29. Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage,
La Diseuse de bonne aventure, vers 1595-1598.
Huile sur toile, 99 x 131 cm. Musée du Louvre, Paris.
Développant et portant à son apogée le principe du clair-obscur, Caravage obtint l’effet de sa peinture par l’utilisation de moyens graphiques très puissants : forts contrastes, dessins aiguisés, abondance de bruns et de marrons. Ce style lui valut le qualificatif de naturaliste alors qu’il s’était déjà depuis longtemps éloigné de la nature, pour se plonger dans l’arbitraire et la rudesse. Il est ainsi plus facile de comprendre pourquoi son retable La Vocation de saint Matthieu (1599-1600) destiné à l’église San Luigi dei Francesci, par la violence des positions et des mouvements, finit par provoquer le courroux du clergé. Dans le même ordre d’idées, le clergé carmélite refusa d’exposer, dans l’église della Scala de Rome, La Mort de la Vierge au motif que le tableau, sur lequel la Vierge a l’air d’un cadavre mort depuis bien trop longtemps autour duquel les personnages s’agitent de douleur et de complainte, était indigne de Marie. Et pourtant, c’est ce même Caravage qui réalisa, pour le compte de la famille de Francesco Vittrice, La Mise au tombeau (1602-1604), un chef-d’œuvre, où l’expression de douleur et de tristesse ne ressort comme dans aucune autre œuvre naturaliste.
Menant une vie désordonnée, Caravage ne fonda jamais d’école, mais exerça néanmoins une influence certaine sur beaucoup d’artistes, dont José de Ribera, maître de l’école de Naples.
Espagnol émigré à Naples en 1616, ce qui lui valut le surnom de lo Spagnoletto, ce dernier approfondit de nombreux éléments de Caravage. Il aimait le tragique, le sombre et le passionnel, comme son maître ; ainsi reprit-il ses jeux d’ombre et de lumière qui permettent d’éclairer et de représenter parfaitement un corps nu.