THYM n. m., d'abord tym (XIIIe s.), puis thym (1538) par conformation étymologique, est emprunté au latin thymum, lui-même transcription du grec thumon. Celui-ci désignait une sorte de sarriette ; le mot appartient probablement à la famille de thuos, à la fois « offrande (que l'on brûle, qui produit de la fumée) » et « parfum, aromate » (→ thuya), et de thuein, important mot du vocabulaire religieux signifiant « offrir un sacrifice (que l'on brûle) », puis « sacrifier » en général (→ thuriféraire, typhus). Le thumon, si l'on suit les deux sens de thuos, est donc à la fois la plante odoriférante et, selon Détienne, « l'espèce arbustive la plus apte à produire de la fumée » (Les Jardins d'Adonis). Thuein et thuos se rattachent à une racine indoeuropéenne °dhu- « faire brûler, fumer », peut-être représentée en latin dans fumus (→ fumée) et februarius (→ février).
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Thym est le nom d'une plante aromatique, sous-arbrisseau abondant dans les garrigues et les maquis des régions méditerranéennes.
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De
thym est dérivé le terme de chimie
THYMOL n. m. (1857) ; l'ancien provençal connaissait
tymol (n. m.) « huile de thym » (mil.
XIIIe s.) ; en français le suffixe est celui de
crésol. Le mot désigne un crésol solide qui se trouve dans l'essence de thym.
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1 THYMINE n. f. (1877) est le nom d'une substance dérivée de la pyrimidine et présente dans les acides désoxyribonucléiques.
❏ voir
THYMUS.
THYMIE n. f. est formé (v. 1945) à partir du grec -thumia, second élément tiré de thumos « cœur comme siège des sentiments, ardeur, affectivité, colère ». Le rapport de ce thumos avec la famille de thumian « faire fumer », de thuein « avoir une odeur » (→ thym, thymus), n'a rien de sûr. D'après Chantraine, thumos appartiendrait plutôt à la famille d'un autre verbe thuein « s'élancer avec fureur ».
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Le mot, didactique, s'emploie notamment en psychiatrie au sens de « disposition affective de base, humeur ».
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2 THYMIQUE adj. (1913) « relatif aux thymies, à l'humeur »
(fonction thymique, troubles thymiques) est didactique et rare.
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THYMOCYTE n. f. semble un emprunt à l'anglais (1929), de thymus et -cyte (→ cyto-). Il désigne une cellule, différenciée dans le thymus et appartenant au système immunitaire.
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Thymie a plusieurs composés :
cyclothymie* (→ cyclo-), HYPERTHYMIE n. f. (
XXe s.), et
HYPOTHYMIE n. f. (
XXe s.) désignant l'état développé (vers l'excitation gaie ou triste) ou faible, inhibé, du tonus affectif. Ces mots ont probablement induit l'emploi isolé de
thymie.
THYMOANALEPTIQUE adj. et n. m. (v. 1957 ; de analeptique) est le nom d'un médicament psychotrope, stimulant l'humeur en tant qu'antidépresseur.
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THYMOLEPTIQUE adj. et n. m. (v. 1957) s'applique au médicament qui a la fonction inverse, agissant comme neuroleptique pour régulariser l'humeur, le tonus émotionnel.
THYMUS n. m. est un emprunt de la Renaissance (1541) au grec thumos « excroissance charnue », issu de thumon (→ thym), dérivé de thuein « avoir une odeur ».
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Ce terme d'anatomie désigne une glande située à la partie inférieure du cou, qui disparaît à peu près à l'état adulte. Chez certains animaux, cet organe est comestible (le thymus de veau est appelé ris*).
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Thymus a produit les dérivés didactiques 1 THYMIQUE adj. (1611) « qui appartient au thymus » en médecine et 2 THYMINE n. f. (v. 1960) en biochimie.
THYRATRON n. m., nom créé en anglais et marque déposée (1929), est formé du grec thura, « porte » (→ thyroïde) et de la finale d'électron, pour désigner un tube triode à gaz dont le courant d'électrons ionise les molécules gazeuses (vapeur de mercure, hydrogène) lorsque la tension entre les électrodes atteint un certain seuil.
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THYRISTOR n. m., mot-valise formé en anglais (1958) sur thyratron et transistor, désigne un élément à semi-conducteur et à électrode de commande, fonctionnant comme un thyratron.
THYRÉO-, THYRO-, élément de mots didactiques, est tiré de thyroïde.
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THYRÉOTROPE adj. (1953 ; de -trope) se dit d'une substance (hormone) qui stimule la sécrétion de la thyroïde.
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THYROGLOBULINE n. f., (d'abord thyréo-, 1904) pris à l'allemand (Oswald, 1901), désigne une protéine iodée des vésicules thyroïdiennes.
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THYROTROPHINE n. f., pris à l'anglais thyrotrophin (1944, du grec trophê « nourriture »), désigne une hormone de l'hypophyse qui stimule la production d'hormones de la thyroïde.
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THYROXINE n. f., terme formé en anglais par Kendall (1918), est la contraction de thyro-oxy-indol, nom d'une des principales hormones thyroïdiennes, provenant de la synthèse de la thyroglobuline (ci-dessus), libérée dans le sang.
THYROÏDE adj. et n. f. est un emprunt fait en anatomie (1560, Paré) au grec thuroeidês, « semblable à une porte, à une fenêtre », mot compris par erreur (à la suite d'une faute de copie dans Oribase) pour « semblable à un bouclier », par confusion avec thurēoeidês. Thuroēidês est formé de thura « porte », « entrée » qui se rattache à la racine indoeuropéenne °dhur- représentée également dans le latin forum (→ forum), foris « porte » (→ hors), et de eidos « aspect extérieur » d'où « forme, aspect » (→ -ide, -oïde).
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Le dictionnaire de Trévoux, puis Littré, ont vainement proposé de rétablir l'orthographe étymologique thyréoïde. Le mot apparaît dans cartilage thyroïde « cartilage du larynx », formé de deux lames dont la réunion, à la base du cou, forme chez le mâle de l'espèce humaine une saillie appelée traditionnellement pomme d'Adam.
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L'importance du mot correspond à l'apparition des expressions corps thyroïde (1721), puis glande thyroïde (1752), d'où le substantif THYROÏDE n. f. (1876) désignant une glande endocrine formée de deux lobes réunis par un isthme, et dont les vésicules produisent la substance dont proviennent des hormones agissant sur la croissance, le métabolisme, le système nerveux.
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Le mot a produit quelques termes d'anatomie, de médecine et de chirurgie à partir du
XVIIIe siècle.
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THYROÏDIEN, IENNE adj. « qui appartient, est relatif à la thyroïde » (1765, Encyclopédie) correspond d'abord à la région du cartilage thyroïde (artère thyroïdienne), puis (XIXe s.) à la glande thyroïde et à ses productions (hormones thyroïdiennes). Le préfixé de l'antonyme ANTITHYROÏDIEN, IENNE adj. (1904) qualifie ce qui diminue la sécrétion thyroïdienne.
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THYROÏDITE n. f. (1846) désigne l'inflammation de la thyroïde.
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Thyroïde fournit le premier élément du terme de chirurgie THYROÏDECTOMIE n. f. (1890) dont est tiré THYROÏDECTOMISER v. tr. (1903), et des termes de biochimie. THYROXINE n. f. (1933), emprunt probable à l'anglais (1915) avec le radical de oxyde* et -ine, désigne l'une des principales hormones thyroïdiennes, contenant de l'iode et augmentant le métabolisme de base, lorsqu'elle est libérée dans le sang, par hydrolyse de la THYROGLOBULINE n. f. (1952, de globuline), une protéine. THYRÉOSTIMULINE n. f. (1954 ; du radical de stimuler et -ine) désigne l'hormone de l'hypophyse qui commande la production de la thyroxine.
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HYPERTHYROÏDIE n. f. (1904) et HYPOTHYROÏDIE n. f. décrivent une activité excessive ou au contraire insuffisante, de la thyroïde.
THYRSE n. m. est emprunté (v. 1500) au latin classique thyrsus, lui-même emprunt au grec thursos, nom du bâton des Bacchantes entouré de lierre et de pampre, avec une pomme de pin au sommet. C'est en grec un mot d'emprunt qui semble avoir un correspondant dans le hittite tuwarsa « sarment ».
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Thyrsus, devenu tirsus en bas latin, avait abouti par évolution phonétique à l'ancien français trus (v. 1160), tros (v. 1175) « tronçon, éclat », mot dont certains dérivés se maintenaient à l'époque classique.
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Emprunté comme terme d'antiquité, thyrse, par un nouvel emprunt de la botanique au latin thyrsus « tige », a pris le sens spécialisé « inflorescence pyramidale en grappe composée » (1742).
❏ voir
TORSE.
THYSANOURES n. m. pl. est la francisation du latin zoologique thysanourus, créé par J.-C. Fabricius à la fin du XVIIIe s., du grec thusanos « frange » et oura « queue », → -oure. C'est le nom d'un groupe d'insectes aptères, sans métamorphoses, qui vivent dans les lieux humides. Cf. lépisme.
TIAN n. m., attesté en 1940 en français central, et dès 1803 sous la forme tion dans une acception technique en fonderie, est l'emprunt d'un mot occitan déjà attesté en ancien provençal (1391) pour désigner une écuelle, un bassin de poterie, un plat de terre. Celui-ci est issu du grec têganon, variante de tagênon (forme étymologique) « poêle à frire », mot technique sans étymologie connue.
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Le français l'emploie pour désigner un récipient provençal de terre cuite et, par métonymie, le plat (pâté de légumes) cuit dans un tian.
TIARE n. f. (1382), d'abord sous la forme latine tiara (1374) dans un contexte français, est emprunté au latin classique tiara « coiffure des Orientaux », spécialisé dans l'usage liturgique, lui-même emprunté au grec tiara « coiffure des Perses, sorte de turban en forme de cône », emprunt oriental d'origine inconnue.
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Le mot, emprunté comme terme d'Église, se dit de la mitre à trois couronnes que porte le pape dans les cérémonies solennelles, et ensuite par métonymie de la dignité papale (1680), d'où
porter la tiare « être pape » (1718).
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Le mot a servi à désigner (
XIVe s.,
tiaire) la couronne impériale, puis (1511) la coiffe de certains dignitaires dans l'Orient antique.
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Par comparaison avec la forme de cette coiffure, il a été utilisé en zoologie pour diverses espèces de mollusques (1736) et en botanique (1812 pour le diminutif tiarelle), ce qui occasionna quelques formations éphémères (tiaridie, tiaris, tiarocène, tiarode).
TIARÉ n. m., emprunt à un mot tahitien, désigne un arbuste de Polynésie de la famille des Rubiacées, et la fleur de cet arbuste, emblème de Tahiti.
TIBÉTAIN, AINE adj. et n., écrit tibétin dans l'Encyclopédie, 1825 pour le tibétain, nom de langue, est dérivé du nom géographique Tibet ou Thibet. Ce dernier n'est pas autochtone, le nom authentique étant Bhō ou Bhōt, mais semble être pris à l'arabe Tibat ou Tobbat ; dans le récit de Marco Polo (en français), il est écrit Tebet. Tibétain qualifie et désigne ce qui a rapport au Tibet, à ses habitants (la culture tibétaine, le lamaïsme tibétain). Le tibétain, langue du Tibet, d'un goupe comprenant aussi le birman, s'écrit dans une écriture de l'Inde du Nord.
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La variante graphique THIBÉTAIN, AINE est vieillie.
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TIBÉTO-BIRMAN, ANE adj. semble adapté de l'anglais tibeto-burman 1878, pour qualifier le groupe de langues, dont les principales sont le tibétain et le birman.
TIBIA n. m. est emprunté comme terme d'anatomie (1541) au latin classique tibia « flûte » et, à l'époque impériale, « os antérieur de la jambe » d'où « jambe » ; tibia, sans étymologie connue, a abouti par évolution phonétique à tige*.
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Le mot, en dehors de son sens anatomique précis, sert couramment à désigner la partie antérieure de la jambe (1834).
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Il a été repris en zoologie pour désigner la troisième articulation des pattes des insectes (1805, Cuvier), la cinquième division de chaque membre chez les araignées (1907).
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L'adjectif correspondant,
TIBIAL, ALE, AUX, est emprunté (1690) au dérivé latin
tibialis « de flûte », « propre à faire des flûtes », substantivé à basse époque au neutre
tibiale pour désigner une bande enveloppant la jambe.
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Tibia, sous la forme de l'élément tibio-, entre dans la composition de plusieurs mots d'anatomie comme TIBIO-TARSIEN, IENNE adj. (1845), TIBIO-PÉRONIER, IÈRE adj. (1933).
TIC n. m. (1668), d'abord ticq (1611), est une formation onomatopéique sur une base à structure consonantique t-k suggérant (comme d'autres structures : tr-k, t-p, t-t) l'idée d'un coup et d'autres idées secondaires (instrument servant à frapper, chose sur laquelle on frappe, mouvement brusque ou saccadé) [→ tac].
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Tic est d'abord un terme de médecine vétérinaire désignant, chez le cheval, la contraction de certains muscles accompagnant une déglutition ou régurgitation spasmodique.
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Il a développé rapidement le sens courant de « bref geste automatique répété involontairement » chez l'être humain (1654), s'étendant à un geste ou à une attitude que la répétition rend plus ou moins ridicule (1736) et a pris par figure celui de « manie » (1738, Piron).
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Son dérivé
TIQUER v. intr. (1664), d'abord employé en médecine vétérinaire, est appliqué ultérieurement aux personnes avec le sens de « manifester par une contraction du visage son mécontentement, sa surprise » (1888), au figuré « être arrêté par une difficulté, être heurté par qqn, par une proposition » (
tiquer sur..., 1909).
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TIQUEUR, EUSE adj. (1664), qualifie un cheval puis (1803) une personne ayant des tics (substantivé, 1876). TICAGE n. m. (1867) signifie « état d'un cheval qui a des tics ».
❏ voir
TIC-TAC, TICLET.
TICHODROME n. m., francisation (1823) du latin des zoologistes tichodroma (1811), est tiré du grec teikos « muraille » et droma → -drome. C'est le nom d'un oiseau passériforme d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord, gris aux ailes rouges, qui grimpe sur les parois rocheuses en montagne.
TICKET n. m. est la francisation par la prononciation (1835 ; isolément 1765 ; une première fois tiket, 1727), de l'anglais ticket (XVIe s.) « étiquette », spécialement « billet donnant un droit d'entrée » (1673), lui-même emprunté à l'ancien français estiquet « petit écriteau » (→ étiquette).
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Le mot est attesté en français dans le
Journal des Débats du 27 juillet 1835 au sens de « rectangle de carton donnant droit à l'entrée dans un lieu » ; il se répand dans la seconde moitié du siècle, Littré le trouvant « plusieurs fois rapporté dans le
Journal officiel du 20 octobre 1877, à propos du mode de perception des droits d'entrée de l'exposition de 1878 ».
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Pendant la guerre de 1914-1918, le mot a pris le sens spécial de « coupon de rationnement » (1915), acception reprise de 1941 à 1945.
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Il entre en français administratif (de France) dans
ticket modérateur (1936) pour la quote-part de frais laissée à la charge du malade à la Sécurité sociale.
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Il a développé une acception familière purement française, servant, par rapprochement avec billet, de synonyme à billet de mille francs (1931). En argot, un ticket s'est dit (attesté en 1943) pour « femme attirante » (peut-être, vu l'attestation, en rapport avec les tickets de rationnement), puis, plus couramment dans la locution avoir un (le) ticket avec qqn « lui plaire manifestement » (1950), par métaphore du droit d'entrée.
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Un réemprunt à l'anglo-américain ticket est à l'origine du sens de « fiche ou liste électorale d'un parti aux États-Unis » (1901).
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TICKSON ou TICSON n. m., resuffixation de ticket, s'est d'abord employé (1907, ticçon, Esnault) pour « individu bizarre », puis plus normalement (1947) pour « billet, ticket ».
TICLET n. m., écrit tiglets en 1611, est un diminutif en et sur le radical onomatopéique tic (→ tic), mais le l est inexpliqué. Ce mot régional de Franche-Comté désigne le levier du loquet (d'une porte). Var. TICLETTE n. f.
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TICLER et TICLETER v. intr. attestés en 1879 et 1881 s'emploient pour « actionner le ticlet » (pour ouvrir comme pour fermer une porte). Ils sont aussi transitifs (ticler la porte).
TIC-TAC interj. et n. m. inv., attesté depuis 1552 (fin
XVe s., onomat.), a la même origine onomatopéique que
tic.
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Le mot exprime le bruit que fait un mouvement réglé (celui d'une horloge, d'un moulin). Il s'est imposé devant tic et tac (1690) et tic et toc (1690).
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On en a tiré TICTAQUER v. intr. (1881, Huysmans) « faire tic-tac (de l'horloge) ».
TIE-BREAK n. m., anglicisme attesté en 1970, est un emprunt à l'anglais des États-Unis, de to tie « lier » et break « arrêt, pause », désignant le moment, au tennis, où les deux joueurs ayant chacun remporté six jeux, on décide que le septième point donnera la victoire. Pour éviter cet anglicisme, on a recommandé officiellement en France l'expression jeu décisif, sans grand succès.