TRANSACTION n. f. est emprunté (1281) au bas latin transactio, -onis « action d'achever, de finir » et terme juridique dérivé de transactum, supin du classique transigere (→ transiger).
❏
Le mot désigne l'acte par lequel on transige, par lequel on prévient ou on termine une contestation grâce à des concessions réciproques, et a eu le sens concret de « transfert (d'un bien) » (1298).
◆
Il s'est ensuite répandu en économie pour désigner un contrat entre un acheteur et un vendeur (1826) et dans l'usage courant pour « accommodement, arrangement » (1810), souvent avec une connotation morale péjorative.
❏
Son dérivé TRANSACTIONNEL, ELLE adj. (1823), outre son sens juridique de « qui a rapport à une transaction », traduit l'anglais transactional (dans transactional analysis, 1960, de transaction, « relations interindividuelles », de même origine que le français transaction) avec l'expression analyse transactionnelle, analyse des rapports humains utilisant des concepts psychanalytiques et psychosociologiques.
◆
Le langage juridique emploie le dérivé TRANSACTIONNELLEMENT adv. (1873).
TRANSATLANTIQUE adj. et n. est composé (1818) de trans-*, et atlantique*.
❏
Il qualifie un paquebot effectuant la traversée de l'Atlantique. Le mot est substantivé au masculin en ce sens (1870) et entre dans l'appellation Compagnie générale des paquebots transatlantiques (1846) devenue Compagnie générale des transatlantiques, et abrégée familièrement en Transat.
◆
Par métonymie, il sert à désigner une chaise longue utilisée à l'origine sur les ponts de paquebots (1933), alors abrégé en TRANSAT n. m. (1936).
◆
On a dit aussi course transatlantique (1960), d'où la transat n. f. (1964).
◆
La forme transat tend à s'imposer couramment avec tous les sens du nom, sauf au sens originel de « navire transatlantique » pour lequel transat (1912 ; 1901, transatl') est archaïque.
TRANSCENDER v. tr. représente par emprunt (1310), d'abord sous la forme transcendre (v. 1250), le latin transcendere, de trans (→ trans-), et scandere (→ scander). Celui-ci signifie proprement « monter en passant au-delà », d'où « franchir, dépasser », « escalader » et il est employé au figuré avec les sens de « passer à autre chose », « enfreindre », fonctionnant alors comme synonyme de transgredi (→ transgresser).
❏
Le mot a fait l'objet de plusieurs emprunts isolés dans la langue littéraire et scolaire du moyen français, sous les formes transcendre « surpasser » et transcender (1310) pour « transgresser », puis « dépasser » (v. 1372) et « monter sur (qqch.) » (1493). Il est relevé au sens de « surpasser » (v. 1370) qui se maintient jusqu'au XVIe siècle.
◆
Le verbe réapparaît sous l'influence de transcendant, alors écrit transcender dans la langue philosophique au sens de « dépasser absolument, être sans pareil ni analogue » (1903, Bergson), aussi en emploi pronominal se transcender (1936).
❏
TRANSCENDANT, ANTE adj. a été emprunté (1405,
transcendent) comme terme de philosophie au participe présent latin
transcendens, employé par les scolastiques.
◆
Il qualifie ce qui dépasse l'ordre naturel (physique) ou ordinaire (d'abord en théologie), et s'est appliqué en scolastique (1520) aux termes d'une signification si universelle qu'ils dépassent toutes les catégories. Il n'a pas subi l'éclipse du verbe, passant dès le
XVIIe s. dans le langage des lettrés au sens de « qui excelle dans son genre » (1601) et au
XVIIIe s. dans celui des mathématiques (1704, Leibniz) pour « non algébrique
(nombre transcendant) ». L'emploi du mot en philosophie s'est vu influencer au
XIXe s. par l'idéalisme kantien (1801) et au
XXe s. par la phénoménologie (1943, Sartre) ;
Cf. ci-dessous transcendantal.
◆
Familièrement, l'adjectif est un intensif pour « extraordinaire, très remarquable ».
■
Le nom TRANSCENDANCE n. f. en a été dérivé (1605) comme terme de philosophie, attesté isolément et repris au XIXe s. ; en relation avec l'adjectif, il a pris le sens courant, aujourd'hui vieilli, de « supériorité, qualité éminente » (1735).
◈
TRANSCENDANTAL, ALE, AUX adj., emprunté comme terme de philosophie (1503) au latin scolastique
transcendentalis, est mal distingué sémantiquement de
transcendant dans ses diverses acceptions, en dehors de son emploi spécialisé chez Kant (1801).
■
Il a produit TRANSCENDANTALISME n. m. (1801) et TRANSCENDANTALEMENT adv. (1872).
TRANSCRIRE v. tr. est emprunté par les juristes médiévaux (1234) au latin transcribere, de trans- (→ trans-), et scribere (→ écrire) avec francisation d'après écrire*. Cet emprunt a été entraîné par l'existence antérieure de transcrit n. m. « copie d'un acte », très vivant jusqu'au XVe s., et lui-même emprunté au latin médiéval de même sens transcriptum, substantivation du participe passé passif neutre de transcribere.
❏
Transcrire, d'abord mot juridique avec le sens de « copier un acte », s'est répandu dans l'usage courant au XVIe s., au propre (1530) comme au figuré (v. 1570), pour « reproduire (par l'écriture) ce qui a été vu, senti, etc. ». Il a signifié « plagier (une œuvre littéraire) » (1690), sens courant jusqu'au XIXe siècle. Il passe ensuite dans les usages spécialisés du commerce (1690), de la musique (1776) pour « opérer la transcription d'une œuvre musicale », puis, d'après transcription, de la linguistique (fin XIXe s.) et de la biologie moléculaire (v. 1964).
❏
TRANSCRIPTION n. f., emprunté par les juristes (1338) au dérivé latin
transcriptio, -onis, a suivi la même évolution que le verbe, avec, dès le
XVIe s., un emploi spécialisé (1558) pour « opération par laquelle on fait passer (un texte) d'un code graphique dans un autre ». C'est aussi un terme de musique (1828) qui, par ailleurs, désigne couramment (v. 1950) la reproduction de ce qui a été dit, observé, etc.
◆
Il est employé en génétique (1964) par emprunt à l'anglais
transcription, de même origine que le mot français, par exemple dans l'expression
transcription génétique. De là, d'abord en anglais,
transcriptase (ci-dessous).
■
TRANSCRIPTEUR, TRICE n. et adj. a été formé savamment (1538) sur le supin latin transcriptum pour désigner une personne qui transcrit un texte. Il est d'usage plus didactique et technique que transcription.
◈
TRANSCRIPTASE n. f. est emprunté (v. 1970) à l'anglais
transcriptase, mot créé (1963) par les prix Nobel Temin et Baltimore.
Transcriptase inverse (v. 1975) est le calque de l'anglais
reverse transcriptase, pour désigner l'enzyme qui « transcrit » le message de l'A. D. N. et fait la synthèse de l'A. R. N. correspondant.
◈
L'usage de formes parallèles en
re- est attesté dans le cas de
RETRANSCRIRE v. tr. (1741) et de
RETRANSCRIPTION n. f. (
XXe s.).
TRANSDUCTEUR n. m. est l'adaptation (1943) de l'anglais transducer, d'après conducteur, pour désigner tout système technique assurant la transformation d'une grandeur physique en une autre, notamment autour d'un phénomène électrique.
TRANSEPT n. m. est emprunté (1823) à l'anglais transept (XVIe s., Laland qui emploie aussi fréquemment la forme latine), adaptation du latin moderne transseptum, « enclos qui est au-delà (de la nef) ». Celui-ci est formé des éléments latins trans (→ trans-), et septum, variante de saeptum, participe passé neutre substantivé (sceptum ou septum) du verbe saepire « enclore », lui-même de saepes « haie, enceinte, clôture ». Saepes n'a pu être rapproché que du grec haimos « buisson, broussailles » et de haimasia « clôture ».
❏
En français, le mot a remplacé croix, croisée (Hugo, Michelet), puis désigne chaque élément (bras) du transept (le transept nord, sud) et s'emploie dans l'expression croisée du transept.
◆
La variante transsept a été employée vers 1830.
TRANSFÉRER v. tr. est emprunté (1355) au latin transferre, de trans (→ trans-), et ferre « porter » (→ -fère). Celui-ci, souvent employé dans la Vulgate aux formes composées du passif (translatus est), fut remplacé dans le sens le plus général du mot par l'ancien français translater, d'abord attesté comme participe passé dans des traductions bibliques (translaté « transporté en un autre lieu », 1115). Cet emprunt fut lui-même favorisé par l'existence du latin médiéval translatare « rédiger, traduire » (IXe-XIIe s.) formé sur le supin (translatum) de transferre (→ translater, translation).
❏
Transférer, « faire passer d'un lieu dans un autre », est resté rare dans la langue courante mais a reçu au XVe s. une spécification juridique, « transmettre la propriété (d'un bien, d'un droit) d'une personne à une autre » (1462), plus récemment employée comme terme de commerce (1904).
◆
Le sens de « traduire dans une autre langue » (1636) est un latinisme isolé.
◆
Depuis la fin du XIXe s. (1896), le verbe est employé dans le domaine abstrait (des sentiments).
❏
En sont dérivés
TRANSFÉRABLE adj. (1596, repris 1819) et
TRANSFÈREMENT n. m. (1704), affaibli par la concurrence de
transfert.
◈
TRANSFERT n. m., comme
crédit, est un latinisme de comptable, emprunté (1715) au latin
transfert, « il transfère », troisième personne du présent de l'indicatif de
transferre, mot employé dans les registres commerciaux.
■
D'abord terme de droit commercial, le mot sert à partir du XIXe s. de déverbal à transférer, désignant couramment un déplacement d'un endroit à un autre (1874), d'où transfert de capitaux (v. 1929), de fonds.
◆
Il s'est spécialisé dans les langages de la médecine (1890), de la psychologie (1896), par traduction de l'anglais transference of feeling, auparavant (1879) en psychophysiologie.
◆
En psychanalyse (1914), il sert à traduire l'allemand Übertragung (Freud, 1905).
◆
Il s'emploie aussi en photographie et dans les arts graphiques en technique industrielle (1949) et dans le domaine sportif (1936, transfert d'un joueur).
■
Le mot entre dans PAPIER-TRANSFERT n. m. (1933) en photographie.
■
TRANSFÉRENTIEL, ELLE adj. s'emploie en psychanalyse (années 1950) pour « relatif au transfert ».
❏ voir
TRANSISTOR.
TRANSFIGURER v. tr. est emprunté (v. 1150) au latin transfigurare « métamorphoser, changer, transformer », employé aussi dans la Vulgate, et formé de trans (→ trans-), et figurare, de figura « forme » (→ figure).
❏
Le français a emprunté le verbe au pronominal, se transfigurer, dans son emploi évangélique, en parlant du Christ, pour « prendre miraculeusement un éclat glorieux », comme il arriva sur le mont Thabor. La prédominance de la voix passive (1550) est due à la traduction littérale des textes religieux (transfiguratus est).
◆
Transfigurer, autrefois employé au sens neutre de « donner une nouvelle apparence » (v. 1160), aussi au pronominal se transfigurer (XIIIe s.), a pris la valeur méliorative de « transformer en améliorant » par influence du terme biblique (1541, aussi pronominal), en particulier « transformer en donnant au visage un éclat inhabituel » (XIXe s.).
❏
TRANSFIGURATION n. f., emprunté (1231) au dérivé latin
transfiguratio, -onis, désigne le changement glorieux survenu chez le Christ et, par métonymie, la fête liturgique célébrée le 6 août (1680), puis une représentation picturale de la Transfiguration du Christ (1835).
◆
En relation avec le verbe, il a pris le sens mélioratif de « changement soudain en qqch. de mieux » (1802).
◆
Le mot s'est aussi employé (1552) à l'époque classique au sens de « métamorphose ».
■
TRANSFIGURATEUR, TRICE, adj. et n. (1839, chez Hugo) est d'emploi littéraire ou didactique.
TRANSFIXION n. f. est dérivé savamment (1859) du latin transfixum, supin de transfigere « transpercer », de trans- (→ trans-), et figere « piquer, percer » (→ figer).
❏
Le mot désigne en chirurgie un procédé d'amputation qui consiste à traverser d'un coup la partie que l'on veut amputer et à couper les chairs du dedans vers le dehors.
TRANSFORMER v. tr., réfection savante (v. 1300) de la forme plus francisée tresformer (du XIIe au XIVe s.), est emprunté au latin transformare « changer une chose en une autre », de trans (→ trans-), et formare « donner une forme », de forma (→ forme).
❏
Le verbe a gardé en français le sens latin, aussi au pronominal se transformer (mil. XIVe s.). Il s'applique à une modification complète, concrète ou abstraite (v. 1370). Il a pris des emplois spéciaux en mathématiques (1755) et au rugby où transformer un essai (1900) correspond à « envoyer au pied le ballon posé à terre au-dessus d'une barre entre deux poteaux », pour marquer le point, après un essai réussi.
❏
Il a produit quelques dérivés dont plusieurs d'usage technique ou scientifique ; le plus ancien est
TRANSFORMABLE adj. (1555), peu attesté avant le
XIXe s. (av. 1870) puis usuel.
■
TRANSFORMÉE n. f., du participe passé, qui désigne en géométrie la figure engendrée par la déformation d'une autre, est attesté depuis 1765 (Encyclopédie).
■
TRANSFORMATEUR, TRICE adj., mot créé (1575) avec le sens de « celui qui transforme », a été repris comme adjectif (1823), puis comme nom en électricité (1842). Dans ce sens, il est couramment abrégé en TRANSFO n. m.
■
TRANSFORMISME n. m. (1867, Broca) est le nom donné à la théorie de l'évolution par transformations successives, concept englobant le lamarckisme et le darwinisme, s'opposant aux anciennes théories fixistes, et dont on a tiré TRANSFORMISTE n. et adj. à la même époque (1867).
◈
TRANSFORMATION n. f. « action de transformer ou de se transformer » est emprunté (1375) au latin
transformatio, -onis, dérivé tardivement (saint Augustin) de
transformare.
◆
Le mot, aussi employé au figuré (1665), a développé plusieurs acceptions spécialisées en mathématiques (1755), en logique (1872), en chimie (1690).
◆
Il correspond au rugby à « action de transformer (un essai) » (1925).
◆
Sous l'influence de l'anglais
transformation (chez Z. Harris), le mot a pris en linguistique un sens technique, en relation avec les théories de Harris et de Chomsky, pour ce dernier, « opération permettant de passer d'une structure profonde à la structure superficielle d'un énoncé ».
■
TRANSFORMATIONNEL, ELLE adj. est emprunté (v. 1960) à l'anglais transformational, employé par Chomsky dans transformational grammar, en relation avec generative (→ génératif).
TRANSFUGE n. est emprunté, une première fois en 1355 (Bersuire) et de nouveau à partir de 1611, au latin transfuga n. m. « déserteur », de transfugere « passer à l'ennemi, déserter », lui-même composé de trans (→ trans-), et fugere (→ fuir).
❏
Emprunté avec le sens militaire du latin, le mot est appliqué par extension à une personne qui abandonne son parti ou sa cause, pour se rallier à ses adversaires (1699) et, par affaiblissement, qui abandonne une situation, un milieu pour un autre (1735).
❏
Les emprunts adaptés, en moyen français, de transfuir (1440-1475) et de transfuite (1581), ce dernier ayant donné les adjectifs transfuitif (v. 1280), refait en transfugitif (XVIe s.) et le composé transfuyard (1611), ne se sont pas longtemps maintenus.
TRANSFUSION n. f. est emprunté (1307) au latin transfusio, -onis « action de transvaser », au figuré « apport de peuplades » et « transfert de dettes ». C'est le dérivé du supin (transfusum) de transfundere « transvaser » et, au figuré, « reporter sur, déverser sur », de trans (→ trans-), et fundere (→ fondre) « répandre, verser ».
❏
Le mot a d'abord été employé avec le sens abstrait de « changement, innovation », sorti d'usage, avant de désigner l'action de faire passer ses sentiments, ses idées, etc. à qqn (1374).
◆
L'usage concret pour « action de transvaser un liquide (autre que le sang) » (1561), par retour à l'étymologie, ne s'est pas maintenu.
■
Au siècle suivant, le mot s'est spécialisé en médecine à propos du prélèvement de sang introduit dans un autre organisme (1667) mais n'a guère été employé, la transfusion (alors pratiquée souvent avec du sang animal) ayant été interdite en 1668 par une sentence du Châtelet et abandonnée. C'est au XIXe s. qu'un médecin genevois, Roussel, pratique à nouveau cette opération avec du sang humain (sens attesté v. 1865).
◆
Le sens figuré moderne, « assimilation » (1760), n'est pas usuel.
❏
Le dérivé
TRANSFUSIONNEL, ELLE, ELS adj. est récent (mil.
XXe s.).
■
TRANSFUSER v. tr. (1668), formé sur l'ancien adjectif transfus « transfusé » (fin XVIe s.), emprunt au participe passé latin, et son dérivé TRANSFUSEUR n. m. (1667), alors au sens de « partisan de la transfusion », datent de l'époque où la transfusion a commencé d'être pratiquée. L'interdiction de celle-ci a fait que ces mots ne se sont répandus qu'au XIXe s. au sens médical. S'y ajoute TRANSFUSÉ, ÉE adj. et n. (1882) « personne qui reçoit ou a reçu du sang par transfusion » ; le mot s'oppose à donneur.
◆
Le féminin TRANSFUSEUSE n. f. est employé (v. 1950) pour un appareil servant à la transfusion du sang.
◆
ANTITRANSFUSEUR n. m., dans l'Encyclopédie (1765), correspond à « hostile à la transfusion ».
◈
POLYTRANSFUSÉ, ÉE adj. et n. (années 1980) qualifie et désigne les personnes ayant subi plusieurs transfusions sanguines (au cours d'un même traitement).
TRANSGRESSION n. f. est emprunté (1174) au latin transgressio, -onis, nom d'action tiré du supin (transgressum) de transgredi, « passer de l'autre côté, traverser », « dépasser » puis « enfreindre », de trans (→ trans-), et gradi « marcher », qui ne s'est conservé que dans des composés (→ grade).
❏
Le mot a été emprunté avec la valeur générale d'« action de transgresser » (une loi, un interdit), puis a eu un sens moral correspondant au latin chrétien, d'où l'emploi pour « faute, péché » (1230) jusqu'à la fin du XVIe siècle.
◆
Il est attesté avec la valeur rhétorique de « digression » (1611), sortie d'usage.
◆
Transgression est passé dans le langage de la géologie à propos de l'envahissement par la mer d'une région qui subit un affaissement (1903), emploi qui réactive le sens étymologique du latin.
❏
TRANSGRESSEUR n. m. est emprunté (
XIIIe s.) au bas latin
transgressor, fait sur le supin de
transgredi. Le mot apparaît chez les traducteurs de la Bible avec la valeur de « personne qui viole la loi divine », puis se répand dans l'usage littéraire à propos de celle qui viole une loi (v. 1370).
◈
Le verbe
TRANSGRESSER (v. 1385) a été formé d'après
transgression à partir du latin ecclésiastique
transgressa lex. Le latin
transgredi a été emprunté isolément à plusieurs reprises, sous les formes
transgredir (
XVe s.) et
transgreder (1488).
◆
Verbe juridique signifiant « violer une loi »,
transgresser est passé au
XVIe s. dans la langue des traducteurs de Suétone (1520) et de la Bible (1525).
◆
L'idée physique de « franchir (une borne, etc.) » (1572) est un latinisme isolé du
XVIe siècle.
◆
Au
XXe s., le verbe intransitif a développé le sens correspondant à l'emploi spécialisé de
transgression en géologie (1907).
■
Son radical a servi à former un adjectif qui a remplacé transgresseur (XVIIIe s.), TRANSGRESSIF, IVE (1842), d'abord « qui passe outre », aussi employé (1866) comme terme de géologie.
TRANSHUMER v. est un emprunt francisé (1798) à l'espagnol trashumar « aller paître dans la montagne » et « mener paître », de tras « au-delà » (correspondant au français trans-*), et de humar, du latin classique humus « terre » (→ humus).
❏
Le verbe garde en français les sens de l'espagnol, en emploi transitif (1818) et intransitif (1868). Le mot s'applique aux changements périodiques de pâturage, selon l'état de la végétation et la présence de l'eau, notamment en montagne et dans les régions sèches.
❏
Les dérivés TRANSHUMANT, ANTE adj. (1791) et TRANSHUMANCE n. f. (1818) qui remplace transhumation (1804) sont plus courants que le verbe, notamment s'agissant des peuples de pasteurs, comme les Peuls, les Touareg...
TRANSIGER v. intr. est emprunté (1342) au latin transigere, composé de trans (→ trans-), et agere « conduire, mener » (→ agir), verbe employé poétiquement avec le sens de « passer à travers, enfoncer » et surtout avec le sens figuré de « mener à bonne fin (une affaire), arranger, conclure ».
❏
Le verbe a été introduit par les juristes au sens de « faire des concessions réciproques pour régler un différend ».
◆
Il s'est répandu dans l'usage général avec le sens de « se prêter à des concessions » (fin XVIIe s.), surtout au figuré « céder ou faire des concessions, en invoquant des raisons peu solides » (1780), souvent transiger avec (1812) et transiger, ne pas transiger sur qqch. (1876).
❏
Le dérivé
TRANSIGIBLE adj. (1829) est d'usage juridique.
◈
INTRANSIGEANT, ANTE adj. a fait l'objet d'un emprunt autonome (1875) à l'espagnol
intransigente, qui désignait les républicains fédéralistes hostiles à la république unitaire ; le mot est fait sur
transigente, participe présent de
transigir (emprunt au latin
transigere).
◆
Par attraction sémantique de
transiger, il a pris en français (1875) le sens de « qui ne fait aucune concession » (comme adjectif et comme nom).
■
Le nom correspondant INTRANSIGEANCE n. f., d'abord intransigence (1874), a été emprunté à l'espagnol intransigencia, de intransigente.
❏ voir
TRANSACTION.
TRANSIR v. est emprunté (v. 1130) au latin transire, de trans (→ trans-), et ire « aller » (→ venir), proprement « aller au-delà », employé avec de nombreux sens propres et figurés et spécialisé chez les auteurs chrétiens pour « mourir » (Ve s.) par une figure identique à celle de trépasser.
❏
Le verbe est apparu avec le sens de « mourir », en usage jusqu'au XVIe siècle. À partir du sens moral « être stupéfié » (v. 1340-1370), il a pris sa valeur moderne « pénétrer, saisir » en parlant d'un sentiment violent (1580, transir de la peur), d'usage littéraire, comme l'emploi pour « pénétrer en engourdissant », en parlant du froid, etc. (XIVe s., apr. 1350).
◆
En construction intransitive, à propos d'un sentiment (1588) ou du froid (1660 ; 1636, transir de froid), le verbe est archaïque.
❏
TRANSI, IE adj. (
XIIIe s.) a d'abord le sens de « mort »
(transi de vie), puis se dit en particulier par figure dans le syntagme figé
amoureux transi (v. 1445).
◆
Il est plus fréquent de nos jours que le verbe, dont l'usage est limité au présent de l'indicatif, aux temps composés et à l'infinitif.
■
Deux dérivés du verbe sont encore vivants. TRANSISSEMENT n. m. est peu employé, au propre (1607) comme au figuré (1340-1370) ; il est parfois repris dans un usage littéraire (R. Barthes).
◈
Le déverbal
TRANSE n. f. (v. 1150) a désigné l'agonie et le trépas, encore au
XVIIe siècle. Le sens moderne de « crainte très grande » apparaît en moyen français (v. 1360) d'où la locution disparue
être mis en transe « frissonner » (
XVe s.). Avec cette valeur,
transe ne s'emploie aujourd'hui qu'au pluriel.
◆
L'emploi du mot pour désigner l'état d'une personne en état de sommeil magnétique ou hypnotique (1891, Huysmans ; 1862,
trance) est un emprunt à l'anglais
trance, qui remonte à l'ancien français
transe : transe s'employait déjà au moyen âge avec le sens de « songe, extase » (1245), en particulier dans le domaine amoureux.
❏ voir
TRANSIT, TRANSITIF, TRANSITION, TRANSITOIRE.
TRANSISTOR n. m. est emprunté (1952) à l'anglais transistor, mot créé en 1947-1948. La découverte du transistor a eu lieu le 23 décembre 1947 lors d'une expérience conduite dans les laboratoires de la Bell Telephone aux États-Unis, par John Bardeen, Walter Brattain et William Shockley qui se virent décerner le prix Nobel de physique en 1956. Le phénomène observé fut identifié sous le nom de transfer resistor « résistance de transfert ». C'est un autre chercheur des laboratoires Bell, John Pierce, qui proposa le terme transistor (enregistré en 1966 dans le dictionnaire américain Webster's Third), contraction de trans(fer) (res)istor. Le radio-récepteur à transistors (appelé transistor, transistor radio et transistor set), l'une des applications les plus spectaculaires de la découverte, a été inventé en 1954 à Indianapolis par la firme américaine Regency Radio.
❏
Le mot est passé en français comme terme scientifique avant de se répandre (v. 1960) avec le sens de « radio-récepteur à transistors ».
◆
La forme francisée transisteur était recommandée par plusieurs membres de l'Académie des sciences, mais le Comité d'étude des termes techniques français s'est prononcé en faveur de l'emprunt (1963). La vogue du mot a été très grande.
❏
TRANSISTORISER v. tr. est l'adaptation (v. 1960) de l'anglais to transistorize « équiper de transistors ». Ce verbe technique a été rejeté par l'Académie des sciences sur rapport du Comité consultatif du langage scientifique (12 février 1962), mais on rencontre transistorisé, transistoriser et un dérivé TRANSISTORISATION n. f. (1962) dans la publicité et l'usage technique.