aujourd'hui littéraires ou didactiques, le sens moral étant seul usuel.
◆
Il s'est employé à propos d'une personne dont on ne peut se défaire (1700) et comme terme de jeu, aux cartes (1694 ; 1876, n. f. une tenace) ; ces valeurs ont disparu.
❏
De
tenace est issu
TENACEMENT adv. (1557).
◈
Le nom correspondant,
TÉNACITÉ n. f. est emprunté avant l'adjectif (1370) au dérivé latin
tenacitas.
◆
Le mot a servi jusqu'au
XIXe s. de synonyme à
avarice avant de développer le sens d'« attachement opiniâtre (à une idée) » (1488). Puis, comme l'adjectif apparu entre-temps,
ténacité désigne le caractère persistant d'une chose (1516). Comme pour l'adjectif, le sens concret (1611), avec l'idée accessoire de « solidité » (1765), est didactique.
L
TENAILLE n. f. est issu par évolution phonétique (v. 1130, au pluriel) d'un latin populaire °tenacula, pluriel neutre, devenu féminin singulier, de tenaculum « lien, attache », dérivé à suffixe diminutif de tenere (→ tenir). Le mot latin, qui désignait les tenailles, forceps, a fait l'objet d'un emprunt médical ultérieur (→ forceps).
❏
Le mot désigne un outil de métal formé de deux pièces assemblées en croix d'où, dès les premiers textes, l'emploi majoritaire du pluriel. Par extension, il est employé en chirurgie pour désigner une sorte de pince (1752). Il entre dans tenailles à vis (1660, au singulier) désignant l'étau à main des serruriers, et dans tenaille à rails (1904) une pince servant à soulever les rails de chemin de fer. Le mot s'est appliqué à un ancien instrument de torture (1550).
◆
Au figuré, il s'est dit de ce qui étreint (désagréablement) [1554].
◆
Entre autres emplois particuliers fondés sur une analogie d'aspect avec les tenailles, le mot désigne un type d'ouvrage de fortification (1592).
❏
TENAILLON n. m., diminutif, a désigné la pince (d'un scorpion) [1567], puis une petite tenaille de fortification (1708).
■
TENAILLER v. tr. (1549), à partir du sens concret « supplicier avec des tenailles » sorti d'usage, a pris celui de « faire souffrir, physiquement ou moralement » (1573).
◆
Son participe passé TENAILLÉ, ÉE est adjectivé, notamment comme terme de fortification (fin XVIe s.) et surtout dans le domaine psychique au figuré (tenaillé par le remords).
■
Les autres dérivés du verbe, TENAILLEMENT n. m. (1611) et TENAILLANT, ANTE adj., du participe présent (1890, Maupassant), correspondent au sens moral et appartiennent au style littéraire.
TENANCIER, IÈRE n. est dérivé (1461) de l'ancien français tenance « tenure, propriété » (1220), terme de féodalité sorti d'usage sous la concurrence de tenure* et dérivé de tenir*. Tenance, d'après d'autres emplois de tenir, a eu dès le XIIe s. d'autres sens en ancien français, par exemple (v. 1160) « otage » et « rapports amicaux ».
❏
Tenancier désigne d'abord la personne qui tient les terres en roture, dépendantes d'un fief et à qui il est dû des cens ou autres droits. En dehors de cette acception liée aux institutions féodales, le mot désigne le fermier d'une petite métairie dépendant d'une plus grosse ferme (fin XVIe s.).
◆
Il se dit aussi (1893) d'une personne qui gère un établissement soumis à une réglementation, une surveillance des pouvoirs publics, d'abord à propos d'une maison close, puis notamment pour « patron de café, d'hôtel » (v. 1922), soit dans le langage administratif, soit couramment avec une valeur péjorative.