Dans ce chapitre :
Dans un environnement professionnel traditionnel, vous avez un supérieur hiérarchique direct qui vous confie des tâches, évalue vos performances, décide de vos augmentations de salaire et promotions. Cependant, de plus en plus d’organisations évoluent vers une structure au sein de laquelle un éventail plus large de personnes dirige les missions que vous menez. Quel est le meilleur atout de ce genre de structure ? Au bout du compte, elle favorise des réponses plus rapides et efficaces aux divers projets d’une organisation.
Le succès de cette structure fondée sur des projets passe par les étapes suivantes :
Ce chapitre vous aide à définir l’environnement de votre organisation et à saisir les rôles de chacun. Vous y trouverez également des conseils pour réussir votre projet au sein d’une structure matricielle.
Au fil des ans, les projets sont passés du stade d’éléments accessoires à des méthodes de travail essentielles, notamment pour développer des capacités. Naturellement, les modes d’organisation et de gestion des projets ont également évolué.
Cette section explique les modes de fonctionnement au sein des structures fonctionnelles traditionnelles, des structures axées sur des projets et des structures matricielles largement répandues, lesquelles allient des aspects présents dans les deux premières structures.
La structure fonctionnelle (dont un exemple est fourni par la figure 10-1) rassemble des personnes qui exécutent des tâches similaires ou emploient les mêmes types de compétences et connaissances au sein de groupes fonctionnels. Dans cette structure, les liens hiérarchiques sont clairs, chaque groupe ayant un responsable. Par exemple, sur la figure 10-1, vous voyez que toutes les personnes ayant des fonctions de ressources humaines au sein de l’organisation (par exemple, recrutement, formation et gestion des avantages sociaux) sont regroupées dans le groupe ressources humaines, qui est placé sous l’autorité du directeur général.
En fonction de la nature du projet et des compétences et connaissances requises pour sa réalisation, il peut être entièrement mené par les employés d’un groupe fonctionnel donné. Cependant, comme le montre la figure 10-1, si le groupe fabrication mène un projet nécessitant l’expertise d’un employé du groupe des ressources humaines, le directeur de la fabrication doit passer un accord officiel avec le directeur des ressources humaines pour que ce dernier mette à disposition une personne. C’est le directeur des ressources humaines qui doit alors gérer cette personne, puisqu’elle exécute des tâches du projet placées sous sa responsabilité.
La structure fonctionnelle est la structure au sein de laquelle le chef de projet a le moins d’autorité sur les membres de son équipe. En réalité, il fait plus fonction de coordinateur de projet que de chef de projet car ce sont les directeurs fonctionnels qui ont autorité sur les membres de l’équipe de projet et gèrent le budget du projet.
La structure fonctionnelle présente les avantages suivants :
La structure fonctionnelle présente les inconvénients suivants :
Les relations de travail entre les membres sont pratiquement limitées à leur groupe d’appartenance et l’encadrement évalue leurs performances dans la spécialité du groupe. Dans le cadre d’un projet, cela rend plutôt difficile la collaboration avec d’autres groupes ;
La structure organisationnelle par projets regroupe tout le personnel participant à un projet donné. Les membres de l’équipe de projet sont souvent regroupés et travaillent sous l’autorité directe du chef de projet pendant toute la durée du projet. La figure 10-2 vous montre par exemple qu’un ingénieur-concepteur, un informaticien et un ingénieur responsable des essais participent tous au projet A tandis qu’un autre ingénieur concepteur et un autre ingénieur responsable des essais travaillent sur le projet B.
Le chef de projet a pratiquement toute autorité sur les membres de son équipe. Il confie les missions et oriente le travail des membres, contrôle le budget, évalue les performances des membres de l’équipe, décide de leurs augmentations et primes et signe les congés annuels.
La structure par projets présente les avantages suivants :
La structure par projets présente les inconvénients suivants :
Aujourd’hui, les projets concernent de plus en plus de secteurs au sein d’une organisation. Des employés évoluant dans divers domaines sont donc amenés à travailler ensemble pour mener à bien les travaux. La structure matricielle réunit des éléments des structures fonctionnelle et par projets afin de faciliter la participation d’individus de différents départements d’une entreprise à des projets pour lesquels leur expertise est recherchée.
Comme le montre la figure 10-3, dans une structure matricielle, des personnes de différents départements d’une organisation sont affectées pour diriger ou travailler sur un projet. Le chef de projet oriente le déroulement des activités tandis que les supérieurs hiérarchiques directs (de départements, tels que le département financier, la fabrication et le service commercial, voir la figure 10-3) des personnes exécutent des tâches administratives : évaluer les performances des employés, accorder des promotions et des augmentations de salaire ou gérer des demandes de congés. Dans la mesure où un employé peut travailler à moins de 100 % sur un projet, il est parfois amené à collaborer à plusieurs projets en même temps. (Nous traitons plus en détail les acteurs clés d’une structure matricielle dans la section « Identifier les acteurs clés d’un environnement matriciel », plus loin dans ce chapitre.)
Un environnement matriciel est qualifié de faible, fort ou équilibré en fonction du degré d’autorité que possèdent les chefs de projet sur leur équipe. Voici quelques précisions sur cette classification :
Un environnement matriciel offre de nombreux avantages, dont les suivants :
Sont associées à l’environnement matriciel les difficultés suivantes, à prendre en compte par le chef de projet :
La structure matricielle – la plus souvent utilisée en entreprise – facilite la vie des différentes parties d’une organisation devant apporter leur expertise à divers projets. Cela demande cependant au chef de projet de gérer les styles, intérêts et exigences d’un plus grand nombre de personnes contrôlant en partie les ressources et objectifs de son projet que s’il évoluait dans une structure fonctionnelle ou par projets.
Dans un environnement matriciel, les personnes suivantes contribuent de manière essentielle au succès d’un projet :
Les sections suivantes vous montrent comment chacune de ces personnes peut œuvrer à la réussite de votre projet.
En tant que chef de projet, vous êtes responsable de tous les aspects du projet. Cela ne signifie pas que vous deviez tout faire tout seul, mais vous devez veiller à ce que toutes les activités soient menées de manière satisfaisante. Dans ce rôle, vous avez la responsabilité de :
Les membres de l’équipe de projet doivent répondre aux demandes de leur directeur fonctionnel et de leur chef de projet. En tant que membre d’une équipe de projet, vous avez les responsabilités suivantes :
En outre, vous avez la responsabilité de collaborer avec les autres membres de l’équipe et de les soutenir. Cette solidarité peut impliquer les choses suivantes :
Les directeurs fonctionnels ont pour responsabilité d’orchestrer les missions de leur personnel dans les différents projets. Par ailleurs, ils doivent fournir à leurs subordonnés les ressources nécessaires pour exécuter les tâches assignées, dans un souci d’excellence technique. Concrètement, les directeurs fonctionnels sont responsables de :
C’est la direction qui crée l’environnement au sein de l’organisation, surveille le développement et le respect des politiques, procédures et pratiques en vigueur et encourage et finance le développement des systèmes d’information nécessaires. Concrètement, la direction est responsable de :
Pour réussir dans un environnement matriciel, vous devez bien positionner et coordonner les personnes soutenant votre projet en combattant les forces qui poussent ces personnes à s’éparpiller. Cette section peut vous aider, vous, chef de projet, à obtenir un travail d’excellente qualité de la part des membres de votre équipe ainsi qu’un soutien opportun et efficace de la part des directeurs fonctionnels et de la direction.
S’engager auprès d’autrui à atteindre un but ensemble pousse les gens à surmonter les problèmes rencontrés en cours de route. Les conseils suivants peuvent vous aider à clarifier le but de votre équipe et à inciter ses membres à se montrer solidaires dans la poursuite d’une mission commune :
Généralement, dans une structure matricielle, les membres de l’équipe de projet n’ont peu, voire aucune autorité sur leurs congénères. Par conséquent, ils mènent leur mission par choix et non par obligation. Veillez, dès le départ et tout au long du projet, à inciter les membres de l’équipe à s’engager à atteindre les objectifs fixés.
L’autorité du chef de projet sur les membres de l’équipe est souvent limitée. La plupart du temps, les suggestions, les encouragements et la persuasion sont les seules armes dont il dispose pour aider les membres de l’équipe de projet à gérer les problèmes et à mener leur mission à bien. Il est donc essentiel pour vous d’identifier les personnes capables de vous aider à gérer des situations dont vous ne pouvez venir à bout tout seul. À vous ensuite de nouer des relations avec elles. Voici comment procéder :
Voici les mesures à prendre avant et pendant le projet pour prévenir les conflits et ennuis avant qu’ils deviennent réalité :
Souvent, un projet a tout d’un iceberg : les neuf dixièmes de sa masse se cachent sous la surface. Vous récoltez une mission et vous pensez savoir ce qu’elle implique et qui doit y participer. Puis, à mesure que se déroule le projet, des personnes susceptibles d’influer sur vos objectifs et votre approche font leur apparition. Ainsi, l’environnement de votre projet ne se limite pas seulement à une structure organisationnelle, mais a aussi ses parties prenantes. Si vous n’impliquez pas les individus ou groupes clés au bon moment, vous risquez de compromettre votre projet de deux manières :
Dès que l’idée d’un projet commence à germer, commencez à identifier les personnes qui pourraient y participer. Cette section vous montre comment repérer les candidats potentiels, trancher sur leur participation, le moment où les impliquer et le rôle à leur confier, ainsi que la manière de déterminer qui possède l’autorité, le pouvoir et l’intérêt nécessaires pour prendre des décisions cruciales.
Une partie prenante d’un projet est toute personne (ou groupe) qui soutient, est concernée ou intéressée par votre projet. Ces parties prenantes peuvent se trouver à l’intérieur ou à l’extérieur de votre entreprise. Le fait de les connaître peut vous aider à :
Dans le monde de l’entreprise, vous pouvez entendre d’autres termes pour désigner les parties prenantes, mais ils ne concernent que certaines personnes de votre liste des parties prenantes. En voici un échantillon :
À mesure que vous identifiez les différentes parties prenantes de votre projet, consignez leur nom dans une liste. Les sections suivantes vous disent comment la dresser.
La liste des parties prenantes d’un projet est un document dynamique. Créez votre liste dès que vous commencez à penser à votre projet. Couchez sur le papier les noms à mesure qu’ils vous viennent. Lorsque vous parlez de votre projet avec d’autres personnes, demandez-leur qui ils estiment pouvoir être concerné ou intéressé par votre projet.
Sélectionnez ensuite un petit groupe parmi les parties prenantes identifiées et animez une séance officielle de brainstorming. Continuez de façonner votre liste jusqu’à ce que vous ne pensiez plus à d’autres noms.
Dans les sections suivantes, nous expliquons comment affiner votre liste des parties prenantes en utilisant des catégories et en identifiant celles potentiellement importantes. Nous vous donnons un exemple pour vous montrer comment dresser une liste complète.
Pour accroître vos chances de trouver toutes les bonnes personnes, affectez des catégories à votre liste des parties prenantes. En procédant département par département ou groupe par groupe, vous risquerez moins d’oublier des personnes qu’en passant en revue tout le monde un par un.
Débutez la création de votre liste des parties prenantes en effectuant un classement hiérarchique des catégories qui couvre les personnes susceptibles d’être concernées par votre projet, nécessaires à son soutien ou simplement intéressées. Nous commençons souvent par les groupes suivants :
Continuez de subdiviser ces catégories jusqu’à ce que vous arriviez à la description des fonctions et à l’identité des personnes qui les occupent.
Il y a longtemps, l’un de nous est tombé sur une femme qui avait participé à l’une de nos formations sur la gestion de projet. Elle avait utilisé avec bonheur plusieurs techniques présentées lors de la formation. Cependant, elle a également dit qu’après s’être évertuée à plusieurs reprises à créer une liste des parties prenantes, elle a conclu qu’il s’agissait d’un outil bien peu pratique qui n’apportait pas grand-chose.
Elle a expliqué que son patron l’avait affectée à un projet devant être bouclé en l’espace de deux mois. Elle a immédiatement créé une liste des parties prenantes mais, à son grand effroi, celle-ci comprenait plus de 150 noms ! Elle s’est demandé comment elle pouvait impliquer plus de 150 personnes dans un projet de deux mois. Elle en a donc conclu que la liste des parties prenantes n’apportait vraiment rien.
En fait, sa liste des parties prenantes avait fonctionné à merveille. En identifiant dès le départ les personnes susceptibles d’influer sur la réussite de son projet, elle s’est retrouvée avec trois options :
La liste des parties prenantes ne détermine pas qui vous devez impliquer dans votre projet mais signale les personnes susceptibles d’influer sur le succès de votre projet. Elle vous permet ensuite de jauger les avantages et inconvénients de les englober ou de les écarter.
Lorsque vous créez votre liste des parties prenantes, assurez-vous de ne pas oublier les suivantes :
Dans certains cas, il peut arriver que vous oubliiez de mettre les utilisateurs finaux sur votre liste de parties prenantes car vous ignorez leur existence. Dans d’autres situations, vous pouvez estimer les avoir pris en compte par l’intermédiaire de liaisons, personnes représentant les intérêts des utilisateurs finaux. (L’encadré à suivre, intitulé « Découvrir les vrais utilisateurs finaux », vous donne un exemple cuisant de ce qu’il peut se passer quand vous dépendez uniquement des liaisons.)
Une grande banque internationale implantée aux États-Unis avait dépensé des millions de dollars pour la modification et la mise à niveau de son système d’information. Le personnel travaillant sur le projet avait étroitement collaboré avec des agents de liaison spéciaux installés en Europe qui représentaient sur place les intérêts du personnel chargé de saisir et de récupérer les données du nouveau système. Lorsque la banque mit en service le système, elle découvrit un problème rédhibitoire : la documentation du système était en anglais alors que plus de 90 % du personnel de la banque ne parlait pas cette langue. La nouvelle mouture du système était donc inutilisable !
Les concepteurs du système avaient passé beaucoup de temps et d’argent à travailler avec les agents de liaison afin d’identifier les intérêts et besoins des utilisateurs finaux. Les agents n’avaient toutefois soulevé que les problèmes correspondant à leurs propres expériences au lieu d’identifier et de partager les besoins et inquiétudes du personnel local de la banque. L’anglais étant la langue maternelle de tous les agents, ils n’avaient pas pensé à l’éventuel besoin de préparer des instructions en plusieurs langues. Si le personnel local de la banque avait été placé sur la liste des parties prenantes avec les agents de liaison, cela aurait permis aux responsables du projet de ne pas oublier leurs besoins spécifiques.
Supposons que l’on vous demande de coordonner la campagne annuelle de don du sang de votre organisation. Dans le tableau 10-1 figurent certains groupes et personnes que vous pouvez intégrer à votre liste de parties prenantes du projet lors de la phase de préparation.
Catégorie | Sous-catégorie | Parties prenantes |
Interne | Direction | Comité exécutif de surveillance, Directeur commercial, Directeur des opérations, Directeur administratif |
Demandeur | Directeur commercial, responsable des relations avec la communauté | |
Chef de projet | Coordinateur des événements spéciaux | |
Membres de l’équipe | Représentant du service client, représentant des relations avec la communauté, assistant administratif | |
Groupes habituellement impliqués | Comptabilité, département de l’équipement, service juridique et ressources humaines | |
Groupes ponctuellement impliqués | Chef de projet et membres de l’équipe de projet de la précédente campagne de don du sang, relations publiques | |
Externe | Clients | Précédents donneurs, donneurs potentiels, hôpitaux et centres médicaux recevant les poches de sang à la suite à de la campagne |
Prestataires, fournisseurs | Infirmières, restaurateur, propriétaire des lieux, banque du sang locale | |
Autorités de réglementation | Conseil de santé local | |
Entités professionnelles | Établissement fFrançais du sSang, Association française des donneurs de sang | |
Partie prenante | Communauté locale, presse locale, télévisions et radios locales |
De nombreux groupes peuvent influer sur le succès de votre projet ou montrer un intérêt. Le fait de les connaître vous permet de planifier leur intervention au moment opportun. Par conséquent, l’identification précoce des parties prenantes et la répercussion rapide des changements en la matière sont deux étapes essentielles de la conduite de projet.
Pour vous assurer que votre liste de parties prenantes est complète et à jour, suivez ces directives :
Un modèle de liste est une liste préétablie comprenant les catégories et parties prenantes classiques d’un type de projet donné. Vous pouvez créer et maintenir à jour vos propres modèles de listes de parties prenantes pour les tâches que vous exécutez, les groupes fonctionnels peuvent avoir les leurs ou le bureau de gestion des projets peut disposer de ses propres modèles pour l’ensemble de l’organisation.
Quelle que soit la personne responsable de la gestion du modèle, ce dernier reflète ses expériences successives. Lorsque l’organisation continue de conduire des projets de ce type, des parties prenantes ignorées par le passé peuvent être ajoutées et d’autres, jugées inutiles, enlevées. L’utilisation de ces modèles peut vous faire gagner du temps et vous rendre plus précis.
Admettons que vous prépariez chaque trimestre le budget de votre département. Avec l’habitude, vous connaissez les personnes vous fournissant les informations nécessaires, celles qui le préparent et l’impriment et celles en charge de l’approbation finale. Chaque fois que vous terminez un budget, vous modifiez votre modèle de liste de parties prenantes afin d’intégrer les informations liées à ce projet. La prochaine fois que vous préparerez votre budget trimestriel, vous créerez votre liste de parties prenantes à partir de votre modèle. Vous ajouterez et enlèverez des noms en fonction du budget en question.
Lorsque vous utilisez des modèles de liste de parties prenantes, gardez les principes suivants à l’esprit :
Les modèles permettent de gagner du temps et d’améliorer la précision. Cependant, utiliser un modèle trop accompli peut laisser penser que vous avez déjà une idée bien précise du contenu de votre liste définitive, ce qui peut dissuader certaines personnes de vous livrer en toute liberté leurs idées concernant d’autres parties prenantes potentielles. En outre, leur manque d’implication dans la création de la liste de parties prenantes peut les conduire à faire preuve d’un investissement limité, néfaste au succès du projet.
Après avoir identifié toutes les parties prenantes de votre projet, le moment est venu de les classer dans les groupes suivants. Vous pourrez alors décider de les impliquer ou non. Si elles sont du voyage, à vous alors de déterminer leur mission et la date de leur entrée en scène.
Séparer les parties prenantes en trois catégories vous aide à connaître les informations à vous procurer les concernant, quoi leur dire, ainsi qu’à clarifier les décisions pour lesquelles les impliquer.
Supposons qu’un groupe d’informaticiens ait la mission de modifier la mise en page et le contenu du relevé mensuel des ventes de tous les commerciaux. Le directeur commercial a demandé la création de ce projet et le directeur des services informatiques (DSI) l’a approuvé. En tant que chef de ce projet, vous classerez les différentes parties prenantes de la manière suivante :
Méfiez-vous des contributeurs essayant de se conduire en commanditaires. Dans l’exemple précédent, l’analyste qui finalise le contenu et le format du relevé peut essayer d’inclure des éléments qu’il juge utiles. C’est cependant uniquement aux vrais commanditaires que revient le choix des données à inclure dans le relevé. L’analyste doit se contenter d’indiquer si l’ajout est possible et ce que la procédure demande.
Gardez à l’esprit qu’un individu peut à la fois être commanditaire et contributeur. Par exemple, le directeur commercial est un commanditaire du projet en ce qui concerne le développement d’un relevé de ventes mensuel, mais c’est également un contributeur s’il doit financer la création du relevé en transférant les fonds depuis le budget du service commercial.
Les sections suivantes vous aident à identifier le moment où impliquer des commanditaires, des contributeurs et des observateurs, et vous indiquent le meilleur moyen pour qu’ils demeurent impliqués.
Le parrain du projet est une personne occupant un poste important au sein de l’organisation, qui soutient fermement votre projet, le défend en cas de litige, lors des réunions de planification et des séances d’examen, et prend les mesures nécessaires pour contribuer à sa réussite.
Dès que vous démarrez la planification, voyez si votre projet a un parrain. Si ce n’est pas le cas, essayez d’en trouver un. Un parrain de projet efficace présente les qualités suivantes :
Un projet suit les trois phases suivantes, de la naissance de l’idée originale à son achèvement (le chapitre 2 explique en détail ces trois phases) :
Prévoyez d’impliquer les commanditaires, contributeurs et observateurs à chaque phase. Les sections suivantes vous indiquent comment procéder.
Impliquez les commanditaires du début à la fin de votre projet. Les garder mobilisés est vital, car ce sont eux qui définissent les résultats de votre projet et évaluent sa réussite en fin de course. Le tableau 10-2 vous dit comment impliquer les commanditaires pendant les trois phases du projet.
Phase | Niveau d’implication | Action |
Démarrage du projet | Élevé | Identifiez et échangez avec un maximum de commanditaires. Leurs désirs et votre évaluation de la faisabilité de leurs idées peuvent influer sur la poursuite du projet. Si d’autres commanditaires apparaissent par la suite, étudiez avec eux les sujets ayant conduit à la naissance du projet. Demandez-leur d’identifier et d’évaluer leurs éventuelles attentes particulières. |
Organisation et préparation | Moyen à élevé | Demandez aux commanditaires si votre plan de projet répond à leurs besoins et attentes. Faites-leur approuver officiellement le plan avant le début effectif des travaux. |
Exécution des travaux | Moyen | Lorsque le projet est sur les rails, présentez les commanditaires à l’équipe de projet. Le fait que les commanditaires parlent de leurs besoins et intérêts renforce l’importance du projet et aide les membres de l’équipe à avoir une vision plus précise des objectifs poursuivis. En outre, faire se rencontrer les membres de l’équipe et les commanditaires accroît la confiance de ces derniers dans la capacité de l’équipe à mener à bien le projet. |
Pendant la réalisation des travaux, continuez d’informer les commanditaires de l’avancement du projet afin de préserver leur intérêt et leur enthousiasme. Les impliquer de la sorte vous permet également de vérifier que les résultats sont toujours conformes à leurs besoins. | ||
Clôture du projet | Élevé | Faites évaluer les résultats du projet par les commanditaires et voyez si leurs besoins et attentes ont été satisfaits. Notez leurs recommandations pour apporter des améliorations lors de futurs projets. |
À l’instar des commanditaires, les contributeurs doivent être impliqués du début à la fin du projet. Dans la mesure où ils réalisent et soutiennent les travaux du projet, ils doivent être au courant des changements de conditions afin de pouvoir réagir rapidement à la survenue de problèmes. En favorisant leur implication active, vous soignez également leur motivation et leur engagement. Le tableau 10-3 vous dit tout pour veiller à l’implication des contributeurs pendant les phases de votre projet.
Phase | Niveau d’implication | Action |
Initialisation du projet | Moyen | Dans la mesure du possible, demandez aux principaux contributeurs s’il est possible de répondre aux attentes des commanditaires. Si vous identifiez d’autres contributeurs en cours de projet, interrogez-les sur la faisabilité des attentes précédemment émises. |
Organisation et préparation | Élevé | Les contributeurs sont les principaux participants au plan de projet. Puisqu’ils favorisent ou réalisent l’exécution de tous les travaux, faites en sorte qu’ils indiquent les approches techniques, calendriers et ressources nécessaires. Obtenez également leur aval officiel pour tous les aspects du plan. |
Exécution des travaux | Élevé | Familiarisez tous les contributeurs avec les travaux planifiés. Précisez comment ils travailleront ensemble pour obtenir les résultats escomptés. Faites en sorte qu’ils choisissent des modes de communication, de résolution des conflits et de prise de décisions pendant la durée du projet. |
Pendant la durée du projet, tenez-les informés de l’avancement des travaux, encouragez-les à signaler les problèmes rencontrés ou pressentis et œuvrez avec eux à la mise en place de solutions. | ||
Clôture du projet | Élevé | Veillez à ce que les contributeurs achèvent les tâches qui leur incombaient. Informez-les des résultats obtenus et soyez reconnaissant de leur contribution à la réussite du projet. Demandez-leur des suggestions pour mener à bien plus efficacement des projets similaires dans le futur. |
Une fois choisis les observateurs auxquels vous souhaitez divulguer des informations sur votre projet, impliquez-les a minima car ils ne vous diront pas quoi faire et ne vous aideront pas. Le tableau 10-4 montre comment impliquer les observateurs.
Dans la mesure où les observateurs n’ont pas une influence directe sur votre projet, mesurez avec soin le temps que vous leur consacrez pour partager des informations. Lorsque vous aurez décidé qui impliquer et comment communiquer avec ces personnes, tenez compte des éléments suivants :
Pour savoir quels éléments étudier lorsque vous choisissez le mode d’implication des différentes parties prenantes, rendez-vous à la section « Évaluer le pouvoir et l’intérêt de vos parties prenantes », plus loin dans ce chapitre.
Phase | Niveau d’implication | Action |
Démarrage du projet | Faible | Informez les observateurs de l’existence et des principaux objectifs de votre projet. |
Organisation et préparation | Faible | Informez les observateurs des résultats prévus et des délais impartis. |
Exécution des travaux | Faible | Dites aux observateurs que le projet a démarré et confirmez-leur la date des jalons planifiés. Informez-les des principales réussites. |
Clôture du projet | Faible | Une fois le projet terminé, informez les observateurs des produits générés et des résultats obtenus. |
L’influence potentielle d’une partie prenante sur un projet dépend de son pouvoir et de son intérêt à exercer ce pouvoir. Évaluer le niveau de pouvoir relatif de chacune vous aide à savoir qui vous apportera les plus grands bienfaits.
Le pouvoir est la faculté d’une personne d’influencer les actes d’autrui. Cette capacité peut provenir de son habilitation (ou autorité) à exiger des autres qu’ils accèdent à ses requêtes ou de sa capacité à inciter les autres à faire ce qu’elle demande grâce au respect qu’ils lui témoignent (en raison de son professionnalisme) ou par affinité (pouvoir conquis). Dans un cas comme dans l’autre, plus la personne a de pouvoir, mieux elle est à même de rallier des personnes et mobiliser des ressources pour soutenir votre projet.
En revanche, l’intérêt d’une personne pour quelque chose correspond à son degré d’affection, de curiosité ou d’attention pour cette chose. Plus une personne s’intéresse à votre projet, plus elle est susceptible de vouloir se servir de son pouvoir pour contribuer à son succès.
Les niveaux relatifs de pouvoir et d’intérêt pour le projet sont élevé ou faible. Vous avez ensuite quatre combinaisons possibles pour chaque partie prenante. Le niveau de pouvoir et d’intérêt d’une partie prenante révèle le degré d’influence potentiel de celle-ci sur votre projet et donc l’importance, plus ou moins grande, de veiller à son implication.
Le plus souvent, l’évaluation du pouvoir et de l’intérêt d’un membre d’une partie prenante pour un projet repose sur votre opinion subjective et celle des membres de votre équipe, des autres parties prenantes, des individus ayant travaillé avec la partie prenante en question sur d’autres projets, d’experts du domaine concerné et/ou de membres de sa partie prenante. Si vous donnez une note de 1 à chaque personne dont le niveau de pouvoir et d’intérêt est jugé élevé et de 0 à chaque personne dont le niveau est jugé faible, si la moyenne obtenue est supérieure ou égale à 0,5, le niveau sera élevé et si la moyenne est inférieure à 0,5, le niveau sera faible.
Généralement, les commanditaires et contributeurs présentent des niveaux de pouvoir et d’intérêt pour votre projet supérieur à celui des observateurs.
La figure 10-4 comprend une grille illustrant le pouvoir et l’intérêt, avec quatre combinaisons possibles sur un graphique bidimensionnel. En tant que chef de projet, votre investissement en temps et en énergie doit être minime avec les parties prenantes ayant un pouvoir et un intérêt faibles (case I), puis aller crescendo avec celles ayant un pouvoir faible et un intérêt élevé (case II), avec celles ayant un pouvoir élevé et un intérêt faible (case III). Enfin, avec celles ayant un pouvoir élevé et un intérêt élevé (case IV), votre investissement en temps doit être maximum et vous devez veiller le plus possible à leur implication et à bien les informer. (La section « Utiliser différentes méthodes pour que les parties prenantes demeurent impliquées », plus haut dans ce chapitre, vous fournit divers moyens de communiquer avec les parties prenantes de votre projet.)
Pour optimiser l’implication et les contributions de vos parties prenantes, respectez les principes suivants pendant toute la durée du projet :
Au lieu d’ignorer cette importante partie prenante, demandez à votre service juridique comment obtenir l’information qui vous fait défaut sans nuire à l’équité de l’appel d’offres ;
Informer les commanditaires, contributeurs et observateurs de l’avancement des travaux est essentiel à la réussite du projet. Le choix d’une méthode adaptée pour l’implication de chaque catégorie de parties prenantes peut contribuer à conserver leur intérêt intact et inciter leurs membres à soutenir activement vos efforts. Voici des approches pour veiller à l’implication des parties prenantes tout au long de votre projet :
En matière de projets, l’autorité est le droit de prendre, dans le cadre du projet, des décisions que les autres doivent respecter, dont les droits d’allouer des ressources, de dépenser des fonds ou de donner son approbation. Avoir une opinion sur la façon de traiter un aspect et disposer de l’autorité pour décider comment il sera traité sont deux choses différentes. Se tromper sur le niveau d’autorité d’une personne peut générer un certain agacement et entraîner une perte de temps et d’argent.
Vérifiez que les personnes identifiées par vos soins comme parties prenantes ont bien l’autorité de prendre les décisions nécessaires à l’exécution de leurs tâches. Si elles n’en disposent pas, trouvez qui est habilité et comment l’associer au projet.
Au début de la phase d’exécution des travaux, respectez la procédure suivante de définition du degré d’autorité de chaque membre des différentes parties prenantes :
Voyez avec chaque personne les tâches qui lui incombent et son rôle dans leur exécution. Par exemple, se contentera-t-elle de travailler dessus ou approuvera-t-elle également les calendriers, les frais d’exploitation des ressources et les stratégies d’exécution des travaux ?
Posez la question pour des tâches individuelles et non tous les thèmes d’un domaine particulier. Par exemple, une personne peut se montrer plus confiante en son autorité pour approuver les achats de fournitures jusqu’à 5 000 euros qu’en son autorité pour l’approbation de tous les achats d’équipements, quels que soient le type et le montant de la transaction.
Faites le point sur les décisions que la personne peut prendre. Pour celles nécessitant l’approbation d’autrui, identifiez l’individu en question. (Demandez, ne faites jamais de suppositions !)
Cette autorité est-elle confirmée par une politique, procédure ou directive écrite ? Est-ce que le chef de la personne le lui a indiqué lors d’une conversation ? Est-ce que la personne le suppose simplement ? Si la personne ne dispose d’aucune confirmation écrite, incitez-la à l’obtenir.
Avez-vous, vous ou d’autres, déjà travaillé avec cette personne par le passé ? A-t-elle été supplantée pour des décisions qu’elle avait affirmé avoir le droit de prendre ? Si c’est le cas, demandez-lui si elle estime que ça ne lui arrivera pas de nouveau.
Y a-t-il des raisons de croire que l’autorité de cette personne a changé ? La personne est-elle une nouvelle venue dans son groupe ? à son poste actuel ? Vient-elle de commencer à travailler sous les ordres d’un nouveau chef ? Si la réponse à l’une de ces questions est « oui », encouragez-la à trouver les documents confirmant son autorité, pour son bien et le vôtre.
Lorsque des habilitations à prendre des décisions changent, reconfirmez-les auprès des personnes concernées. Supposons par exemple que vous tabliez sur des achats d’un montant inférieur ou égal à 2 500 euros. Mickaël, représentant du groupe des finances, vous assure qu’il est habilité à approuver ce type d’achats sans en référer à son chef. À mi-chemin du projet, vous vous apercevez que vous devez acheter un matériel d’une valeur de 5 000 euros. Vérifiez auprès de Mickaël qu’il est bien habilité à autoriser cette dépense exceptionnelle. S’il ne l’est pas, voyez auprès de qui obtenir l’autorisation et prenez les mesures nécessaires.