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Tourner apparaît avec le sens concret de « déplacer (qqch.) par un mouvement circulaire » et, comme intransitif (fin
Xe s.), « changer de position, de direction » ; au pronominal
se tourner vers qqn signifie « s'adresser à lui » ; ces valeurs générales donnent lieu à plusieurs extensions. Dès l'ancien français, les emplois intransitifs, transitifs et pronominaux se répartissent en de nombreux sens et valeurs, sans oppositions nettes entre ces fonctions.
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Faire tourner (qqn, qqch.) de (v. 1050), comme le pronominal
soi tourner (v. 1155), ont été remplacés en ce sens par
se détourner.
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Depuis
La Chanson de Roland (1080), le verbe s'emploie par figure dans
tourner le dos « partir », expression relevée plus tard avec une valeur concrète (
XIIIe s.) et à nouveau au figuré à la fin du
XVIIe s. (1694,
tourner le dos à un lieu), ensuite avec un sujet abstrait (1718). Le sens de « partir » est assumé par
tourner les talons (v. 1220), l'expression
tourner casaque s'appliquant plutôt à l'idée de « se retourner », au figuré « changer d'opinion ».
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Plusieurs emplois concrets ont pris une valeur figurée, comme
tourner ses yeux vers (1580),
tourner ses pas vers (1767), etc. Depuis le
XIIe s. (v. 1190), le verbe s'applique au changement de direction du vent, et
le vent tourne a pris (1653) le sens figuré de « les circonstances changent ». On trouve dès le
XVIe s. (1532) l'expression
la chance tourne.
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Avec une valeur générale, « mettre (qqch.) dans une position inverse », tourner est attesté au XIIe s. avec la valeur de « traduire » (1165) sortie d'usage à la fin du XVIIe s., le participe passé (une œuvre tournée en français) s'employant encore au XVIIIe siècle. Ces emplois donnent à tourner la valeur de « diriger », réalisée dans un contexte abstrait par tourner ses pensées vers (1580) ou se tourner vers « s'adresser à ».
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L'idée de changement s'applique à d'autres contextes ; le verbe s'emploie intransitivement pour un aliment qui devient aigre (fin XIe s.). Cette valeur du verbe est encore courante à propos du lait (voir ci-dessous le déverbal, la tourne). Il exprime aussi un changement positif, tourner (1636) étant utilisé pour un fruit qui commence à mûrir. Se tourner a aussi signifié à la fois « s'aigrir » (1393) et « commencer à mûrir » (1616).
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Tourner qqch. « présenter (qqch.) d'une façon qui en change la nature » (1162) reste jusqu'à l'époque classique à côté de tourner en (fin XIIe s.), spécialement dans tourner qqch. en bien (en mal) [1440-1475], tourner en ridicule « ridiculiser » (1658), auparavant tourner a fable (v. 1175).
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Tourner qqn « le faire changer de parti » (XIIIe s.) puis « le circonvenir » (1596) a été remplacé par retourner* mais l'emploi intransitif pour « changer ses opinions » (1878) demeure vivant.
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Tourner, intransitif, a donné lieu à tourner court « se retourner dans un petit espace » (1611) d'où « se terminer trop vite ou très vite » (1798, d'une maladie). On peut rapprocher de cet emploi les constructions bien, mal tourner « évoluer bien, mal », aussi avec à, tourner au désastre, à la catastrophe, etc., et, à propos des personnes, il, elle a bien, mal tourné. En français de Belgique, tourner à rien « se dégrader, dépérir ».
Une autre valeur apparaît dès les premiers textes, « remuer (qqch.) par un mouvement circulaire » (fin
XIe s.), d'abord en cuisine
(tourner une pâte).
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Le verbe signifie aussi « faire mouvoir (qqch.) autour d'un axe » (v. 1170) et se spécialise au sens de « travailler au tour » (v. 1260), sens originel du latin, d'où l'emploi figuré « arranger (ses paroles, ses pensées) d'une certaine façon » (v. 1550, tourner un compliment) ; tourner un jugement « faire un jugement sur », apparu beaucoup plus tôt (1080), ne s'est pas maintenu. À ces emplois correspondent celui du participe passé dans bien, mal tourné.
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Avec ce même sémantisme « mouvement circulaire », tourner, intransitif, correspond à « pivoter sur soi-même » avec des valeurs figurées : le cerveau tourne « on est étourdi » (v. 1420) est devenu la tête (me, lui, etc.) tourne (1606), d'où (faire) tourner la tête à qqn « le perturber » (apr. 1650), en particulier dans le domaine amoureux (1740). Concrètement, tourner se dit d'une machine, d'un moteur qui fonctionne (comme marcher), souvent qualifié : tourner rond « bien fonctionner », tourner à vide « fonctionner sans effet pratique », en français de Belgique tourner fou « être déréglé, tourner à vide ». Ces emplois, au figuré, s'appliquent à une entreprise, une activité (c'est une affaire qui tourne).
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Tourner a signifié « parcourir en tous sens » (v. 1360), sens encore usuel à l'époque classique, demeuré très vivant dans des usages régionaux et ruraux (souvent associé à virer). En français d'Afrique, tourner se dit pour « se promener, faire un tour ».
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Le verbe, en France, s'est spécialisé à propos d'une troupe de théâtre, d'un représentant de commerce qui effectue une tournée.
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Par figure, il a pris en moyen français une valeur abstraite, « étudier (qqch.) sous tous ses aspects » (1440-1475).
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Depuis la même époque il s'est dit pour « aller çà et là », notamment dans tourner autour de qqn, de qqch., valeur passée dans des locutions comme tourner autour du pot (1538), tourner autour de qqn (fin XVIIe s.) et tourner autour de la question (1835) ; avec une autre construction, l'indécision est aussi marquée dans ne savoir de quel côté se tourner (1671 ; 1538, ...où se tourner).
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Par extension, tourner, en emploi transitif, équivaut à « faire le tour de » (v. 1360), spécialement pour éviter un obstacle, valeur qui demeure au figuré (1845), notamment dans tourner la loi (1864), mais aussi dans le domaine de la chasse (1770) et plus généralement avec l'acception « prendre à revers (qqn) » (1798, dictionnaire de l'Académie).
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Toujours avec l'idée de mouvement circulaire, tourner est passé dans le vocabulaire du cinéma, par allusion à la manivelle des premières caméras ; tourner un film s'emploie en parlant d'un acteur (1909) ou pour « faire un film ». L'intransitif peut s'appliquer au réalisateur, à l'acteur, aux techniciens (1907).
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Parmi les très nombreux dérivés de
tourner, son déverbal
3 TOUR n. m. (
XIIe s.), d'abord
tor (1080), a suivi partiellement le développement sémantique du verbe.
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D'abord employé au sens de « volte-face », il exprime l'idée d'un mouvement sur soi-même à propos d'un objet (v. 1175) ou du corps humain (v. 1200).
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Il a produit plusieurs locutions du type
tour de + nom, souvent avec le nom d'une partie du corps comme dans
tour de bras, à tour de bras (1510) signifiant « avec une grande dépense physique »,
tour de main (1440-1475,
au tour d'une main) « habileté manuelle »
[Cf. ci-dessous tournemain], tour de rein « douleur du dos » (1640 ; déjà au
XVIe s. pour une avarie dans un bateau).
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Prendre son tour vers a signifié (v. 1155) « se diriger vers » et
tour équivaut à « promenade, voyage », « circonférence d'un lieu » (v. 1200), d'où
faire un tour (1226) et
faire le tour de « parcourir » (fin
XVIe s.) puis « s'étendre autour de », au figuré à partir du
XIXe siècle. Depuis la fin du
XVIIe s. (1690), il désigne le circuit accompli par un voyageur, d'où, après un passage par l'anglais
tour et ses dérivés, la série de
touriste*, tourisme. Faire son tour de France s'est employé (1798) à propos des compagnons du devoir ; aujourd'hui,
Tour de France désigne une course cycliste annuelle disputée depuis 1903 ; d'autres courses analogues sont appelées
tour (
d'Italie, etc.). Vers la même époque, le mot est passé dans le vocabulaire des sports pour désigner en général un circuit (1904).
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Dès l'ancien français, tour désigne une action qui suppose de l'adresse, de la ruse, etc. (v. 1175), spécialement cette action commise au détriment de qqn, d'où jouer un vilain tour (v. 1275), un mauvais tour (fin XIIIe s.). Des expressions familières, du type tour de cochon, tour de con, ont la même valeur.
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En français de Belgique, avoir le tour « savoir s'y prendre » (peut-être ellipse de tour de main).
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Par ailleurs le mot se dit d'un exercice difficile à exécuter et montré en spectacle (v. 1310), d'où à l'époque classique tour de main « de bateleur » (1690). On parle plus tard de tour de cartes, tour de prestidigitation, tour de main prenant le sens général de « gestes habiles pour une opération manuelle difficile ».
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En même temps tour s'est employé pour parler d'une manière d'agir quelconque (v. 1226), puis d'un acte condamnable (XIIIe s.) et d'un bon procédé (1530) ; ces acceptions étaient encore très vivantes à l'époque classique où tour s'emploie aussi pour une façon originale de présenter sa pensée (apr. 1650) (d'où aujourd'hui tour de phrase [1669] ou tour) et pour la manière dont on use du langage (1659) ; dans ces emplois, comme au sens de « manière dont se présente une affaire » (apr. 1650), tour est en général remplacé par tournure*.
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Enfin, tour a eu dès le XIIe s. (1175) le sens temporel de « fois » (Cf. l'italien volta « volte, tour » pour une image analogue) procédant de la transposition de l'idée de « mouvement tournant » à celle de « mouvement successif qui donne à chaque chose un temps pour agir ». Ce sens a disparu, comme celui de « rang successif » (v. 1450), mais a fourni quelques locutions vivantes : tour à tour (v. 1456), à son tour (1611), à tour de rôle (1611) qui vient du langage de la procédure où le « tour du rôle » était la suite des causes à entendre que l'on fournissait aux juges avant l'audience (1493, a tour de roulle) ; tour de faveur est plus récent (1835). Tour lui-même entre dans le composé usuel DEMI-TOUR n. m., d'abord à propos d'un objet (1536) puis d'une personne (1587) [→ autour, entour, pourtour].
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Tourner a produit plusieurs autres noms : l'idée d'action de tourner, assumée en général par le mot
tour, a nécessité la création de noms spécifiques pour rendre certaines acceptions du verbe.
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Faute d'une telle spécification, TOURNEMENT n. m. (1355 ; v. 1180, « combat », → tournoi) s'est mal maintenu.
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TOURNAGE n. m. (1501, tournaige) s'est spécialisé en marine (1773), puis pour l'action de façonner au tour (1842) et surtout l'action de tourner un film (1918).
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TOURNE n. f., d'abord « dédommagement » (déb.
XIIIe s.,
tornes, pl.), a désigné jusqu'au
XVIIIe s. ce qui est dû (1450 ;
XIIIe s.,
torne de bataille « gage dans un duel judiciaire »). Le mot s'emploie avec des valeurs techniques, au sens de
retourne en imprimerie (1690) où il signifie « revers de la page, qu'il faut retourner » (
à la tourne, « au dos ») et au jeu de cartes.
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Du sens de « devenir aigre » qu'a
tourner, intransitif, la
tourne se dit du fait de s'altérer à propos d'un aliment, surtout d'un liquide (lait, bière, vin). Cette altération est due à une bactérie, parfois appelée
tourne par métonymie.
◈
TOURNÉE n. f., d'abord « fuite, retraite » (v. 1225), seulement en ancien français, et « houe pour défoncer la terre » (v. 1225), emploi vivant jusqu'au
XIXe siècle, s'est employé longtemps pour « échange » (
XIIIe s.) et au sens général de « voyage » (1226 ; 1596, « petite promenade »). Il s'est spécialisé à propos d'un déplacement professionnel (1680, d'un fonctionnaire) ou de celui d'une compagnie théâtrale (1863).
Par tournées « à tour de rôle » (1538) ne s'emploie plus mais le mot désigne familièrement et très couramment (1828) un ensemble de consommations qu'on paie à tour de rôle.
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Enfin,
tournée a aussi des valeurs techniques, par exemple à la pêche (1765).
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TOURNANT, ANTE adj., autrefois employé au figuré en ancien français pour « agile, changeant » (v. 1175) et jusqu'au
XVIIIe s. « capricieux » (
XIIIe s.), s'applique concrètement à ce qui pivote sur soi-même (1385), en particulier à un meuble (1573).
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Il qualifie aussi ce qui prend à revers (1876,
mouvement tournant) et ce qui présente des courbes (1876). L'adjectif a été substantivé au masculin et au féminin.
■
TOURNANT n. m., autrefois « système qui fait tourner deux meules » (1385) et « endroit où un corps présente une courbure » (v. 1260), s'est aussi employé (1279) pour nommer l'endroit où une voie tourne, sens spatial aujourd'hui dominant, en concurrence avec virage.
◆
Le mot a désigné au figuré un moyen détourné pour réussir (1798) et a pris au XIXe s. une valeur temporelle, « moment où qqch. devient autre » (1837), spécialement « changement radical » (1904).
■
TOURNANTE n. f., mot apparu dans les années 1990, diffusé par les médias en 2000 à l'occasion d'un procès, désigne (d'abord dans l'usage des banlieues) un viol collectif commis par un groupe de garçons qui violent tout à tour leur victime.
◆
Le mot avait eu diverses valeurs argotiques, de « clé » (1628) à « montre » (1886) ou « valse » (1929).
◈
TOURNIS n. m. provient (1812 ;
tournie 1803) de l'ancien adjectif
tourniche (
XIIIe s., féminin) « qui a le vertige », auparavant
torneïs (v. 1130),
tornediz (fin
XIe s.) « pliant, mobile ». Le mot désigne une maladie du bétail qui se manifeste par le tournoiement de la bête atteinte, mais est employé familièrement pour « vertige ».
■
Le même adjectif a produit le nom féminin TOURNISSE n. f. (1765) avec un sens technique spécialisé en charpenterie.
◈
Il n'existe qu'un nom d'agent pour tous les sens du verbe
tourner, TOURNEUR, EUSE n. (1234), d'abord « ouvrier qui travaille au tour » ; il a été recréé plusieurs fois au fur et à mesure des besoins, surtout comme nom masculin (1913 « opérateur de cinéma », sens disparu ; 1933 « organisateur de tournées ») ; la dernière acception en date (1973) concerne la finance.
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TOURNEUSE n. f. désigne (1836) une ouvrière qui dévide la soie.
◆
Tourneur, euse, adjectif, s'applique (1835,
derviche tourneur) à ce qui tourne sur soi.
◈
TOURNETTE n. f., autre dérivé du verbe
tourner, nom d'un dévidoir cylindrique (1384), a désigné (1805) la cage tournante d'un petit animal (écureuil, notamment) et se dit encore (depuis 1872) d'une roulette coupante de vitrier, de relieur.
◈
Tourner a aussi produit quelques dérivés verbaux par changement de suffixe.
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TOURNASSER v. (v. 1550), réservé à un usage régional ou technique (1756), a produit TOURNASSIN n. m. (1765, tournasin).
■
TOURNILLER v. (av. 1650, « tortiller ») et TOURNIQUER v. (1866 « valser » ; 1920 en français régional), créé d'après tourniquet*, ont la même valeur « se déplacer (tourner) de manière irrégulière, aller et venir sans règle ».
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Tourniquer est lui-même à l'origine du diminutif familier TOURNICOTER v. intr. (XXe s.).
■
TOURNAILLER v. intr. a signifié « tergiverser » (1595), aujourd'hui « aller et venir dans un espace restreint » (1743, au Québec, puis 1785 en France).
◈
TOURNUS n. m., bien qu'emprunté à l'allemand
Turnus en français de Suisse, est de même origine latine (le mot allemand est un latinisme du
XVIIIe s.) et quasi synonyme de
tour, pour un ordre de succession fixé d'avance, un roulement par alternance. Le mot a été critiqué comme germanisme, mais est mieux intégré au français que l'anglicisme
turn over, employé en français de France.
Tournus, à partir des années 1970, est courant dans l'usage politique et administratif de Suisse romande.
◈
Enfin, des noms composés concrets utilisent la forme conjuguée
tourne comme premier élément.
◈
La locution
EN UN TOURNEMAIN (1583), de
tourner et de
main avec le sémantisme de
tour (ci-dessus)
de main, signifie « en un instant ».
◈
TOURNEBROCHE n. m. (1581), réfection de
tourne-brocque (1461), désigne celui qui tourne une broche puis (1663) un mécanisme faisant tourner une broche à faire rôtir, une rôtissoire.
Tournebroche a désigné (1678) le chien qu'on faisait avancer dans une roue à cet effet.
■
TOURNEBRIDE n. m., d'abord « volte-face » (1611), s'est dit (1798) d'un relais de poste (où les chevaux s'arrêtaient et repartaient dans l'autre sens), puis d'une auberge, d'une hôtellerie de campagne (1872).
■
TOURNEVIS n. m. (1671) désigne un outil formé d'un manche et d'une tige aplatie ou en croix à son extrémité libre, destiné à tourner les têtes de vis, à visser et à dévisser.
■
TOURNE-DISQUE n. m. désignait (1936, et jusque vers 1970-1975), l'appareil électrique formé d'un plateau tournant et d'un dispositif de lecture pour disques à enregistrement sous forme de sillons. Le mot a vieilli, puis tend à disparaître avec le disque laser.
◈
Avec un autre sémantisme,
TOURNEPIERRE n. m. est un calque (1780, Buffon) de l'anglais
turnstone pour désigner un oiseau échassier qui retourne avec son bec les pierres sous lesquelles se trouvent de petits animaux dont il se nourrit.
◈
TOURNEDOS n. m. s'est dit du fait de tourner le dos (1594), d'un poltron qui « tourne le dos pour fuir » (1611).
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Le sens moderne, enregistré par Littré (1864), est expliqué par ce lexicographe par le fait que le plat n'était pas présenté sur la table à l'origine mais circulait derrière les convives, hypothèse très douteuse.
◈
TOURNE-À-GAUCHE n. m. (1676) est un terme technique désignant un levier présentant une encoche, un œil et servant à tordre, à faire tourner une pièce, ainsi qu'une tenaille de forgeron, sens attesté au
XVIIIe s. (1769). Ce terme correspond à des techniques artisanales anciennes.
◈
BISTOURNER v. tr., réfection de
bestourner (1175), est formé du préfixe péjoratif
bes- « mal » et de
tourner. Il a été repris en technique (1718, pour un objet), notamment au sens de « châtrer (un mâle) par torsion du canal spermatique » (1680 ; 1676 au p. p.).
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Le participe
BISTOURNÉ, ÉE adj. (
XIIe s.) signifie au figuré « compliqué » ;
Cf. tordu, tortillé.
◈
CHANTOURNER v. tr. est composé de
2 chant et
tourner ; après s'être employé comme intransitif (1611) pour « sinuer comme un ruisseau », il s'est spécialisé (av. 1694) en menuiserie, par « tailler, évider selon un profil donné ».
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Le dérivé
CHANTOURNEMENT n. m. (« mouvement sinueux », 1611) lui correspond (sens attesté en 1803).