TUMULUS n. m. est un emprunt tardif (1811, Chateaubriand) au latin tumulus. Celui-ci désigne une éminence, une hauteur naturelle ou artificielle et en particulier le monticule recouvrant un cadavre, puis la tombe elle-même. Tumulus, souvent associé par les Anciens à cumulus (→ cumul), se rattache à la racine indoeuropéenne °tu-bh- exprimant un gonflement (→ tombe, tuméfier, tumeur).
❏  Tumulus désigne en archéologie un amas de pierres ou de terre élevé au-dessus d'une tombe, notamment dans les civilisations protohistoriques.
❏  TUMULAIRE adj., dérivé savant (av. 1771) du latin tumulus, est un équivalent didactique de tombal.
TUNE → THUNE
TUNER n. m. est emprunté (1956) à l'anglo-américain tuner, nom donné à un amplificateur de haute fréquence accordé, lui-même issu de l'anglais to tune v. tr. « accorder (un instrument de musique) », de tune (1387) « air, mélodie ». Ce dernier est la variante de tone « ton », emprunté au XIVe s. au français ton* (de la voix) et au latin tonus « tension d'une corde, son d'un instrument », du grec tonos.
❏  Le mot a pénétré en français avec le sens technique du mot américain mais il s'est répandu dans l'usage pour désigner un récepteur en modulation de fréquence, sans amplificateur, qui constitue l'élément d'une chaîne de haute fidélité. Cet anglicisme critiqué s'est vu proposer de nombreux équivalents français, mais c'est le seul terme usuel dans le commerce.
TUNGSTÈNE n. m. est un emprunt (1783), d'abord écrit tungsteen (1765, Encyclopédie), au suédois tungsten, proprement « pierre lourde », composé de sten « pierre » (apparenté à l'anglais stone, l'allemand Stein) et tung « lourd ». L'appellation suédoise s'est répandue dans les pays latins et anglo-saxons (anglais tungsten, XVIIIe s.). En Allemagne et dans les pays slaves, on emploie wolfram*.
❏  Le mot désigne un élément métallique très réfractaire, utilisé comme élément d'addition dans les aciers rapides. Sous forme de poudre, cet élément a joué à deux reprises un rôle fondamental dans la métallurgie des poudres : vers 1910, pour l'élaboration du tungstène ductile exigé par les fils de lampe à incandescence, puis vers 1925, dans la découverte et l'expansion des outils de coupe ou de forage en carbure de tungstène cémenté.
❏  Les dérivés en chimie sont essentiellement TUNGSTATE n. m. et TUNGSTIQUE adj., apparus tous les deux chez Guyton de Morveau (1787).
■  Par la suite, ont été formés le dérivé TUNGSTITE n. f. (1892), puis en électricité TUNGAR n. m. (1932), emprunt à l'anglais Tungar, nom déposé aux États-Unis en 1917, composé de tungstène et ar(gon).
TUNIQUE n. f. est emprunté (v. 1130) au latin tunica, nom d'un vêtement de dessous porté par les hommes et les femmes, analogue par l'usage à la chemise et par la forme à la blouse. Il en existait différentes sortes, distinguées par des épithètes : tunica manicata « à manches », intima « intime », etc. Par extension, le mot servait à désigner des téguments ou membranes recouvrant certains corps ou organes. À basse époque, il s'est dit de vêtements liturgiques (IXe s.) puis (XIIIe s.) de la cotte d'armes. Il est emprunté au même mot, peut-être sémitique (l'hébreu a kutōnet) qui a fourni le grec de même sens khitôn (en français chiton) ; ce doit être un terme de commerce, probablement dû aux Phéniciens et qui s'est largement répandu (italien, espagnol tunica, anglais tunic, allemand Tunika, irlandais tuinech).
❏  Le mot désigne à la fois un vêtement sacerdotal dans lequel on officie (v. 1150) et, comme terme d'antiquité, un vêtement de dessous, une sorte de chemise longue (v. 1130, sous la forme tonicle qui provient d'un diminutif de tunica, tunicula, déjà attesté en latin classique et passé en latin ecclésiastique). On a ainsi appelé tunique (XIIIe s.) puis tunique de Jésus-Christ ou tunique sans couture (1690), le vêtement du Christ que les soldats jouèrent aux dés après la crucifixion. ◆  Le mot apparaît çà et là dans la littérature courtoise (v. 1170) avec la valeur très générale de « robe longue de dessus ». ◆  Un réemprunt du latin introduit le sens militaire de « cotte d'armes » (1306) propre à l'ancien et au moyen français. Depuis le XVIe s., le mot est employé comme terme biblique pour le vêtement des prêtres hébreux (1535). Au XVIIe s., on appelle tunique le vêtement que portent les évêques sous leur chasuble quand ils officient (1694) et la veste que portent les rois à leur sacre (1694). Ce n'est qu'à partir de la fin du XVIIIe s. que le nom s'implante comme terme de mode féminine (1797) sans devenir usuel. Aux XIXe et XXe s., le mot a également désigné le vêtement d'uniforme porté par les soldats et les collégiens, mais ce sens a vieilli avant 1950. ◆  L'expression tunique de Nessus, attestée chez Balzac (1824) pour un présent funeste et, abstraitement, un mal dont on ne peut se défaire, fait allusion à la mythologie grecque : Nessus aurait donné à Déjanire une tunique empoisonnée comme talisman contre l'infidélité ; elle brûla Hercule sitôt qu'il l'eut revêtue.
Un réemprunt au latin médical tunica (v. 1300), qui semble postérieur à l'emploi analogue en ancien provençal (1250), correspond à « enveloppe (d'un organe anatomique) ». ◆  Par analogie avec ce sens (et probablement déjà en latin savant) tunique se dit en botanique de l'enveloppe de bulbes et autres organes végétaux (1552). ◆  En zoologie, le mot désigne aussi la membrane qui revêt la partie intérieure des animaux dits tuniciers (ci-dessous).
❏  Tunique a servi à former TUNIQUÉ, ÉE adj. (1803), terme de description scientifique ; antérieurement, le moyen français avait eu teniclé « revêtu d'une cotte d'armes » (1306) et on avait risqué tuniqué en 1719 pour « vêtu d'une tunique ».
■  TUNICIERS n. m. pl. (1824) recouvre un embranchement d'animaux marins dont le corps est entouré d'une membrane ou coque (tunique) dont la composition chimique est proche de la cellulose des végétaux.
■  L'enveloppe des tuniciers a reçu le nom de TUNICINE n. f. (1872).
TUNISIEN, IENNE adj. et n. est dérivé en français de Tunisie, nom de pays, lui-même de Tunis, nom attesté dans l'Antiquité en grec (Tunes, Tunetos), en latin (Tunes, Tunetis), d'origine discutée. Le mot pourrait venir de celui de la déesse phénicienne Thenth, Thinth, Tinnit (connue sous la forme Tanit) ou d'une racine berbère -ens « passer la nuit, coucher », d'où ténésé « couchage », chez les Touareg, et des noms de lieu en -nsa. Le mot qualifie et désigne ce qui est propre à la Tunisie, à ses habitants.
TUNISIANITÉ n. f. désigne l'identité tunisienne. ◆  TUNISIFIER v. tr. et TUNISIFICATION n. f. s'emploient pour « donner un caractère tunisien spécifique à (une institution, une action...) ».
TUNNEL n. m. est emprunté (1825) à l'anglais tunnel (XVe s.) qui a d'abord désigné un filet tubulaire pour prendre les perdrix, les alouettes, puis un tuyau, un tube (XVIe s.) avant de prendre son sens moderne au XVIIIe s., selon Wexler, « aux débuts de l'essor prodigieux pris par la construction des canaux ». Le mot anglais est emprunté au moyen français tonel, forme ancienne de tonneau*, tonnelle*, ce dernier ayant eu le sens de « tuyau » (1551).
❏  Le mot a fait son apparition en français comme terme de génie civil à propos des travaux exécutés à Londres sous la direction de l'ingénieur français M. I. Brunel pour l'édification d'un tunnel sous la Tamise. On hésitait encore à l'époque entre la périphrase française passage souterrain, la forme française tonnelle (1794 pour rendre l'anglais tunnel) et l'emprunt tunnel. Ce dernier s'est imposé comme terme de chemins de fer, d'abord à propos de l'Angleterre (1829) ; à l'époque des premiers tunnels ferroviaires exécutés en France par Marc Seguin et ses frères entre 1826 et 1829 pour la ligne de Saint-Étienne à Lyon, et pendant plusieurs décennies encore, la langue a hésité entre percement, percée, galerie (souterraine), souterrain, voûte et tonnelle. Souterrain est demeuré le terme officiel mais l'usage a préféré l'emprunt tunnel, qui s'applique à toute galerie souterraine (1857). ◆  Il s'emploie au figuré pour « période obscure, difficile » (1897, sortir du tunnel) ; le bout, la fin du tunnel, XXe s. (attesté 1943) et, par un nouvel emprunt à l'anglais, s'applique à une salle d'expérimentation de forme allongée (1929).
❏  Il a donné un dérivé, TUNNELIER n. m. (1972, in Höfler), nom d'une machine foreuse rotative perçant des tunnels et du professionnel spécialisé dans le forage des tunnels.
T. V. P. → TITRE
TUPAÏA n. m., d'abord tupai (1846), est emprunté à un mot malais par les zoologistes, pour un mammifère insectivore d'Asie tropicale, arboricole, ressemblant à la musaraigne.
TUPI adj. et n. est l'apocope de topinambi, topinamba (voir l'étymologie de topinambour), noms employés en français au XVIe s., repris sous cette forme abrégée au début du XIXe s. (attesté 1822), à propos d'un groupe ethnique amérindien du Brésil et du Paraguay. Le tupi n. m. désigne l'ensemble des parlers de ces ethnies, apparentés aux parlers guaranis (d'où le composé TUPIGUARANI).
❏  Outre les formes anciennes figurant dans l'étymologie du mot topinambour, ce nom ethnique a servi à former un nom d'animal, TUPINAMBIS n. m. (1794 en latin des zoologistes) pour un grand lézard carnassier d'Amérique tropicale.
TUPPERWARE n. m., attesté en 1988 en français (mais datant très probablement des années 1960), est emprunté à ce nom anglais, marque déposée en 1975, formé de celui de Earl Tupper, chimiste qui inventa ce récipient de polyéthylène en 1946, et de l'élément -ware, de ware « objet manufacturé », d'origine germanique. La marque étatsunienne s'est imposée par un système de vente à domicile et s'est établie en France dans les années 1970. ◆  Le mot désigne un récipient alimentaire à couvercle hermétique, en matière plastique.
TUQUE n. f., mot attesté au Canada en 1726, est probablement une modification phonétique de toque*. Usuel et traditionnel en français du Canada, le mot désigne un bonnet de laine conique, à bords roulés, porté en hiver.
TURBAN n. m. est la modification (1537) de divers emprunts (v. 1350, tourbelon, isolément, puis v. 1500, toliban) au turc tülbend, qui a aussi donné tulipe*. Le mot turc est un emprunt au persan dul(-i)band, formé de band « lien » avec un préfixe hindoustani. L'adaptation du mot en français s'est faite en tourbelon, puis tolliban (XVe s.), tolipan (1563), tolopan (XVIe s.), tolypan (1597), tulbant (1611).
❏  Le mot désigne une coiffure masculine portée dans l'Orient musulman, faite d'une pièce d'étoffe enroulée autour de la tête, d'où la locution ancienne prendre le turban « se convertir à l'islam » (1688). ◆  Par métonymie, il a désigné un morceau de gomme-gutte de forme cylindrique (1723) et une toile rayée bleue et blanche qui se fabriquait aux Indes orientales (1730). ◆  Par analogie, le mot, qualifié, s'applique à des coquillages (1732) et à des fleurs (1823) par la même métaphore que tulipe, ainsi que pour une présentation de plat (1808). ◆  Par extension, il se dit aussi (1803) d'une coiffure féminine imitant le turban oriental et qui fut à la mode pendant le premier Empire et vers 1940-1945 ; il s'est employé pour une partie du képi militaire (1830).
❏  Le préfixé ENTURBANNÉ, ÉE adj., relevé une fois au XVIe s., est reformé au début du XXe s. (1901).
❏ voir TULIPE.
TURBÉ ou TUBEH n. m. est emprunté à l'arabe turba « tumulus » soit directement, soit par le persan ou le turc, pour désigner un édifice funéraire musulman, cubique et surmonté d'une coupole basse, dans les pays du domaine turc ou persan (correspondant au marabout du Maghreb).
TURBIDE adj. est emprunté (1508) au latin turbidus « trouble » et « troublé », avec une valeur physique, par exemple en parlant du temps, de l'eau, et morale. L'adjectif est dérivé de turba « trouble » (→ 2 tourbe).
❏  Le mot a d'abord eu le sens latin de « tempétueux », emploi isolé qui ne semble plus repris après 1528, puis s'applique à un liquide qui n'est pas limpide (1615) ; rare et littéraire avec cette valeur, il a été repris en sciences au XXe s. (courants turbides).
❏  Le dérivé TURBIDITÉ n. f. (1910) est aussi rare que l'adjectif avec sa valeur générale, se spécialisant en sciences (1953) pour désigner la teneur en boues d'un cours d'eau et employé dans courant de turbidité (v. 1950).
■  À partir de son radical, on a formé (apr. 1950) le terme didactique TURBIDIMÉTRIE n. f., de -métrie.
TURBINE n. f. est un emprunt fait à plusieurs reprises (1534, puis XVIIe s., puis 1822) au latin turbo, -inis, nom dérivé de turba « trouble, agitation, désordre » (→ 2 tourbe) et désignant à la fois un mouvement rapide et circulaire et, par métonymie, toute espèce d'objet animé d'un tel mouvement : trombe, tourbillon, cyclone, toupie. Il se dit aussi au figuré du vertige de l'âme.
❏  Le mot a été emprunté au XVIe s. avec le sens de « tourbillon de vent » (1534) puis au XVIIe s. pour désigner un coquillage en forme de toupie (1649 ; 1611, turbin). ◆  La langue technique moderne l'a repris (1822) pour désigner une roue à hélice d'abord mue par un courant d'eau, puis de gaz, et communiquant un mouvement à une machine. La valeur du terme a évolué avec les techniques, notamment la turbine à vapeur (syntagme attesté en 1904), la turbine à gaz, les turbines des centrales hydrauliques et les moteurs à turbine à réaction. Il sert en particulier de synonyme aux composés turbocompresseur et turbomoteur.
❏  Son dérivé technique 1 TURBINER v. tr. (1891), « faire tourner à l'aide d'une turbine », a produit l'adjectif TURBINABLE (v. 1950).
■  Un autre dérivé, TURBINAGE n. m. (1861), après avoir servi de nom d'action au verbe, ne s'emploie plus que pour l'essorage du sirop de sucre par centrifugation.
TURBINELLE n. f. (1808) est la francisation du latin zoologique turbinella, de turbo, comme nom d'un gastéropode à coquille épaisse en forme de toupie.
L'élément TURBO-, tiré du latin turbo, a servi à former de nombreux composés désignant des mécanismes, des moteurs rotatifs, ceci à partir des dernières décennies du XIXe siècle : TURBOMOTEUR n. m. (1890) « turbine à vapeur », puis « moteur à turbine », TURBO-ALTERNATEUR n. m. (1904) « groupe électrogène où une turbine entraîne un alternateur », TURBOMACHINE n. f. (1900), qui désigne toute machine où un système rotatif agit sur un fluide, soit réceptrice (turbines), soit productrice d'énergie (par ex., une hélice), TURBOCOMPRESSEUR n. m. (1904) « turbomachine augmentant la pression ou le débit d'un gaz » (TURBOCOMPRESSÉ, ÉE adj., plus tardif, qualifie un tel moteur), TURBOPROPULSEUR n. m. (1910), nom d'un moteur d'avion dans lequel une turbine à gaz fait tourner une ou plusieurs hélices, TURBOPOMPE n. f. (1917) « pompe à turbine ». ◆  Dans les années 1930 et 1940 apparaît TURBOSOUFFLANTE n. f. (1931). Dans les années 1960 ou peu avant : TURBOFILTRE n. m. « appareil de filtrage centrifuge », TURBOFORAGE n. m. « forage où le trépan est actionné par turbine », TURBOTRAIN n. m. « train mû par des turbines à gaz ».
❏ voir TOURBILLON, 2 TURBINER ; RÉACTEUR (TURBO-RÉACTEUR).
1 TURBINER → TURBINE
2 TURBINER v. intr., apparu (1800) en argot, est un mot d'origine incertaine. Il ne peut être dérivé de turbine*, dispositif dont l'invention est postérieure (1823). Bloch et Wartburg suggèrent qu'un membre des bandes de brigands opérant dans l'Ouest aurait, à partir de quelques notions de latin, formé le mot sur le radical du classique turbo « agitation » (→ turbine). P. Guiraud remarque que les chauffeurs d'Orgères infestaient le Nord et non l'Ouest, et que leur connaissance du latin est douteuse. Il propose de rattacher le verbe aux sens anciens de turbine et de turbin (v. 1200) « tourbillon » et, dans les dialectes, « toupie » ; il relève également tourbil « toupie » (v. 1380) et « personne active », et des verbes dialectaux au sens de « se démener » ; tourpiner « aller et venir au travail » est relevé au début du XIXe siècle.
❏  Le mot exprime l'idée de « travailler dur », aujourd'hui passée dans le langage familier, et s'est dit spécialement d'une femme se livrant à la prostitution (1890). Il a vieilli, de même que ses dérivés.
❏  Il a produit le déverbal TURBIN n. m. (1821), d'abord « travail pénible », vieilli mais encore connu par des chansons (le samedi soir après l'turbin...), et argotiquement « prostitution » (v. 1860), familièrement « activité illicite » quelconque (v. 1900). Dans l'argot des coureurs automobiles, il désigne une irrégularité (v. 1930).
■  TURBINEUR, EUSE adj. et n., créé à la même époque (1821), qualifie et désigne très familièrement une personne qui ne craint pas le travail. ◆  En argot, le féminin TURBINEUSE s'applique à une prostituée active.
TURBOT n. m., réfection (v. 1211) de turbut (v. 1138), est emprunté, comme une grande partie des termes maritimes, à un ancien scandinave °þorn-butr (Cf. allemand Dornbutt), proprement « barbue (butr) à piquants (þorn ; Cf. anglais thorn “épine”) ».
❏  Le mot désigne un poisson plat dont la chair est très appréciée.
❏  Il a pour dérivé TURBOTIN n. m. (1694) « jeune turbot », usuel, et TURBOTIÈRE n. f. (1742), nom donné en cuisine à un récipient en losange pour la cuisson des poissons plats, auparavant nommé turbottine n. f. (1680).
TURBULENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1200) au latin classique turbulentus « agité, troublé, en désordre », dérivé de turba « trouble, agitation » (→ 2 tourbe).
❏  L'adjectif s'applique d'abord à une personne portée au désordre et qui cherche à le produire, mais semble rare avant le XVIe s. ; cet emploi, comme l'acception « troublé, agité » (1565) en parlant d'un élément (vent, mer), est aujourd'hui un archaïsme littéraire. ◆  Le mot est sorti d'usage pour qualifier une personne ou une passion violente (1672). Il se dit par affaiblissement (1611) d'une personne bruyante ou de son comportement.
■  Turbulent n. m., disparu dans cet emploi pour « fauteur de troubles » (fin XVIe s.) puis « personne remuante et bruyante », désigne un outil pour fouler les peaux (1876). ◆  L'adjectif s'emploie (av. 1949) en mécanique des fluides, notamment dans régime turbulent.
❏  TURBULENCE n. f. est un emprunt du moyen français (1495) au dérivé latin impérial turbulentia « trouble, perturbation ». ◆  Le mot, désignant une agitation bruyante, est à nouveau emprunté au XVIIe s. (1646), employé au pluriel au sens de « troubles (politiques, etc.) » et au singulier pour « esprit de trouble » (1728). ◆  Depuis le XIXe s., il se dit (1846) du caractère d'une personne turbulente. ◆  Devenu comme l'adjectif un terme scientifique (1935), il désigne la formation de tourbillons dans un fluide, en particulier en météorologie d'où il est passé dans l'usage général (1949, turbulence atmosphérique).
❏ voir TOURBILLON.
⇒ encadré : Le tzigane ou tsigane