Le Roland occitan. « Roland entra dans Sarragosse, mais à la porte se produisit un grand empêchement : cent Sarrasins avec leurs heaumes lacés gardent la porte pour que les Francs ne puissent y entrer. Quand ils le virent, ils l’interpellèrent : “Qui es-tu, diable, et que viens-tu demander? laisse tes armes si ici tu veux entrer.” Roland, entendant cela, jamais ne fut autant en colère que quand on lui demande de laisser son équipement; il abaisse son épieu et en frappe le païen : dans le temps d’un lancer il l’a renversé mort. L’un dit à l’autre : “Nous avons eu trop d’égards.” Trente le frappèrent sur le quartier de l’écu et trente autres sur son haubert doré et tous par lui furent tués, mis en pièces. »
Mesnie : l’ensemble des personnes attachées au château : la famille, la suite, l’armée.
Camo crudo: sorte de vampire, extrêmement féroce, qui s’empare des enfants qui sont dehors la nuit.
Bernart de Ventadorn: « Belle dame, votre corps gracieux et vos beaux yeux m’ont conquis, et votre doux regard et votre clair visage, et vos belles manières, tellement que, lorsque je me mets à comparer, je ne vous trouve pas d’égale en beauté: vous êtes la plus gracieuse que l’on peut voir au monde, ou je ne vois pas clair par les yeux avec lesquels je vous regarde.»
Planh: complainte funèbre.
Ce planh a été composé par Sordel pour le seigneur Blacatz dont le nom, pour les besoins de l’histoire, a été remplacé par celui de Bernart.
«Je veux pleurer le seigneur Bernart dans cette strophe légère, avec un cœur triste et affligé, et j’en ai une bonne raison, parce qu’en lui j’ai perdu un seigneur et un bon ami, et parce que toutes ses nobles qualités se sont perdues avec sa mort; le dommage est tellement mortel que je n’ai pas d’espérance que jamais on le répare si ce n’est de cette manière: qu’on lui ôte le cœur et que de ce cœur mangent les barons qui vivent sans cœur, ainsi, ils auront assez de cœur.»
« — Va-t’en, chouette,
Que le Diable te déchire!»
«Toujours premier.»
Cet extrait et les deux suivants sont de Bernart de Ventadorn: «J’ai très bien placé ma bonne espérance quand elle me montre beau visage celle que je désire le plus et que je désire le plus voir, généreuse, douce, sincère et loyale, avec qui le roi serait heureux. Belle, gracieuse, avec un corps agréable, de rien [que j’étais] elle m’a fait homme riche.»
«Dame, la plus noble qui jamais naquit et la meilleure que jamais je vis, mains jointes je suis soumis, à genoux et debout, à votre douce domination ; pourvu que vous me donniez en présent un gage courtois – mais je n’ose pas vous dire lequel – qui m’adoucisse votre prison.»
«Elle fera une mauvaise chose si elle ne m’ordonne pas de venir là où elle se déshabille, pour que je sois à ses ordres à côté du lit, près du bord, et lui enlève ses souliers bien chaussants, à genoux et humble, s’il lui plaît de me tendre ses pieds.»
Mire: médecin.
Bernart de Ventadorn: «Amour, ainsi tu me fais défaillir: à cause de la joie que j’ai, je ne vois ni entends ni sais ce que je dis ni ce que je fais. Cent fois je trouve, quand j’y pense, que je devrais avoir bon sens et mesure – si j’en ai, très peu ils me durent – car autre chose me ramène et change la joie en trouble. Mais je sais bien que l’usage est qu’en amour l’homme qui aime beaucoup n’a guère de bon sens.»
Bernart de Ventadorn: «Dame, vers quelque côté que je me tourne, avec vous je reste et avec vous je vais. Et sachez que de vous je suis content beaucoup plus que je ne sais le montrer. Je vois bien que ma valeur augmente parce que vous me portez bonheur.»
Cloca: poule couveuse.
Jaufré Rudel: «Quand les jours sont longs en mai, me plaît le chant des oiseaux lointains, et quand je me suis séparé de là je me souviens d’un amour lointain. Je vais, sombre et accablé de désir, de sorte que ni le chant ni la fleur de l’aubépine me plaisent plus que l’hiver gelé.»
Jaufré Rudel: «Jamais je ne jouirai d’amour si je ne jouis pas de cet amour de loin, car je n’en connais ni de plus gracieuse ni de meilleure nulle part, ni près, ni loin. Si vrai et si pur est son mérite, que je sois appelé captif pour elle au royaume des Sarrasins!»
Le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle, Aimery Picaud, texte latin du XIIe siècle, édité et traduit en français par Jeanne Vielliard, Mâcon, 1938 (d’après les manuscrits de Compostelle et Ripoll), p. 21 et 15.
Guillaume IX d’Aquitaine: «Puisque de chanter m’est venu le désir, je ferai un vers dont je suis dolent, jamais plus je ne serai serviteur ni en Poitou ni en Limousin.
Car maintenant je m’en vais en exil; en grande peur, en grand péril, en guerre je laisserai mon fils; ses voisins lui feront du mal.
J’ai abandonné tout ce que j’avais coutume d’aimer: chevalerie et orgueil; et, s’il plaît à Dieu, j’accepte tout, et je prie qu’il me retienne à ses côtés.
J’ai eu du plaisir et de l’amusement loin, près et dans ma demeure.
Ainsi je renonce au plaisir et à la joie, et au vair, au gris et à la zibeline.
Le Roland occitan. «Trente le frappèrent sur le quartier de l’écu et trente autres sur son haubert doré et tous par lui furent tués, mis en pièces.»
Filles folieuses: prostituées.