TRANSIT n. m. est un emprunt, comme terme de commerce, à l'italien transito « transport de marchandises en franchise », lui-même représentant le latin transitus « action de franchir, passage » (au propre et au figuré), nom d'action correspondant au verbe transire (→ transir). Transitus est composé de itus « le fait d'aller », correspondant au verbe ire, qui a fourni des formes du verbe aller*.
❏  L'emprunt du mot en français semble se diffuser avec la politique économique menée par Colbert (1668) en faveur de la libre circulation des marchandises. ◆  Par extension, transit est appliqué (1822, Balzac) au passage de marchandises indépendamment de leur situation douanière et, par analogie, à la situation de voyageurs en escale. ◆  Par comparaison, on appelle (déb. XXe s.) cité de transit un lieu d'hébergement provisoire pour des réfugiés ou des immigrés. ◆  Parallèlement, le mot s'emploie (1922) au sens concret en physiologie (transit intestinal) et en physique. Il a aussi une spécialisation en astrologie.
❏  Le dérivé TRANSITAIRE adj. (1838) est substantivé pour désigner un commerçant qui s'occupe des questions de transit (1842), et appartient au vocabulaire juridique.
■  TRANSITER v. tr. et intr. (1832, Balzac), mot de droit commercial, appliqué à des voyageurs en transit (XXe s.), est entré dans l'usage général.
TRANSITIF, IVE adj. est emprunté (v. 1265) au latin transitivus employé par les grammairiens latins à propos d'un verbe qui fait passer l'action du sujet sur son complément direct. Le mot vient de transire « passer » (→ transir).
❏  Transitif a d'abord été emprunté au sens général de « passager, changeant », sorti d'usage à la fin du XVe s., puis a été repris par les grammairiens (1550, Meigret, Traité de la grammaire française) au sens latin, appliqué aussi (1625) à ce qui est propre à un verbe transitif. Le mot, donné comme terme de grammaire hébraïque par l'Encyclopédie, est très rare avant le XIXe s. ; on disait plutôt verbe actif. ◆  Depuis le début du XVIIIe s., il est employé en philosophie à propos de ce qui agit sur autre chose que l'agent (cause transitive), puis en logique. ◆  Il a qualifié en géologie un terrain formant une transition avec un terrain de formation plus récente (1845), valeur sortie d'usage.
❏  Les dérivés sont aujourd'hui liés au sens grammatical de transitif.
■  TRANSITIVEMENT adv., attesté au XVIe s. avec le sens temporel, « pour la postérité » (1522) et « rapidement » (1588), a été recréé avec la valeur de « d'une manière transitive » (1872).
■  TRANSITIVITÉ n. f. est postérieur (1879).
INTRANSITIF, IVE adj. et n. m. est un emprunt du XVIIe s. au latin des grammairiens intransitivus ([verbum] intransitivum) chez Priscien, repris au XIIIe s. par Pierre Hélie dans ses commentaires du grammairien latin, composé de in- (→ 1 in-), et du bas latin transitivus. ◆  Depuis la Grammaire de Port-Royal (1664), qui emploie aussi verba intransitiva, le mot qualifie un verbe qui exprime une action limitée au sujet et ne passant sur aucun objet. L'adjectif s'emploie par analogie en logique et en mathématiques, en parlant d'une opération ou d'une relation dans laquelle les termes ne sont pas liés entre eux.
■  Intransitif a produit INTRANSITIVEMENT adv. (1678, en philosophie) et INTRANSITIVITÉ n. f. (mil. XXe s.), également employé en logique et en mathématiques.
TRANSITION n. f. est emprunté (1521) au latin transitio, -onis, nom d'action correspondant à transire (→ transir) : « action de passer, passage », au figuré « passage dans un autre ordre social » et « contagion », « défection (passage à l'ennemi) » et « conjugaison » en grammaire.
❏  On relève avant le XVIe s. des emprunts isolés : transision « agonie » (XIIIe s.), transicion « action de passer de l'autre côté » (fin XIVe s.) et transsision « moment passager » (XVe s.).
■  Le mot, par un nouvel emprunt au latin des rhétoriciens, signifie à partir du XVIe s. « manière de passer de l'expression d'une idée à une autre, de lier les parties d'un discours » (1521, Fabri). Il s'emploie par analogie en musique (1765, aujourd'hui avec un autre sens), puis en peinture et par ailleurs en astrologie (1752), en physique. ◆  Il est littéraire pour désigner en général le passage d'un état à un autre (1797) et se dit couramment d'un passage graduel (1874), d'abord en géologie (1779). Par métonymie, il sert à désigner ce qui constitue un état intermédiaire (1835). En physique, par calque de l'anglais transition (1913), le mot s'applique au passage d'un état stationnaire à un autre, dans chaleur, énergie de transition, et au passage d'un électron d'un niveau d'énergie quantifiée à un autre.
❏  Son dérivé TRANSITIONNEL, ELLE, ELS adj. (1852) est didactique pour « transitoire » ; introduit sous l'influence de l'anglais transitional utilisé par le psychanalyste anglais Winnicott, il est employé dans l'expression objet transitionnel à propos d'un objet partiel (au sens psychanalytique) assurant le passage de l'enfant d'un « objet » à l'autre. Le doudou, l'ours en peluche en tant qu'objets transitionnels.
TRANSITOIRE adj. est emprunté (v. 1170) au dérivé latin transitorius « qui sert de passage » et, à basse époque, au sens temporel de « bref, passager » chez les auteurs chrétiens (saint Augustin). ◆  Le français a repris le sens temporel (autrefois assumé par transitif*). Le mot sert d'adjectif à transition pour « qui forme transition » (1798), beaucoup plus courant que transitionnel.
■  Son dérivé TRANSITOIREMENT adv. (1530), repris à la fin du XVIIIe s. (1794), n'est pas usuel.
TRANSLATER v. tr. est un emprunt (v. 1120) au bas latin translatare « transporter en un autre endroit », au figuré « aliéner », « transcrire » et « traduire », fait sur le supin (translatum) de transferre (→ transférer).
❏  Translater, d'abord « transporter dans un autre lieu » puis « traduire » (v. 1140) jusqu'au XVIIIe s., est concurrencé par transférer et éliminé par traduire, mais il a été repris en informatique (v. 1960).
❏  TRANSLATION n. f., emprunté au latin translatio, -onis pour servir de substantif verbal à translater, a été emprunté (fin XIIe s.) au sens de « traduction » et a lui aussi été concurrencé à partir du XVIe s., puis éliminé par traduction (alors que l'anglais, qui a conservé translation et to translate, a perdu traduction). ◆  Il désigne le fait de transporter selon des formalités, en particulier des reliques (v. 1200) ou une juridiction (1474) et s'est employé avec le sens de transfert (v. 1380). ◆  Il continue de s'employer dans le langage juridique pour le transfert d'un droit (1363), d'un titre (1541) et correspond à « action de déplacer les restes d'un mort » (1691).
■  Il conserve en outre des emplois spécialisés, en mécanique (1754, mouvement de translation), et en géométrie (fin XIXe s.), en linguistique (1959) et en informatique (v. 1960-1965), ces deux emplois étant des emprunts à l'anglais des États-Unis.
TRANSLATEUR n. m., emprunté (fin XIIe s.) au dérivé latin translator employé à basse époque au sens de « traducteur » et « copiste », est passé en français au sens de « traducteur ». Il est qualifié de « vieux et burlesque » par Richelet en 1680 et ne s'emploie plus au XVIIIe s. qu'avec la nuance péjorative de « mauvais traducteur ». ◆  De nos jours, il a pris un sens technique, « appareil intermédiaire entre deux postes télégraphiques éloignés » (1904).
TRANSLATIF, IVE adj. est un emprunt (1372) au latin translativus « qui transporte ailleurs », de translatum. C'est un terme de droit, qui qualifie ce qui sert à transférer, à céder qqch. à quelqu'un (acte translatif de propriété). En linguistique (1951), le mot s'applique à ce qui correspond à l'idée d'un passage, d'un changement, dans certaines langues.
TRANSLITTÉRATION n. f. est une formation savante (1874), du latin trans (→ trans-), littera « lettre », d'après des mots comme transcription.
❏  Le mot désigne une transcription, lettre pour lettre, d'un alphabet (ou syllabaire) dans un autre.
❏  TRANSLITTÉRER v. tr. (v. 1950) en est un dérivé régressif, ainsi que le participe adjectif TRANSLITTÉRÉ, ÉE.
TRANSLUCIDE adj. est emprunté (1556) au latin translucidus « qui brille au travers », « transparent, diaphane », de trans (→ trans-), et lucidus (→ lucide).
❏  Le mot, rare avant 1802, est d'abord d'usage didactique, comme lucide et pellucide, mais s'est répandu dans le langage soutenu avec une valeur distincte de transparent, selon l'étymologie : un corps translucide laisse passer la lumière mais ne laisse pas reconnaître (« paraître ») nettement les formes.
❏  Son dérivé TRANSLUCIDITÉ n. f. (1565) est resté d'usage didactique et technique.
■  Le vocabulaire de la météorologie a emprunté au latin TRANSLUCIDUS n. m. (v. 1950) qui désigne un nuage en banc assez translucide pour laisser apparaître la position du Soleil ou de la Lune.
TRANSMETTRE v. tr. est la réfection (XIIe s.), d'après le latin, de trametre (Xe s.), issu du latin classique transmittere « envoyer de l'autre côté, faire passer au-delà, remettre », de trans (→ trans-), et mittere (→ mettre). Le mot latin s'est conservé de l'Italie centrale aux Alpes et à la Catalogne.
❏  Le verbe est passé en français avec le sens d'« envoyer », qui était celui du latin mittere et qui a disparu après l'ancien français. L'idée dominante du verbe est devenue celle d'un déplacement provoqué vers qqn et il a dès le XIe s. le sens de « faire parvenir (qqch. à qqn) » (v. 1050), plus tard au pronominal se transmettre (1553). ◆  Peu à peu, il a retrouvé la valeur du préfixe latin trans- sous l'influence de la langue savante latinisante, qui a recréé transmettre (v. 1170), généralisé au XVe siècle. Le verbe a signifié dès le XIIe s. « céder (un droit, un bien) à qqn », spécialement « faire passer à ses descendants un bien matériel » (1549) ou moral (1615), sens toujours usuel. ◆  Depuis le XVIIe s. (av. 1650, Descartes), le mot est employé couramment pour « faire parvenir (un élément physique) d'un lieu à un autre » en parlant d'une chose, d'où des emplois spécialisés (biologie) ou courants dans les domaines du téléphone, de la radio et de la télévision.
❏  Le verbe a pour dérivé TRANSMETTEUR n. m. et adj. (v. 1450), d'abord « celui qui envoie (une délégation) » ; il est reformé au XIXe s. dans le domaine de la télégraphie (1860).
Avec le préfixe re-, l'ancien français avait retrametre au sens d'« envoyer en retour » (v. 980). Ce verbe ayant disparu, RETRANSMETTRE v. tr. est un nouveau verbe (1932) qui apparaît à propos des télécommunications pour « transmettre un signal, transmis (de nouveau, plus loin, etc.) ». ◆  De là, RETRANSMETTEUR n. m. et adj. (1932). Ces deux termes techniques sont passés dans l'usage courant, surtout le verbe, à propos d'émissions radiophoniques, télévisées, puis de toute information.
Le substantif verbal correspondant à transmettre est TRANSMISSION n. f. (1515 ; 1398, sans contexte), directement repris au latin transmissio fait sur le supin de transmittere.
■  Introduit en français comme terme de médecine en parlant de la circulation des humeurs, le mot s'est répandu dans l'usage pour désigner généralement l'action de transmettre et le résultat de cette action (v. 1590). ◆  À partir du XVIIIe s., il a développé des emplois didactiques et scientifiques, en physique (1765, dans un sens disparu), en biologie (1793), en mécanique (1872), avec l'expression courroie de transmission (1876), au figuré « organe qui transmet une consigne, un ordre ». ◆  La spécialisation concernant les signaux électriques, télégraphiques (1869) transmis à distance est devenue la plus importante, le mot s'appliquant dans l'armée au service chargé des communications (les transmissions ; 1933 dans les dictionnaires), puis à l'ensemble des télécommunications et à l'informatique. ◆  Depuis le début du XIXe s. (1807), il se dit pour le passage par contagion d'une maladie d'un individu à un autre. ◆  Par métonymie, il désigne concrètement ce qui transmet, spécialement en parlant d'un organe mécanique (1861) et, abstraitement, au pluriel, de l'ensemble des moyens destinés à transmettre les informations.
■  Avec le préfixe re-, on a formé sur transmission, RETRANSMISSION n. f. « diffusion d'une émission dans un autre lieu » (1949), terme technique qui, comme retransmettre, est entré dans l'usage courant.
TRANSMISSIBLE adj. a été formé savamment (1583) par les juristes sur le supin latin transmissum avec le suffixe -ible. L'adjectif a pris le sens général de « qui peut être transmis » (1690), mais reste d'un usage didactique (biologie, médecine) ou abstrait.
■  Il a servi à former TRANSMISSIBILITÉ n. f. (1789) et les antonymes INTRANSMISSIBLE adj. (1801) et INTRANSMISSIBILITÉ n. f. (1877), surtout employés en droit.
Le préfixé TÉLÉTRANSMISSION n. f. « transmission d'informations à distance », quasi synonyme de télécommunication, semble avoir précédé (attesté en 1947) TÉLÉTRANSMETTRE v. tr. (1991) qui concerne la télétransmission par un réseau télématique, par Internet.
TRANSMIGRATION n. f. est emprunté (v. 1190) au latin transmigratio, -onis « émigration, exil, captivité », employé spécialement par les auteurs chrétiens avec les sens de « mort, trépas » et « translation d'un corps saint ». Ce nom latin est formé sur le supin (transmigratum) de transmigrare, de trans (→ trans-), et migrare (→ migrer), « passer d'un lieu à un autre », « changer d'habitation » et transitivement « déporter ».
❏  Le mot, signifiant « déplacement d'un peuple qui passe de son pays dans un autre », a subi la double concurrence de migration* et émigration*. Le sens physique de « déplacement d'un lieu à un autre » (1580) a disparu. ◆  L'usage moderne l'emploie essentiellement avec la valeur religieuse de « métempsycose, passage d'une âme d'un corps dans un autre » (1493), en particulier à propos de la religion hindouiste.
❏  TRANSMIGRER v. intr., emprunté (1538) au verbe latin avec le sens de « passer d'un lieu d'un pays dans un autre », a suivi la même évolution vers le sens religieux (1769).
TRANSMUTATION n. f. est emprunté (v. 1160) au latin transmutatio, -onis « transposition (de lettres) », fait sur le supin (transmutatum) de transmutare « transférer, faire changer de place », « transporter ailleurs », de trans (→ trans-), et mutare (→ muer, muter).
❏  Le mot est emprunté avec le sens de « changement d'une substance en une autre », spécialement en alchimie. ◆  Il s'est employé (v. 1283) au sens d'« échange d'une chose contre une autre », repris à l'époque classique puis sorti d'usage. Par la suite, il a développé par métaphore le sens de « changement de nature » (1803, après l'emploi correspondant de transmuter), demeuré littéraire. ◆  Il est passé dans le domaine de la physique atomique (1909), sens aujourd'hui usuel.
❏  TRANSMUER v. tr. a été emprunté (v. 1270) au latin transmutare avec francisation d'après muer*. L'ancien français avait francisé le latin en tresmuer v. tr. « changer de visage » (XIIIe s.).
■  Comme le nom, il a le sens large de « transformer, changer » (v. 1270), spécialement (1591) dans le contexte alchimique de la transmutation des métaux. Cette acception ne survit qu'au figuré, la transformation impliquant un état supérieur (1790). Le verbe a perdu ses autres acceptions, « échanger contre » (v. 1370) et « transporter » (v. 1360).
■  La forme TRANSMUTER a été rétablie au XVIe s. (1521), et reprise au XIXe s. (1834, Balzac) sous l'influence probable de transmutation sans pour autant éliminer transmuer (→ muer / muter).
■  Transmuer a produit TRANSMUABLE adj. (v. 1300), doublé par TRANSMUTABLE adj. (1808).
■  TRANSMUTABILITÉ n. f. est probablement un dérivé savant (1721) du verbe latin.
■  TRANSMUTATEUR, TRICE n. et adj., d'abord (1768) en alchimie, ne s'emploie qu'au figuré.
■  TRANSMUTANT, ANTE adj. (1949) est un terme de physique atomique.
TRANSPARENT, ENTE adj. et n. m. est la réfection (v. 1370, Oresme) d'après la forme latine trans du plus ancien tresparent (XIIIe s.), emprunté au latin médiéval transparens, -entis, composé de trans « à travers » (→ trans-), et parere « apparaître » (→ paraître).
❏  Le mot s'applique à ce qui laisse passer la lumière et paraître nettement les objets placés derrière ; il s'emploie couramment ensuite pour « translucide » (1643), les deux mots étant toujours distincts en terminologie. ◆  Il a développé le sens figuré de « qui ne cache rien », dans le domaine psychologique (v. 1747) et qualifie des propos, un comportement qui sont aisément déchiffrables (1763). ◆  Substantivé au masculin (XVIe s. isolément, puis 1611) pour une plaque de verre, il désigne un panneau décoratif très fin éclairé par derrière (1762) ; il s'applique aussi à un motif décoratif sculpté à jour, en architecture et en sculpture (notamment dans le style baroque espagnol), et à une feuille de papier réglée servant à écrire droit par transparence (1718), une sorte de diapositive (XXe s.). ◆  Il a également servi, dans l'histoire de l'habillement, à désigner un élément transparent (1676, Mme de Sévigné), une pièce de tissu opaque doublant un vêtement transparent (1849).
❏  Son dérivé TRANSPARENCE n. f. (v. 1380) a suivi la même évolution, de la propriété des matières transparentes à la plus ou moins grande facilité à voir à travers une matière, également au figuré (1763) pour « caractère de ce qui est clair et sincère », et « facilement déchiffrable ».
Sous l'influence de l'adjectif, a été formé sur paraître* un composé TRANSPARAÎTRE v. intr., réfection (1640) de transparoir (1573), à peu près inusité avant le XIXe s. où il sert de variante spécialisée à paraître pour « apparaître à travers qqch. » ; il signifie au figuré (1848) « se manifester malgré un obstacle », là où l'on employait fréquemment transpirer.
TRANSPERCER → PERCER
TRANSPIRER v. est emprunté (1503) au latin médiéval transpirare, fait sur spirare (→ spirituel) avec trans (→ trans-) sur le modèle des composés exspirare (→ expirer), et aspirare (→ aspirer).
❏  À côté du sens courant, « suer », attesté dès les premiers textes, le verbe s'utilise en botanique à propos de végétaux (1762). ◆  Il a été employé à la fois à propos de l'entrée de l'air par les pores (1690) et, médicalement, de l'excrétion des humeurs (v. 1550) selon l'ancienne conception de la transpiration. ◆  Il a pris le sens figuré de « paraître au jour, finir par être connu » (1738 ; 1718 à la forme impersonnelle il transpire), par exemple dans rien n'a transpiré du secret, emploi plus tard concurrencé par transparaître. ◆  Cette valeur a donné une spécialisation technique sortie d'usage « apparaître à travers les fils (pour la trame du taffetas) » (1765). L'emploi de la construction transitive est sorti d'usage avec le sens concret (1685) et est littéraire au sens figuré (1863).
❏  Le mot a donné les adjectifs TRANSPIRABLE (XVIe s.) d'usage didactique et TRANSPIRANT, ANTE (1932, Céline), variante noble de suant.
TRANSPIRATION n. f., le nom correspondant, est emprunté en même temps que le verbe (1503) au dérivé latin médiéval transpiratio, -onis.
■  Le mot a suivi la même évolution que transpirer ; terme didactique, il ne s'est répandu dans l'usage courant qu'au XVIIIe s. (vers 1770). Par métonymie, il sert à désigner le liquide provenant de la sécrétion (1680), mais on dit couramment sueur et, par analogie, il est repris en botanique pour désigner l'évacuation de l'eau excédentaire des plantes à l'état de vapeur (1735). La conception moderne de la transpiration en fait une modalité des échanges respiratoires.
TRANSPLANTER v. tr. est emprunté (1528 ; une fois v. 1120, sous la forme transplanter) au bas latin transplantare (dans la Vulgate), de trans- (→ trans-), et plantare (→ planter).
❏  Emprunté comme terme de jardinage, transplanter a pris le sens métaphorique de « transporter dans un autre milieu, un autre pays » (1585) ; il s'applique aussi aux personnes (1657), sens également réalisé par la forme pronominale se transplanter (1690). ◆  Le verbe a pris beaucoup plus tard, sous l'influence probable de transplantation, une valeur biologique (1898) analogue à celle de greffe, lui aussi d'origine horticole. ◆  Le participe passé TRANSPLANTÉ, ÉE est adjectivé et substantivé en contexte médical (1967) et d'abord en parlant des populations (1898).
❏  Le déverbal TRANSPLANT n. m. attesté isolément au XVIe s. pour « action de transplanter », a été repris au XIXe s. en biologie avec le sens d'« organe, tissu transplanté » (1898).
TRANSPLANTATION n. f., apparu à la même époque que transplant (1556), a suivi l'évolution du verbe, développant le sens figuré de « déplacement d'hommes, d'animaux » (1680, Mme de Sévigné) et une spécialisation médicale (1898). ◆  Il a supplanté TRANPLANTEMENT n. m. (1600).
■  Au début du XVIIe s. sont dérivés TRANSPLANTABLE adj. et TRANSPLANTEUR, EUSE n. m. et adj. (1606), rare.
■  Le dernier attesté des dérivés de transplanter est TRANSPLANTOIR n. m. (1796), qui désigne un outil de jardinage.
❏ voir PLANTER.
TRANSPONDEUR n. m. est le calque (1968) de l'anglais transponder, mot-valise formé de transmitter et responder, correspondant au français transmetteur et répondeur. Le mot dénomme un appareil équipant les cibles et relais radar actifs, capable de répondre aux signaux radar ; ils sont utilisés en navigation maritime et aérienne.
TRANSPORTER v. tr. est emprunté (v. 1180) au latin transportare, littéralement « porter en un autre endroit », de trans (→ trans-), et portare (→ porter).
❏  Le verbe est introduit avec le sens de « déplacer d'un lieu à un autre » une personne ou une chose, d'où se transporter (1280), et il est très tôt employé (1291) à propos du déplacement d'un droit d'une personne à une autre. ◆  Par figure, il signifie « agiter (qqn) par un sentiment violent » (v. 1290) ; dans cet emploi, littéraire aujourd'hui, transporter s'applique plutôt à un sentiment de joie, de satisfaction, etc. (mil. XVIIe s.), avec un complément ; mais se transporter « se mettre hors de soi » (1574) est sorti d'usage.
■  À partir de la Renaissance, la première valeur se développe ; le verbe s'emploie figurément pour un déplacement par l'imagination (1532), plus couramment aujourd'hui se transporter (dans un lieu, etc., en esprit) [1538] ; il se dit aussi (1541) à propos du passage de qqch. dans un autre contexte (transporter un roman à la scène), en concurrence avec porter. ◆  Transporter s'utilise aussi (1564) en droit en parlant du transfert d'une juridiction, d'un pouvoir. ◆  Dans un contexte concret, il signifie « faire partir (qqn) pour l'établir ailleurs » (1564), en particulier autrefois « déporter » une personne ou un groupe (Cf. transportation ci-dessous), puis « condamner à la peine de la transportation » (1748). ◆  À partir du XVIIIe s., le sujet désigne le moyen de transport (1729) et le verbe prend une valeur plus générale, « faire passer d'un point à un autre » (1742), le complément désignant un objet concret, une force, etc. ◆  Le verbe s'emploie également en comptabilité (1723) dans le cas du transfert d'une somme d'un compte à un autre ; Cf. transférer.
❏  Le déverbal TRANSPORT n. m. s'emploie d'abord (1312) avec le sens juridique abstrait de « cession d'un droit ». Il désigne couramment le fait de porter qqch. ou qqn pour parvenir à une autre destination (1538), notamment par des moyens spécifiques (1690), d'où l'emploi pour les véhicules qui servent à transporter (1787, à propos d'un navire pour le transport de troupes), d'où aussi le syntagme usuel moyen de transport (1813). ◆  Plus récemment, les transports se dit à propos de l'ensemble des moyens employés pour transporter les marchandises, les personnes (1923, transports en commun). ◆  Le mot est aussi employé en droit pour le fait de se déplacer sur les lieux pour instruire une affaire (1668), le transport se disant autrefois d'une perquisition domiciliaire (1692). ◆  En relation avec transporter, il a eu le sens de « déportation » (1610). ◆  À l'époque classique, en relation avec transporter, il exprime au figuré l'idée de « vive émotion » (1604) ; aujourd'hui, il s'emploie surtout avec un complément (1647, transport de joie). ◆  Transport (1668) ou transport au cerveau (1671) s'est dit aussi d'une congestion cérébrale, considérée par l'ancienne médecine comme un déplacement des humeurs.
TRANSPORTEUR, EUSE n. et adj., attesté une première fois en 1380, a été repris au XVIe s. pour désigner la personne qui transporte, et plus précisément la personne dont le rôle est de transporter qqch. ou qqn, alors en relation avec transport (1869). ◆  Au XXe s., le mot désigne également un dispositif transportant des marchandises (1906), aussi adjectif (1904). Il est passé dans le domaine scientifique à propos d'un élément capable de faire passer, de transmettre (des atomes, des molécules) d'une structure chimique à une autre (transporteur d'hydrogène) [1953].
TRANSPORTÉ, ÉE adj., du participe passé, s'emploie au figuré (1541) et au propre (1690).
■  TRANSPORTÉ n. m., terme d'histoire, désigne un condamné à la transportation (1872).
■  Transporter a produit deux adjectifs. ◆  TRANSPORTABLE (1556) a produit le préfixé INTRANSPORTABLE (1773), souvent aujourd'hui « qu'on ne peut transporter sans mettre sa vie en danger » (d'un malade). ◆  TRANSPORTANT, ANTE, participe présent adjectivé de sens figuré (1671, Mme de Sévigné), est sorti d'usage.
TRANSPORTATION n. f., directement emprunté (1519) au dérivé latin transportatio « émigration », est peu attesté avant le XVIIIe s. (1776), où il a le sens de « déportation d'un peuple », puis celui de « transport d'un condamné dans une colonie » (1790) ; celui-ci est aujourd'hui un terme d'histoire, cette institution distincte de la déportation ayant disparu.
❏ voir PORTER.
TRANSPOSER v. tr. (v. 1250) a remplacé l'ancien français tresposer (v. 1250), tous deux empruntés au latin transponere « transporter » et « transposer » de trans (→ trans-), et ponere (→ poser) et francisé d'après poser*. Transposer est attesté isolément v. 1190 au sens de « traduire ».
❏  Le mot est archaïque avec son sens littéral de « faire passer ailleurs » qui s'appliquait au XVIIIe s. (1718) au transfert d'une somme d'argent et, au jeu, d'une carte sur une autre. À partir du XVIIe s., le verbe s'emploie pour « placer (des éléments) en intervertissant leur ordre » (1606) et signifie spécialement en musique « faire passer (une forme) dans un autre ton sans l'altérer » (1684). Sous l'influence de cette valeur, il a pris le sens métaphorique de « faire changer de forme ou de contenu en changeant de domaine » (1853).
❏  TRANSPOSÉ, ÉE adj. a signifié « inversé » (1300) et « changé » (v. 1370). Il est repris au XVIIIe s. en musique (1762) et, plus récemment, en mathématiques (matrice transposée), aussi comme nom féminin (une transposée).
■  TRANSPOSITION n. f., attesté isolément pour « traduction » (v. 1270), signifie (1488) « changement de place » et spécialement « interversion » (1588), et s'est employé en grammaire pour « inversion » (1647). Avec sa première valeur générale, il s'est spécialisé en imprimerie (1690), en mathématiques (1835) et en médecine (1845). ◆  Il est aussi employé pour métathèse en linguistique (XXe s.). Le concept est particulièrement exploité en génétique (voir ci-dessous transposon). Par ailleurs, il désigne (1690) l'action de modifier qqch. pour le faire passer dans un autre domaine, spécialement en musique (1694).
■  TRANSPOSITIF, IVE adj. (1747, abbé Girard) est un ancien terme de linguistique, qualifiant une langue à construction libre, où les termes de la phrase peuvent être transposés, inversés.
■  TRANSPOSITEUR, TRICE n., d'abord adjectif (1761), est très rare pour désigner une personne qui transpose (1835) et s'emploie essentiellement à propos d'un dispositif adapté à un instrument de musique (1834).
■  TRANSPOSABLE adj. (1823), « qui peut être transposé », a produit le préfixé INTRANSPOSABLE adj. (1886).
TRANSPOSON n. m. est un emprunt à l'anglais transposon, créé en 1974 par Hedges et Jacob, de transposition et -on pour « unité de transposition ». Ce terme de biologie désigne un élément génétique transposable dans sa totalité, dont les terminaisons sont constituées de séquences identiques inversées, et qui est capable de réplication autonome et d'insertion dans une nouvelle localisation du génome.
TRANSSUBSTANTIATION n. f., réfection (1495) de transustanciacion (1374), est emprunté au latin ecclésiastique transsubstantiatio, composé du latin classique trans- « au-dessus » (→ très), et de substantiatio, -onis.
❏  Dans les religions catholique et orthodoxe, le mot désigne le changement de toute la substance du pain et du vin en toute la substance du corps et du sang du Christ. Par figure, il signifie (1611) « changement complet d'une substance en une autre ».
❏  Le dérivé TRANSSUBSTANTIER v. tr., réfection (1495) de transsubstentier (XIVe s.), est un terme de religion qui s'emploie parfois au figuré (1575 ; aussi XXe s., transsubstantifier chez Valéry), dans un usage didactique.
TRANSSUDER → SUER
TRANSVASER v. tr. a été formé directement en français (1564) de trans-*, et vase* avec le suffixe verbal.
❏  Signifiant proprement « faire passer (un liquide) d'un récipient dans un autre », ce verbe usuel a développé l'acception figurée de « transférer (des personnes) » (1823 ; 1770, des abeilles), de nos jours vieillie.
❏  Il a produit les dérivés TRANSVASEMENT n. m. (1611), ce dernier ayant supplanté transvasation n. f. (1570), TRANSVASEUR n. m. (1836), rare, et TRANSVASAGE n. m. (XXe s.), nom technique spécifique pour le soutirage du vin.
TRANSVERSAL, ALE, AUX adj. et n. f. est emprunté (1370) au latin médiéval transversalis, dérivé du latin classique transversus (→ travers). L'ancien provençal possède le mot correspondant dès le XIIIe s. (via transversala « chemin de traverse »).
❏  Transversal a été emprunté au sens de « disposé en travers », employé ensuite (1534 ; en anatomie muscle transversal) ; transversal n. m. ne s'est pas maintenu en ce sens. ◆  L'adjectif est passé dans l'usage courant (1611), notamment à propos d'une voie (1796), d'où une transversale n. f. (1914). ◆  Le substantif féminin a par ailleurs signifié « droite sécante » (1567), et, en anatomie, « suture du crâne » (1752) ; il désigne une barre, une ligne transversale (1812), spécialement en sports la barre reliant les poteaux des buts aux jeux de ballon (1900) et s'emploie en géométrie (1806).
❏  La date de la première attestation de son dérivé TRANSVERSALEMENT adv. (1490) donne à penser que l'adjectif était employé avant le XVIe siècle.
TRANSVERSE adj. est un emprunt (fin XIVe s.) au latin transversus, qui équivaut pour le sens à transversal, notamment en anatomie (1534) par ex. dans côlon transverse.
⇒ encadré : Le tzigane ou tsigane