TROCHE ou TROQUE n. f. est la francisation (1768) du latin zoologique trochus, pris au grec trokhos « roue », pour le nom d'un mollusque à la coquille univalve en forme de toupie.
TROCHÉE n. m. est un emprunt de la Renaissance (1551) au latin classique trochaeus « pied formé de deux syllabes, une longue et une brève » ; ce mot est repris au grec trokhaios, substantivation du masculin de trokhaios adj. « propre à la course », dérivé de trokhos « roue », rattaché à trekhein « courir », et qui a un correspondant exact dans l'irlandais droch « roue ».
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Trochée est un terme de métrique ancienne, désignant un pied de deux syllabes, une longue et une brève (le spondée a deux syllabes longues).
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TROCHAÏQUE adj., emprunt (1548) au latin trochaicus, lui-même pris au dérivé grec trokhaikos, se dit d'un rythme, d'un vers dont le pied fondamental est le trochée.
TROCHILE n. m., prononcé trokil, est pris (1611) au latin trochilus, du grec trokhilos « roitelet » pour désigner cet oiseau. Au XIXe s., les ornithologues ont appliqué le nom au colibri (attesté 1872), type d'une famille.
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TROCHILIDÉS n. m. pl., d'abord trochilides (1834), dérivé du latin trochilus, dénomme une famille de petits passereaux d'Amérique, à plumage multicolore, à bec droit (l'oiseau-mouche) ou arqué (le colibri).
G
TROÈNE n. m. est l'altération (1545), par l'intermédiaire des formes troine (v. 1265, adj.), tronne (1374), troesne (1538), d'une forme dialectale trouille, troy (Metz). Ce mot est issu du francique °trugil, représenté par l'ancien haut allemand hart-trugil (allemand Hartriegel) et désignant un arbuste à drupes noires. Le passage du -l- des formes dialectales au -n- de l'ancien français a pu se faire sous l'influence d'autres noms d'arbres comme frêne, chêne.
❏
Le mot a gardé son sens d'emprunt et désigne un arbuste décoratif à feuilles quasi persistantes.
TROGLODYTE n. m. est emprunté (1546, Rabelais ; auparavant une fois au XIIe s. comme nom de peuple) au latin classique Troglodyta (généralement au pl. Troglodytae). Le mot latin est emprunté au grec Trôglodutês, généralement au pluriel Trôglodutai ou Trôgodutai, nom d'un peuple d'Éthiopie vivant dans des grottes. Il est difficile de dire s'il s'agit d'un composé grec d'après le mode de logement de cette peuplade ou si c'est l'adaptation d'un nom indigène, et de savoir quelle est sa forme originelle. Le mot est dérivé de trôglê « trou », en particulier « trou de souris, de serpent », dont le radical indique à l'origine ce qui est fait en rongeant : il vient en effet du verbe trôgein, employé avec des préverbes pour exprimer l'idée de ronger, de croquer en parlant d'animaux herbivores, d'humains qui mangent des fruits, des légumes, et tardivement employé au sens de « manger » (Nouveau Testament). On suppose que trôgein (→ truite) repose sur une racine indoeuropéenne °trog- (« celui qui mâche »). Le second élément de trôglodutês représente le verbe dunein « s'enfoncer ».
❏
Le mot, également écrit
troglodite jusqu'au
XIXe s., semble avoir été repris au
XVIIIe s. (par ex. dans les
Lettres persanes de Montesquieu, 1721) ; il désigne l'habitant d'une demeure creusée dans le roc. Par analogie, il se dit d'une personne vivant et travaillant sous terre, comme le mineur (1752).
■
En zoologie, par emprunt au grec, il désigne (1778, Buffon) un passereau de très petite taille.
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Les dérivés TROGLODYTIQUE adj. (1842, Académie) et TROGLODYTISME n. m. (1875), « habitat des troglodytes », « fait de vivre dans des abris creusés dans la roche », sont d'usage didactique.
?
1 TROGNE n. f. (1403, pl.) est probablement issu d'un gaulois °trŭgna « groin, museau », représenté en gallo-roman et en celtique (gallois trwyn « nez »). L'étymologie proposée pour trognon* suppose que le mot était déjà en usage au XIVe s. Cependant, P. Guiraud postule une dérivation régressive de estronner, estrogneer (→ trognon) remontant donc au latin. Le caractère populaire du mot explique, selon Bloch et Wartburg, son apparition tardive dans les textes ; quelle que soit son origine, l'influence sémantique de trognon est probable.
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Trogne est employé au figuré chez Christine de Pisan pour désigner « des choses sans valeur » ; il a servi de désignation familière du visage (1485) avant de se fixer au sens plus précis de « visage grotesque ou plaisant », en particulier « visage rubicond signalant le goût de la bonne chère » (1611, une première fois au XVe s.).
TROGNON n. m., modification (1660) de trongnon (1393), est dérivé de l'ancien verbe estroigner « élaguer » (1377), altération, d'après 1 trogne*, de estronner (1326), le moignon de l'arbre étêté étant comparé à une tête humaine. Estronner est lui-même une forme refaite d'après tronc*, prononcé sans la consonne finale, de estronchier « retrancher » (1276) ; ce verbe dérive, par préfixation en es-, de l'ancien français tronchier (v. 1280) qui est issu du latin truncare (→ tronquer). P. Guiraud, s'appuyant sur des emplois dialectaux, postule que estronner, estrogner pourraient représenter un roman °extortionare, dérivé de tortionare « tordre, torturer », de la famille de torquere (→ tordre).
❏
Dès les premiers textes, trognon désigne ce qui reste d'un fruit ou d'un légume quand on en a enlevé la partie comestible ; le langage familier en a fait un appellatif affectueux et plaisant pour un petit enfant (1610) et l'emploie adjectivement (qu'il est trognon !) avec la même métaphore que chou.
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Il entre dans la locution figurée et familière (1892) jusqu'au trognon « complètement » (Cf. jusqu'à l'os).
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Sans être remotivé par rapport à son étymologie, le mot, en emploi concret, a dans plusieurs régions de France (du Centre au Sud-Est, à Lyon) une valeur plus large qu'en français central et s'applique à la partie extrême qui reste d'un aliment allongé (correspondant aux idées d'entame, quignon, talon). Un trognon de pain, de saucisson.
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En argot, avec forte influence de 1 trogne, il s'est employé pour « tête, figure » (1867).
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TROGNONNER v. intr., familièrement « prendre une forme de trognon », est attesté chez Hugo (1838).
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Ses autres dérivés, 2 TROGNE n. f. (1842) « arbre étêté » et TROGNARD n. m. « souche » (XXe s.), sont d'usage technique.
TROÏKA n. f. est emprunté (1841) au russe troïka qui désigne un attelage de trois chevaux, un costume trois-pièces et le trois aux cartes. Le mot est dérivé de tr'i « trois », qui se rattache au nom de nombre indoeuropéen auquel appartiennent également les noms latin et grec (→ tri-, trois).
❏
Le mot, importé en français par les voyageurs, est relevé chez A. Dumas dans le syntagme attelé de troïka, puis absolument comme nom masculin dans une traduction de Gogol (1845). Depuis 1856, il s'emploie au féminin.
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Par analogie, il s'est dit d'un ensemble de trois dirigeants politiques, d'après le russe, d'abord à propos de Staline, Zinoviev et Kamenev en 1922, en opposition à Trotski ; puis à propos d'une direction à trois (dep. 1928).
L
TROIS adj. num. est l'aboutissement (v. 1175) de l'évolution phonétique du latin tres qui a d'abord donné treis (v. 980). Tres se rattache à un radical indoeuropéen à flexion exprimant le chiffre trois, la forme tres reposant sur un nominatif °trey-es qui se retrouve dans le sanskrit trayah, le grec treis et le vieux slave trije (pour les traitements de l'ordinal → tiers, du collectif → trinité, du préfixe en composition → tri-).
❏
Comme tous les noms de nombres, trois est employé comme cardinal (fin Xe s.), servant par extension à indiquer une très faible quantité. Comme ordinal (1689, alors noté « familier ») il équivaut à « troisième » (ci-dessous).
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Il est substantivé avec le sens général de « nombre trois » (1673) donnant lieu (le trois, un trois) à quelques emplois particuliers, par exemple au jeu pour désigner (1571) une carte marquée de trois signes, le troisième jour du mois (1672), le troisième acte d'une pièce de théâtre (1775) ou en sports pour une figure de patinage (1906). Dans l'énoncé de l'heure : moins trois, trois vaut pour trois minutes. Deux ou trois, trois ou quatre : très peu.
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Un certain nombre de syntagmes avec trois sont figés : par exemple, en histoire, les Trois Évêchés (Metz, Toul, Verdun, rattachés à la France au traité de Westphalie, 1648) ; les Trois Glorieuses, journées d'insurrection de Paris, des 27, 28 et 29 juillet 1830. Dans le vocabulaire de l'habillement, costume trois pièces, « complet masculin avec gilet », est abrégé en TROIS-PIÈCES n. m. en français d'Afrique pour une tenue traditionnelle dont les trois pièces, chemise, pantalon, boubou, sont du même tissu.
❏
TROISIÈME adj. num. et n. (1536) a remplacé l'ancienne forme
troisiesme (1487), auparavant
troisime (
XIIe s.).
◆
Le mot est employé comme nom (1636), notamment pour désigner une classe d'enseignement (1694,
la troisième), un troisième étage (1789 Restif), l'ancienne
troisième classe des chemins de fer (1845).
◆
Il a lui-même produit
TROISIÈMEMENT adv. (1584).
◆
Le dérivé populaire
TROISIO adv., d'abord
troiso (1844) a été concurrencé par
troisièmo (1894) ; il correspond à
deuzio.
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Trois entre dans un certain nombre de noms composés masculins.
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1 TROIS-QUARTS n. m. et adj. inv. (1690) désigne dans le vocabulaire de la chasse un levraut mâle presque adulte.
◆
Depuis le XIXe s., il se dit en musique d'un type de violon un peu plus petit qu'un instrument standard (1872, Littré), puis, au rugby, de chaque joueur formant la ligne déployée derrière les deux demis et devant l'arrière (1889).
◆
Le mot est employé dans l'habillement à la fois comme adjectif (1909) en parlant de manches, et comme nom (v. 1950) pour un manteau un peu plus court qu'un manteau ordinaire.
■
Le mot est distinct d'un autre composé, 2 TROIS-QUARTS n. m. inv., créé à la même époque (1694, Th. Corneille) pour désigner en chirurgie un instrument servant à faire des ponctions, aussi nommé par altération TROCART n. m., d'abord écrit troquard (1694), puis une lime de section triangulaire (1835).
■
TROIS ÉTOILES loc. nom. et adj. (ou TROIS-ÉTOILES) est relevé pour la première fois chez Th. Corneille pour désigner une personne dont on veut respecter l'anonymat, étoile ayant le sens d'« astérisque » ; le mot s'emploie aujourd'hui (v. 1950) pour un hôtel classé dans une catégorie assez élevée (dépassée par quatre étoiles*).
■
Le XVIIIe s. a donné les termes musicaux TROIS-DEUX n. m. inv. (1765), TROIS-QUATRE n. m. inv. (1765) et 1 TROIS-HUIT n. m. inv. (1768, Rousseau) désignant des mesures.
■
Le terme de marine TROIS-MÂTS n. m. inv. (1824) succède à navire à trois mâts.
■
TROIS PONTS n. m. inv. (1843) « navire à trois ponts » a vieilli.
◆
Trois-ponts s'est employé dans l'argot de la fin du XIXe s. pour une haute casquette portée par les hommes du milieu.
■
Au XXe s., est formé TROIS-POINTS loc. adj. inv. (1933), employé familièrement dans les frères trois-points, désignant les francs-maçons d'après leur symbole.
■
2 TROIS-HUIT n. m. pl. (1893, le Père Peinard) est reformé pour désigner un système de travail continu qui nécessite trois équipes travaillant chacune huit heures, auparavant (1897) à propos du partage de la journée en trois périodes de huit heures.
■
TROIS-CHEMINS n. m. s'emploie en français de la Guadeloupe pour « carrefour de trois voies ».
◈
TER adv. est emprunté (1792) en musique au latin
ter « trois fois », de
tres ; il s'emploie aussi (1859) dans la numérotation des immeubles d'une rue
(le douze ter).
❏ voir
SESTERCE, TERCET, TERNAIRE, TERTIAIRE, TIERCE, TRANCHER, 2 TRAVAIL, TRÈFLE, TREIZE, TRÉMIE, TRENTE, TRI-, TRIADE, TRILOGIE, TRIMESTRE, TRINITÉ, TRIO, TRIOLET, TRIPLE, TRIPTYQUE, TRIRÈME, 1 TRISSER, TRIUMVIR, TRIVIAL et, du russe, TROÏKA.
L
TRÔLER v. (1680), écrit aussi troller (1561) et précédé par treler (1376), est issu d'un latin populaire °tragulare « suivre le gibier à la trace », dérivé du classique trahere « tirer » (→ traire), peut-être par l'intermédiaire de tragula, nom d'un instrument de chasse (javelot, filet).
❏
Le mot, d'abord employé comme intransitif (1561), puis avec le sens de « faire aller çà et là (un cerf, etc.) », ne s'est maintenu que dans certains parlers régionaux (Ouest, Centre). Il a signifié « traîner, promener partout » (1662) et « porter » en argot ancien (1628).
◆
Par extension du premier sens, il s'est employé intransitivement pour « courir çà et là » (av. 1564, Calvin), sens noté « familier » ou « populaire » par les dictionnaires du XVIIe s. et maintenu régionalement jusqu'au XXe siècle.
❏
Le déverbal
TROLLE n. f. (1655), qui a gardé la géminée de l'ancienne forme du verbe, désigne en vénerie la manière de chasser au hasard du lancer après avoir découplé les chiens.
■
TRÔLEUR n. m., d'abord trolleur « vagabond » (1660), procède de l'emploi intransitif du verbe ; il s'est également dit d'un artisan ébéniste qui promenait ses meubles pour les vendre (1852) et d'un commissionnaire qui vendait des meubles pour un artisan (1881) ; dans ce sens on a dit aussi trôlier.
◆
Son féminin TRÔLEUSE, appliqué à une femme qui aime flâner, a servi à désigner dans le parler parisien une prostituée (fin XIXe s.).
■
Trôler a fourni un autre déverbal, TRÔLE n. f. (1852), employé dans vente à la trôle « colportage ».
■
TRÔLÉE n. f., attesté une première fois au XVIIIe s., a été repris régionalement au XXe s. au sens de « grande quantité, bande », spécialement « volée de coups ». C'est le seul mot de la série qui se soit maintenu dans l'usage général et familier.
■
TRÔLERIE n. f., d'abord terme de chasse écrit trollerie (1611) pour désigner l'action de chercher la bête avec les chiens découplés, a été refait avec le sens de « vagabondage, fait de flâner » (attesté 1900, Colette) d'après l'emploi intransitif du verbe, mais est demeuré très rare.
❏ voir
TROLLEY.
TROLL n. m., enregistré sous la forme trollon par le dictionnaire de Raymond (1832), modifié ensuite en troll (1842), est emprunté au suédois troll « être surnaturel représenté sous forme de lutin ou de nain, vivant dans les grottes et sous terre ». Ce mot, comme le danois trold, remonte à l'ancien norrois troll et à la mythologie scandinave, où le troll était originellement un géant.
❏
Le mot désigne un lutin des légendes scandinaves (suédoises et danoises). Il est mieux connu en français avec la diffusion d'une littérature fantastique nordique ou anglo-saxonne, et par certains « jeux de rôle ».
TROLLEY n. m. est emprunté (1892) à l'anglo-américain trolley, nom donné aux États-Unis au dispositif servant à transmettre le courant d'un câble conducteur au moteur d'un véhicule (1890), puis au véhicule lui-même (1891), nommé ensuite trolley-car (1894). Le mot est une spécialisation de l'anglais trolley « petit wagon (qui roule) », de to troll « bouger, se déplacer çà et là » (XIVe s.) d'où « rouler » (XVe s.), emprunté au français troller, trôler*.
❏
Le mot est passé en français pour désigner le dispositif, dans tramway à trolley ; il a désigné un petit chariot tiré par un câble (1904), puis le tramway (1922), et l'autobus électrique à trolley (1941), dit aussi trolleybus.
◆
Trolley, en français d'Algérie et de Tunisie, s'emploie aussi pour « autobus ».
❏
TROLLEYBUS n. m. inv. (1921), formé par adjonction de -bus (→ bus), a bénéficié du recul des tramways dans les transports urbains en France.
TROMBE n. f. est emprunté (1549) à l'italien tromba (XVIe s. ; v. 1585, dans tromba di acqua), nom donné à un cyclone par métaphore de tromba « trompe, trompette » (XIVe s.), lequel est de même origine germanique que le français trompe*.
❏
Le mot est passé en français dans l'expression trombe de feu (1549), puis a désigné le phénomène météorologique de cyclone tropical (1665-1666). Trombe s'emploie par extension (1833) à propos d'un déversement brutal de pluie, de neige, etc., entrant comme en italien dans la locution trombe d'eau (1887). Il s'est employé au figuré (1821).
◆
Au XIXe s., par référence à la rapidité et à la violence du mouvement de la trombe, il a donné la locution comparative comme une trombe (1835) ; en trombe (1895) se dit notamment d'une voiture rapide, dans démarrer, démarrage en trombe.
❏ voir
TROMBINE, TROMBLON, TROMBONE.
TROMBIDION n. m. est l'adaptation (1803) du latin des zoologistes trombidium, du radical tromb- (→ trompe), comme nom d'un acarien de couleur rouge ou noirâtre dont les larves piquent la peau humaine, pouvant provoquer une éruption prurigineuse.
❏
TROMBIDIOSE n. f. (1909) est le nom de cette dermatose.
?
TROMBINE n. f. (1836) est un mot d'origine discutée. Il est peut-être formé de la juxtaposition de trompe* pour « nez » et de bobine* « visage » ; on a évoqué un emprunt à un mot italien non attesté °trombina, dérivé de tromba (→ trombe, trompe).
❏
Le mot est la dénomination argotique, puis familière de la tête, par identification du visage au nez. Il est entré dans Le Trombinoscope, titre d'un journal satirique du XIXe s. (1872), formé plaisamment avec -scope*. Ce mot est employé comme nom commun, un TROMBINOSCOPE n. m. désignant familièrement l'annuaire illustré des membres d'une société, d'un groupe, et un ensemble de portraits, comiques à l'origine (titre d'une publication de Touchatout, pseudonyme de Bienvenu).
TROMBLON n. m. est emprunté avec insertion d'un -l- (1803), à l'italien trombone, nom d'une espèce d'arme à feu à canon évasé en entonnoir (v. 1550). Celui-ci est, comme trombone « instrument de musique » (→ trombone), le dérivé augmentatif en -one de tromba « trompe » (→ trombe).
❏
Le mot, emprunté avec le sens de l'italien, a vieilli lorsque cette arme a été abandonnée ; c'est aujourd'hui un terme d'histoire. Le sens analogique de « chapeau évasé au sommet » (1841, chapeau en tromblon ; 1842, chapeau tromblon) est lui aussi archaïque.
◆
Le vocabulaire de l'armement moderne l'a repris (1923) pour une sorte d'entonnoir adaptable au canon d'un fusil pour lancer des grenades.
◆
L'idée d'« objet archaïque » a abouti en langue familière à vieux tromblon, tromblon pour « vieil imbécile », emploi disparu.
❏ voir
TROMBINE.
TROMBONE n. m. est l'emprunt (1703, Brossard), d'abord sous la forme adaptée trombon (1573, A. de Baïf), de l'italien trombone, nom d'un instrument de musique à vent (XIVe s.), augmentatif en -one de tromba « trompe » (→ trombe).
❏
Le mot a remplacé l'ancien
saquebute, sacqueboutte. On distingue le
trombone à pistons du
trombone à coulisse, plus connu et qui correspond à l'emploi du mot sans qualification.
◆
Par une métonymie commune aux noms d'instruments de musique, il sert à désigner le joueur de trombone (1842).
■
Par analogie de forme, le mot s'applique à une petite agrafe repliée en deux boucles (XXe s. : 1949 dans les dictionnaires). Cet emploi semble propre au français de France (en Belgique, on dit attache-tout). Le mot s'emploie aussi pour la partie centrale d'une antenne de télévision en forme d'ovale aplati (v. 1960). La paronymie avec trombine (Boris Vian, qui jouait de cet instrument, parlait de « trombine à colosse ») a conduit à l'emploi de deux verbes TROMBINER et TROMBONER, pour « pénétrer sexuellement » (1906 pour tromboner, par l'idée de « coulisse »).
❏
Son unique dérivé, TROMBONISTE n. (1821) « joueur de trombone », d'abord rare, concurrencé par trombone, a été repris par anglicisme (trombonist) en jazz.
❏ voir
TROMBLON.
TROMMEL n. m., emprunt à l'allemand Trommel, proprement « tambour », est le nom technique (1872) d'un trieur rotatif servant à répartir selon leurs grosseurs des fragments de minerai, de roche.
G
1 TROMPE n. f. est issu (1176) du francique °trumba qui a des correspondants dans l'ancien haut allemand trumpa, trumba « instrument de musique, trompette » et l'ancien scandinave trumba « trompette », et qui repose probablement sur un radical onomatopéique. Le mot est passé dans l'italien tromba (→ trombe) et, de là, à l'espagnol (tromba). L'anglais trump est emprunté au français. On a comparé trombe et l'espagnol tromba, qui ont eu le sens de « toupie », au latin turbo qui signifie à la fois « tourbillon » et « toupie » (→ turbine) ; cependant, le développement des sens est différent : trombe au sens de « colonne d'eau soulevée par un tourbillon de vent » est plus récent que trompe « toupie », qui ne peut s'expliquer que comme une comparaison du bruit de la toupie avec le son des trompes.
❏
Trompe, attesté selon T. L. F. en 1176 dans un passage de
Cligès au sens de « toupie », est passé en français pour désigner un instrument de musique à vent (av. 1250) : d'abord une trompette, puis un petit instrument à bouche qui vibre (guimbarde) [1397], enfin un instrument à vent en cuivre dont on se sert spécialement pour la chasse (v. 1460), d'où
trompe de chasse (
XVIe s.), improprement nommé
cor*.
◆
Le mot désigne, surtout dans les parlers régionaux, un petit instrument à vent sommaire pour appeler.
◆
Avec l'invention de l'automobile, on appelle
trompe l'avertisseur actionné par une poire en caoutchouc (1893), remplacé plus tard par le
klaxon.
■
Trompe a connu ses extensions analogiques à partir du XVIe s. : il sert notamment à désigner l'appendice nasal de l'éléphant (1538). Au XVIIe s., il est passé en entomologie à propos de l'organe buccal très développé de certains insectes (1684).
◆
En anatomie, trompe de Fallope (1690) se dit d'un conduit allant de l'utérus à l'ovaire et se terminant par un entonnoir. Utilisé pour d'autres conduits, le mot est entré dans la dénomination trompe d'Eustache (1765) désignant un canal de l'oreille.
◆
Ultérieurement, il a fourni une désignation familière du nez (1867), en principe d'un grand nez.
Enfin, un sens spécial, en architecture, concerne une section de voûte formant saillie (1568, Philibert Delorme) d'où coupole sur trompes (opposé à sur pendentifs).
❏
Le diminutif
TROMPETTE n. f. (v. 1280) désigne un type particulier d'instrument à vent au son clair
(Cf. clairon) et éclatant.
◆
Par métonymie, le mot désigne la personne qui joue de la trompette dans un régiment (1365 au
fém. ; 1498), puis dans un orchestre.
◆
Comme
trompe, trompette a eu quelques extensions de sens exprimant une analogie de son ou surtout de forme avec l'instrument de musique. Il désigne une espèce d'oiseau de la Guyane ressemblant au dindon (1765), un mollusque en forme de trompe (1694, repris 1768-1791) ; dans le domaine végétal, une variété de courge à longs fruits (1732), un champignon comestible en forme de corne, d'abord dit
trompette des morts (1845), puis
trompette de la mort (1923).
◆
Quelques sens argotiques correspondant aux emplois figurés de
trompe « nez, visage » (1867), « bouche » (1888) et « cigare » (1867), ont disparu. En revanche, on parle encore couramment d'un
nez en trompette (1848) « relevé du bout » et de
queue en trompette (1848 ;
queue relevée en trompette, 1828).
◆
La locution
sans tambour ni trompette « vivement et secrètement » a été précédée par
sans trompette et sans tambour (1612) et
sans trompette (av. 1453).
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Trompette a produit le verbe TROMPETER (1339) qui a donné TROMPETEUR (1530), sorti d'usage et TROMPETTISTE n. (1821), synonyme de trompette au sens d'« instrumentiste qui joue de la trompette ».
◈
Trompe, en architecture (ci-dessus), a produit un autre dérivé par suffixation diminutive,
TROMPILLON n. m. (1676, Félibien).
❏ voir
TROMBINE, TROMBLON, TROMBONE, TROMPER.