Chapitre 10

Comprendre votre environnement projet

Dans ce chapitre :

  • triangle.jpg Les différents environnements organisationnels d’un projet
  • triangle.jpg Les ficelles pour bien travailler dans un environnement matriciel
  • triangle.jpg Faire des parties prenantes vos alliés

Dans un environnement professionnel traditionnel, vous avez un supérieur hiérarchique direct qui vous confie des tâches, évalue vos performances, décide de vos augmentations de salaire et promotions. Cependant, de plus en plus d’organisations évoluent vers une structure au sein de laquelle un éventail plus large de personnes dirige les missions que vous menez. Quel est le meilleur atout de ce genre de structure ? Au bout du compte, elle favorise des réponses plus rapides et efficaces aux divers projets d’une organisation.

Le succès de cette structure fondée sur des projets passe par les étapes suivantes :

  • coche.jpg Identifier les personnes qui définissent et influent sur votre environnement de travail ;
  • coche.jpg Comprendre leur rôle ;
  • coche.jpg Savoir comment collaborer efficacement avec elles afin de mener un projet à bien.

Ce chapitre vous aide à définir l’environnement de votre organisation et à saisir les rôles de chacun. Vous y trouverez également des conseils pour réussir votre projet au sein d’une structure matricielle.

Définition de trois environnements organisationnels

Au fil des ans, les projets sont passés du stade d’éléments accessoires à des méthodes de travail essentielles, notamment pour développer des capacités. Naturellement, les modes d’organisation et de gestion des projets ont également évolué.

Cette section explique les modes de fonctionnement au sein des structures fonctionnelles traditionnelles, des structures axées sur des projets et des structures matricielles largement répandues, lesquelles allient des aspects présents dans les deux premières structures.

La structure fonctionnelle

i0268.jpgLa structure fonctionnelle (dont un exemple est fourni par la figure 10-1) rassemble des personnes qui exécutent des tâches similaires ou emploient les mêmes types de compétences et connaissances au sein de groupes fonctionnels. Dans cette structure, les liens hiérarchiques sont clairs, chaque groupe ayant un responsable. Par exemple, sur la figure 10-1, vous voyez que toutes les personnes ayant des fonctions de ressources humaines au sein de l’organisation (par exemple, recrutement, formation et gestion des avantages sociaux) sont regroupées dans le groupe ressources humaines, qui est placé sous l’autorité du directeur général.

Figure 10-1 : Une structure fonctionnelle pour gérer des projets.

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En fonction de la nature du projet et des compétences et connaissances requises pour sa réalisation, il peut être entièrement mené par les employés d’un groupe fonctionnel donné. Cependant, comme le montre la figure 10-1, si le groupe fabrication mène un projet nécessitant l’expertise d’un employé du groupe des ressources humaines, le directeur de la fabrication doit passer un accord officiel avec le directeur des ressources humaines pour que ce dernier mette à disposition une personne. C’est le directeur des ressources humaines qui doit alors gérer cette personne, puisqu’elle exécute des tâches du projet placées sous sa responsabilité.

La structure fonctionnelle est la structure au sein de laquelle le chef de projet a le moins d’autorité sur les membres de son équipe. En réalité, il fait plus fonction de coordinateur de projet que de chef de projet car ce sont les directeurs fonctionnels qui ont autorité sur les membres de l’équipe de projet et gèrent le budget du projet.

Les inconvénients de la structure fonctionnelle

i0270.jpgLa structure fonctionnelle présente les inconvénients suivants :

  • coche.jpg Elle nuit à une collaboration efficace entre les différents groupes.

    Les relations de travail entre les membres sont pratiquement limitées à leur groupe d’appartenance et l’encadrement évalue leurs performances dans la spécialité du groupe. Dans le cadre d’un projet, cela rend plutôt difficile la collaboration avec d’autres groupes ;

  • coche.jpg Le principal intérêt des membres d’un groupe fonctionnel est de bien exécuter des tâches dans leur domaine d’expertise plutôt que d’atteindre des objectifs et d’obtenir des résultats impliquant et touchant d’autres groupes de l’organisation. Les centres d’intérêt et relations de travail des membres d’un groupe demeurent avant tout restreints au groupe en question. C’est leur chef qui leur assigne des missions, juge leur travail et dirige le groupe. Cet environnement incite les membres à se montrer les plus motivés par les tâches de leur groupe et à leur accorder la priorité ;
  • coche.jpg Un groupe fonctionnel peut avoir du mal à recevoir du soutien pour son projet de la part d’autres groupes pourtant concernés. Chaque groupe fonctionnel peut lancer un projet sans consulter les autres groupes. Ces derniers peuvent alors rechigner à soutenir un projet qui ne répond pas à leurs besoins de la meilleure manière possible. C’est parfois dû à une rivalité entre projets en raison de ressources limitées au sein de l’organisation.

La structure par projets

i0271.jpgLa structure organisationnelle par projets regroupe tout le personnel participant à un projet donné. Les membres de l’équipe de projet sont souvent regroupés et travaillent sous l’autorité directe du chef de projet pendant toute la durée du projet. La figure 10-2 vous montre par exemple qu’un ingénieur-concepteur, un informaticien et un ingénieur responsable des essais participent tous au projet A tandis qu’un autre ingénieur concepteur et un autre ingénieur responsable des essais travaillent sur le projet B.

Le chef de projet a pratiquement toute autorité sur les membres de son équipe. Il confie les missions et oriente le travail des membres, contrôle le budget, évalue les performances des membres de l’équipe, décide de leurs augmentations et primes et signe les congés annuels.

Figure 10-2 : Une structure organisationnelle par projets.

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La structure matricielle

Aujourd’hui, les projets concernent de plus en plus de secteurs au sein d’une organisation. Des employés évoluant dans divers domaines sont donc amenés à travailler ensemble pour mener à bien les travaux. La structure matricielle réunit des éléments des structures fonctionnelle et par projets afin de faciliter la participation d’individus de différents départements d’une entreprise à des projets pour lesquels leur expertise est recherchée.

i0274.jpgComme le montre la figure 10-3, dans une structure matricielle, des personnes de différents départements d’une organisation sont affectées pour diriger ou travailler sur un projet. Le chef de projet oriente le déroulement des activités tandis que les supérieurs hiérarchiques directs (de départements, tels que le département financier, la fabrication et le service commercial, voir la figure 10-3) des personnes exécutent des tâches administratives : évaluer les performances des employés, accorder des promotions et des augmentations de salaire ou gérer des demandes de congés. Dans la mesure où un employé peut travailler à moins de 100 % sur un projet, il est parfois amené à collaborer à plusieurs projets en même temps. (Nous traitons plus en détail les acteurs clés d’une structure matricielle dans la section « Identifier les acteurs clés d’un environnement matriciel », plus loin dans ce chapitre.)

Figure 10-3 : Une structure matricielle.

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Un environnement matriciel est qualifié de faible, fort ou équilibré en fonction du degré d’autorité que possèdent les chefs de projet sur leur équipe. Voici quelques précisions sur cette classification :

  • coche.jpg Matrice faible : les membres de l’équipe de projet reçoivent la plupart de leurs ordres des directeurs fonctionnels. Les chefs de projet ont peu, voire aucune autorité directe sur les membres de l’équipe et font en fait plus office de coordinateurs de projet ;
  • coche.jpg Matrice forte : les entreprises présentant une structure matricielle forte choisissent des chefs de projet dans un réservoir de personnes dont le seul travail est de gérer des projets. On ne demande jamais à ces personnes d’être membres d’une équipe. Souvent, ces chefs de projet constituent à eux seuls une unité organisationnelle qui rend des comptes à un responsable des chefs de projet. En dehors de la direction des travaux du projet, ils ont une certaine autorité administrative sur les membres de l’équipe de projet (par exemple, le droit d’évaluer leurs performances) ;
  • coche.jpg Matrice équilibrée : ce type d’environnement matriciel est un mélange d’environnements faibles et forts. Les gens sont affectés à un projet en tant que chefs ou membres d’une équipe, en fonction des besoins des projets et non de leurs fonctions. Bien que le chef de projet puisse avoir une certaine autorité administrative sur les membres de l’équipe de projet (par exemple, signer les congés), sa mission consiste principalement à conduire et à coordonner le projet.

Les ficelles pour bien travailler dans un environnement matriciel

La structure matricielle – la plus souvent utilisée en entreprise – facilite la vie des différentes parties d’une organisation devant apporter leur expertise à divers projets. Cela demande cependant au chef de projet de gérer les styles, intérêts et exigences d’un plus grand nombre de personnes contrôlant en partie les ressources et objectifs de son projet que s’il évoluait dans une structure fonctionnelle ou par projets.

Identifier les acteurs clés d’un environnement matriciel

Dans un environnement matriciel, les personnes suivantes contribuent de manière essentielle au succès d’un projet :

  • coche.jpg Le chef de projet : personne responsable d’assurer la réussite du projet ;
  • coche.jpg Les membres de l’équipe de projet : personnes responsables de mener à bien les différentes activités du projet ;
  • coche.jpg Les directeurs fonctionnels : supérieurs hiérarchiques directs des membres de l’équipe de projet ;
  • coche.jpg La direction : personnel en charge des principales divisions de l’organisation.

Les sections suivantes vous montrent comment chacune de ces personnes peut œuvrer à la réussite de votre projet.

Bien travailler dans un environnement matriciel

Pour réussir dans un environnement matriciel, vous devez bien positionner et coordonner les personnes soutenant votre projet en combattant les forces qui poussent ces personnes à s’éparpiller. Cette section peut vous aider, vous, chef de projet, à obtenir un travail d’excellente qualité de la part des membres de votre équipe ainsi qu’un soutien opportun et efficace de la part des directeurs fonctionnels et de la direction.

Prévenir les problèmes courants

i0279.jpgVoici les mesures à prendre avant et pendant le projet pour prévenir les conflits et ennuis avant qu’ils deviennent réalité :

  • coche.jpg Ayez le souci du détail lors de la phase de démarrage et préparation. Définissez de concert avec les membres de l’équipe de projet les travaux du projet ainsi que le rôle et les responsabilités de chacun pour toutes les activités, le tout avec clarté et précision. Cette planification détaillée permet d’estimer avec plus de précision la charge de travail nécessaire ainsi que la durée et la synchronisation de chaque tâche ;
  • coche.jpg Identifiez et gérez rapidement les conflits. Les conflits sont fréquents dans un environnement matriciel, en raison des diverses responsabilités et styles des personnes mais aussi d’un vécu collectif insuffisant. Incitez les personnes à repérer et à traiter les conflits dès qu’ils apparaissent. Créez, pour ce faire, des systèmes et procédures permettant de résoudre les problèmes avant qu’ils deviennent incontrôlables ;
  • coche.jpg Encouragez les membres de l’équipe de projet à parler ouvertement entre eux, surtout des problèmes et frustrations. Plus vous avez vent tôt de problèmes, plus vous avez le temps de les gérer. La discussion et la résolution des problèmes touchant l’équipe favorisent des relations de travail fructueuses et agréables ;
  • coche.jpg Encouragez la direction à mettre en place un comité de surveillance afin de suivre l’avancement des travaux et de gérer les problèmes de ressources et autres conflits. Le chef de projet et les directeurs fonctionnels doivent se concentrer sur les objectifs propres à leurs fonctions. Souvent, les deux groupes s’appuient sur les mêmes personnes pour atteindre ces objectifs. Mais, les différences en termes de besoins peuvent générer des conflits de calendrier et de charge de travail. En intervenant sur ces demandes de ressources humaines inadaptées, un comité de surveillance peut ainsi s’assurer que les besoins de l’ensemble de l’organisation sont satisfaits.

Les parties prenantes du projet : faites-en vos alliés !

Souvent, un projet a tout d’un iceberg : les neuf dixièmes de sa masse se cachent sous la surface. Vous récoltez une mission et vous pensez savoir ce qu’elle implique et qui doit y participer. Puis, à mesure que se déroule le projet, des personnes susceptibles d’influer sur vos objectifs et votre approche font leur apparition. Ainsi, l’environnement de votre projet ne se limite pas seulement à une structure organisationnelle, mais a aussi ses parties prenantes. Si vous n’impliquez pas les individus ou groupes clés au bon moment, vous risquez de compromettre votre projet de deux manières :

  • coche.jpg Premièrement, vous pourriez passer à côté d’informations importantes et affecter ainsi le déroulement du projet, voire nuire à son succès ;
  • coche.jpg Deuxièmement, et c’est parfois plus pénible, vous pouvez faire affront à quelqu’un. Et vous pouvez être sûr que si une personne se sent blessée ou insultée, elle fera en sorte que vous ne recommenciez plus !

Dès que l’idée d’un projet commence à germer, commencez à identifier les personnes qui pourraient y participer. Cette section vous montre comment repérer les candidats potentiels, trancher sur leur participation, le moment où les impliquer et le rôle à leur confier, ainsi que la manière de déterminer qui possède l’autorité, le pouvoir et l’intérêt nécessaires pour prendre des décisions cruciales.

Identifier les parties prenantes du projet

Une partie prenante d’un projet est toute personne (ou groupe) qui soutient, est concernée ou intéressée par votre projet. Ces parties prenantes peuvent se trouver à l’intérieur ou à l’extérieur de votre entreprise. Le fait de les connaître peut vous aider à :

  • coche.jpg Prévoir si vous devez les impliquer et, le cas échéant, quand et comment les intégrer ;
  • coche.jpg Déterminer si le périmètre du projet est plus ou moins important que prévu.

i0280.jpgDans le monde de l’entreprise, vous pouvez entendre d’autres termes pour désigner les parties prenantes, mais ils ne concernent que certaines personnes de votre liste des parties prenantes. En voici un échantillon :

  • coche.jpg Une liste des parties prenantes répertorie les personnes et groupes qui soutiennent ou sont concernés par votre projet. Elle ne comprend cependant pas les individus lui portant seulement un intérêt ;
  • coche.jpg Une liste de diffusion regroupe les personnes recevant les communications écrites du projet. Ces listes ne sont souvent pas à jour pour deux raisons : certains individus continuent d’en faire partie parce que personne ne les enlève de la liste. D’autres y figurent parce que personne ne veut courir le risque de les blesser en les retirant. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas parce que leur nom figure sur la liste que ces personnes soutiennent, sont concernées ou intéressées par votre projet ;
  • coche.jpg Les membres de l’équipe sont les personnes placées sous la direction du chef de projet. Tous les membres de l’équipe sont des parties prenantes du projet, mais la liste des parties prenantes ne se limite pas aux membres de l’équipe.

Créer une liste des parties prenantes

À mesure que vous identifiez les différentes parties prenantes de votre projet, consignez leur nom dans une liste. Les sections suivantes vous disent comment la dresser.

Employer des catégories

Pour accroître vos chances de trouver toutes les bonnes personnes, affectez des catégories à votre liste des parties prenantes. En procédant département par département ou groupe par groupe, vous risquerez moins d’oublier des personnes qu’en passant en revue tout le monde un par un.

i0281.jpgDébutez la création de votre liste des parties prenantes en effectuant un classement hiérarchique des catégories qui couvre les personnes susceptibles d’être concernées par votre projet, nécessaires à son soutien ou simplement intéressées. Nous commençons souvent par les groupes suivants :

  • coche.jpg Internes : personnes et groupes appartenant à votre organisation :
    • Direction : cadres supérieurs responsables de la surveillance générale de toutes les activités de l’organisation ;
    • Demandeurs : personne ayant eu l’idée de votre projet, ainsi que tous les individus par qui est passée la demande avant de vous échoir ;
    • Chef de projet : personne ayant la responsabilité de mener à bien le projet ;
    • Utilisateurs finaux : personnes qui utiliseront les biens ou services produits par le projet ;
    • Membres de l’équipe : personnes affectées à la réalisation du projet, dont les travaux sont placés sous la direction du chef de projet ;
    • Groupes habituellement impliqués : groupes intervenant généralement dans la plupart des projets de l’organisation (ressources humaines, comptabilité, service juridique) ;
    • Groupes ponctuellement impliqués : groupes ou personnes dont les connaissances sont liées au projet en question.
  • coche.jpg Externes : personnes ou groupes n’appartenant pas à votre organisation :
    • Clients : personnes ou groupes qui achètent ou utilisent les produits ou services de votre organisation ;
    • Collaborateurs : groupes ou organisations avec lesquels vous pourriez être amené à former une coentreprise en relation avec votre projet ;
    • Prestataires, fournisseurs et sous-traitants : organisations qui fournissent du personnel, des matières premières, des équipements ou d’autres ressources nécessaires à l’exécution des travaux du projet ;
    • Autorités de réglementation : organismes publics qui établissent les règles et directives s’appliquant à un aspect des activités de votre projet ;
    • Entités professionnelles : groupes ou professionnels susceptibles d’influencer ou d’être intéressés par votre projet ;
    • Partie prenante : communauté locale, nationale et internationale qui peut être concernée ou intéressée par votre projet.

i0282.jpgContinuez de subdiviser ces catégories jusqu’à ce que vous arriviez à la description des fonctions et à l’identité des personnes qui les occupent.

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Prendre en compte la réalité au lieu de l’ignorer

Il y a longtemps, l’un de nous est tombé sur une femme qui avait participé à l’une de nos formations sur la gestion de projet. Elle avait utilisé avec bonheur plusieurs techniques présentées lors de la formation. Cependant, elle a également dit qu’après s’être évertuée à plusieurs reprises à créer une liste des parties prenantes, elle a conclu qu’il s’agissait d’un outil bien peu pratique qui n’apportait pas grand-chose.

Elle a expliqué que son patron l’avait affectée à un projet devant être bouclé en l’espace de deux mois. Elle a immédiatement créé une liste des parties prenantes mais, à son grand effroi, celle-ci comprenait plus de 150 noms ! Elle s’est demandé comment elle pouvait impliquer plus de 150 personnes dans un projet de deux mois. Elle en a donc conclu que la liste des parties prenantes n’apportait vraiment rien.

En fait, sa liste des parties prenantes avait fonctionné à merveille. En identifiant dès le départ les personnes susceptibles d’influer sur la réussite de son projet, elle s’est retrouvée avec trois options :

  • cochegrise.jpg Planifier comment et quand faire intervenir chaque individu dans le projet ;
  • cochegrise.jpg Évaluer les conséquences potentielles de la non-implication d’une ou plusieurs parties prenantes ;
  • cochegrise.jpg Négocier avec son patron l’extension des délais ou la réduction de son périmètre si elle estimait ne pouvoir se passer d’aucune partie prenante.

La liste des parties prenantes ne détermine pas qui vous devez impliquer dans votre projet mais signale les personnes susceptibles d’influer sur le succès de votre projet. Elle vous permet ensuite de jauger les avantages et inconvénients de les englober ou de les écarter.

Les parties prenantes souvent oubliées

Lorsque vous créez votre liste des parties prenantes, assurez-vous de ne pas oublier les suivantes :

  • coche.jpg Les groupes de soutien : ces personnes ne vous disent pas ce que vous devez faire mais vous aident à atteindre les objectifs de votre projet. Si les groupes de soutien connaissent rapidement l’existence de votre projet, ils peuvent plus facilement libérer un créneau de leur emploi du temps. Ils ont aussi la possibilité de vous informer sur leurs capacités et processus susceptibles d’influer sur la conduite et les délais de votre projet. Ces groupes sont les suivants :
    • • Installations ;
    • • Finances ;
    • • Ressources humaines ;
    • • Services d’information ;
    • • Service juridique ;
    • • Service achat ;
    • • Qualité ;
    • • Sécurité ;
    • • Bureau des projets.
  • coche.jpg Les utilisateurs finaux des produits de votre projet : personnes ou groupes qui utiliseront les produits ou services générés par votre projet. L’implication des utilisateurs au début puis tout au long du projet contribue à favoriser une mise en œuvre aisée des produits et services et à faire en sorte que ces derniers répondent au mieux à leurs vrais besoins. Cela confirme également que vous êtes conscient de la connaissance des vertus d’un produit par les utilisateurs, ce qui augmente les probabilités de les voir réussir le lancement de ces produits.

    Dans certains cas, il peut arriver que vous oubliiez de mettre les utilisateurs finaux sur votre liste de parties prenantes car vous ignorez leur existence. Dans d’autres situations, vous pouvez estimer les avoir pris en compte par l’intermédiaire de liaisons, personnes représentant les intérêts des utilisateurs finaux. (L’encadré à suivre, intitulé « Découvrir les vrais utilisateurs finaux », vous donne un exemple cuisant de ce qu’il peut se passer quand vous dépendez uniquement des liaisons.)

  • coche.jpg Les personnes qui assureront la maintenance ou l’assistance du produit final : les personnes qui se chargeront de la maintenance des produits de votre projet influent sur la pérennité de leur succès. En impliquant ces intervenants pendant toute la durée de votre projet, vous facilitez les opérations de maintenance et d’assistance. Cela leur permet également de se familiariser avec ces produits et d’intégrer la maintenance aux procédures existantes.
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Découvrir les vrais utilisateurs finaux

Une grande banque internationale implantée aux États-Unis avait dépensé des millions de dollars pour la modification et la mise à niveau de son système d’information. Le personnel travaillant sur le projet avait étroitement collaboré avec des agents de liaison spéciaux installés en Europe qui représentaient sur place les intérêts du personnel chargé de saisir et de récupérer les données du nouveau système. Lorsque la banque mit en service le système, elle découvrit un problème rédhibitoire : la documentation du système était en anglais alors que plus de 90 % du personnel de la banque ne parlait pas cette langue. La nouvelle mouture du système était donc inutilisable !

Les concepteurs du système avaient passé beaucoup de temps et d’argent à travailler avec les agents de liaison afin d’identifier les intérêts et besoins des utilisateurs finaux. Les agents n’avaient toutefois soulevé que les problèmes correspondant à leurs propres expériences au lieu d’identifier et de partager les besoins et inquiétudes du personnel local de la banque. L’anglais étant la langue maternelle de tous les agents, ils n’avaient pas pensé à l’éventuel besoin de préparer des instructions en plusieurs langues. Si le personnel local de la banque avait été placé sur la liste des parties prenantes avec les agents de liaison, cela aurait permis aux responsables du projet de ne pas oublier leurs besoins spécifiques.

Exemple de liste de parties prenantes

i0285.jpgSupposons que l’on vous demande de coordonner la campagne annuelle de don du sang de votre organisation. Dans le tableau 10-1 figurent certains groupes et personnes que vous pouvez intégrer à votre liste de parties prenantes du projet lors de la phase de préparation.

Tableau 10-1 : Extrait d’une liste de parties prenantes

Catégorie Sous-catégorie Parties prenantes
Interne Direction Comité exécutif de surveillance, Directeur commercial, Directeur des opérations, Directeur administratif
Demandeur Directeur commercial, responsable des relations avec la communauté
Chef de projet Coordinateur des événements spéciaux
Membres de l’équipe Représentant du service client, représentant des relations avec la communauté, assistant administratif
Groupes habituellement impliqués Comptabilité, département de l’équipement, service juridique et ressources humaines
Groupes ponctuellement impliqués Chef de projet et membres de l’équipe de projet de la précédente campagne de don du sang, relations publiques
Externe Clients Précédents donneurs, donneurs potentiels, hôpitaux et centres médicaux recevant les poches de sang à la suite à de la campagne
Prestataires, fournisseurs Infirmières, restaurateur, propriétaire des lieux, banque du sang locale
Autorités de réglementation Conseil de santé local
Entités professionnelles Établissement fFrançais du sSang, Association française des donneurs de sang
Partie prenante Communauté locale, presse locale, télévisions et radios locales

S’assurer que la liste des parties prenantes est complète et à jour

De nombreux groupes peuvent influer sur le succès de votre projet ou montrer un intérêt. Le fait de les connaître vous permet de planifier leur intervention au moment opportun. Par conséquent, l’identification précoce des parties prenantes et la répercussion rapide des changements en la matière sont deux étapes essentielles de la conduite de projet.

i0288.jpgPour vous assurer que votre liste de parties prenantes est complète et à jour, suivez ces directives :

  • coche.jpg Identifiez chaque partie prenante par son nom et la description de ses fonctions. Dans un premier temps, vous pouvez par exemple identifier les employés du service commercial. Puis, au sein de ce groupe, vous devrez préciser « chef de produit pour XYZ, Christiane Ferrand », puis indiquer ses coordonnées ;
  • coche.jpg Discutez avec un large éventail de personnes. Consultez différentes personnes travaillant dans divers services et domaines et ayant différents statuts au sein de l’entreprise. Demandez à chaque individu s’il pense à une autre personne susceptible d’être intéressante. Plus vous parlez avec du monde, moins vous risquez d’oublier quelqu’un d’important ;
  • coche.jpg Accordez-vous suffisamment de temps pour créer votre liste de parties prenantes. Commencez à dresser votre liste de parties prenantes dès que vous prenez vos fonctions de chef de projet. Plus vous consacrerez de temps à votre réflexion, plus vous serez en mesure d’identifier des parties prenantes potentielles. Au cours du projet, continuez votre recherche afin de repérer d’autres parties prenantes ;
  • coche.jpg Pensez aux parties prenantes qui pourraient jouer un rôle à n’importe quel moment de votre projet. À ce stade, votre seule mission est de consigner des noms afin de ne pas les oublier. Plus tard, vous pourrez décider si, quand et comment impliquer ces personnes (voir la section « Prendre en compte les commanditaires, contributeurs et observateurs parmi vos parties prenantes », plus loin dans ce chapitre) ;
  • coche.jpg Incluez les directeurs fonctionnels des membres de l’équipe. Englobez le supérieur hiérarchique direct du chef de projet et des membres de l’équipe. Même si les directeurs fonctionnels n’exécutent généralement pas de tâches eux-mêmes, ils peuvent contribuer à garantir que le chef de projet et les membres de l’équipe consacrent le temps initialement prévu et disposent des ressources nécessaires pour effectuer leur part de travail ;
  • coche.jpg Consignez le nom de la personne autant de fois qu’elle a de rôles. Supposons que votre chef envisage de jouer le rôle de conseiller technique au sein de votre équipe de projet. Notez deux fois son nom : une fois en tant que supérieur hiérarchique et une fois en tant qu’expert. Si votre chef est promu mais continue d’officier en tant que conseiller technique au sein du projet, vos tablettes indiqueront que votre supérieur hiérarchique a changé ;
  • coche.jpg Faites évoluer votre liste de parties prenantes tout au long du projet. Votre liste de parties prenantes évolue à mesure que vous cernez mieux votre projet et que la situation évolue. Prévoyez de consulter régulièrement votre liste afin de la mettre à jour. Incitez les participants à votre projet à identifier en permanence de nouvelles parties prenantes potentielles ;
  • coche.jpg En cas de doute, consignez le nom de la personne par écrit. Votre objectif est d’éviter d’oublier une personne qui pourrait jouer un rôle essentiel. Ce n’est pas parce que vous identifiez une partie prenante potentielle que vous devez obligatoirement l’impliquer dans votre projet. Le tout est de la prendre en compte. Éliminer le nom d’une personne est plus facile que d’essayer d’ajouter celui d’un individu qui doit faire partie de votre projet.

Modèle de liste de parties prenantes

Un modèle de liste est une liste préétablie comprenant les catégories et parties prenantes classiques d’un type de projet donné. Vous pouvez créer et maintenir à jour vos propres modèles de listes de parties prenantes pour les tâches que vous exécutez, les groupes fonctionnels peuvent avoir les leurs ou le bureau de gestion des projets peut disposer de ses propres modèles pour l’ensemble de l’organisation.

Quelle que soit la personne responsable de la gestion du modèle, ce dernier reflète ses expériences successives. Lorsque l’organisation continue de conduire des projets de ce type, des parties prenantes ignorées par le passé peuvent être ajoutées et d’autres, jugées inutiles, enlevées. L’utilisation de ces modèles peut vous faire gagner du temps et vous rendre plus précis.

i0289.jpgAdmettons que vous prépariez chaque trimestre le budget de votre département. Avec l’habitude, vous connaissez les personnes vous fournissant les informations nécessaires, celles qui le préparent et l’impriment et celles en charge de l’approbation finale. Chaque fois que vous terminez un budget, vous modifiez votre modèle de liste de parties prenantes afin d’intégrer les informations liées à ce projet. La prochaine fois que vous préparerez votre budget trimestriel, vous créerez votre liste de parties prenantes à partir de votre modèle. Vous ajouterez et enlèverez des noms en fonction du budget en question.

i0290.jpgLorsque vous utilisez des modèles de liste de parties prenantes, gardez les principes suivants à l’esprit :

  • coche.jpg Créez des modèles pour des tâches que vous devez exécuter fréquemment et des projets entiers. Un modèle de liste de parties prenantes convient pour démarrer la campagne de don du sang annuelle ou soumettre à l’AFSSAPS un nouveau médicament afin d’obtenir son autorisation de mise sur le marché. Les modèles conviennent aussi pour les tâches faisant partie de ces projets (par exemple, attribuer un contrat ou imprimer un document). Souvent, des projets qui semblent complètement nouveaux comprennent des tâches que vous avez déjà effectuées par le passé. Vous pouvez tirer parti de votre précédente expérience en incluant dans la liste de parties prenantes du projet des modèles de liste de parties prenantes concernant ces tâches ;
  • coche.jpg Décrivez les fonctions au lieu de donner les noms de parties prenantes précédemment sollicitées. Identifiez une partie prenante en indiquant responsable des comptes fournisseurs et non Marcelin Dubois. Les gens passent mais les fonctions restent. Pour chaque projet, vous pouvez ensuite consigner les noms, mais pas au sein des modèles ;
  • coche.jpg Enrichissez et modifiez votre modèle de liste de parties prenantes sur la base de précédents projets ayant porté leurs fruits et non de plans initiaux qui semblaient pertinents mais manquaient de certaines informations clés. Souvent, vous dressez une liste détaillée des parties prenantes en début de projet mais, ensuite, vous ne la révisez pas ou n’ajoutez pas les individus oubliés lors de la phase de planification initiale. Si vous n’actualisez votre modèle qu’avec des données tirées de votre liste initiale, il ne peut refléter les évolutions apparues en cours de projet ;
  • coche.jpg Encouragez votre équipe à penser à des parties prenantes potentielles avant de lui montrer un modèle de liste existant. Inciter les autres à cogiter sans indications ni restrictions les fera plus volontiers penser à des parties prenantes oubliées lors de précédents projets ;
  • coche.jpg Le modèle est un point de départ et non un aboutissement. Signalez clairement à votre équipe que le modèle ne correspond pas à la liste définitive. Deux projets, même similaires, présentent des caractéristiques qui leur sont propres. Si vous n’examinez pas sérieusement le modèle, vous pourriez oublier des personnes qui n’avaient pas participé à de précédents projets mais dont vous auriez besoin pour celui-ci ;
  • coche.jpg Appliquez les enseignements de vos précédentes expériences dans les modèles de liste de parties prenantes. L’évaluation de fin du projet est le moment idéal pour revoir, critiquer et modifier la liste de parties prenantes (l’évaluation de fin de projet est traitée en détail au chapitre 16).

i0291.jpgLes modèles permettent de gagner du temps et d’améliorer la précision. Cependant, utiliser un modèle trop accompli peut laisser penser que vous avez déjà une idée bien précise du contenu de votre liste définitive, ce qui peut dissuader certaines personnes de vous livrer en toute liberté leurs idées concernant d’autres parties prenantes potentielles. En outre, leur manque d’implication dans la création de la liste de parties prenantes peut les conduire à faire preuve d’un investissement limité, néfaste au succès du projet.

Prendre en compte les commanditaires, contributeurs et observateurs parmi vos parties prenantes

Après avoir identifié toutes les parties prenantes de votre projet, le moment est venu de les classer dans les groupes suivants. Vous pourrez alors décider de les impliquer ou non. Si elles sont du voyage, à vous alors de déterminer leur mission et la date de leur entrée en scène.

  • coche.jpg Les commanditaires : personnes ayant leur mot à dire dans la définition des résultats de votre projet. Vous réalisez ce dernier pour ces personnes ;
  • coche.jpg Les contributeurs : personnes vous aidant à réaliser votre projet. Les contributeurs englobent les individus qui fournissent des autorisations ou des ressources, ainsi que ceux exécutant des tâches ;
  • coche.jpg Les observateurs : individus n’étant ni commanditaires ni contributeurs mais manifestant un intérêt pour les activités et résultats de votre projet. Les observateurs n’ont pas leur mot à dire et ne prennent pas une part active à son déroulement. Cependant, votre projet pourrait les concerner dans le futur, à un moment ou à un autre.

Séparer les parties prenantes en trois catégories vous aide à connaître les informations à vous procurer les concernant, quoi leur dire, ainsi qu’à clarifier les décisions pour lesquelles les impliquer.

i0292.jpgSupposons qu’un groupe d’informaticiens ait la mission de modifier la mise en page et le contenu du relevé mensuel des ventes de tous les commerciaux. Le directeur commercial a demandé la création de ce projet et le directeur des services informatiques (DSI) l’a approuvé. En tant que chef de ce projet, vous classerez les différentes parties prenantes de la manière suivante :

  • coche.jpg Les commanditaires : le directeur commercial en est un car il a des raisons de vouloir modifier ce relevé. Le DSI est un commanditaire potentiel car il peut espérer développer certaines nouvelles capacités au sein de son équipe grâce à ce projet. Les commerciaux sont tous des commanditaires car ils se serviront de la nouvelle mouture du relevé ;
  • coche.jpg Les contributeurs : l’analyste qui conçoit le nouveau relevé, le formateur qui forme les utilisateurs et le directeur financier qui autorise le financement du projet sont autant de contributeurs ;
  • coche.jpg Les observateurs : le responsable du service à la clientèle est un observateur potentiel car il espère que votre projet contribuera cette année à l’amélioration du système de suivi des incidents.

i0293.jpgMéfiez-vous des contributeurs essayant de se conduire en commanditaires. Dans l’exemple précédent, l’analyste qui finalise le contenu et le format du relevé peut essayer d’inclure des éléments qu’il juge utiles. C’est cependant uniquement aux vrais commanditaires que revient le choix des données à inclure dans le relevé. L’analyste doit se contenter d’indiquer si l’ajout est possible et ce que la procédure demande.

i0294.jpgGardez à l’esprit qu’un individu peut à la fois être commanditaire et contributeur. Par exemple, le directeur commercial est un commanditaire du projet en ce qui concerne le développement d’un relevé de ventes mensuel, mais c’est également un contributeur s’il doit financer la création du relevé en transférant les fonds depuis le budget du service commercial.

Les sections suivantes vous aident à identifier le moment où impliquer des commanditaires, des contributeurs et des observateurs, et vous indiquent le meilleur moyen pour qu’ils demeurent impliqués.

i0295.jpg

Se choisir un parrain

Le parrain du projet est une personne occupant un poste important au sein de l’organisation, qui soutient fermement votre projet, le défend en cas de litige, lors des réunions de planification et des séances d’examen, et prend les mesures nécessaires pour contribuer à sa réussite.

Dès que vous démarrez la planification, voyez si votre projet a un parrain. Si ce n’est pas le cas, essayez d’en trouver un. Un parrain de projet efficace présente les qualités suivantes :

  • cochegrise.jpg Il a suffisamment de pouvoir et d’autorité pour résoudre les conflits portant sur les ressources, le calendrier et les problèmes techniques ;
  • cochegrise.jpg Il manifeste un réel intérêt pour les résultats de votre projet ;
  • cochegrise.jpg Il tient à ce que l’on sache qu’il est un fervent supporteur de votre projet.

Décider quand impliquer les parties prenantes

Un projet suit les trois phases suivantes, de la naissance de l’idée originale à son achèvement (le chapitre 2 explique en détail ces trois phases) :

  • coche.jpg Démarrage et préparation du projet ;
  • coche.jpg Exécution des travaux ;
  • coche.jpg Clôture du projet.

Prévoyez d’impliquer les commanditaires, contributeurs et observateurs à chaque phase. Les sections suivantes vous indiquent comment procéder.

Les commanditaires

Impliquez les commanditaires du début à la fin de votre projet. Les garder mobilisés est vital, car ce sont eux qui définissent les résultats de votre projet et évaluent sa réussite en fin de course. Le tableau 10-2 vous dit comment impliquer les commanditaires pendant les trois phases du projet.

Tableau 10-2 : L’implication des commanditaires pendant les différentes phases du projet

Phase Niveau d’implication Action
Démarrage du projet Élevé Identifiez et échangez avec un maximum de commanditaires. Leurs désirs et votre évaluation de la faisabilité de leurs idées peuvent influer sur la poursuite du projet. Si d’autres commanditaires apparaissent par la suite, étudiez avec eux les sujets ayant conduit à la naissance du projet. Demandez-leur d’identifier et d’évaluer leurs éventuelles attentes particulières.
Organisation et préparation Moyen à élevé Demandez aux commanditaires si votre plan de projet répond à leurs besoins et attentes. Faites-leur approuver officiellement le plan avant le début effectif des travaux.
Exécution des travaux Moyen Lorsque le projet est sur les rails, présentez les commanditaires à l’équipe de projet. Le fait que les commanditaires parlent de leurs besoins et intérêts renforce l’importance du projet et aide les membres de l’équipe à avoir une vision plus précise des objectifs poursuivis. En outre, faire se rencontrer les membres de l’équipe et les commanditaires accroît la confiance de ces derniers dans la capacité de l’équipe à mener à bien le projet.
Pendant la réalisation des travaux, continuez d’informer les commanditaires de l’avancement du projet afin de préserver leur intérêt et leur enthousiasme. Les impliquer de la sorte vous permet également de vérifier que les résultats sont toujours conformes à leurs besoins.
Clôture du projet Élevé Faites évaluer les résultats du projet par les commanditaires et voyez si leurs besoins et attentes ont été satisfaits. Notez leurs recommandations pour apporter des améliorations lors de futurs projets.

Les contributeurs

À l’instar des commanditaires, les contributeurs doivent être impliqués du début à la fin du projet. Dans la mesure où ils réalisent et soutiennent les travaux du projet, ils doivent être au courant des changements de conditions afin de pouvoir réagir rapidement à la survenue de problèmes. En favorisant leur implication active, vous soignez également leur motivation et leur engagement. Le tableau 10-3 vous dit tout pour veiller à l’implication des contributeurs pendant les phases de votre projet.

Tableau 10-3 : L’implication des contributeurs pendant les différentes phases du projet

Phase Niveau d’implication Action
Initialisation du projet Moyen Dans la mesure du possible, demandez aux principaux contributeurs s’il est possible de répondre aux attentes des commanditaires. Si vous identifiez d’autres contributeurs en cours de projet, interrogez-les sur la faisabilité des attentes précédemment émises.
Organisation et préparation Élevé Les contributeurs sont les principaux participants au plan de projet. Puisqu’ils favorisent ou réalisent l’exécution de tous les travaux, faites en sorte qu’ils indiquent les approches techniques, calendriers et ressources nécessaires. Obtenez également leur aval officiel pour tous les aspects du plan.
Exécution des travaux Élevé Familiarisez tous les contributeurs avec les travaux planifiés. Précisez comment ils travailleront ensemble pour obtenir les résultats escomptés. Faites en sorte qu’ils choisissent des modes de communication, de résolution des conflits et de prise de décisions pendant la durée du projet.
Pendant la durée du projet, tenez-les informés de l’avancement des travaux, encouragez-les à signaler les problèmes rencontrés ou pressentis et œuvrez avec eux à la mise en place de solutions.
Clôture du projet Élevé Veillez à ce que les contributeurs achèvent les tâches qui leur incombaient. Informez-les des résultats obtenus et soyez reconnaissant de leur contribution à la réussite du projet. Demandez-leur des suggestions pour mener à bien plus efficacement des projets similaires dans le futur.

Les observateurs

Une fois choisis les observateurs auxquels vous souhaitez divulguer des informations sur votre projet, impliquez-les a minima car ils ne vous diront pas quoi faire et ne vous aideront pas. Le tableau 10-4 montre comment impliquer les observateurs.

i0298.jpgDans la mesure où les observateurs n’ont pas une influence directe sur votre projet, mesurez avec soin le temps que vous leur consacrez pour partager des informations. Lorsque vous aurez décidé qui impliquer et comment communiquer avec ces personnes, tenez compte des éléments suivants :

  • coche.jpg Le niveau de l’intérêt qu’ils portent à votre projet ;
  • coche.jpg La probabilité de voir votre projet les concerner dans le futur ;
  • coche.jpg Le besoin d’entretenir de bonnes relations de travail avec eux.

Pour savoir quels éléments étudier lorsque vous choisissez le mode d’implication des différentes parties prenantes, rendez-vous à la section « Évaluer le pouvoir et l’intérêt de vos parties prenantes », plus loin dans ce chapitre.

Tableau 10-4 : L’implication des observateurs pendant les différentes phases du projet

Phase Niveau d’implication Action
Démarrage du projet Faible Informez les observateurs de l’existence et des principaux objectifs de votre projet.
Organisation et préparation Faible Informez les observateurs des résultats prévus et des délais impartis.
Exécution des travaux Faible Dites aux observateurs que le projet a démarré et confirmez-leur la date des jalons planifiés. Informez-les des principales réussites.
Clôture du projet Faible Une fois le projet terminé, informez les observateurs des produits générés et des résultats obtenus.

Évaluer le pouvoir et l’intérêt de vos parties prenantes

L’influence potentielle d’une partie prenante sur un projet dépend de son pouvoir et de son intérêt à exercer ce pouvoir. Évaluer le niveau de pouvoir relatif de chacune vous aide à savoir qui vous apportera les plus grands bienfaits.

Le pouvoir est la faculté d’une personne d’influencer les actes d’autrui. Cette capacité peut provenir de son habilitation (ou autorité) à exiger des autres qu’ils accèdent à ses requêtes ou de sa capacité à inciter les autres à faire ce qu’elle demande grâce au respect qu’ils lui témoignent (en raison de son professionnalisme) ou par affinité (pouvoir conquis). Dans un cas comme dans l’autre, plus la personne a de pouvoir, mieux elle est à même de rallier des personnes et mobiliser des ressources pour soutenir votre projet.

En revanche, l’intérêt d’une personne pour quelque chose correspond à son degré d’affection, de curiosité ou d’attention pour cette chose. Plus une personne s’intéresse à votre projet, plus elle est susceptible de vouloir se servir de son pouvoir pour contribuer à son succès.

Les niveaux relatifs de pouvoir et d’intérêt pour le projet sont élevé ou faible. Vous avez ensuite quatre combinaisons possibles pour chaque partie prenante. Le niveau de pouvoir et d’intérêt d’une partie prenante révèle le degré d’influence potentiel de celle-ci sur votre projet et donc l’importance, plus ou moins grande, de veiller à son implication.

i0300.jpgLe plus souvent, l’évaluation du pouvoir et de l’intérêt d’un membre d’une partie prenante pour un projet repose sur votre opinion subjective et celle des membres de votre équipe, des autres parties prenantes, des individus ayant travaillé avec la partie prenante en question sur d’autres projets, d’experts du domaine concerné et/ou de membres de sa partie prenante. Si vous donnez une note de 1 à chaque personne dont le niveau de pouvoir et d’intérêt est jugé élevé et de 0 à chaque personne dont le niveau est jugé faible, si la moyenne obtenue est supérieure ou égale à 0,5, le niveau sera élevé et si la moyenne est inférieure à 0,5, le niveau sera faible.

Généralement, les commanditaires et contributeurs présentent des niveaux de pouvoir et d’intérêt pour votre projet supérieur à celui des observateurs.

i0301.jpgLa figure 10-4 comprend une grille illustrant le pouvoir et l’intérêt, avec quatre combinaisons possibles sur un graphique bidimensionnel. En tant que chef de projet, votre investissement en temps et en énergie doit être minime avec les parties prenantes ayant un pouvoir et un intérêt faibles (case I), puis aller crescendo avec celles ayant un pouvoir faible et un intérêt élevé (case II), avec celles ayant un pouvoir élevé et un intérêt faible (case III). Enfin, avec celles ayant un pouvoir élevé et un intérêt élevé (case IV), votre investissement en temps doit être maximum et vous devez veiller le plus possible à leur implication et à bien les informer. (La section « Utiliser différentes méthodes pour que les parties prenantes demeurent impliquées », plus haut dans ce chapitre, vous fournit divers moyens de communiquer avec les parties prenantes de votre projet.)

Figure 10-4 : Impliquer des parties prenantes aux différents niveaux de pouvoir et d’intérêt pour votre projet.

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Tirer le meilleur parti de l’implication de vos parties prenantes

Pour optimiser l’implication et les contributions de vos parties prenantes, respectez les principes suivants pendant toute la durée du projet :

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  • coche.jpg S’il est prévu qu’elles jouent un rôle dans le projet par la suite, impliquez les parties prenantes le plus tôt possible lors de la phase de démarrage et de préparation. Offrez à vos parties prenantes la possibilité de participer à la planification, même si elles n’interviennent que bien plus tard dans le projet. Il arrive qu’elles donnent des informations qui vous faciliteront ensuite la vie. Elles pourront au moins se dégager du temps pour apporter leur contribution lorsque vous en aurez besoin ;
  • coche.jpg Si vous avez des doutes sur le caractère légal de l’implication d’une partie prenante en particulier, rapprochez-vous de votre service juridique ou bureau de gestion des contrats. Supposons que vous prépariez un appel d’offres pour l’achat d’un équipement. Vous souhaitez savoir si les soumissionnaires disposent de cet équipement et connaître le délai qu’il leur faudrait pour effectuer la livraison. Vous craignez cependant que le fait de parler à un prestataire potentiel au cours de la phase de planification revienne à lui filer un tuyau sur les procédures d’approvisionnement et vous expose à des accusations de favoritisme par les soumissionnaires non retenus.

    Au lieu d’ignorer cette importante partie prenante, demandez à votre service juridique comment obtenir l’information qui vous fait défaut sans nuire à l’équité de l’appel d’offres ;

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  • coche.jpg Élaborez un plan avec toutes les parties prenantes clés afin de satisfaire leurs besoins et intérêts en matière d’informations, ainsi que les vôtres. Déterminez les données qu’elles veulent et celles dont elles ont, selon vous, besoin. Décidez également du moment et de la modalité de transmission de ces informations. Précisez enfin ce que vous attendez d’elles et quand et sous quelle forme elles pourront vous l’apporter ;
  • coche.jpg Assurez-vous de toujours bien saisir la réponse à la question : « Qu’est-ce que ça lui rapporte ? » pour chaque partie prenante. Précisez quel est l’intérêt pour chaque partie prenante de voir votre projet se transformer en succès. Pendant toute la durée du projet, rappelez à vos parties prenantes les avantages qu’elles en tireront au final ainsi que les avancées réalisées vers les objectifs fixés. Le chapitre 15 vous indique comment identifier les avantages d’un projet pour les différentes parties prenantes.

Utiliser différentes méthodes pour que les parties prenantes demeurent impliquées

Informer les commanditaires, contributeurs et observateurs de l’avancement des travaux est essentiel à la réussite du projet. Le choix d’une méthode adaptée pour l’implication de chaque catégorie de parties prenantes peut contribuer à conserver leur intérêt intact et inciter leurs membres à soutenir activement vos efforts. Voici des approches pour veiller à l’implication des parties prenantes tout au long de votre projet :

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  • coche.jpg Entretiens en petit comité. Les entretiens en petit comité (formels ou informels avec une ou deux autres personnes) pour parler du projet sont particulièrement utiles pour explorer de manière interactive et clarifier des points d’intérêt bien précis avec un petit nombre d’individus ;
  • coche.jpg Réunions. Ces réunions sont des séances programmées concernant certains ou tous les membres de l’équipe ou des parties prenantes. Les petites réunions sont utiles pour réfléchir sur des thèmes, renforcer les rôles des membres de l’équipe et développer la confiance et le respect mutuel en son sein. Les grandes réunions sont plus axées sur la présentation d’informations d’un intérêt général ;
  • coche.jpg Correspondance écrite informelle. La correspondance écrite informelle (notes, lettres, courriels) vous aide à consigner par écrit les discussions informelles et à communiquer des informations importantes sur le projet ;
  • coche.jpg Supports d’information plus formels. Les ressources informatives, telles que les bulletins d’information ou sites sur l’intranet de l’organisation, peuvent s’avérer utiles pour partager des informations non confidentielles et non sujettes à controverse avec des parties prenantes plus nombreuses ;
  • coche.jpg Approbations écrites. Les approbations écrites (par exemple, choix technique pour des travaux, accord officiel concernant un produit, calendrier ou engagement au sujet de ressources) servent d’archives des décisions et accomplissements du projet.

Confirmer l’autorité de vos parties prenantes

En matière de projets, l’autorité est le droit de prendre, dans le cadre du projet, des décisions que les autres doivent respecter, dont les droits d’allouer des ressources, de dépenser des fonds ou de donner son approbation. Avoir une opinion sur la façon de traiter un aspect et disposer de l’autorité pour décider comment il sera traité sont deux choses différentes. Se tromper sur le niveau d’autorité d’une personne peut générer un certain agacement et entraîner une perte de temps et d’argent.

i0306.jpgVérifiez que les personnes identifiées par vos soins comme parties prenantes ont bien l’autorité de prendre les décisions nécessaires à l’exécution de leurs tâches. Si elles n’en disposent pas, trouvez qui est habilité et comment l’associer au projet.

Au début de la phase d’exécution des travaux, respectez la procédure suivante de définition du degré d’autorité de chaque membre des différentes parties prenantes :

  • coche.jpg Précisez toutes les tâches que doit exécuter et décisions que doit prendre chaque membre des différentes parties prenantes.

    Voyez avec chaque personne les tâches qui lui incombent et son rôle dans leur exécution. Par exemple, se contentera-t-elle de travailler dessus ou approuvera-t-elle également les calendriers, les frais d’exploitation des ressources et les stratégies d’exécution des travaux ?

  • coche.jpg Demandez à chaque membre des parties prenantes quel est son degré d’autorité pour chaque décision et tâche.

    Posez la question pour des tâches individuelles et non tous les thèmes d’un domaine particulier. Par exemple, une personne peut se montrer plus confiante en son autorité pour approuver les achats de fournitures jusqu’à 5 000 euros qu’en son autorité pour l’approbation de tous les achats d’équipements, quels que soient le type et le montant de la transaction.

    Faites le point sur les décisions que la personne peut prendre. Pour celles nécessitant l’approbation d’autrui, identifiez l’individu en question. (Demandez, ne faites jamais de suppositions !)

  • coche.jpg Demandez à chaque membre des parties prenantes comment il a eu connaissance de l’autorité dont il dispose.

    Cette autorité est-elle confirmée par une politique, procédure ou directive écrite ? Est-ce que le chef de la personne le lui a indiqué lors d’une conversation ? Est-ce que la personne le suppose simplement ? Si la personne ne dispose d’aucune confirmation écrite, incitez-la à l’obtenir.

  • coche.jpg Vérifiez avec chaque membre des parties prenantes ses antécédents en matière d’exercice d’une autorité.

    Avez-vous, vous ou d’autres, déjà travaillé avec cette personne par le passé ? A-t-elle été supplantée pour des décisions qu’elle avait affirmé avoir le droit de prendre ? Si c’est le cas, demandez-lui si elle estime que ça ne lui arrivera pas de nouveau.

  • coche.jpg Vérifiez les éventuels récents changements concernant l’autorité de chaque membre des parties prenantes.

    Y a-t-il des raisons de croire que l’autorité de cette personne a changé ? La personne est-elle une nouvelle venue dans son groupe ? à son poste actuel ? Vient-elle de commencer à travailler sous les ordres d’un nouveau chef ? Si la réponse à l’une de ces questions est « oui », encouragez-la à trouver les documents confirmant son autorité, pour son bien et le vôtre.

i0307.jpgLorsque des habilitations à prendre des décisions changent, reconfirmez-les auprès des personnes concernées. Supposons par exemple que vous tabliez sur des achats d’un montant inférieur ou égal à 2 500 euros. Mickaël, représentant du groupe des finances, vous assure qu’il est habilité à approuver ce type d’achats sans en référer à son chef. À mi-chemin du projet, vous vous apercevez que vous devez acheter un matériel d’une valeur de 5 000 euros. Vérifiez auprès de Mickaël qu’il est bien habilité à autoriser cette dépense exceptionnelle. S’il ne l’est pas, voyez auprès de qui obtenir l’autorisation et prenez les mesures nécessaires.