Qu’ieu n’ai chausit un pro e gen
per cui pretz meillur’ e genssa,
larc et adreig e conoissen,
on es sens e conoissenssa.
«Moi j’en ai choisi un noble et gentil
chez qui le mérite croît et embellit,
généreux et juste et instruit,
plein de jugement et de savoir.»
COMTESSA DE DIA.
Les seigneurs de la Moure regagnèrent leur château en grande hâte. Ils s’ingénièrent cependant, quitte à perdre un peu de temps, à faire un itinéraire inattendu en vue de déjouer une éventuelle embuscade.
Azalaïs et Arnaut cheminaient côte à côte, essayant de prévoir ce que tenteraient les révoltés. Ils pouvaient les attendre dans un endroit escarpé ou au passage d’un gué: dans un lieu où ceux qu’ils guettaient ne pourraient pas rester groupés et deviendraient ainsi plus vulnérables. Il était difficile de les imaginer en train d’attaquer le château: ils n’étaient que quatre et n’avaient pas de gardes; où auraient-ils pris leurs renforts? Les nerfs exaspérés par cette vigilance continuelle et l’incapacité de deviner d’où viendrait le coup redouté, les seigneurs de la Moure en venaient à se méfier de tous, même des écuyers et des suivantes qui les accompagnaient et qui, excités par l’atmosphère de rébellion et de danger, faisaient des apartés bavards, par petits groupes de deux ou trois, et se taisaient brusquement quand ils voyaient le regard du seigneur ou celui de la dame se poser sur eux.
Après quelques heures de route et que les petits groupes se furent faits et défaits, Jean des Aroulhs s’approcha de la tête du cortège. Le porte-parole, comme la dernière fois, se souvint Azalaïs, le cœur serré. Cependant, le doyen des écuyers s’adressa avec respect à ses suzerains: il était mandaté pour leur garantir la fidélité de tous les présents. La félonie des dissidents les scandalisait et ils combattraient pour défendre leurs seigneurs si cela devenait nécessaire. L’atmosphère s’allégea. Le danger demeurait, certes, mais ils savaient maintenant qu’ils étaient entourés d’hommes loyaux. Il ne restait qu’à se mettre au plus tôt à l’abri des murailles de la Moure.
Ils sentirent, dès l’approche, que l’atmosphère était tendue: les paysans des champs levaient vers eux des visages inquiets et les vieux du village étaient regroupés devant l’église avec des mines dubitatives. Se pourrait-il qu’il soit déjà advenu quelque chose? Ils pressèrent leurs montures et arrivèrent au galop devant la forteresse dont les gardes leur parurent plus vigilants qu’à l’accoutumée. Le pont-levis, cependant, était abaissé et il ne régnait pas dans la cour d’agitation particulière. Dès après leur entrée, le vieux Guilhèm apparut et leur intima de se hâter, car il avait des nouvelles d’importance. Ils se réunirent dans la salle au débotté, sans même secouer leurs vêtements poussiéreux, alors que les servantes s’empressaient à leur servir à boire.
L’annonce que Dodon avait accueilli les conjurés sema la consternation: il disposait de beaucoup d’hommes de guerre et, de plus, s’il ne voulait pas s’impliquer directement, il avait largement de quoi rétribuer le renfort des miséreux dont chacun savait qu’ils rôdaient dans la forêt en attente d’un mauvais coup. Le vieux Guilhèm et Azalaïs étaient atterrés. Ils se tournèrent vers Arnaut, guettant sa réaction. Serait-il à la hauteur? Le menton appuyé dans sa main, l’œil vague, réfléchissait-il à la situation ou était-il perdu dans ses rêves? Tout le monde attendait, échangeant des regards inquiets. Habitués aux réactions impulsives et irréfléchies, ils étaient prêts à mépriser Arnaut pour ce qui paraissait une grande mollesse.
Guilhèm était tapi au fin fond de salle, lui aussi prêt au mépris. Il avait eu soin de ne pas se montrer à l’arrivée des voyageurs, et nul ne s’était enquis de lui: ils étaient bien trop préoccupés pour cela. Quand il s’était présenté devant son grand-oncle, après avoir fui la geôle de Dodon, le vieillard l’avait serré dans ses bras en pleurant de soulagement. Passé le premier moment d’attendrissement, il le calotta vigoureusement, ce dont l’enfant ne lui tint pas rigueur: il savait qu’il avait mérité la correction, et bien plus. Puis le vieillard se calma, s’assit et lui demanda d’où il venait. Guilhèm entreprit le récit de ses aventures. Il ne pouvait résister au plaisir de les embellir un peu, prenant exemple sur les jongleurs dont les récits le remplissaient d’admiration et il en eût fait volontiers une geste dont il se fût attribué le rôle glorieux du héros, sans la présence gênante de François, qui ne disait rien, mais qui raclait discrètement sa gorge à chaque tentative d’envolée épique. Guilhèm revenait alors à une relation plus fidèle des faits, se promettant de faire payer par la suite à son compagnon ses rappels à l’ordre intempestifs. Quand il en vint à la présence des écuyers de la Moure au château de Dodon, le vieux Guilhèm se leva de sa cathèdre, comme piqué par une guêpe.
Il avait tout de suite compris qu’il s’agissait d’une trahison et il s’indigna longuement de leur félonie à grand renfort d’éclats de voix, de gestes belliqueux et d’allées et venues dans la salle qui parut soudain moins vaste. Les pères des quatre jeunes gens avaient été ses fidèles compagnons de chasse et de combat et ces blancs-becs osaient se révolter contre leur seigneur et apporter la honte dans leur famille! Ils allaient s’en repentir. Oh oui! On allait leur montrer à ces jeunes présomptueux ce qu’il en coûte de se dresser contre l’autorité légitime. Oui, mais comment? commença-t-il de se demander quand sa colère fut un peu épuisée. Il se tourna, hésitant, vers Peire qui avait assisté à la scène, un peu en retrait, et qui affichait une mine inquiète. De l’avis de l’intendant, il ne pouvait pas faire grand-chose. La garnison étant réduite au minimum, il devait se contenter d’être aux aguets, prêt à dresser le pont-levis devant toute menace et attendre que le seigneur et la dame reviennent avec la troupe. L’absence des écuyers n’était sûrement pas passée inaperçue et ils en auraient tiré les justes conclusions. On pouvait donc parier qu’ils ne s’attarderaient pas auprès du comte, mais qu’au contraire ils accourraient défendre leurs possessions. Le vieux Guilhèm, qui eût préféré agir mais comprenait bien qu’il ne le pouvait pas, se rendit à la voix du bon sens et mit la forteresse en état d’alerte. Quand sa nièce et son époux arrivèrent, il se sentit délivré d’un grand poids à l’idée de passer la main. Il attendait maintenant, avec les autres, qu’Arnaut prenne la parole. Il le fit enfin, comme de coutume, à sa manière modeste et réfléchie. Il commença par interroger le vieux seigneur:
— Comment avez-vous appris tout cela? Sont-ils venus jusqu’ici? Ont-ils fait des menaces, des propositions? Il y a quelque chose d’obscur dans cette histoire. Vous n’avez pas tout dit, or je dois tout savoir pour prendre une décision.
Il fallut lui raconter la fugue et ses suites. Le vieux Guilhèm tenta de s’en charger avec l’intention d’atténuer la faute de l’enfant. Malheureusement, Arnaut lui demanda, avec une grande civilité, mais d’un ton sans réplique, de laisser parler le coupable. Il ne lui fit grâce d’aucun détail et Guilhèm, qui avait commencé sa relation sur un ton provocateur, se troubla peu à peu devant l’attitude glaciale de son beau-père, à tel point qu’à la fin il n’en menait pas large. Il jetait parfois un regard à sa mère, qui paraissait fort malheureuse, se tordait les mains à certains passages du récit, mais n’intervenait pas. Voyant qu’il avait affaire à plus fort que lui et que les appuis escomptés se dérobaient, il perdit toute son assurance et quand Arnaut lui dit: «Je m’occuperai de toi plus tard», il sembla se rétrécir et partit se réfugier dans un coin obscur d’où il pourrait assister discrètement à la suite tout en se faisant oublier. Il comprit que sa situation allait devenir intenable s’il ne se réconciliait pas avec sa mère.
Le seigneur de la Moure fit posément le point de la situation: si les révoltés étaient allés trouver Dodon, c’est qu’ils avaient de bonnes raisons de croire qu’ils seraient bien reçus. On pouvait, en effet, imaginer sans peine le turbulent seigneur de l’Isle se prêter à une entreprise qui le tirerait de son ennui. Toutefois, son apparent désir de se servir de l’enfant comme d’un moyen de négociation pouvait signifier qu’il n’avait pas l’intention de prendre les armes: l’appui de Dodon aux conjurés n’allait certainement pas de soi. De toute manière, la scène à laquelle Guilhèm avait assisté ne datait que de l’avant-veille, ce qui signifiait que l’on avait le temps de contrer leurs manœuvres, quelles qu’elles fussent, car il leur faudrait des jours et des jours de préparation avant de passer à l’attaque, seule solution envisageable puisque l’otage s’était échappé. On allait donc, entre temps, organiser la cérémonie d’hommage au nouveau seigneur.
Tous se récrièrent: faire la fête alors que l’on était en grand danger? Arnaut n’y pensait pas! On devait plutôt vérifier les murailles de la forteresse, accumuler des pierres à l’intérieur pour les lancer du haut des remparts et guetter jour et nuit la venue de l’ennemi. Arnaut leur expliqua patiemment que tout ce qu’ils venaient d’énoncer, il était nécessaire de l’exécuter, bien sûr, et ostensiblement encore pour montrer à tous la force et la détermination du suzerain de ce château, mais qu’il fallait aussi organiser la célébration tout de suite, afin que les vassaux prêtent hommage au plus tôt de manière à les lier par un engagement qu’ils hésiteraient à trahir dans l’éventualité où les rebelles tenteraient de les entraîner dans la révolte: le serment étant chose sacrée, se parjurer était extrêmement grave et peu de gens s’y risquaient – c’était du moins, Azalaïs le savait, ce dont Arnaut voulait se convaincre et persuader les autres. Puis il ordonna, sans laisser davantage place à la discussion:
— Que l’on envoie des messagers dans toutes les places fortes alentour: la cérémonie aura lieu demain!
Il prit ensuite à part ses plus fidèles écuyers et les chargea de surveiller avec une attention particulière les familles des quatre révoltés pendant qu’Azalaïs, qui se fiait peu à Aénor de Serrère, envoyait la jeune fille au couvent de Saint-Laurent avec un pli pour la supérieure lui demandant de la retenir sous un prétexte fallacieux.
Les vassaux arrivèrent dans la matinée du lendemain, surpris de la hâte du seigneur qui avait fixé l’hommage au jour même. Leurs femmes, qui avaient rejoint Azalaïs dans la salle du haut, paraissaient mécontentes: elles avaient peu d’occasions de parader dans leurs beaux atours et elles eussent apprécié d’avoir du temps pour se préparer à la fête. La châtelaine, qui sentait la grogne et en comprenait les raisons, passait de l’une à l’autre tandis qu’elles s’apprêtaient et trouvait pour chacune un compliment propre à la dérider. Après le départ d’Aénor, elle avait fait, comme si elle parlait en général, une remarque sur les gens trop bavards qui s’attirent des ennuis. Les autres suivantes avaient eu l’air de comprendre. Cette impression fut confirmée par les coups d’œils qu’elles échangèrent quand Azalaïs, répondant à la question de l’une d’elles, leur apprit qu’Aénor ne serait pas de retour avant la fin des festivités. Elle espérait ainsi les inciter à obéir à sa recommandation d’être discrètes, du moins pendant les premières heures, et pour les y aider, elle circulait sans cesse d’un groupe à l’autre, attentive et gracieuse, mais à son urbanité se mêlait la vigilance la plus aiguë.
Arnaut et ses écuyers en faisaient autant de leur côté ainsi que le vieux Guilhèm qui s’était habilement entouré des pères des rebelles et les entraînait à se remémorer leurs exploits de jeunesse. Arnaut esquissa un sourire quand il entendit, en passant à proximité du groupe, le vieux sire de Broquère dire, avec le ton de quelqu’un qui va parler longuement: «Tu te souviens de ce sanglier que l’on avait forcé au coin du bois de Lafforgue…» Ceux-là étaient lancés pour longtemps et ne songeraient pas à s’enquérir tout de suite de leurs rejetons.
Quand il fut bien certain que tout le monde était arrivé, les sonneries des hérauts les réunirent dans la grande salle. Les trois générations des seigneurs de la Moure se placèrent sur l’estrade: au centre, Arnaut et Azalaïs, magnifiquement parés de leurs plus beaux vêtements poitevins de manière que leurs vassaux fussent fiers d’être à eux, et de chaque côté du couple, le vieux et le jeune Guilhèm. L’Ancien était proche d’Arnaut pour bien montrer qu’il approuvait le choix de sa nièce, et l’enfant près de sa mère afin de signifier que l’héritage irait au premier descendant du patriarche lorsque le temps serait venu. Face à eux, le cortège s’organisa et les vassaux défilèrent pour prêter serment. Le premier, le plus âgé, s’avança et dit:
— Moi, Géraud, sire de la Bourdasse, je te serai fidèle à toi, Arnaut, seigneur de la Moure…
II mit les mains dans celles d’Arnaut et ils firent tous ainsi en un lent défilé, monotone, mais combien rassurant aux yeux de leurs suzerains.
On ne manqua pas de gibier car, durant la semaine, le vieux Guilhèm, instruit du sort de son neveu, était allé à la chasse pour tromper son impatience. Grâce à cet apport et aux ressources de la basse-cour, Garsenda et Maria purent servir la somptueuse ripaille souhaitée par la châtelaine, qui leur en avait laissé le soin pour avoir le temps de se consacrer entièrement à ses devoirs d’hôtesse. Quand le repas fut bien engagé et chaque convive, rendu prolixe par l’abondance des vins et des viandes, uniquement occupé de ses voisins, Azalaïs se détendit un peu et eut enfin le loisir de s’intéresser à ses enfants. Elle apercevait Guilhèm aux côtés de son grand-oncle qui l’avait pris sous sa protection. L’enfant était attentif à la conversation des vieillards et elle imagina, à son air fasciné, qu’ils évoquaient les combats de leur jeunesse. Où le mèneraient sa fougue et ses rêves de gloire? S’il jugeait son existence trop paisible, Azalaïs en était sûre, Guilhèm provoquerait des situations où il pourrait risquer sa vie. Elle aurait voulu pour lui un avenir sans périls, mais en même temps, elle souhaitait qu’il soit brave et fasse honneur à sa lignée. Heureusement, Jeanne lui donnerait moins de soucis: la fillette était douce, timide et docile. Pour l’heure, blottie dans le giron de Garsenda, on eût dit un chaton engourdi après la tétée. Promenant sur l’assistance un regard que la contemplation de l’enfant avait attendri, elle avisa soudain une autre fillette, plus âgée celle-là, et dont elle avait oublié l’existence: reléguée en bout de table, solitaire et silencieuse, Marie, la fille de Bieiris, la physionomie exagérément sérieuse pour ses douze ans, observait les convives d’un air indéchiffrable. Azalaïs eut soudain honte d’avoir délaissé l’enfant: à sa naissance, elle l’avait confiée à Maria pour qu’elle l’élève et s’en était par la suite complètement désintéressée. Elle avait failli à son devoir de chrétienne et se jura d’y porter remède.
Relayant le jongleur, dont la musique de fond était couverte par les conversations, Arnaut lui-même prit son psaltérion, vers la fin des agapes, et chacun se fit poliment attentif. Quelques têtes chenues qui commençaient de piquer du nez après toutes ces heures à table furent discrètement rappelées à leur devoir de déférence par les soins de leur voisin immédiat. Arnaut annonça, à la surprise générale, qu’il chanterait un planh5 en l’honneur de Bernart, le seigneur défunt dont la mort valeureuse ajoutait à la gloire et à la renommée de la seigneurie. La coutume voulait que cela se fît lors de la mise en terre d’un brave, mais personne ne s’y attendait de la part de son successeur le jour où l’on fêtait son avènement à la tête de ses possessions et dans le lit de sa veuve. Bernart s’était toujours en tout point conformé à ce que l’on attendait de lui, mais les anciens pressentaient qu’Arnaut allait souvent les étonner. Cette fête si rapide, sans avoir eu le temps de s’installer alors que – la nouvelle avait fait le tour pendant le repas – des écuyers fomentaient une révolte, personne d’autre que lui n’aurait songé à la célébrer sans avoir auparavant pourchassé et puni les coupables. Étonnant, cet Arnaut, mais non dépourvu de bon sens, déploraient les pères des conjurés, empêtrés dans le serment qu’on venait de leur extorquer. Il rendrait difficile la réalisation d’éventuelles aspirations paternelles qui auraient pu les amener à soutenir leurs fils. Se révolter, du moins ouvertement, serait maintenant délicat. Ils se jetaient des œillades discrètes et Azalaïs, qui les surveillait sans en avoir l’air, comprit qu’ils allaient se réunir pour établir une stratégie commune. Elle attira discrètement son demi-frère Manaud et le chargea de les guetter et de s’arranger pour surprendre la conversation qu’ils ne manqueraient pas d’avoir. Cette marque de confiance combla le jeune homme qui rougit de plaisir.
Cependant, Arnaut s’était levé et commençait de chanter:
Planher vuelh En Bernart6 en aquest leugier so,
ab cor trist e marrit; et ai en be razo,
qu’en luy ai mescabat senhor et amic bo,
e quar tug l’ayp valent en sa mort perdut so;
tant es mortals lo dans qu’ieu non ai sospeisso
que jamais si revenha, s’en aital guiza no:
qu’om li traga lo cor e que˙n manjo˙l baro
que vivon descorat, pueys auran de cor pro7.
En chantant, il fixait, à tour de rôle, les seigneurs de Mont Blanc, de l’Espin, de Mahourat et de Broquère. Tout le monde comprit qui était visé par l’allusion aux barons sans cœur: les intéressés, un peu mal à l’aise, et les autres, contents d’avoir des fils loyaux. Azalaïs savait qu’Arnaut avait agi au mieux, mais que l’hommage n’était pas une garantie: si les rebelles parvenaient à mettre leurs pères de leur côté et que ceux-ci gagnent quelques autres sires à leur cause, ce n’était pas un serment qui les arrêterait – les curés étaient là pour absoudre. Les forces seraient inversées et tout serait à craindre, car le comte de Comminges, quand il passerait dans quelques semaines, se contenterait d’entériner une situation de fait. Si Arnaut était perdant, il n’engagerait pas un combat pour remettre en place un vassal ayant perdu son fief, surtout si son frère Dodon y était pour quelque chose. Le choix des quatre pères était donc primordial et il fallait les convaincre de ne pas soutenir leurs fils en laissant entendre qu’ils seraient pardonnés comme on pardonne à des écervelés.
Quand il eut terminé son chant, les vassaux de la Moure applaudirent leur seigneur puis se mirent à chanter sous l’impulsion du jongleur qui avait pris la relève en entonnant un air guerrier connu de tous. Avant que les femmes ne se retirent, Azalaïs procéda à la distribution des présents ramenés de voyage. Un murmure de satisfaction parcourut la salle quand les servantes arrivèrent chargées des épices, parfums et tissus précieux que la châtelaine offrit en prenant grand soin d’honorer chacun en fonction de son importance.
La fête s’était déroulée au mieux: Arnaut avait réussi son entrée.