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TRESSE n. f. (1212), d'abord écrit trece (fin XIe s.), est d'origine discutée. L'hypothèse de F. Diez, qui en fait le représentant d'un latin populaire °trichea, emprunté à l'adverbe grec trikha « en trois parties », n'est plus retenue. Celle de Gamillscheg, qui proposait de partir d'un francique °thrêhja, postulé par des mots germaniques (comme l'allemand drechseln « tourner ») et apparenté au latin torquere (→ tordre), se heurte à la rareté de cette racine dans les langues germaniques. Corominas propose, avec beaucoup de réserves, de partir du verbe tresser (italien (in)trecciare, espagnol trenzar), attesté de bonne heure, et de voir dans ce dernier le représentant du latin tertiare de tertius (→ tiers), « répéter trois fois », qui aurait pris le sens de « multiplier par trois ». Phonétiquement, le passage de ter- à tr- n'est pas plus surprenant que celui qui a eu lieu pour formaticum (→ fromage) et turbulare (→ troubler). Cette hypothèse est reprise par P. Guiraud mais récusée par Wartburg. Celui-ci, de même qu'Alessio, part d'une forme du latin populaire °trichia, altération du grec tardif trikhia « corde, câble » (Ier s.), dérivé de thrix, trikhos « poil, cheveu » (→ trichine) et qui signifierait proprement « corde de cheveux tressés », passé en gallo-roman par Marseille.
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Le mot est d'abord attesté avec le sens de « corde de lin non filé », sorti d'usage. Le sens moderne et courant de « natte de cheveux » est attesté à partir du XIIe s. (1155).
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Par extension, le mot a eu le sens général de « lien, corde » (1316, treche) jusqu'au XVIIIe s. ; il se dit d'un cordon plat fait de fils entrelacés (1561), en particulier d'un galon employé comme garniture (1848). Il a développé des acceptions spécialisées en marine, où il désigne un cordage de fils de caret ou de bitord (1691), et en architecture pour un motif ornemental (1852). En Alsace, en Moselle, le mot désigne une pâtisserie de pâte briochée en rubans entrelacés, appelée ailleurs natte. Un sens très voisin est attesté depuis 1800 en français de Suisse (par calque de l'alémanique Züpfe, Berne).
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Le verbe correspondant
TRESSER v. tr., dont la forme actuelle assez tardive (1611) a été précédée par
trecier (fin
XIe s.),
treser (v. 1213), est, selon l'hypothèse adoptée pour l'étymologie de
tresse, considéré comme son dérivé ou comme le représentant du latin
tertiare.
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Il exprime l'idée d'assembler en tresses et, par extension, celle de faire un objet en tressant (1806). Il s'emploie dans la locution figurée
tresser des couronnes à qqn « le louer » (av. 1833).
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En français d'Afrique,
tresser (une femme, une fille) « la coiffer à l'africaine, avec de nombreuses petites tresses » (aussi
se tresser, pronom.).
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Il a produit quelques dérivés. TRESSOIR n. m. (v. 1208, trecëoir) est antérieurement attesté (fin XIe s.) sous la forme trecedoir « tresse de lin non filé », puis treceor (v. 1160) « ornement de tête formé d'un galon enrichi d'orfèvrerie et de pierres précieuses ». De nos jours, le mot ne désigne plus qu'un instrument utilisé pour faire des tresses de cheveux (1721).
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TRESSEUR, EUSE n. a été formé pour désigner l'ouvrier exécutant des travaux de tressage (1680 ; 1303, tresseresse) ; en Afrique, le féminin se dit de la coiffeuse spécialiste des tresses à l'africaine, et TRESSAGE n. m. (1856) pour l'action de tresser.
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Par préfixation, on a formé l'antonyme DÉTRESSER v. tr. (fin XIIe s., destrecier) et l'itératif RETRESSER v. tr. (1688 ; 1680, retrécer).
L
TRÉTEAU n. m., d'abord trestel (av. 1150), puis tresteaus (XIIIe s.) et au singulier tresteau (v. 1460), tréteau à la fin du XVIe s. (1599), est issu d'un latin populaire °tra(n)stellum, altération du bas latin transtillum « petite poutre, petite traverse », diminutif de transtrum. Ce dernier signifie « poutre ou planche horizontale au-dessus du vide entre deux murs » ; au pluriel il désigne les bancs transversaux des rameurs. C'est un terme technique de formation énigmatique en -strum (Cf. monstrum), formé à partir de trans (→ trans-).
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Transtrum est représenté par l'italien trasto « partie du milieu d'un bateau où s'asseyent les passagers », l'espagnol trasto « meuble, accessoire » et l'ancien français trastres (1170, au pluriel) « tréteaux », puis traste (1480) « poutre ». À la place de tréteau, on attendrait °trateau : la forme tréteau présente probablement une substitution de préfixe sous l'influence des mots en tres- (→ tressaillir, tressauter).
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Le mot a d'abord désigné un récipient sur pied (av. 1150), et (v. 1200) une pièce de bois sur quatre pieds soutenant une table, un échafaud, une estrade. Par métonymie, son pluriel désigne l'ensemble ainsi formé et se dit spécialement pour le théâtre de foire (1669) ; cet emploi a vieilli sauf dans la locution figurée monter sur les tréteaux « se faire comédien », qui a eu une valeur péjorative (1718, avoir monté sur les tréteaux « avoir été saltimbanque »).
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Le mot a aussi désigné un instrument de torture employé pour infliger la question (1611) ; Cf. travail.
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L'argot du turf l'employait au figuré pour un mauvais cheval (1893) ; à la même époque (1901 chez Bruant) les trétaux « les jambes ».
L
TREUIL n. m., modification (XIVe s.) de troil (1282), truil (XIIIe s.), est issu du latin torculum désignant le pressoir et, par métonymie, l'endroit où se trouve le pressoir. C'est un dérivé de torquere (→ tordre).
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Le mot est passé en français avec le sens de « pressoir à raisins », conservé par de nombreux parlers, également en italien (torchio) et en ancien provençal (trolh, truelh).
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Le sens moderne, « appareil de levage et de chargement par enroulement d'un câble sur un cylindre », est attesté depuis le XIVe s. (1376) et vient d'un type de pressoir à corde s'enroulant sur un cylindre.
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Le dérivé TREUILLER v. tr. a été créé une première fois sous la forme troiller au sens ancien de « pressurer, dévider » (1256). Il est récent (1964, dans les dictionnaires) et représente une nouvelle dérivation avec le sens moderne, « manipuler ou tirer à l'aide d'un treuil », d'usage technique de même que son dérivé TREUILLAGE n. m. (v. 1950, dans l'armée) ; ces mots ont pour composés hélitreuiller et hélitreuillage (→ hélicoptère).
❏ voir
1 TROUILLE.
G
TRÊVE n. f., d'abord trive (v. 1138), puis trieue (XIIe s.) et treve (v. 1210), est issu du francique °treuwa, proprement « sécurité », auquel se rattachent l'allemand Treue « fidélité », treu « fidèle » et l'anglais true « vrai » (→ truisme). Le francique est représenté dans l'ancien provençal treva ; l'italien et l'espagnol tregua remontent au gotique triggwa « convention », de même origine. La racine de ces mots a été identifiée à celle du grec droos « solide ». (→ dryade).
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Dès les premiers textes, le mot est employé en parlant d'un armistice militaire. Il a pris secondairement le sens figuré de « relâche, arrêt d'une action » (1424), en particulier d'une action pénible (1621), entrant dans les locutions faire trêve de (1580) et n'avoir ni paix ni trêve (XVIIe s.), celle-ci prolongeant l'ancienne locution n'avoir ne respeit ne trues (v. 1200), n'avoir ne paiz ne truive (v. 1220), et sans trêve « sans arrêt » (1770).
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On appelait trêve marchande (1694) la trève durant laquelle le commerce est permis entre des États en guerre, trêve de Dieu (1732) l'institution par laquelle l'Église suspendait les guerres entre seigneurs féodaux pour un certain temps ; trêve des confiseurs est courant dans le domaine politique (v. 1874), à propos de la période entre Noël et les fêtes du Nouvel An.
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Les dérivés de trêve, les verbes trever (v. 1220) et atriver (v. 1170), ne se sont pas maintenus.
TRÉVIRER v. tr., attesté dès le
XIIIe s. (1228) au sens général d'« écarter, détourner », est composé de
tré- (latin
trans-) et de
virer. Il s'est spécialisé en marine (attesté en 1831, mais antérieur, voir le dérivé) pour « hisser ou descendre (une charge) le long d'un plan incliné joignant le pont d'un navire au quai ».
TRÉVIRE n. f. est un déverbal de trévirer, attesté en 1778, terme de marine pour un cordage destiné à amener au bas d'un plan incliné (et à remonter) des charges cylindriques (fûts, barriques).
TRÉVISE n. f. se dit pour chicorée de Trévise, du nom français d'une ville d'Italie, en Vénétie (Trevisio en italien, métathèse du latin Tarvisium). Le mot, diffusé en France après 1950, désigne une variété de chicorée à cœur pommé, à feuilles rouges veinées de blanc, au goût légèrement acidulé, consommée en salade.
TRI-, élément formant, est tiré, selon les mots formés, du grec ou du latin tri- « trois », préfixe représentant les noms de nombre grec treis et latin tres (→ trois). Ces derniers sont des formes d'un mot indoeuropéen de même sens, nom à flexion et à féminin (conservé en irlandais sous la forme teoir). Parmi plusieurs hypothèses avancées sur son étymologie, on peut citer celle d'Émile Benveniste qui rattache le terme à la racine °ter-, représentée dans le grec teirein « user en frottant » (→ 2 tour, trépan), et terma « borne » (équivalent du latin termen qui a donné 1 terme*) : le sens serait « dépasse deux ».
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L'élément est très productif dans le langage didactique, surtout au XIXe et au XXe s., avec la création de la terminologie scientifique (par exemple en chimie où il signifie « trois atomes, molécules ou éléments »). Il sert également à construire des composés libres (trilatéral, triquotidien), quelquefois à partir d'un composé en bi- « deux » préexistant. Dans des mots plus usuels formés en latin, tri- est abondamment représenté.
❏ voir
TRIADE, TRIANGLE, TRIAS, TRICEPS, TRICOLORE, TRICORNE, TRIDENT, TRIENNAL, TRIGONE, TRILOGIE, TRIMESTRE, TRINITÉ, TRINÔME, TRIO, TRIOLET, TRIPHTONGUE, TRIPLER, TRIPLICATA, TRIPTYQUE, TRISSER, 2 TRITON, TRIUMVIR ; TER- et TRÈFLE.
TRIADE n. f. est un mot de la Renaissance, emprunté (1562, Ronsard) au bas latin trias, triadis « nombre de trois » et, chez les auteurs chrétiens, « la sainte Trinité », pris au grec trias, triados de même sens, de treis « trois » (→ tri-).
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Le mot a été introduit en français pour désigner un groupe de trois (personnes, unités), avec des valeurs spécialisées en physiologie, en médecine. En histoire de la littérature, il désigne l'ensemble strophe-antistrophe-épode dans l'ode pindarique (1904).
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Il a servi à former TRIADIQUE adj., d'abord attesté à propos de l'Église grecque pour un hymne dont chaque strophe finit par une louange à la Trinité (1721), puis avec son sens moderne « relatif à une triade » (1842).
❏ voir
TRIAS.
TRIAIRE n. m., emprunt (1284) au latin triarius, de triari « corps de vétérans de l'armée romaine », famille de ter (→ tri-, trois). Ce terme didactique d'histoire romaine, désigne un soldat de la troisième ligne dans la légion romaine.
TRIAL, ALS n. m. est un emprunt (attesté indirectement par le dérivé trialiste en 1951) à l'anglais trial « épreuve, essai », dérivé du verbe to try « essayer », emprunt ancien au français trier. Le mot anglais s'est spécialisé en sport (1926 en football, puis au sens emprunté). En français, le mot est réservé à une épreuve d'endurance et d'adresse sur terrain varié (Cf. moto-cross) dans les sports mécaniques (automobile, surtout moto). Trial désigne aussi une moto conçue pour ce type d'épreuve.
TRIANDRIE n. f., aujourd'hui mot d'histoire des sciences, est la francisation (1800) du latin de Lamarck triandria (1783), de tri- et de l'élément andr- tiré du grec andros « homme, mâle ». Le sens initial, « fleur à trois étamines », a été étendu à « classe des plantes dont les fleurs ont trois étamines », dans la classification de Linné.
TRIANGLE n. m. est emprunté (v. 1270) au latin triangulus « qui a trois angles », substantivé au neutre pour désigner une figure à trois angles, de tri- « trois » en composition (→ tri-) et angulus (→ angle). L'adjectif latin a été emprunté isolément sous la forme triangule (XVe s.).
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Du langage de la géométrie où il est courant et donne lieu à de nombreux syntagmes (triangle rectangle, isocèle, etc.), le mot est passé dans des vocabulaires spécialisés pour désigner des objets en forme de triangle, aujourd'hui par exemple en musique où il désigne un petit instrument métallique à percussion (1803), en franc-maçonnerie (1872), en marine (1701), etc. En français de Suisse, triangle s'applique (depuis 1860) au chasse-neige triangulaire à deux versoirs et, par métonymie, au véhicule équipé de ce « triangle » (passer le triangle sur une route).
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On appelle Triangle austral une petite constellation visible dans l'hémisphère austral, dont les étoiles sont disposées en triangle.
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En géographie, Triangle d'or se dit de la région productrice d'opium, entre Laos, Thaïlande et Birmanie.
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Par figure (1834, Balzac), il se dit d'une relation entre trois objets ou trois personnes (spécialement en psychanalyse et en psychologie).
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L'adjectif correspondant
TRIANGULAIRE est emprunté (1370) au dérivé bas latin
triangularis. On relève isolément des dérivés français (
trianglier, v. 1350 ;
trianglé, 1564) et l'emploi adjectivé de
triangle (1380), encore au
XVIIe siècle.
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Terme de géométrie également employé pour décrire un objet en forme de triangle, il a pris le sens figuré de « qui met en jeu trois éléments » (1926) en relation avec l'emploi figuré du nom, spécialement en politique (accords triangulaires), en psychologie (relations triangulaires), en économie (commerce triangulaire, spécialement, au XVIIIe s., d'Europe en Afrique, pour la « traite » des esclaves, et d'Amérique en Europe, avec le produit des plantations).
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Il a lui-même donné TRIANGULAIREMENT adv. (1803).
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TRIANGULATION n. f. est un emprunt (1818) au dérivé bas latin triangulatio. Le mot s'emploie en parlant de l'opération matérielle de mesure par une suite de triangles.
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Il a produit TRIANGULER v. tr. (1829 ; 1803, p. p.), forme antérieurement attestée comme dérivé de l'ancien adjectif triangule, avec le sens de « donner la forme d'un triangle » (1490). Le verbe est employé dans le langage scientifique (géodésie) de même que ses dérivés TRIANGULATEUR, TRICE n. (1876), nom donné au géomètre faisant des opérations de triangulation.
❏ voir
TRIGONE.
TRIAS n. m. est emprunté (1845) à l'allemand Trias (1834), emploi spécialisé du bas latin trias, triadis (→ triade) pour désigner en géologie un terrain du secondaire ancien (avant le jurassique) dont les dépôts contiennent trois parties (grès, calcaire coquillier, marnes). Le mot, apparu d'abord en allemand, semble avoir été emprunté par l'anglais (1841), puis par le français.
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Trias a gardé le sens du mot allemand.
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Il a produit TRIASIQUE adj. « qui appartient au trias » (1845).
TRIBADE n. f. est emprunté (1566) au latin tribas, -adis « femme homosexuelle », lui-même au grec hellénistique tribas, -ados, de tribein « frotter », au sens érotique « avoir commerce avec qqn », qui se rattache à la racine indoeuropéenne °ter- « user en frottant » (→ diatribe, 2 tour).
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Le mot, qui conserve le sens du latin, est aujourd'hui un archaïsme littéraire.
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Son dérivé TRIBADISME n. m. (1849) est à peu près sorti d'usage ; tribadie n. f. (1840, Proudhon) et tribaderie n. f., attesté dans le Journal des Goncourt (1863), sont inusités.
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TRIBART n. m., attesté au sens de « bâton, gourdin » au XVIe s. (1534), a été rapproché, sans certitude, de l'ancien français tribler, du latin tribulare « tourmenter » (→ tribulation), ou bien de triballe, déverbal de triballer (→ trimballer) et nom technique, au XVIIIe s., d'une baguette pour battre les peaux. Aucune des ces deux hypothèses n'est convaincante, pour ce mot régional de l'Ouest désignant un dispositif formé d'un ou plusieurs bâtons placé autour du cou d'un animal pour l'empêcher de franchir les haies.
TRIBO- est tiré du grec tribein « frotter », et sert à former quelques composés savants.
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TRIBOLUMINESCENCE n. f. (1905) désigne la propriété des corps cristallins qui deviennent luminescents par frottement, écrasement ou rupture ;
TRIBOLUMINESCENT, ENTE adj. (1905) qualifie ces corps.
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TRIBO-ÉLECTRICITÉ n. f. (1913 dans un traité de physique) est le nom de l'électricité statique produite par frottement ; TRIBO-ÉLECTRIQUE adj. (attesté en anglais en 1917 ; on manque d'attestation en français) qualifie ce qui concerne et ce qui produit la tribo-électricité.
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TRIBOLOGIE n. f. semble inspiré en français par l'anglais tribology (1965, création dans l'Oxford Dictionary) pour désigner la partie de la mécanique qui étudie le frottement, l'interaction des surfaces en mouvement relatif et, en médecine, l'étude des frottements dans les articulations et de leurs effets (usure, douleurs...). TRIBOMÉTRIE n. f. dénomme normalement la mesure des frottements.
TRIBORD n. m. (1545), d'abord destrebort (1484), a été emprunté au moyen néerlandais stierboord en même temps que bâbord* auquel il s'oppose. Stierboord est composé de stier « gouvernail », issu d'un francique °steora (ancien haut allemand stiura, allemand Steuer) et de boord « bord d'un vaisseau » (→ bord). Le francique °steora avait par ailleurs abouti à l'ancien français estiere « gouvernail » (apr. 1150), concurrencé par l'emprunt au moyen néerlandais. Les embarcations des tribus germaniques étaient gouvernées avec des rames latérales et le côté où elles étaient placées était nommé « bord de gouvernail » (tribord), l'autre « bord de dos » parce que le pilote lui tournait le dos (→ bâbord). La place du gouvernail avait changé à l'époque où les dénominations sont passées dans le vocabulaire maritime du français, mais les anciens noms sont restés.
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Tribord désigne le côté droit d'un navire quand on regarde vers l'avant. On relève aussi au XVe s. une forme isolée treboit (apr. 1450) ; les variantes estribord (1573) et stribord (1678) sont encore en usage après 1750, mais ont disparu au XIXe siècle.
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Le mot est également employé adjectivement, par opposition à bâbord.
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On en a dérivé TRIBORDAIS n. m. (1704), terme de marine désignant un matelot faisant partie de la bordée de tribord.
1 TRIBOULET n. m. est tiré (1585) de Triboulet, surnom de Fleurial, bouffon de Louis XII et de François Ier, dérivé de l'ancien français tribol (1165), tribouil (fin XIIIe s.) « trouble, agitation » et « intrigue, machination ». Ce mot, vieilli au XVIIIe s. mais encore employé par Chateaubriand, dérive de l'ancien verbe triboler (XIIe s.) puis tribouler (v. 1220) « tourmenter, vexer » et « être tourmenté », qui représente le latin tribulare (→ tribulation) et se maintient jusqu'au XVIIIe siècle.
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Le mot, sorti d'usage, a surtout été employé aux XVIIe et XVIIIe s. pour désigner un personnage grotesque, employé dans la locution servir de triboulet « faire rire » (1680) et maintenu en argot au XIXe siècle. La mémoire du bouffon est conservée en littérature dans le Tiers Livre de Rabelais et, surtout, dans Le Roi s'amuse, drame de V. Hugo (1837), qui en fait son héros, repris par Verdi (Rigoletto).
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Un autre mot, 2 TRIBOULET, n. m. (1611) est un emprunt à l'ancien provençal tribolet (1498), dérivé d'un verbe lui-même emprunté à l'ancien français triboler.
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Il désigne un outil d'orfèvre, formé d'une tige tronconique pour arrondir (par rotation) les anneaux, les bagues.