TMÈSE n. f. est la francisation (1818) de tmesis (1540), emprunt à l'hellénisme latin, le grec tmesis étant dérivé du verbe temnein « couper ». Le mot désigne en rhétorique la séparation de deux éléments d'une unité du lexique normalement liés (ex. lors même que...).
TNF n. m. est un emprunt récent au sigle anglais de Tumor Necrosis Factor, dans TNF alpha.
1 TNT n. m. sigle de trinitrotoluène, explosif (→ toluène).
2 TNT n. f. sigle de Télévision numérique terreste.
TO ou TÔ n. m. est un emprunt à une langue africaine. En français d'Afrique, « pâte de farine de mil roulée en boules, ou pâte d'autres farines, de chair de tubercules ». Le to est souvent, en Afrique occidentale, la base du repas.
TOARCIEN, IENNE adj. est dérivé du latin Toarcium, nom de Thouars, ville des Deux-Sèvres, pour qualifier en géologie les roches appartenant au liasique supérieur, étage du jurassique.
TOAST n. m. apparaît au XVIIIe s. (un exemple de 1734 concerne l'Angleterre), sous diverses formes, toste (1745, jusqu'au XIXe s.), aussi au féminin (1789, Marat), toast (1750) par emprunt à l'anglais toast, qui avait pris récemment cette valeur : « fait de boire à la santé de qqn ». Le mot anglais signifie d'abord (XIVe s.) « pain grillé » ; il est emprunté à l'ancien français tostee n. f., de toster « griller, rôtir ». Selon les étymologistes anglais, on aurait comparé la personne à la santé de laquelle on buvait (sens attesté en 1700) au pain grillé épicé qu'on trempait dans la boisson. D'après J. Demy, il s'agirait plutôt d'une confusion entre toast « pain grillé » et un emprunt au persan dostkām, de dost « ami » et kām « amour », mot qui aurait été « repris, avec la coutume, à la cour du Grand Mogol » (in L. Deroy, L'Emprunt, p. 63). Pour l'origine de tostee « griller », → torrent, tôt.
❏  Le mot désigne donc en français le fait de lever son verre à la santé de qqn et (XXe s.) l'allocution prononcée à cette occasion.
■  Par réemprunts, d'abord isolés au XVIIIe s. (1769, thoast ; 1777, toste), puis au début du XIXe s. (1826), le mot est employé (fin XIXe s.) pour « tranche de pain de mie grillé », cette acception étant concurrencée par rôtie en français du Canada.
❏  TOASTER v. intr. (1745, toster) s'est employé pour « porter un toast ». ◆  TOASTÉ, ÉE adj. a été reformé au XXe s. (1957 écrit tosté) pour « grillé, transformé en toast ». TOASTEUR n. m., francisation (1959) de l'anglais toaster (1920), est un équivalent de grille-pain, plus courant en français du Québec.
❏ voir TORRÉFIER, TORRENT, TORRIDE, TÔT.
TOBOGGAN n. m. est emprunté (1691, tabaganne, repris 1882 ; forme moderne 1887 à Québec, puis 1890, Coubertin) à l'anglais toboggan (XIXe s.) « traîneau utilisé pour le transport sur la neige », attesté sous diverses variantes entre 1830 et 1870. Le mot anglais est emprunté à plusieurs mots indiens du Canada tous apparentés (algonquien otaban, cri otabanak, micmac tobākun, abenaki udãbãgan, etc.). Au Canada même, ces mots sont passés en français sous la forme tabagane*, puis en anglais sous la forme toboggan (aussi tabagan, tabogan, tarbogan, etc., v. 1820).
❏  Le français a repris la forme anglo-canadienne pour parler du traîneau, et, surtout, de la piste sur laquelle on fait des descentes avec ce traîneau (1890), appelée en anglais du Canada (1884) et des États-Unis (1886) toboggan slide ou toboggan. ◆  Le mot s'emploie aussi (1900, isolément, tobbogan, puis 1913) pour le sport pratiqué à l'aide du toboggan ; on a employé un moment tobogganing n. m. (1890), emprunt au dérivé anglais tobogganing (1846 au Canada, 1855 en américain). ◆  Par analogie de forme, il désigne (1890) une rampe inclinée sur laquelle on se laisse glisser — notamment comme jeu d'enfants — et, dans le vocabulaire technique, (1927), un appareil de manutention avec glissière, un viaduc démontable à forte pente (1967, Toboggan, marque déposée). Avec ce dernier sens, toboggan a un équivalent français : autopont.
❏ voir TABAGANE.
1 TOC ou TOC-TOC interj. et n. m. est un mot attesté depuis le moyen français (1496), de formation expressive et qui appartient à une série de bases onomatopéiques à structure consonantique t-k (variantes : tr-k, t-p, t-t) suggérant l'idée de coup.
❏  À côté de tic* et tac*, toc exprime l'idée d'un petit coup et d'un bruit frappé à la porte, répété en toc-toc (1697, Perrault, très antérieur oralement). ◆  Comme interjection, toc ! s'emploie pour appuyer ou souligner une réponse « frappante » (1903), souvent sous la forme et toc ! ◆  Il a développé quelques sens techniques, désignant autrefois la sonnerie d'une montre à répétition sans timbre (1834), puis l'organe d'un tour qui maintient en place la pièce que l'on tourne (1904) et la touche du poisson à la pêche. ◆  Il est adjectivé, souvent redoublé en toc-toc, au sens familier d'« un peu fou » (1880) [→ toqué], selon la métaphore courante de frappé, sonné.
❏  2 TOC n. m. et adj., avec la valeur de « camelote », est issu (1835, adj.) de l'onomatopée, l'idée de tricherie, de ruse étant souvent exprimée dans les dialectes par des mots signifiant à l'origine « donner de petits coups » (toc et tac, dans l'est de la France, signifie « ruse »).
■  Le mot a d'abord été appliqué à un métal non noble (1835, cuivre doré imitant l'or), un mauvais bijou, avant de se dire par extension de tout objet faux et prétendu ancien, sans authenticité (1836). ◆  Toc est attesté dès 1835 comme adjectif avec le sens argotique puis familier de « malin », puis « faux, mauvais » (1849), d'où (1862) un toc « un faux nom » (vivre sous un toc), et, semble-t-il, le sens opposé, de « chic » (1856). De ce sens argotique ancien procède l'idée de « toupet, culot » (1928), réalisée par le nom dans les locutions sorties d'usage manquer de toc, avoir le toc de...
TOCANTE n. f. (1820) ou TOQUANTE (1725), familier pour « montre », dérive de toc ou de toquer*.
■  À l'aide du suffixe péjoratif -ard, toc a servi à former TOCARD, ARDE adj. (1855), « ridicule, faux, laid », d'usage familier ; on relève aussi les formes tocquard (1926), toquard, à ne pas confondre avec le nom homonyme, qui appartient à la même famille.
■  TOCARD ou TOQUARD n. m., terme de turf désignant un mauvais cheval (1884), est issu de la substantivation, soit de l'adjectif ci-dessus, soit d'un adjectif toquart, toquard attesté régionalement (Ouest) avec les sens de « qui a une grosse tête » (Cf. têtard) et « qui porte à la tête, capiteux » et, en parlant d'un animal, « qui frappe avec la tête » (du bélier), avec l'idée du bruit de choc. Une première dérivation de toc avait donné (1855) le sens de « laid », à propos d'une personne. ◆  De toutes façons, toquard est aujourd'hui senti comme rattaché à l'adjectif toc « sans valeur ». Le mot, par extension, se dit d'un mauvais sportif (1904) et, couramment, d'une personne incapable (1925).
RETOQUER v. tr., attesté d'abord au participe passé retoqué (1807), est entré dans l'usage familier pour « refuser à un examen, recaler », l'écolier, l'écolière ou l'étudiant, l'étudiante ayant subi cet échec pouvant être appelé(e) RETOQUÉ, ÉE n. Une parodie de poème symboliste parle d'un certain Phébus de Retoqué, rattachant le mot à toqué « un peu fou » (→ toquer). Le verbe d'argot scolaire, dans l'esprit de revoir sa copie, a été appliqué aux projets, intentions du pouvoir politique, au sens de « faire échouer, refuser », quand le refus vient d'une instance officielle, comme le Conseil d'État, en France, ou du législatif (un projet de loi retoqué).
❏ voir TOQUER.
TOCCATA n. f. est emprunté (1703) à l'italien toccata, terme de musique, participe passé substantivé de toccare « toucher », de même origine que le verbe français. L'italien oppose toccare et sonare d'où toccata et sonata (→ sonate).
❏  Le mot désigne, en français comme en italien, une pièce instrumentale souvent brillante, sans structure précise. À côté de la sonate* (pièce à « sonner ») et de la cantate* (pièce à « chanter »), la toccata est d'abord une pièce à jouer sur un instrument à clavier (« touché »).
TOCO-, élément initial, et -TOCIE, élément final de mots de médecine, sont tirés du grec tokos « accouchement ».
TOCSIN n. m., réfection graphique (1611) de touquesain (1379), puis toquesain (XVIe s.), est emprunté à l'ancien provençal tocasenh (1369) de même sens, formé de toca, dérivé de tocar « sonner (les cloches) » (XIVe s.), de même étymologie que le français toucher*, et de senh « cloche » issu du latin signum (→ signe) qui avait pris à basse époque le sens de « cloche » (VIe s., Grégoire de Tours), conservé en ancien français par seing*. On relève aussi à l'époque classique la graphie tocseing (1690).
❏  Le mot désigne le tintement d'une cloche servant à donner l'alarme et est devenu, par métonymie, le nom de cette cloche (1611). La locution sonner le tocsin (v. 1570, toxin) « donner l'alarme » a pris la valeur figurée (1688, Bossuet) de « manifester des inquiétudes pour alerter qqn, exciter l'opinion, etc. », sens qui a disparu.
TOERÉ ou TOÉRÉ n. m. est un emprunt à un mot tahitien, désignant un instrument de musique, un « tambour à fente » (tronc évidé ou bambou fendu dont on percute la fente).
TOFFEE n. m. est un emprunt (1898) à l'anglais toffee, graphie employée par Dickens (1862) au lieu de toughy (av. 1825), mot d'anglais régional du Sud, qu'on rapproche de toffy (mot du nord de l'Angleterre et de l'Écosse), qu'on rapproche lui-même de tafia en Amérique du Nord, la liqueur étant distillée à partir de mélasses, de sucre brun. Le mot désigne un bonbon anglais au caramel ; il est parfois francisé en toffé ou toffée, et n'est plus usuel.
TOFU ou TOFOU n. m., transcription d'un mot japonais (déjà en anglais 1880), désignant un mets fait d'une purée de graines de soja bouillie et tamisée, puis gélifiée. Le mot n'est attesté en français que vers les années 1950-1960.
TOGE n. f. est l'altération (1546, Rabelais) de togue (1213, encore en 1660), emprunt au latin toga. Le mot, dérivé de tegere « couvrir » (→ toit), a désigné originellement une couverture, puis un vêtement, indifféremment d'homme ou de femme, avant de se spécialiser pour le vêtement du citoyen romain, symbole du civisme et de la nationalité romaine (par opposition à pallium qui caractérise les Grecs, → pallier). Il s'est également spécialisé à propos du vêtement des hautes classes, s'opposant alors à tunica (→ tunique).
❏  Le mot a été emprunté par les lettrés comme terme d'antiquité romaine. Il s'est étendu à l'habit long de cérémonie porté dans certaines professions (1802).
TOGOLAIS, AISE adj. et n. est dérivé du nom du Togo. Ce dernier n'est attesté qu'en 1884, lorsque l'explorateur allemand Nachtigal négocia un traité avec les chefs de l'ethnie Ewé. Ce fut d'abord le nom d'un lac, d'une ville et de sa région, étendu à l'ensemble de la colonie du Togo français et maintenu à l'indépendance, en 1960. Le mot qualifie et désigne ce qui a rapport à ce pays d'Afrique de l'Ouest et à ses habitants.
❏  TOGOLISER v. tr. et TOGOLISATION n. f., comme pour d'autres noms de pays décolonisés, concerne la prise de responsabilité et de fonctions de décision par les Togolais.
TOHU-BOHU n. m. est la transcription, d'abord en toroul boroul (XIIIe s.), de la locution hébraïque tohû webohû, employée dans la Genèse (I, 2) pour désigner le chaos avant la création du monde. Le français a eu aussi tobu vabohu (XVIe s.) puis Tohu et Bohu comme nom de deux îles dans le Quart Livre de Rabelais (1552) et enfin tohu-bohu, relevé pour la première fois dans la traduction de Voltaire (1764) de la phrase de la Genèse : « La terre était tohu-bohu. »
❏  Le mot est passé en français pour désigner un désordre qui rappelle le chaos primitif, tandis qu'une tradition savante conservait le sens propre biblique (av. 1598). ◆  Par extension, il est appliqué à un état de grande confusion (1819) et, l'accent étant mis sur le bruit, un tumulte bruyant (1862).
L TOI, TE pron. pers. et nominal, aboutissement (v. 1170) de tei (XIe-XIIe s.), et te (Xe s.), est issu du latin te (à l'origine du pronom atone te), accusatif de tu (→ tu).
❏  Toi est d'abord employé en fonction de complément (XIe s.), d'attribut (v. 1265) et de sujet (XIIe s.), spécialement comme appellatif (1677), familièrement bonjour, toi ! (1757). À partir du XVIe s., on relève des constructions renforcées caractéristiques des pronoms personnels, notamment TOI-MÊME (1580), toi seul (1662), toi tu (1668). ◆  En emploi substantif (apr. 1250, un autre toi), le toi est beaucoup moins courant que le moi*. ◆  Te s'emploie dans les mêmes conditions que me, se (→ moi, soi), s'élidant devant une voyelle ou un h muet et utilisé avec un verbe à la forme pronominale (v. 1530).
❏  TÉZIGUE pron. pers. 2e personne, équivalent argotique de toi, est formé, comme mézigue, sézigue (→ se, soi), de l'adjectif possessif tes (→ 2 ton) et de zigue (→ zig).
L TOILE n. f., d'abord teile (1140), puis toile (XIIe s.), également telle, tele, teille en ancien français, est issu du latin tela « toile d'araignée », par métonymie « chaîne de la toile et du métier de tisserand », employé aussi au sens figuré de « trame, complot ». Tela est dérivé, par une forme °texla, du verbe texere (→ tisser).
❏  Le mot désigne un tissu réalisé avec l'armure la plus simple (dite toile ou unie), ce tissu étant à l'origine composé de fils de lin ou de chanvre, puis au XVe s. de soie, d'or ou d'argent (déb. XVIe s.), de coton (1522). Toile à voile (1654), toile à matelas (1804) ont été relevés d'abord en français du Canada.
■  Il a servi à baptiser un genre littéraire médiéval, la chanson de toile (v. 1228), que les femmes chantaient en tissant.
■  Toile désigne en particulier une pièce de ce tissu, apprêtée pour un usage utilitaire (1230, toile cirée, toujours en usage), ou décoratif (1770, toile imprimée). En français régional, et dans des lieux aussi éloignés que la Normandie, la Bretagne orientale, d'une part, et les Pyrénées-Orientales, ce qui suggère des emplois très répandus, le mot est utilisé au sens de « serpillière », notion exprimée par de nombreux mots différents selon les régions. Par figure, il entre dans l'expression toile de Pénélope « entreprise interminable » (1615), par allusion à l'Odyssée où Pénélope défait la toile qu'elle tisse le jour, pour faire attendre ses prétendants. ◆  Toile a développé plusieurs emplois spéciaux, désignant la pièce de toile préparée pour servir de support à une œuvre picturale (1604) et par métonymie le tableau lui-même (1646), emploi plus technique que tableau (une toile de maître). Le mot s'est employé pour un rideau de théâtre (1688 Regnard), sens sorti d'usage, puis le décor de théâtre (XIXe s.), d'où toile de fond, employé au propre et au figuré (1935). ◆  Toile s'est employé comme terme de chasse (1530), comme terme militaire avec le sens d'« ensemble de tentes » (1798), d'où, avec le sens général du mot, l'expression moderne village de toile désignant un camping (1964). ◆  Il se dit encore en marine (1307) à propos de la surface des voiles. ◆  Il désigne familièrement l'écran de cinéma, mais seulement avec la locution se faire une toile (1955) « aller voir un film ». ◆  Le sens spécial qu'il a en sports, où faire une toile c'est « commettre une maladresse » (1939), n'est pas expliqué.
■  Depuis le XIIIe s., le mot sert à désigner, comme en latin, le réseau de fils d'une araignée, absolument ou dans toile d'araignée, et s'emploie au sens figuré de « piège » (1601). Voir araignée. ◆  Toujours avec l'idée de réseau de fils, toile a été repris en botanique (1904) en parlant d'une maladie consistant en la formation de filaments. ◆  En télématique, toile (parfois écrit Toile, avec la majuscule) sert parfois d'équivalent français à l'anglicisme web, servant à désigner le réseau Internet. Cet emploi semble avoir été diffusé à partir du français québécois.
❏  Le mot a produit un certain nombre de dérivés se rapportant à la fabrication et au travail de la toile (spécialement en tissage, dentelle, reliure).
■  TOILERIE n. f. est la réfection (1636) de taillerie (1352).
■  Au XVIe s., est apparu TOILÉ, ÉE adj. (1582) « tissé de fil, de chanvre », sorti d'usage ; TOILÉ n. m. « fond de dentelle » (1680) et « dentelle d'un point très serré » (1765) est demeuré technique.
■  TOILIER, IÈRE n. et adj., réfection (1280) de tellier (fin XIIe s.), a désigné un marchand ou fabricant de toiles ; il a été repris (1845) comme adjectif pour « de la toile ».
■  Quelques dérivés plus récents sont d'usage technique : TOILAGE n. m. (1836), d'abord terme de dentellerie, s'emploie surtout pour « reliure toilée ».
■  TOILER v. tr. (XXe s.) lui correspond.
■  TOILEUSE n. f. « piqueuse à la machine sur toile » (1955) et TOILISTE n. (1974), qui correspond à entoiler dans la confection des vêtements, sont des noms de métier.
Le composé verbal ENTOILER v. tr. (fin XIIe s.) correspond à « fixer sur toile » et (1611) à « garnir de toile », notamment une brochure, un livre ; de là livre entoilé. Une spécialisation (1718) concerne le fait de fixer une image, une carte géographique sur un support de toile. ◆  De là ENTOILAGE n. m. (1755), avec des sens techniques en aviation (1901), en reliure.
■  Le préfixé RENTOILER v. tr. (1449) signifie « remplacer la toile (d'un objet) » et (1793) « fixer sur une toile neuve, un nouveau support (une peinture, etc.) » ; d'où RENTOILAGE n. m. (1752 ; 1771 in T. L. F.) et RENTOILEUR, EUSE n. (1856).
■  Le composé ENTRETOILE n. f. (1660) désigne une dentelle cousue entre deux bandes de toiles.
Parmi ces dérivés, il en est un qui a suivi un développement sémantique particulier aboutissant à sa démotivation. TOILETTE n. f. (XVIe s.), réfection de tellette (1352), est en effet le diminutif de toile, employé (du XIVe au XVIe s.) avec le sens propre de « petite toile ». L'idée de « fine toile » reste vivante dans certaines acceptions techniques du mot, par exemple en boucherie : « crépine enveloppant certains morceaux » (1555).
■  La valeur aujourd'hui dominante du mot apparaît au XVIe s. lorsque toilette a servi à désigner la toile que l'on étendait sur une table afin d'y mettre les ustensiles servant à la parure (1599). Cette évolution est analogue à celle de bureau, dérivé de bure. Par métonymie, le mot a désigné ces ustensiles eux-mêmes (1657), puis le meuble garni des ustensiles (1690) et abstraitement l'action consistant à se préparer pour paraître en public (1679). À l'époque classique le mot désignait le moment pendant lequel les grandes dames recevaient en s'habillant (1690). Avec la même idée, on trouve plus tard l'expression toilette des condamnés, préparation corporelle à laquelle on soumettait le condamné à mort (1829). Toilette se dit aussi du fait de parer, d'apprêter un objet (av. 1841, Chateaubriand). ◆  De nouveaux emplois métonymiques mettent l'accent sur l'habillement (1776) et sur les soins de propreté du corps (1842 ; serviette de toilette, 1819), sens qui se développe aux XIXe s. avec l'hygiène. ◆  La locution cabinet de toilette (1740) se rattache au sens actif général, puis au dernier mentionné. ◆  L'emploi du pluriel les toilettes, pour désigner par euphémisme un cabinet d'aisances, date du XXe siècle. Cet emploi est plus courant que le singulier en français de France, mais on dit plutôt la toilette en Belgique, au Québec (avec, en Belgique, les synonymes les besoins, la cour). Bol, bolle de toilettes désigne au Québec la cuvette des W.-C. ◆  À la fin du XIXe s., toilette prend le sens (1881) de « préparation (d'un manuscrit) ».
■  Le dérivé TOILETTER v. tr., attesté chez Balzac (1831) en emploi pronominal en parlant d'un chat, se dit surtout de la toilette d'un animal d'appartement, celle-ci prenant le nom spécifique de TOILETTAGE n. m. (1936), et la personne qui l'effectue le nom de TOILETTEUR, EUSE n. (v. 1950).
⇒ encadré : Le tzigane ou tsigane