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TILLEUL n. m. est la réfection (XVe s.) de tilluel (1178), issu d'un latin populaire °tiliolus, diminutif de °tilius, masculin issu du latin classique tilia « tilleul » (depuis Virgile) et « seconde écorce de l'orme », mot sans étymologie connue. °Tilius avait abouti à til (fin XIe s.) et teil (XIIe s.) ; Cf. ci-dessous.
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Tilleul, nom d'un grand arbre à feuilles alternes à fleurs blanches ou jaunâtres très odorantes, ainsi que son bois, appelé bois blanc en français québécois, est employé par métonymie pour désigner la fleur et ses stipules séchées pour faire des infusions (attesté 1855, mais antérieur). Le mot désigne aussi cette infusion (1829).
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Tilleul d'Afrique se dit d'un autre arbre (Rubiacées) de la forêt équatoriale africaine. Il est employé en parlant d'une nuance de vert clair, comme nom (fin XIXe s.), le plus souvent en apposition à vert, et (1909) comme adjectif, ceci dès l'ancien français sous la forme teil (v. 1165, cheval teil).
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TILIACÉES n. f. pl. est formé savamment en botanique (1798, Joly), du latin
tilia (→ tilleul) et du suffixe
-acées.
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Teil n. m. s'est maintenu pour désigner le tilleul jusqu'au
XIXe s., à côté de
til (jusqu'au
XVIIIe s.) et de formes issues de
tilia, tile (
XIIe s.),
tille (v. 1200). Le mot s'est spécialisé, désignant l'écorce de la tige du chanvre, écrit
teil, til (v. 1150),
TILLE et enfin
TEILLE n. f. (v. 1375), les deux dernières formes restant en usage.
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Plusieurs acceptions ont disparu : « peau entre l'écorce et le bois du tilleul » (v. 1200,
tille), « corde faite avec l'écorce du tilleul » (
XIIIe s.,
tille ; 1636,
teille), « planche de tilleul » (1202).
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Tille et teille ont produit TILLER v. tr. (v. 1460 ; 1311, tillier) et TEILLER (v. 1450 ; déb. XIVe s., teillier), verbes relatifs au traitement du chanvre, comme leurs dérivés TEILLEUR, EUSE n. (1680, aussi tilleur) et TEILLAGE n. m. (1803 ; 1836, tillage).
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D'autres dérivés ont disparu avec le déclin de l'utilisation du chanvre.
TILT, d'abord interjection (1964), puis n. m. (1965) est emprunté à l'anglo-américain, de to tilt « basculer ».
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Le mot désigne le signal d'interruption de jeu, au billard électrique, aux flippers. Au figuré,
tilt ! suggère l'inspiration soudaine, ce qui frappe l'attention ; d'où
faire tilt « frapper l'esprit, devenir brusquement clair ».
TILTER v. intr., « faire tilt, déclencher le tilt » (1986), s'emploie au figuré pour « comprendre, réagir soudainement ».
TIMBALE n. f. est l'altération (milieu XIIIe s.) d'après cymbale, de tamballe « tambourin » attesté plus tard (1471), encore employé au XVIe s. (1530) dans tamballe d'Espagne. Tamballe est emprunté à l'ancien occitan tambala, lui-même emprunté à l'arabe ṭabl « tambour », devenu en arabe d'Espagne tạbál, d'où le français atabal (fin XVIe s.) ; l'arabe est également passé en portugais (atabal), catalan (tabal) et italien (taballo). Le français a eu une forme atabal (1595, d'Aubigné), attabale (1611), proche de la forme espagnole.
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Le mot désigne un instrument à percussion, un tambour composé d'un demi-globe de métal sur lequel est tendue une peau. Cet instrument n'est plus guère employé dans la musique militaire où il figurait dans la cavalerie (il figure encore dans l'orchestre de la garde républicaine), et est aujourd'hui réservé à l'orchestre classique.
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Par analogie d'aspect, le mot sert aussi (1727) à désigner un gobelet de métal cylindrique sans pied. Ce sens donne lieu à la locution figurée décrocher la timbale (1877) qui fait allusion à la timbale accrochée à un mât de cocagne.
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Vers le milieu du XVIIIe s., timbale désigne aussi un moule de forme circulaire en cuisine (1749) et, par une métonymie courante, une préparation culinaire cuite dans ce moule.
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Le mot, au sens premier de « tambour », a produit TIMBALIER n. m. (1667) par lequel on désigne celui qui bat les timbales dans la cavalerie, spécialement le musicien aux timbales dans un orchestre (1671).
TIMBRE n. m. est emprunté (mil. XIIe s.) au grec byzantin timbanon sous les formes successives supposées °timbene, °timbne puis altéré en timbre. Timbanon, pour tumbanon, est lui-même l'altération du grec classique tumpanon « tambourin », techniquement « roue à eau » et « caisse dans une machine ». Les Anciens tiraient le terme de tuptein « frapper », mais il s'agit vraisemblablement d'une étymologie populaire ; selon une hypothèse plus plausible, le tumpanon étant associé aux cultes orgiaques de Cybèle et de Dionysos, le mot serait d'origine sémitique (araméen tuppā, hébreu tôp, surtout au pluriel tuppîm, etc.). Tumpanon a été emprunté par le latin tympanum, d'où viennent la forme héritée disparue tympe (v. 1155) et l'emprunt tympan*.
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Timbre s'est progressivement éloigné de son sens d'emprunt, « tambour de basque », propre à l'ancien français ; il s'appliquait à la cloche immobile que l'on frappait avec un marteau (1374), qui est à l'origine du sens métaphorique de « tête » (v. 1450). De cette valeur procède la locution
avoir le timbre fêlé (1606).
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De nos jours, le mot au sens concret désigne une calotte de métal qui, frappée par un petit marteau ou un vibreur, sert de sonnette (1858). Par métonymie, il désigne la qualité de sonorité d'un timbre (1762 ; 1740, « son d'un timbre ») et, plus généralement, d'un instrument donné, valeur importante en musique. Il est employé aussi en phonétique (1926 ;
timbre d'une voyelle).
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Timbre a eu un autre développement sémantique fondé sur une analogie de forme avec le tambour ou la cloche nommés timbre au moyen âge. Il a désigné un panache au-dessus d'un casque (1351) et le casque à panache lui-même (XVIe s.), puis la partie arrondie du casque (1872) ; par ailleurs, il se disait d'un bassin, d'une auge (1530) et, à la fin du XIXe s., d'une petite glacière (1890).
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Employé spécialement en héraldique (1352) à propos d'un casque ou d'un autre ornement placé au-dessus de l'écu, il a pris le sens particulier de « marque imprimée sur le papier que l'État rend obligatoire pour la validité de certains actes » (1680), d'où plus tard un emploi à propos du bureau où l'on vend le papier ainsi marqué (1803), qui a disparu.
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De là, timbre se dit de la marque qu'une administration, une entreprise appose sur un document pour en certifier l'origine, et de l'instrument qui sert à imprimer cette marque (fin XIXe s.).
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Dans le domaine postal, le timbre était un cachet indiquant le bureau d'origine d'une lettre et certifiant le paiement de son port (1798). De nos jours, les informations délivrées par le timbre ayant changé, on parle plutôt de cachet, timbre s'appliquant surtout à une petite vignette ayant valeur d'affranchissement, procédé inventé en Angleterre en 1840 et désigné par le mot stamp. Ce sens est attesté en français depuis 1848, date du décret-loi (24 août) autorisant la mise en vente de ces vignettes, qui eut lieu à partir du 1er janvier 1849. Collection, collectionneur de timbres a suscité le composé savant philatélie*.
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Par analogie, le mot sert aussi à désigner une vignette fiscale (1878) [généralement nommée timbre fiscal pour éviter les confusions] ainsi que la vignette attestant un paiement de cotisation.
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Timbre entre dans quelques noms composés désignant des timbres particuliers, de timbre-poste (1863), moins usuel que timbre dans cet emploi, à timbre-amende, timbre-quittance (1888) et contre-timbre.
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Le dérivé
TIMBRER v. (v. 1175) a suivi le même développement sémantique que le nom, d'abord employé intransitivement pour « jouer du tambour ». Comme terme de blason (v. 1340), il signifie dès le
XVIIe s. « marquer d'un timbre » un papier (1680), puis une lettre (1762), plus tard « apposer un timbre-poste », par exemple dans
timbrer une lettre, alors synonyme d'
affranchir et (1876) « coller une vignette (fiscale) ».
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Il a produit le nom d'agent TIMBREUR, EUSE (1680) et le nom d'action TIMBRAGE n. m. qui apparaît en blason (1575) et au sens moderne sous la Révolution (1792).
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TIMBRÉ, ÉE adj., lié à timbre « cloche » et « tête », signifie (v. 1560) « un peu fou » (Cf. sonné), mais on a dit à l'époque classique une tête bien, mal timbrée « bien, mal équilibrée » (1640).
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L'adjectif s'emploie aussi pour qualifier une voix par rapport à son timbre, à sa qualité sonore (1836).
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Par ailleurs, lié au verbe, il se dit en héraldique (v. 1562) et s'emploie dans papier timbré (1675).
TIMIDE adj. est emprunté (1528) au latin timidus « qui craint, circonspect », dérivé de timere « craindre, avoir peur », mot sans étymologie claire. On remarquera que les mots indoeuropéens de même sens sont différents et n'ont qu'une aire peu étendue : le grec a le groupe de deos « crainte », l'arménien erknč̣im, l'irlandais -águr « je crains », le vieil islandais agan « craindre », etc. Le latin terrere (→ terreur, terrible, terrifier) est venu secondairement.
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Timide apparaît d'abord comme un mot d'emprunt lettré dans son sens latin originel « qui a peur ». La généralisation de son emploi entraîne, après le milieu du XVIIe s., un affaiblissement sémantique progressif en « craintif, plein d'appréhension » (1660) et « qui manque d'assurance, de hardiesse » (1654) puis « discret dans les relations sociales » (1670), seules valeurs vivantes aujourd'hui. Timide qualifie aussi ce qui témoigne chez qqn d'un manque d'assurance (1628).
❏
Les dérivés suivent la même évolution :
TIMIDEMENT adv. (1542,
timidéement), d'abord « avec crainte », correspond à « avec un manque d'assurance » (1549) et à « avec prudence » (1562).
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INTIMIDER v. tr. (1515), d'abord créé comme terme juridique (« menacer gravement »), est passé très rapidement dans l'usage courant pour « effrayer » (1546) puis par affaiblissement (1662) « donner de l'appréhension » et enfin « faire perdre son assurance à qqn ».
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L'idée étymologique de crainte reste présente dans les dérivés INTIMIDANT, ANTE adj. (1580), appliqué depuis le XIXe s. (1867) à ce qui fait perdre l'assurance, à ce qui impressionne, et INTIMIDABLE adj. (1845).
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Cette idée de crainte est encore plus sensible dans INTIMIDATION n. f. (1552), créé comme terme de droit, puis employé plus largement (1803), notamment à propos d'un État, d'un régime politique qui a recours à la menace (1836), ainsi que dans INTIMIDATEUR, TRICE adj. (av. 1836), d'usage rare.
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TIMIDITÉ n. f., nom de qualité correspondant, est emprunté (v. 1400) au dérivé latin
timiditas.
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Introduit dans l'usage soutenu au sens fort de « crainte, appréhension », il connaît le même développement sémantique que timide à partir du XVIIe s. (1654).
❏ voir
TIMORÉ.
TIMING n. m., anglicisme apparu en 1906 comme terme de boxe, répandu vers 1950, est pris à l'anglais timing, formé du verbe to time « arriver », de time « temps ». L'anglais timing signifie d'abord (XIIIe s.) « moment », puis (fin XVIe s.) « fixation d'une durée, d'un délai », spécialisé en sports (1893).
❏
En sports, le mot s'emploie en français, prononcé taïming', pour la mise en place temporelle d'un geste ou pour la synchronisation d'une action, notamment au football, au rugby.
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Dans l'usage courant, il s'emploie pour la prévision exacte des phases (d'une opération), dans un contexte plus bref et plus strict que calendrier, emploi du temps (cependant, l'anglicisme s'emploie par effet de mode lorsque les mots français conviendraient).
L
TIMON n. m. est issu (v. 1150) du bas latin timo, -onis, attesté depuis environ 500 (entre autres chez Grégoire de Tours), lequel est une altération du latin classique temo, -onis « flèche d'un char, d'une charrue » d'où par métonymie « chariot », appliqué en particulier au chariot de la Grande Ourse. Ce terme technique du vocabulaire de la carrosserie pourrait provenir du gaulois ; il n'a pas d'autres correspondants indoeuropéens que le germanique (vieil islandais pisl ; vieux prussien teansis). Ces formes se rattachent au groupe indoeuropéen de °ten- « tendre » (→ tendre).
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Le mot a gardé en français le sens du latin ; en outre il s'est employé en marine (1265), encore à l'époque classique, pour désigner la barre du gouvernail et, par extension, le gouvernail lui-même (voir ci-dessous timonier). Par métaphore (v. 1240 « pouvoir »), il équivaut comme gouvernail, barre à « pouvoir politique » (1623, le timon de l'État), emploi archaïque.
❏
Son unique dérivé
TIMONIER (déb.
XIIIe s.), antérieurement
tomonier n. m. (v. 1185), est un terme de marine désignant celui qui tient la barre de gouvernail, employé métaphoriquement au sens de « guide, conducteur » (d'où la traduction d'une expression chinoise concernant Mao Ze-dong par
le Grand Timonier).
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C'est aussi le nom donné à chacun des chevaux attelés de part et d'autre du timon (1636).
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Timonier a produit TIMONERIE n. f. (1791) « fonction de timonier » qui, par extension, sert à désigner collectivement l'ensemble des matelots affectés à ce service (1859) ainsi que la partie du navire qui abrite les appareils de navigation (1831).
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À la fin du XIXe s. (1887), le mot est passé dans le langage de l'automobile pour l'ensemble des organes de transmission commandant la direction et s'emploie également pour d'autres véhicules (avion, train).
TIMORÉ, ÉE adj. est emprunté (1578) au bas latin chrétien timoratus « qui craint Dieu » (IVe s.), dérivé du latin classique timor « crainte », spécialement « crainte de Dieu » (IVe s., saint Augustin), du verbe timere « craindre » (→ timide).
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Le mot a été introduit en français avec le sens religieux de « pieux, qui craint Dieu », déjà considéré comme vieux en 1660.
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Son sens s'est laïcisé avec une valeur psychologique proche de celle de craintif, pusillanime, comme mot littéraire pour qualifier une personne qui craint de mal agir (1611) ; il s'applique plus couramment à la personne qui craint les risques et les responsabilités (1690), substantivé en ce sens (1876).
❏
Le nom de qualité qu'on en a tiré, TIMORITÉ n. f. (1899, Daudet), ne s'est pas implanté.
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TIN n. m., attesté en moyen français sous la forme tint (1465), est emprunté à l'ancien occitan tin ou tind (forme de l'occitan moderne), d'origine inconnue. C'est en marine, sous la forme tin (1670), la pièce de bois formant béquille supportant la quille d'un navire en construction ou en réparation. Le mot se dit aussi de chaque pièce placée de place en place au fond d'une cale sèche.
TINAMOU n. m. est un emprunt (1743), probablement par l'espagnol tinamu, à un mot amérindien des Caraïbes, comme nom d'un oiseau aux ailes réduites, qui niche sur le sol.
TINCAL n. m. est un emprunt (1602, variante tinkal, 1765) au portugais tincal (1516), lui-même pris à l'arabe tinkār ou tinkal, emprunt probable à une langue de l'Inde par le persan. Le latin médiéval avait pris le mot arabe sous la forme atincar ou tincar (XIIe-XIIIe s.).
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Ce terme de chimie désigne le borate de soude, forme impure de borax.
TINETTE n. f. est le dérivé diminutif (XIIIe s.) de l'ancien français TINE n. f. (v. 1200), nom d'un récipient servant au transport de la vendange, du lait, de l'eau, et d'un baquet de bois employé dans la fabrication de la poudre et du salpêtre (1538). Celui-ci, sorti d'usage en français central, a survécu dans les dialectes et s'emploie en français d'Afrique, où il désigne un grand récipient métallique pour le transport de liquides, de céréales, etc. Le mot est issu du latin tina « bouteille à vin ».
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Alors que tine et son dérivé tinée n. f. (XVIe s.) « contenu d'une tine » ont disparu, tinette, proprement « petite cuve » (encore régionalement), s'est employé au sens technique de « tonnelet pour transporter le beurre fondu » (1639) et pour « beurrier » (1751). De nos jours, il désigne un récipient servant à transporter les matières fécales (1832) ou un cabinet d'aisances sommaire (1865). Ce sens a lui-même vieilli.
L
TINTER v. est issu (1080) du bas latin tinnitare « gazouiller » et à la forme pronominale « se vanter », fréquentatif du latin classique tinnire « rendre un son clair », au figuré « payer en espèces sonnantes » et « bavarder, chanter ». Il s'agit d'un verbe expressif que l'on peut rapprocher du vieux slave tǫtĭnĕti « faire du bruit » et du serbe tûtjna « murmure », sans pouvoir construire une série indoeuropéenne claire.
❏
Le mot est d'abord employé dans la locution négative ancienne
ne tinter mot « ne pas dire un mot », et s'emploie jusqu'en moyen français comme verbe de parole au sens de « dire » (v. 1310) et, dans
tinter contre qqn, pour « protester » (1412). Ces emplois se rattachent à certaines valeurs du latin.
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Le sens moderne de « rendre un son clair en étant frappé », en parlant d'une cloche, date du XIIe siècle. Il a pour pendant l'emploi transitif au sens de « faire sonner (une cloche) » (1496), d'où « annoncer (un office, etc.) en sonnant les cloches » (1680).
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Depuis le milieu du XVIe s., tinter se dit en particulier des oreilles qui donnent la sensation d'un tintement de cloche, sens réalisé au figuré dans la locution les oreilles ont dû vous (lui) tinter (1677) « vous avez dû être inquiet quant au succès de l'affaire », puis « on a parlé de vous en votre absence ».
❏
Tinter a produit le nom d'action
TINTEMENT n. m. (1490) « succession de bruits légers », aussi employé à propos de l'oreille (1501) puis avec les sens de « bruit d'une cloche », et « action de faire tinter » (1636).
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Son participe présent TINTANT, ANTE a été adjectivé (1538).
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Avec un élément dialectal
-ouin à la finale,
tinter a donné
TINTOUIN n. m. (1507), d'abord « pensée obsédante (comparable à un bourdonnement) », puis « bourdonnement d'oreilles » (1560). L'usage moderne emploie le mot à propos de l'embarras que donne une affaire (1507) ; il a désigné un bruit fatigant (v. 1850).
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Le dérivé TINTOUINER v. (XVIe s.) est sorti d'usage.
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TINTAMARRE n. m. est dérivé (v. 1490) de
tinter au moyen d'une forme finale obscure.
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Le mot a d'abord été employé à propos du bruit que l'on fait en frappant sur qqch. et, spécialement, a désigné une chasse aux ramiers qui se fait au milieu de la nuit en étourdissant les oiseaux par le bruit produit de tambours et de poêles.
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Le sens moderne plus général, « grand bruit accompagné de confusion et de désordre », est attesté depuis Rabelais (1546). Depuis le
XVIe s., le mot est aussi employé au sens figuré de « protestation » (1565).
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En sont dérivés
TINTAMARRER v. intr. (v. 1550, Jodelle), d'usage rare, et
TINTAMARRESQUE adj. au sens de « facétieux » (1856) dans le
Journal des Goncourt, dérivé du nom de la publication satirique
Le Tintamarre (1840), puis familier et rare pour « assourdissant » (attesté 1936).
❏ voir
RETENTIR, TINTIN, TINTINNABULER.
TINTIN n. m. est une formation expressive (v. 1200) imitant un bruit d'objets qui tintent (→ tinter).
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Le mot a servi à exprimer un bruit de cloches, de verres qui s'entrechoquent (1680) et un bourdonnement d'oreilles (XVIe s.).
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En moyen français, tintin a désigné (1312) un jeu où le perdant payait un gage (en pièces qui tintent), d'où la locution faire tintin « payer en espèces sonnantes », d'abord en franco-provençal (1503).
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Par une évolution obscure, peut-être parce que tintin évoque la sonnette tirée sans succès par un quémandeur, cette locution familière signifie aujourd'hui (v. 1930) « être frustré de qqch. » et l'interjection tintin ! s'emploie pour « rien du tout » (1938).
TINTINNABULER v. intr. est dérivé tardivement (1839) du latin tintinnabulum « espèce de crécelle en métal, grelot, clochette », dérivé expressif de tintinnire, tintinnare, variantes expressives de tinnire « rendre un son clair » (→ tinter).
❏
Le nom latin avait été emprunté en moyen français (fin XVe s.) sous les formes tintinable et tintinnabule « sonnette ». Ces formes ont disparu et ce n'est qu'au XIXe s. qu'apparaît le verbe d'emploi littéraire tintinnabuler « produire le son d'un grelot, d'une clochette ».
❏
Les dérivés TINTINNABULANT, ANTE adj. (1867, Gautier) et TINTINNABULEMENT n. m. (XXe s. : 1912) sont rares et littéraires.
TIPI ou TEPEE n. m. est un emprunt (1890, francisé en tipi, 1928) à l'anglo-américain tepee (1835), lui-même pris à la langue amérindienne des Sioux de l'Ouest et des Dakota.
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Ce mot désigne un abri conique de peaux cousues (correspondant au wigwam algonquin).