THIÉBOUDIENNE ou TIÉBOUDIENNE n. m., emprunt au wolof, désigne en français du Sénégal et de Mauritanie un plat de riz au poisson.
THIO-, premier élément de mots de chimie, tiré du grec
theion « soufre », indique notamment la présence d'un atome de soufre substitué à un atome d'hydrogène.
Cet élément est productif à partir du milieu du XIXe siècle. THIONIQUE adj. (1847) qualifie ce qui concerne le soufre (série thionique). THIOSULFATE n. m. (1876) est l'équivalent de hyposulfite. THIOACIDE n. m. (1903) équivaut à sulfacide. THIOL n. m. (1904, de thio-alcool) se dit d'un alcool ou phénol sulfuré.
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THIONINE n. f., emprunt (1897) à l'anglais thionine (1886) désigne une matière colorante dérivée du gaïacol (appelée aussi violet de Lauth).
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THIOSULFURIQUE adj. qualifie un acide instable (dit auparavant hyposulfureux) qui se décompose en soufre et acide sulfureux.
En biochimie, THIAMINE n. f. est pris à l'anglais thiamine (C. A. Bennett, 1886), nom chimique de la vitamine B1.
THIXOTROPIE n. f. est emprunté (av. 1933) à l'allemand (T. Petern, 1927), du grec thixis « fait de toucher », de thigganein, et -tropie, pour la propriété de certains gels de se liquéfier par agitation et de se reformer au repos.
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THIXOTROPE adj. qualifie ce type de gel.
THLASPI n. m. est un emprunt des naturalistes de la Renaissance (1533) à l'hellénisme latin thlaspi, du nom grec dérivé de thlân « meurtrir ». C'est le nom d'une plante crucifère des lieux incultes, à fleurs en grappes. Thlaspi jaune désigne une autre plante, l'ibéride, appelée couramment corbeille d'or.
THOLOS n. m. est un réemprunt de l'archéologie (1876) au grec thôlôs « édifice voûté », qui avait donné le latin tholus « clé de voûte », d'où les emprunts français thole (1547), tholus (1676) pour « clé de voûte ».
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Tholos désigne une sépulture protohistorique mésopotamienne ou mycénienne à rotonde et coupole, et aussi un temple grec circulaire.
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THOMAS n. m. est peut-être l'emploi comme nom commun (1836 ; passer la jambe à Thomas, 1830) du nom propre Thomas, d'après la phrase de l'Évangile : « Vide Thomas, vide pedes, vide manus » (Jean, XX, 27). On suppose que vide « vois » a été lu par calembour videz, vider. P. Guiraud propose l'influence combinée du dialectal tumer, tomer « renverser, déborder », d'où dans l'est de la France (Metz) tomā « facile à renverser, à verser ».
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Ce mot populaire a désigné, comme jules, un vase de nuit et par extension un baquet où urinaient les soldats (1879, Zola). Il s'est employé jusqu'au début du XXe siècle.
THOMISE n. f. est la francisation (1810) du latin zoologique thomisus (Walckenaer, 1805), pris au grec thôminx « fil, corde », comme nom d'une araignée qui se déplace obliquement (parfois appelée araignée-crabe) et qui tend un fil unique, sans faire de toile. C'est le type d'une famille, les Thomisidés.
THON n. m. est emprunté (1393, écrit ton [antérieur, voir thonine]) à l'ancien provençal ton désignant un poisson de grande taille, et lui-même issu du latin thunnus, thynnus, lequel est emprunté au grec thunnos de même sens. C'est un mot probablement méditerranéen que les Grecs rapprochaient, par étymologie populaire, de thuein, thunein « bondir, s'élancer » sans rapport avec thuein « sacrifier » que l'on retrouve dans thuriféraire. C'est à tort que l'on a évoqué l'hébreu tannîn « monstre marin ».
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Le mot désigne un poisson acanthoptérygien de grande taille des eaux tempérées, recherché pour sa chair, et sa chair (du thon) [1690].
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Thon a produit quelques dérivés.
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THONINE n. f. (fin XIe s., tonine) est employé régionalement pour désigner un petit thon de la Méditerranée.
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Les autres dérivés vivants, THONAIRE n. m. (1801 ; 1681, thonnaire, 1680, tonare) et THONIER n. m. et adj. (fin XIXe s.) sont des termes techniques ayant trait à la pêche.
THORAX n. m. est la réfection (1478) de thorace n. f. (1314), emprunté au latin thorax, lui-même au grec thôrax, thôrakos « cuirasse », mot ensuite utilisé par les médecins pour désigner le torse. Thôrax, qui conserve ces deux sens en grec moderne, n'a pas d'étymologie connue.
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Le mot est passé en français comme terme d'anatomie, devenu courant pour désigner la partie supérieure du tronc.
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Par analogie, il désigne en zoologie la partie antérieure du tronc chez les vertébrés et la partie du corps des insectes portant les organes locomoteurs (1805, Cuvier). Voir ci-dessous les composés.
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En est issu
THORACIQUE adj. (1660), réfection de la forme
thorachique (1575, Paré).
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Thorax entre dans la formation de termes de zoologie comme second élément. Les progrès de l'anatomie des insectes, des arthropodes sont révélés par l'enrichissement du vocabulaire scientifique au
XIXe s.
PROTHORAX n. m. (1824) « segment antérieur du thorax (des insectes) ». Il est distingué du
MÉSOTHORAX n. m. (1824), terme qui s'applique au segment du thorax des insectes qui porte les ailes supérieures, alors que
MÉTATHORAX n. m. apparaît plus tard (1844) comme nom du troisième anneau.
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CÉPHALOTHORAX n. m. (1843) désigne la tête et le thorax soudés des crustacés, des arachnides.
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THORACO-, premier élément, sert à former des termes de chirurgie :
THORACOPLASTIE n. f. (1890), de
-plastie, « opération chirurgicale par ablation d'une partie des côtes », abrégé en
THORACO n. f. ; THORACOTOMIE n. f. (1890), de
-tomie. THORACENTÈSE n. f. (1822 ; de
thorac(o)- et
-centèse) est le nom de la ponction thoracique pour évacuer un épanchement liquide de la plèvre.
❏ voir
PNEUMO-.
THORIUM n. m. (attesté en 1838 en français, l'anglais thorium l'étant en 1832) est le nom donné à cet élément chimique par le savant suédois Berzelius, tiré de Thor, nom du dieu scandinave. Le nom thorine, pris au suédois thorjord, attribué aussi à Berzelius, avait désigné (1817) une autre substance, le phosphate d'yttrium.
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C'est le nom d'un élément radioactif (no atomique 90), disséminé à faibles doses dans la nature, extrait de la monazite, métal de la série des actinides. La radioactivité du thorium permet de déterminer l'âge des minéraux.
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THORON n. m., mot créé en allemand (1918, Schmidt), avec la finale -on de radon, désigne l'émanation du thorium (isotope du radon).
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THORITE n. f. (1858) dénomme le silicate naturel de thorium appelé aussi orangite.
THRÈNE n. m. est emprunté (1503 ; XIVe s., trene) au bas latin threnus « chant funèbre, complainte », lui-même emprunté au grec thrênos « lamentation sur un mort, chant funèbre » et par extension « chant de deuil », dérivé de threisthai « pousser de grands cris, se lamenter » (en parlant de femmes). Ce terme repose sur une base exprimant l'idée de « murmure », spécialisée pour le chant funèbre.
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Le mot, peu attesté avant le XIXe s., est employé comme terme d'antiquité grecque et dans le langage biblique à propos des lamentations de Jérémie. Par extension il s'emploie, dans un usage littéraire, au sens de « complainte funèbre ».
THRÉONINE n. f. est emprunté à l'anglais threonine (1946), lui-même pris, avec substitution de suffixe, à l'allemand Treose (O. Ruff), obtenu par coupe du composé érythrose. C'est le nom d'un acide aminé entrant dans la constitution des protéines organiques nécessaires à l'alimentation humaine.
THRILLER n. m. est l'emprunt (1927) du mot anglais thriller n. (1889) « roman, pièce, film à suspens », dérivé de to thrill « faire frissonner, donner des émotions fortes » (XVIe s.) et, intransitivement, « frissonner, tressaillir » (XVIIIe s.). Ce verbe, qui signifie proprement « percer » (au propre et au figuré), est la variante avec métathèse du type dialectal þirl, du vieil anglais þyrlian, lequel vient de þyr(e)l « perforation, trou, ouverture ». Ce dernier, par l'intermédiaire de formes reconstituées, se rattache à une racine indoeuropéenne représentée en germanique (ancien haut allemand durh « à travers », allemand durch), mais aussi, sous la forme °tr-, dans le latin trans (→ trans-).
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Thriller est passé en français à propos d'un récit, d'un roman anglais ou américain d'épouvante. Il s'est répandu vers 1950 sous l'influence de la critique cinématographique à propos de récits et films américains, policiers ou fantastiques, procurant des sensations fortes (1947).
THRIPS n. m. (av. 1765) est un emprunt des entomologistes au grec thrips désignant un ver du bois, et dénommant un petit insecte archiptère qui s'attaque à divers végétaux, dont la vigne, les céréales, les olives, ou aux fleurs (thrips des serres).
THROMB-, THROMBO-, élément de termes de médecine, de biologie, est pris au grec thrombos « caillot ».
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THROMBOSE n. f. est emprunté au dérivé grec
thrombosis « coagulation », d'abord pour désigner la coagulation du lait dans les seins (1823), puis réemprunté en allemand (
Thrombose, 1852) et emprunté par d'autres langues (attesté en 1858 en français) pour désigner la formation d'un caillot sanguin dans un vaisseau ou dans une cavité du cœur.
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Le caillot lui-même étant nommé
THROMBUS n. m. depuis le
XVIe s., francisé en
trumbe au
XIVe s., par emprunt au latin médical, pris au grec
thrombos.
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Thrombose a pour dérivé
THROMBOTIQUE adj. et pour composé
THROMBOPHLÉBITE n. f. (1926, de
phlébite).
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Par ailleurs,
thrombose, relativement usuel, s'emploie quelquefois par métaphore, pour « ce qui obstrue, bloque une circulation » (par ex. grève
thrombose).
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Le préfixe a permis de former d'autres composés comme
THROMBASE n. f. (1898) et son synonyme
THROMBINE n. f. (1903) enzyme provenant de la
PROTHROMBINE n. f. (1898 ; formé en allemand par Schmidt, 1892) et transformant le fibrigène en fibrine, agent coagulant du sang.
Prothrombine est le nom d'une protéine sérique.
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THROMBOCYTE n. f. (formé en allemand par Dekhuysen, 1892) a désigné les plaquettes sanguines.
THROMBOKINASE n. f. est le nom de l'enzyme sécrétée par les plaquettes sanguines.
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THUNE n. f. (1628) est d'origine obscure. L'hypothèse la plus répandue, mais qui n'a pas de fondement, y voit le souvenir du roi de Thunes (Tunis), un des noms du roi des gueux. P. Guiraud, pour lequel le nom du roi des gueux réalise lui-même un jeu de mots avec tune « aumône », prend en considération les homonymes dialectaux tuner « boire abondamment » (franco-provençal) et tuno « tanière », « trou de renard, de serpent, etc. » (franco-provençal et provençal). L'origine la plus probable, selon lui, est °tutina, dérivé gallo-roman hypothétique de tutari « protéger » et « se protéger (d'un danger, de la faim) ». Cette dernière acception, fréquente en latin, pourrait être à l'origine de l'acception « aumône » qui consistait essentiellement en du pain. Le mot serait alors à rattacher à la famille de tuer*, tutelle*, tuteur*.
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Thune, écrit aussi tune, s'est d'abord employé en argot pour « argent reçu en aumône » (enregistré par Chéreau, 1628), puis a désigné par métonymie une pièce de monnaie (1800, tune, tunne), spécialement l'ancienne pièce d'argent de cinq francs (1829 en argot) en usage jusque vers 1920, et une somme de cinq francs (fin XIXe s.) ; ces derniers emplois ont vieilli.
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Le mot reste dans l'usage très familier (v. 1960, Mets deux thunes dans l'bastringue, titre de chanson) pour désigner une pièce de monnaie, puis en général, comme collectif, pour « argent » (attesté 1954, Colette ; de la thune), cet emploi est devenu, d'abord dans l'usage des jeunes, aussi courant que fric ou blé (marqués comme un peu désuets).
THURIFÉRAIRE n. m. est emprunté (1690) au latin médiéval ecclésiastique thuriferarius, dérivé du latin classique turifer, thurifer « qui produit de l'encens » et « qui offre de l'encens aux faux dieux » d'où « idolâtre ». C'est un composé de thus ou tus « encens », emprunt au grec thuos « offrande » et « parfum », de thuein « offrir un sacrifice (que l'on brûle) » (→ thuya, thym). Le second élément vient de ferre « porter » (→ -fère).
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Le mot a d'abord désigné comme en latin le clerc qui, dans les cérémonies de l'Église, a la fonction de porter l'encensoir et la navette, évinçant turife (1679) et thurifère (1694), empruntés au latin thurifer.
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Thuriféraire a pris le sens figuré de « flagorneur, encenseur » (1801) dans un usage littéraire.
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Ni THURIFIER v. tr. (v.1380) ni THURIFICATION n. f. (v. 1380), empruntés au bas latin thurificare et thurificatio, ne sont usités.
THUYA n. m. est emprunté (1553) au grec thuia désignant un arbre odoriférant dont le bois était très estimé des Romains. Le mot est peut-être à rattacher à thuos « offrande (que l'on brûle) » et « parfum, aromate », de thuein « sacrifier » (→ thuriféraire, thym).
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Le mot sert à désigner le végétal et, par métonymie (mil. XIXe s.), son bois, apprécié en ébénisterie.
THYADE n. f. est un emprunt (1541) au latin Thyiades, plur. de Thyias, emprunt au grec thuias ou thuas, du verbe thuein « s'élancer avec fureur », pour désigner une bacchante. Le mot est didactique et rare. On le rencontre en poésie, surtout au XVIe s.
THYLACINE n. f. est la francisation du latin zoologique thylacinus (1824, Temminck) tiré du grec thulakos « poche », avec le suffixe latin -inus. C'est le nom d'un marsupial de Tasmanie, qui vit dans l'obscurité et ne sort que la nuit.