TURRICULÉ, ÉE adj., d'abord attesté comme nom masculin désignant le « limaçon » de l'oreille (1805), puis comme adjectif (1817), est dérivé du latin turriculus, diminutif de turris (→ tour), à propos de coquilles, de coquillages comparés à de petites tours.
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Du même radical latin vient TURRITELLE n. f., francisation (1800) du latin des zoologistes turritella (1739), autre diminutif de turris, pour désigner un gastéropode marin à coquille allongée, pointue, striée ou à côtes.
TUSSILAGE n. m. est emprunté (1671) au latin tussilago n. f. de même sens, dérivé de tussis (→ toux).
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Le mot désigne une plante de la famille des Composées dont les fleurs sont utilisées pour leurs vertus pectorales.
TUSSOR n. m. est un emprunt (1870) à l'anglais tussore, lui-même pris à l'hindi tasar (→ ci-dessous tussah).
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Le mot désigne une étoffe de soie sauvage et, par ext., une étoffe légère de soie.
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TUSSAH n. m., emprunt (1857) à l'anglais tussah, altération de tussar, pris à l'hindi tasar (→ tussor), désigne la soie sauvage d'origine indienne produite par la chenille du bombyx de l'ailante (un lépidoptère) : le tussor et le shantung sont faits de tussah.
TUTE n. f. est dérivé du verbe français régional tuter, variante de téter attestée en moyen français au figuré pour « jouer de la flûte », au XVIe s. en Normandie pour « boire de l'alcool, du vin » (Cf. picoler). Dans le nord de la France, en Belgique, le mot s'emploie pour « tétine ».
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TUTER v. tr. s'emploie encore dans les mêmes régions pour « téter » et « sucer son pouce ».
TUTEUR, TUTRICE n. est emprunté (1265, tutor ; 1301, tutreisse au fém. ; 1462, tutrice), d'abord sous la forme latine, au latin tutor, tutrix désignant un défenseur, un protecteur ou un gardien, spécialement pris dans une acception juridique, et dérivé comme tutela (ci-dessous, tutelle) de tueri « protéger » (→ tuer).
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Le mot a été emprunté en droit pour désigner la personne chargée d'une tutelle. Par latinisme littéraire, il a retrouvé la valeur générale de « protecteur » (v. 1380 ; v. 1510, au féminin), spécialisé autrefois à propos d'un logeur prenant en pension des étudiants (1488 ;
Cf. anglais tutor).
Tutrice s'est dit à l'époque classique (1680) de la femme d'un tuteur. Comme pour
tutelle, mot auquel il reste lié sémantiquement, un emploi figuré s'est dégagé à partir du sens juridique, dans la locution
ne pas vouloir de tuteur (1690), aujourd'hui
n'avoir pas besoin de tuteur (1798).
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En français d'Afrique, le mot s'emploie à propos de la personne qui s'occupe d'un enfant éloigné de sa famille, à la demande des parents.
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En horticulture, tuteur n. m. désigne par analogie une perche soutenant un jeune arbre, une plante (1701), acception très vivante.
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Une reprise par anglicisme (v. 1980) lui confère la valeur de moniteur.
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Les dérivés français de
tuteur sont récents.
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De tuteur « perche de soutien », vient TUTEURER v. tr. (1907) dont est tiré le nom d'action TUTEURAGE n. m. (1905).
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Deux mots ont été formés récemment sur le radical de tuteur dans le domaine de l'éducation : TUTORAT n. m. (v. 1980) « fonction de tuteur », et l'anglicisme TUTORIEL, ELLE adj. (v. 1980) « relatif au tutorat », emprunté à l'anglais tutorial (1742) fait sur tutor, de même origine que le français tuteur.
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Quelques termes de droit ont été empruntés à des préfixés du latin juridique, tels COTUTEUR, TRICE n. (fin XVIe s. ; 1572, contuteur), PROTUTEUR, TRICE n. (1667).
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TUTELLE n. f. est emprunté (1332) au latin
tutela qui désigne l'action de veiller sur qqn ou qqch., une défense et, juridiquement, l'institution conférant le pouvoir de prendre soin d'une personne.
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Le mot a été introduit en français comme terme juridique. L'usage littéraire a repris le sens général du mot latin (v. 1355) puis tutelle désigne péjorativement au XVIe s. (1513) l'état de dépendance d'une personne soumise à une surveillance gênante.
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Il a reçu une valeur spéciale en milieu scolaire, désignant la pension et la surveillance accordées à un étudiant par son logeur (1478). À partir du XVIe s., le mot entre dans quelques expressions juridiques, telles mettre en tutelle (1530), sous tutelle, hors de tutelle (1552), dispensé de tutelle (1690).
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Il est passé au XXe s. dans le vocabulaire du droit international, immédiatement après la Seconde Guerre mondiale (1946, territoire sous tutelle) et dans celui de l'administration.
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La marine a emprunté une autre acception latine, « armes du prince ou du patron sculptées à l'arrière d'un navire » (1752), aujourd'hui sortie d'usage.
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Il entre dans le terme juridique COTUTELLE n. f. (1649), réfection du plus ancien contutelle (1555) par réduction du préfixe con-* (latin cum) à co-.
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TUTÉLAIRE, l'adjectif correspondant, a été emprunté (1552) au dérivé bas latin
tutelaris.
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Il a d'abord une valeur générale, qualifiant une personne qui en tient une autre sous sa protection, d'abord en parlant d'une divinité. Il a fait ensuite l'objet d'un second emprunt (1613) comme terme juridique.
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L'expression
puissance tutélaire, créée avec une valeur générale (1798), est passée dans le langage du droit international après la Seconde Guerre mondiale (1949), qualifiant une nation ayant reçu un territoire en tutelle.
TUTTI, TUTTI-FRUTTI, TUTTI-QUANTI → TOUT
TUT-TUT (ou TUTT, TUTT) onomatopée et interjection, s'emploie comme tss-tss pour marquer une objection, le doute, parfois l'irritation. La même onomatopée peut évoquer un son répété de cuivre, de sifflet.
1 TUTU n. m. est l'altération enfantine (v. 1860) de cucu, lui-même redoublement de cul*.
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Le mot, désignation enfantine et familière des fesses (v. 1860), s'est spécialisé comme nom d'un caleçon collant de danseuse (1881) puis d'une jupe de gaze courte et évasée de danseuse, devenant un terme technique et usuel et perdant toute valeur évocatrice et familière.
Le composé TUTU PANPAN, forme enfantine, de panpan « coup » et tutu pour « cul », a d'abord désigné innocemment la fessée (1911), puis, par le sémantisme habituel du « coup » pour l'acte sexuel, le coït.
2 TUTU n. m. semble être une altération de tortu, qui a désigné en argot (1836) le vin, par abrègement de l'expression jus de bois tortu (de tordre), c'est-à-dire « de cep de vigne ». On peut évoquer aussi la métaphore de la flûte (Cf. turlututu) comme dans siffler « boire » et picolo, picoler. Le tutu s'est dit pour « vin ».
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TUTUTE n. f. « bouteille » (1966 chez Albertine Sarrazin).
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TUTUTER v. intr. « boire, picoler » (1970 chez Boudard). Les mots de cette série ont tous vieilli.
G
TUYAU n. m. est l'aboutissement (XVe s.) de tudel, tuiel (fin XIe s.), tuiax (v. 1176), puis tuiau (XIIIe s.). Comme l'ancien provençal et l'espagnol tudel, le mot remonte au francique °thuta reconstruit d'après le gotique thut-haurn « cor à sonner » (haurn désignant la corne, le cor ; Cf. anglais horn) et le frison tute « conduit ». Le mot francique serait tiré d'un verbe onomatopéique thut « sonner ». P. Guiraud conteste cette origine germanique et propose de remonter au latin tutela « protection, enclos » (→ tuteur) parce que le tuyau est une canalisation fermée, protégée ; mais l'évolution formelle est peu vraisemblable.
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Dans les premiers textes, tuyau désigne la tige creuse des céréales (fin XIe s.) et, plus généralement (v. 1100), un canal fermé pour faire passer un liquide et, par extension, un gaz, de l'air. En ce sens, il compte de nombreuses extensions relatives aux fonctions du conduit : on parle de tuyau de cheminée (fin XIIIe s.), d'après tuellus en latin médiéval (1253), pour la partie extérieure du conduit de cheminée.
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Tuyau (1505), puis tuyau d'orgue (fin XVIe s.), tuyau sonore (1877) désigne un tube rendant un son lorsque la masse d'air qu'il renferme entre en vibration. Tuyau de poêle a donné lieu à des extensions figurées d'usage familier, désignant un chapeau haut de forme (1832) et vulgairement employé dans la famille tuyau de poêle, famille dont les membres ont des relations incestueuses (1926).
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Les référents sont variés selon les emplois : tuyau de pipe, tuyau d'arrosage, etc.
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Un morceau de tuyau (de plomb) pouvant servir d'arme contondante, on parle de tuyau, en français de Djibouti, pour un bâton servant à des punitions corporelles (la « pédagogie du tuyau »).
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Très tôt (XIIIe s.), tuyau désigne le bout creux de la plume des oiseaux puis, par analogie de forme, correspond à « pli ornemental en forme de tube que l'on fait sur le linge avec un fer spécial » (1480). À partir du XVIIIe s., la locution le tuyau de l'oreille désigne le conduit auditif (1798), d'abord (1748) dans la locution raconter qqch. dans le tuyau de l'oreille, dont procède le sens familier « indication confidentielle, renseignement secret » (1872), d'où tuyau crevé « renseignement sans valeur » (1925).
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La locution figurée récente (années 1990) dans les tuyaux correspond à « en cours de réalisation », pour un projet.
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Le premier dérivé de
tuyau qui demeure vivant est le mot technique
TUYÈRE n. f. (1450,
tuyere), antérieurement écrit
toière (1389), pour l'ouverture pratiquée à la partie inférieure et latérale d'un fourneau et destinée à recevoir le bec des soufflets. Au
XXe s., le mot désigne aussi le tuyau d'admission de la vapeur dans une turbine et, dans
tuyère d'éjection, le canal d'éjection des gaz.
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TUYAUTERIE n. f. a cessé de se dire pour le magasin, le commerce (1845), la fabrique (1872) de tuyaux, et désigne aujourd'hui l'ensemble des tuyaux d'une machine, des canalisations d'une installation, etc. (depuis 1845), spécialement l'ensemble des tuyaux apparents d'un orgue (1877). Au figuré, familièrement, le mot s'applique aux éléments creux du corps humain, système digestif, respiratoire, vasculaire (se faire réparer la tuyauterie).
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Le verbe TUYAUTER v. (1822) procède des sens analogiques de tuyau : il est employé transitivement pour l'action d'orner du linge de tuyaux et familièrement pour « donner un renseignement confidentiel à (qqn) » (1888).
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Parallèlement, il est d'usage didactique dans l'emploi intransitif pour « se former en tuyau (pour une céréale) » (1872).
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Il a produit TUYAUTÉ, ÉE adj. et n. m. (1848) et TUYAUTEUR, EUSE n. (1901), familier pour « celui qui vend des renseignements (spécialement aux courses) ».
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TUYAUTAGE n. m. (1872) a le sens collectif concret d'« ensemble de tuyauteries » et est aussi le nom d'action de tuyauter, désignant à la fois l'action de tuyauter le linge (1872) et, familièrement, celle de donner un tuyau (1904).
T. V. A. n. f., prononcé tévéa, est le sigle (1959), courant en France, de taxe à la valeur ajoutée. Prix T. V. A. comprise (opposé à hors taxe).
TWEED n. m. est un emprunt (1844) à l'anglais tweed (1847 ; déjà v. 1831 d'après les recoupements de l'Oxford Dictionary), marque de commerce provenant de l'altération de l'écossais (anglais d'Écosse) tweel ou tweeled (→ twill), de to tweel, variante de l'anglais to twill « croiser (un tissu) », verbe d'origine germanique, altéré par l'association avec la Tweed, fleuve côtier entre l'Angleterre et l'Écosse. L'étoffe est de fabrication ancienne, connue dès le XIVe s. (1329).
❏
Le mot a été emprunté avec un sens métonymique, « pardessus de tissu anglais », sorti d'usage tout comme celui de « robe de chambre anglaise » (1845, Bescherelle).
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Il désigne un tissu de laine cardé en deux couleurs (1845, Gautier), servant à faire des vestes, des tailleurs, des manteaux. Tweed irlandais. Veste en tweed.
❏ voir
TWILL.
TWEETER n. m. est un anglicisme, pris (1954) à l'anglais des États-Unis, de to tweet « pépier », onomatopée, pour désigner un haut-parleur réservé à la reproduction des sons aigus.
TWILL n. m. est emprunté (1875) à l'anglais twill ou tweel (1329), variante nordique et écossaise de l'anglais twilly (moyen anglais twyle, vieil anglais twili) d'origine germanique, employé comme adjectif au sens de « croisé » (v. 875) et comme nom pour une étoffe croisée (1310).
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Twill ou tweel est l'ancêtre de tweed*, mais désigne une étoffe très différente, de soie et d'armure sergée.
❏ voir
TWEED.
TWIN-SET n. m., anglicisme (1955) pris au composé de twin « jumeau » et set « ensemble », désigne un ensemble féminin en tricot, formé d'un chandail et d'une veste assortis.
TWIST n. m. est emprunté (1961) au mot anglo-américain twist, nom donné à la danse lancée par Chubby Checker au Peppermint Lounge à New York en 1961. Le mot vient de to twist « (se) tordre, (se) tortiller ». Ce verbe est dérivé de twist, nom qui a désigné un objet divisé (XIVe s.), puis une cordelette aux fils entrelacés (XVIe s.) et l'action de tourner, de tortiller (XVIe s.). L'histoire du mot est complexe ; on peut cependant reconstituer un radical °twis- apparenté à celui de twine « ficelle, tresse » et twin « double », « jumeau ».
❏
Cette danse a été très à la mode dans les années 1960, ce qui définit l'usage du mot en français.
❏
Twist a produit en français le verbe TWISTER v. intr. (1961) qui, à son tour, a donné TWISTEUR, EUSE n. (1961) « personne dansant le twist ».
TYLENCHUS n. m. est, en français, un emprunt (1895) au latin hellénisant des zoologistes, formé du grec tulos « bosse, excroissance » et enkhelos « anguille ».
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Ce terme savant désigne un animal némathelminthe qui s'attaque à plusieurs plantes cultivées, provoquant la formation de galles, et notamment la maladie du blé dite couramment nielle.
TYMPAN n. m. est un emprunt savant (v. 1170) au latin tympanum désignant un tambour, pris aussi comme terme d'architecture (Vitruve). Le mot latin est repris au grec tumpanon « tambourin », désignant aussi un instrument de torture, une roue à eau, une caisse dans une machine, et qui, par voie demi-savante, a donné timbre*. Tumpanon était considéré par les Anciens comme tiré de tuptein « frapper » (→ type) avec un suffixe -anon, mais une hypothèse plus plausible, posée au XIXe s., cherche un rapprochement sémitique, le tambourin se trouvant associé aux cultes orgiastiques de Cybèle et de Dionysos : l'araméen a tuppā, l'hébreu tōp, au pluriel tuppîm.
❏
Le mot a été emprunté avec le sens de « tambourin », qui s'est maintenu jusqu'au XVe siècle. Il a repris au latin en architecture le sens de « zone triangulaire entre la corniche et les rampants d'un fronton ». Cette acception, attestée seulement au début du XVIe s. (1506) concerne pourtant surtout l'art roman, du XIe au XIIIe siècle. Au XVIIe s., le mot désigne en imprimerie le châssis tendu d'étoffe sur lequel on place la feuille à imprimer (1611), et en mécanique un pignon enté sur un arbre et qui engrène sur une roue dentée (1676). Au sens anatomique (1677), précédé par tympane (1552, Rabelais), il désigne la membrane fibreuse séparant le conduit auditif et l'oreille moyenne ; cet emploi est devenu courant, par exemple dans la locution crever le tympan en parlant d'un bruit assourdissant (1835).
❏
Les dérivés sont des termes d'anatomie et de médecine :
1 TYMPANIQUE adj. (1814) « du tympan »
(artère tympanique), TYMPANAL, ALE, AUX adj. (1872) dans
os tympanal « le plus petit des trois os du tympan », en forme de gouttière, paroi du conduit auditif externe (aussi
n. m.),
1 TYMPANITE n. f. (
XXe s.), fait sur le modèle d'
otite* ; des composés tels que
TYMPANOSCLÉROSE n. f. « sclérose du tympan »,
TYMPANOPLASTIE n. f. et
TYMPANOTOMIE n. f., attestés au milieu du
XXe s. pour dénommer des opérations pratiquées sur le tympan.
◈
D'autre part, quelques mots ont été formés directement sur le grec
tumpanon, à commencer par l'emprunt en musique
TYMPANON n. m. désignant un tambourin (v. 1165,
timpanon), puis à partir du
XVIIe s. (1680) un instrument à cordes, à caisse trapézoïdale, dont on joue en frappant les cordes à l'aide de maillets. C'est aussi le cas du terme de médecine
2 TYMPANIQUE adj. (1837) qui qualifie une sonorité particulière à timbre aigu que manifestent à la percussion certaines régions du corps
(son tympanique) et qui a donné
1 TYMPANISME n. m. (1868) « son tympanique ».
◈
2 TYMPANITE n. f. succède (1759) à
timpanides (1372),
tympanites (v. 1560), emprunts au bas latin médical
tympanites qui reprend le dérivé grec
tumpanitês pour désigner en médecine une forte distension de l'abdomen.
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De là
2 TYMPANISME n. m. (1858).
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TYMPANISER v. tr. est emprunté (1536, timpanizer) au latin tympanizare, attesté depuis Vitruve au sens de « jouer du tambour phrygien », lui-même emprunté au grec tumpanizein « tambouriner », de tumpanon.
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Le mot a été introduit en français avec le sens figuré de « faire connaître à grand bruit », sorti d'usage comme celui de « critiquer, ridiculiser publiquement (qqn) » (1611). Les sens de « gonfler l'abdomen, l'estomac de (qqn) » (1838), d'après tympanite, et de « casser les oreilles de (qqn) » (1851, Baudelaire) sont encore connus, mais archaïques et rares.
❏ voir
TIMBRE.