Chapitre 18

Conclure l’entretien, l’offre et la négociation de salaire

Vous voilà parvenu au bout de votre démarche : tous les aspects de votre candidature et du poste ont été abordés et l’entretien touche à sa fin. Si tout s’est passé pour le mieux jusqu’ici, il serait dommage de négliger cette dernière étape et de gâcher l’impression positive que vous avez su créer, d’autant qu’un point important reste à évoquer : le salaire et sa négociation.

Conclure l’entretien

L’entretien touche à sa fin, votre interlocuteur vous donne le signal du départ. C’est le moment de lui montrer que vous avez parfaitement bien saisi les tenants et les aboutissants du poste proposé. Un résumé en deux ou trois phrases de ce qui s’est dit permettra d’en faire la preuve. Enfin et surtout, réaffirmez votre intérêt pour le job.

Ce que vous pouvez dire : « Si j’ai bien compris, je serai chef de produit sur la marque X qu’il s’agit de redynamiser (nouveau film publicitaire, nouveau packaging…). J’aurai aussi la responsabilité du lancement d’un nouveau produit. Cette perspective me stimule particulièrement, d’autant que je pense avoir les compétences requises pour réussir ». Il est temps de demander à votre interlocuteur ce qu’il pense de votre candidature. S’il accepte de vous répondre, vous saurez si votre message est bien passé et quels sont les points forts et les points faibles qui l’ont marqué. Posez la question en termes de bilan de votre candidature, compte tenu du poste à pourvoir.

Si son verdict s’exprime sur des faits concrets (votre expérience marketing est courte, votre allemand rudimentaire…), celui qui vous juge ne craindra pas de justifier son avis. Ne vous rebellez pas ouvertement, essayez de répliquer sans acrimonie : « Pour compléter votre information, je voudrais à ce sujet vous préciser les points suivants. »

S’il s’exprime sur un trait de votre personnalité (il vous trouve peu dynamique ou stupide), soyez sûr qu’il ne vous le dira pas ouvertement ; il est trop bien élevé ou trop lâche.

Si vous vous êtes découvert une lacune, devancez ses doutes : « À l’évidence, le poste requiert un peu plus d’expérience que la mienne. Toutefois, je me crois capable d’en assurer les fonctions. Qu’en pensez-vous ? »

De même vous pouvez dire : « Y a-t-il quelque chose de plus que je puisse dire afin de vous permettre de prendre une décision favorable en ma faveur ? »

Faites-vous préciser le déroulement du recrutement : qui rappellera et quand ? Et n’hésitez pas à prendre l’initiative en proposant de le faire de votre côté. Vous resterez maître de la situation :

Tant que vous n’avez pas franchi le seuil de l’immeuble, l’entretien n’est pas terminé. Gardez-vous de dire, une fois le seuil du bureau franchi : « Au fait, j’ai oublié de vous dire que… » Il est trop tard. Remerciez pour l’accueil qu’on vous a réservé et le temps qu’on vous a consacré, restez souriant tout en maintenant, jusqu’à la fin, un regard franc et direct. Ne négligez pas, en sortant, de saluer la standardiste et la réceptionniste. Les dirigeants leur demandent parfois leur avis sur les candidats.

Après l’entretien, confirmez votre intérêt et remerciez votre interlocuteur par une lettre ou un e-mail :

Exemple de lettre

Monsieur,

Suite à notre récent entretien, concernant le poste de ………………………………………………, je tenais à vous remercier pour les informations que vous m’avez communiquées.

Par ailleurs, je souhaitais vous confirmer les points suivants :

Très favorablement impressionné par votre entreprise et la teneur du poste proposé, je poursuivrai volontiers plus avant nos entretiens.

Je pense pouvoir apporter……….. (adhérez autant que possible aux besoins de votre interlocuteur) à ce poste.

Comme convenu, je vous rappellerai le……….. afin d’envisager la possibilité d’une nouvelle rencontre.

Je vous prie de croire,…, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Bernard Durand

Exemple d'e-mail

De :  
Envoyé :  
À :  
Objet : Poste de… – Notre entretien de ce jour

Madame, Monsieur,

À l’issue de notre rencontre aujourd’hui, je tenais à vous remercier pour le temps que vous m’avez consacré et la qualité de notre discussion.

Je vous renouvelle mon intérêt pour le poste de…… sur lequel nous avons échangé.

Comme convenu avec vous, je reprendrai contact avec vous d’ici une semaine pour savoir où en est votre recrutement et convenir le cas échéant d’un deuxième rendez-vous.

Cordialement

L’offre

Vous avez passé tous les obstacles de la sélection. À la fin du deuxième entretien, le recruteur vous indique que le salaire se situera dans une fourchette de 45 000 à 50 000 euros et que la décision doit intervenir dans les prochains jours.

Deux jours plus tard, vous recevez un coup de téléphone vous informant que vous êtes engagé avec un salaire de départ de 46 000 euros ; pouvez-vous commencer dans quinze jours ?

Bien évidemment, vous êtes content. Le salaire n’est pas exactement à la hauteur de vos attentes, mais vous acceptez et serez à votre nouveau poste dans quinze jours.

Ce n’est pas forcément la meilleure méthode d’accepter l’offre tout de suite. À cet instant, votre pouvoir de négociation est au plus haut point : vous avez convaincu votre interlocuteur que vous étiez la personne capable de résoudre ses problèmes et d’apporter la contribution la plus significative à son entreprise. L’employeur a passé du temps à vous sélectionner. Pour toutes ces raisons, il est, plus que jamais, ouvert à la négociation.

Vous disposez de trois solutions pour répondre à cette offre verbale :

Il faut alors faire le point sur vos ambitions. Il n’y a pas que le salaire qui compte, d’autres aspects, tout aussi importants, sont à négocier (voir liste ci-après). Aussi, en fixant vos objectifs, vous allez peut-être vous apercevoir qu’un job autonome et qui vous permettra de relever des défis est plus avantageux qu’un salaire important. Il importe donc de bien définir vos points limites de négociation.

Qu’est-ce qui m’a attiré dans ce job ?

Si vous êtes au chômage depuis deux ans, vous aspirez simplement à un travail et à un salaire. Dans ce cas, ne négociez pas. Ou bien vous vous apercevez que le salaire est peu important et que vous recherchez surtout un job qui vous permette de voyager à l’international.

Quels sont mes besoins et mes motivations, tant sur le plan matériel que psychologique ?

Vous souhaitez être plus souvent avec votre famille, posséder une voiture plus belle, davantage de pouvoir, exercer une activité créative ! En clarifiant vos attentes, vous saurez ce qui prime dans la négociation.

Quel est mon objectif maximum ?

Renseignez-vous sur les normes de la profession (salaire, avantages en nature…). S’il n’est pas rare de bénéficier d’une voiture de fonction, demandez-en une. Faites également une liste des prérogatives que vous êtes prêt à abandonner parce qu’elles vous semblent irréalistes par rapport au niveau de la fonction et aux normes du secteur.

Comment ce job s’insère-t-il dans une perspective de carrière à plus long terme ?

Méfiez-vous des jobs trop bien rémunérés qui, à terme, ne mènent qu’à des placards. Ne perdez jamais de vue votre plan de carrière.

Quel est mon objectif minimum ?

Cette donnée ne concerne que vous et vous seul. Elle ne doit en aucun cas être communiquée à l’employeur potentiel car celui-ci s’alignera toujours sur le palier le plus bas pour faire son offre.

Sur quels points transiger ?

Isolez dans votre liste d’objectifs les points sur lesquels vous resterez intraitable. Dans tous les cas, au cours de la négociation, soyez certain que vous parlez bien le même langage que les responsables de l’entreprise : « Si j’ai bien compris, je n’aurai pas de voiture de fonction, en revanche, vous me rembourserez mes kilomètres professionnels au tarif de…/km ». En somme, ayez des arguments concrets, soyez flexible, clair et faites-vous préciser les points qui restent flous. Sachez faire des concessions de moindre importance afin d’obtenir des avantages conséquents par ailleurs.

Les points sur lesquels négocier

La négociation de salaire

La question du salaire ne doit être abordée qu’à la fin de l’entretien ou au cours d’une seconde rencontre. En effet, plus vous connaîtrez le poste à pourvoir, plus vous pourrez en évaluer le salaire avec précision. Sachez toutefois que si l’on vous confie davantage de responsabilités qu’auparavant, vous pourrez facilement justifier une augmentation de salaire.

Il se peut que l’on vous demande, dès le début de l’entretien, le montant de votre rémunération actuelle. S’il est certes difficile d’éluder cette question, il est possible de répondre en termes de package ou de compensation. Par exemple : « Je reçois une compensation annuelle de 40 000 euros. » Vous restez assez vague tout en répondant à la question. Vous pouvez d’autre part répondre en disant que « vous envisagez d’accepter un poste, non seulement parce qu’il est bien rémunéré, mais aussi parce qu’il répond à vos aptitudes et à vos motivations. »

Il convient donc de faire plus ample connaissance avant de traiter ce sujet ultérieurement. Si, néanmoins, on vous demande combien vous souhaitez gagner, répondez de la façon suivante : « Si je compare à une autre offre où l’on me propose X euros, je constate que les responsabilités que vous me confiez sont plus importantes. Un salaire de 10 % supérieur à celui que l’on m’offre par ailleurs me paraît raisonnable. »

Si votre interlocuteur ne veut pas revenir sur le salaire qu’il vous propose, rabattez-vous sur d’autres avantages. Cela ne signifie pas qu’il cherche à s’opposer à vous mais qu’il est tenu de respecter une structure de salaire inhérente à son entreprise. Vous pouvez aussi lui proposer de vous augmenter à la fin de la période d’essai, lui faisant valoir que c’est vous qui prenez tous les risques.

Si vous êtes au chômage, ne dites pas à votre interlocuteur que le salaire est inférieur car vous risqueriez de perdre le poste. Le recruteur croira que vous n’acceptez cet emploi que pour des raisons alimentaires et que vous n’hésiterez pas à le quitter dès que vous aurez trouvé mieux.

Si vous êtes en poste, n’acceptez pas une diminution de salaire sauf si la société et le poste sont exceptionnels et constituent un réel tremplin pour la suite de votre carrière ; ou encore, si vous changez radicalement de fonction.

Quel salaire minimum accepteriez-vous pour ce poste ?

Si le poste vous intéresse vraiment vous serez toujours tenté de répondre franchement à cette question en donnant le chiffre le plus bas.

Méfiez-vous ! Une fois le seuil minimum connu, il sera quasiment impossible de revenir en arrière et, dans 90 % des cas, c’est ce chiffre qui figurera dans l’offre. Répondez d’abord à cette question en donnant le montant maximum que vous estimez pouvoir obtenir et retournez la question en demandant : « À combien évaluez-vous ce poste ? À combien évaluez-vous mon expérience ? »

Combien souhaitez-vous gagner dans cinq ans ?

Autre question piège ! Répondez simplement : « Je souhaite une progression de mon pouvoir d’achat d’environ 10 % par an. »

Précisez toujours à votre interlocuteur si vous parlez de salaire net ou brut. De même, faites-vous-le préciser par votre interlocuteur. (Il peut y avoir entre 15 % et 20 % d’écart entre les deux.)

Avant toute négociation de salaire, renseignez-vous sur ce qui est pratiqué pour votre fonction et dans votre secteur (source : étude de salaires dans la presse, offres d’emploi similaires, contacts avec les chambres de commerce, relations personnelles).

Ne (presque) jamais accepter la défaite

Parfois, vous serez victime d’un mauvais recrutement. On ne vous aura pas choisi, à tort. Vous devez donc être préparé à ce genre d’événement et essayer de vous battre pour rectifier le choix de votre interlocuteur. Tout n’est pas perdu :

Bien sûr, ce n’est pas infaillible, certains ne voudront plus vous revoir car vous n’êtes réellement pas fait pour le poste mais vous ne risquez rien à tirer cette dernière cartouche.

Restez en contact avec votre interlocuteur. Quand vous voyez un article de presse qui peut l’intéresser, n’hésitez pas à lui envoyer avec un petit mot : « Je suis toujours intéressé par votre entreprise. Je souhaite toujours devenir commercial chez vous. Je me permettrai de vous appeler prochainement pour voir si vous n’avez pas de besoin dans ce domaine. »

Vous me direz, il n’y a que des happy ends dans ces cas concrets. C’est volontaire car je demeure persuadé qu’aucune situation n’est complètement bloquée. Il y a toujours un poste quelque part qui peut vous convenir. L’important c’est, une fois que vous l’avez identifié, de ne pas rater votre entretien en… portant des chaussettes blanches par exemple.

En un mot, en suivant les conseils de ce livre.

Anne : la jeune diplômée

Anne a finalement opté pour un emploi d’assistante chef de produit dans le service marketing d’une société de grande consommation.

Elle n’a pas négocié son salaire, à raison, car elle va être formée et apprendre son métier. Elle sera en relation avec différents services (commercial, production, juridique…) et donc sa carrière est bien en « marche avant ».

Jean : le jeune avocat

Jean s’est aperçu que finalement son principal objectif dans la vie était d’avoir une vie équilibrée, ce que pourra difficilement lui offrir un poste de partner. Il doit donc repenser son objectif long terme et se préparer à changer de situation dans les deux ou trois prochaines années.

Paul : le directeur général

Paul aurait pu tomber dans la crise de la quarantaine. Il a su se fixer de nouveaux objectifs personnels et professionnels, s’est formé à de nouvelles techniques et peut maintenant envisager sereinement un nouveau challenge dans une nouvelle société.

Sophie : la femme au foyer

Après de nombreux rejets à des entretiens, Sophie a fini par trouver un employeur qui reconnaît sa maturité d’esprit et mise sur sa rapidité à assimiler rapidement de nouvelles techniques. Elle est bien décidée à apporter une réelle plus-value à son nouvel employeur, le récompensant ainsi de la confiance qu’il lui accorde tout en ne perdant pas de vue son objectif final : devenir consultante indépendante.

John : le directeur financier

L’amertume envolée, un bilan achevé, John s’est rendu compte qu’il aimait la finance, la comptabilité et qu’il était à l’aise dans un environnement technique.

En fait, c’était le stress occasionné par la situation précaire de sa société qui lui faisait douter de son job. Aujourd’hui, il met à profit ses compétences techniques au sein d’une PME, certes pour un salaire moins élevé, mais aussi pour un stress moins important.

Un exemple d’entretien

Voici un bref aperçu d’un véritable entretien de recrutement. Prenons un cas concret.

John Lamy, 45 ans, vient d’être licencié par sa société qui a fait l’objet d’une récente OPA. Son poste a été supprimé car il faisait double emploi. Il a travaillé quatorze ans dans la même société dont six ans au poste de directeur financier. Il s’est beaucoup investi dans sa société qui avait des difficultés financières importantes avec, pour toute récompense, des horaires pénibles, peu de vacances, pas d’augmentation et finalement un licenciement. John, à l’heure du bilan, est amer car sa loyauté et son professionnalisme n’ont compté pour rien dans la décision de la multinationale. Il a du mal à retrouver un poste principalement parce qu’il se « vend » mal durant ses entretiens.

Charles-Henri Dumon – Monsieur Lamy, vous postulez aujourd’hui à un poste de directeur administratif et financier dans une société américaine. Notre cabinet a été mandaté par cette société pour recruter ce Directeur administratif et financier. Je vous propose donc de me parler de vous. Dans un deuxième temps, j’aurai des questions à vous poser sur votre cursus et, enfin, nous parlerons du poste à pourvoir.

John – J’ai 45 ans et je suis au chômage depuis un an. Je n’ai toujours pas compris pour quelle raison j’ai été licencié de chez COM… INFORMATIQUE. Je gagnais 80 000 euros, je recherche donc un poste de directeur administratif et financier à la mesure de mes compétences. Chez COM…, j’étais directeur administratif et financier avec la responsabilité d’une équipe comptable et financière.

Avant COM…, je suis resté trois ans chez COL… comme directeur comptable et enfin en 1985, je suis entré en tant qu’auditeur dans l’un des plus grands cabinets d’audit anglo-saxons : X & Y. Cela a été pour moi l’une des expériences les plus passionnantes : elle était très diversifiée, nous avions l’occasion de voir des clients très différents. J’en suis parti car je me suis rendu compte que j’avais peu de chance de parvenir au poste d’associé dans ce cabinet. Dernier point, j’ai un diplôme d’expertise-comptable.

Commentaires :

Le début de l’entretien et sa présentation sont mauvais pour les raisons suivantes :

Reprenons avec John l’entretien tel qu’il aurait dû être s’il l’avait préparé.

John – J’ai 45 ans, j’ai un diplôme d’expertise-comptable, ce qui fait de moi, avec mon expérience, un professionnel et un excellent technicien de la direction administrative et financière. J’ai commencé ma carrière dans l’audit chez X & Y. Cela m’a permis d’acquérir une bonne méthode de travail en ce qui concerne l’audit des comptes ; j’ai pratiqué notamment deux audits d’acquisition (7,5 M€ et 30,5 M€), ce qui ne manquera pas, je pense, d’être utile à votre client car le poste décrit dans l’annonce mentionnait que le directeur financier aurait à participer à quelques acquisitions. Cela m’a permis aussi de me familiariser avec les systèmes comptables de nombreuses sociétés, ce qui m’aidera dans la mise en place du nouveau reporting que votre client souhaite installer. J’ai été chassé pour rentrer chez COL… en tant que directeur-comptable : l’expérience m’intéressait pour trois raisons :

Cette expérience a été concluante puisqu’en trois ans, j’ai réduit le personnel comptable de vingt-cinq à dix-neuf personnes. J’ai rencontré, formé des gens plus compétents et mieux réparti les tâches. J’ai mis en place un reporting qui est toujours utilisé aujourd’hui. Enfin, j’ai réduit l’encours clients de 10 %.

Le poste étant un peu trop comptable à mon goût, j’ai recherché un poste de directeur financier. Je suis rentré en 1990 chez COM… INFORMATIQUE comme contrôleur financier puis DAF au bout de deux ans. J’ai eu une excellente progression de carrière chez eux tant au niveau salaire qu’au niveau responsabilités. À partir de 2000, la crise a frappé de plein fouet le secteur informatique, notre société a été durement touchée. J’ai su malgré tout permettre à mon patron de réaliser un plan drastique de réduction des coûts : en trois ans, moins 30 % des dépenses dans tous les domaines. J’ai mis en place un contrôle de gestion efficace avec une série de tableaux de bord sophistiqués. La société a été rachetée au début de 2003, ayant déjà un directeur financier mon poste faisait double emploi et ils l’ont supprimé. En attendant, je ne suis pas resté sans rien faire ; j’ai aidé un ami à monter une société et à mettre en place son système de gestion.

Aujourd’hui, le poste proposé m’intéresse beaucoup pour les raisons suivantes : vous recherchez un DAF capable de développer une société par acquisitions tout en mettant en place les outils comptables et financiers pour gérer sa croissance. C’est ce que j’ai fait chez X & Y ; je pense donc pouvoir apporter beaucoup à votre client d’autant que mes quinze ans passés chez X & Y m’ont familiarisé avec la culture et les méthodes anglo-saxonnes, ce qui est le cas de votre client.

Voilà brièvement un résumé de ma carrière, y a-t-il des points que vous souhaitez me voir développer plus particulièrement ?

Commentaires :

Je pense que vous avez saisi la différence entre les deux prestations. Continuons maintenant l’entretien avec les réponses du candidat à certaines de mes questions.

Charles-Henri Dumon – Quel est votre style de management ?

John – Je délègue beaucoup, je crois beaucoup dans l’autonomie.

Charles-Henri Dumon – Combien de personnes avez-vous dirigées ? Quelles étaient leurs qualifications ?

John – J’ai managé dix-neuf personnes avec succès : trois cadres et seize employés.

Commentaires :

Les réponses de John sont trop courtes, elles n’argumentent pas. À aucun moment John n’a expliqué qu’il était doué d’une grande faculté d’adaptation et qu’il pouvait s’adapter à tous types de personnes et de situations.

John a trop insisté sur l’autonomie qu’il donne à ses collaborateurs. Si savoir déléguer est important, savoir contrôler l’est tout autant. Essayez de donner une image équilibrée de vous-même. Il aurait pu par exemple répondre : « Certains collaborateurs doivent être managés avec fermeté, d’autres peuvent être autonomes alors que d’autres encore ont besoin d’encouragement et de considération. »

Charles-Henri Dumon – Avec quel type de personnes aimez-vous bien travailler ?

John – J’aime travailler avec des gens rigoureux, honnêtes, motivés et enthousiastes.

Commentaires :

John a raison d’insister sur des qualités que le recruteur va essayer de déceler chez lui et qui sont importantes pour le poste. Partant du principe que nous aimons travailler avec des gens qui partagent nos valeurs, nos idées, évoquez des facteurs positifs et qui sont importants pour remplir la fonction à laquelle vous postulez.

Charles-Henri Dumon – Qu’est-ce qui vous paraissait difficile dans votre dernier poste ?

John – Mes rapports avec mon patron étaient très tendus les dernières années. Il ne maîtrisait pas bien la situation difficile dans laquelle nous nous trouvions. Le marché était responsable de cette situation mais sa mauvaise gestion aussi.

Commentaires :

Attention John ne répond pas très bien à cette question délicate. Il devrait plutôt dire qu’il n’a pas rencontré de difficultés particulières, qu’il maîtrisait bien son job. Il peut donner des exemples de difficultés qui sont en dehors de son contrôle et dont il n’est pas la cause. Ainsi, il aurait pu dire « Le marché de l’informatique ayant subi une chute importante, cela a rendu notre démarche plus difficile. »

Charles-Henri Dumon – Décrivez votre journée type.

John – J’organise ma journée du lendemain, la veille. Cela me permet de connaître clairement ma priorité pour la journée quand j’arrive au bureau vers 8 h 30 le matin. Je réunis rapidement mes collaborateurs pour leur fixer le programme de la journée et les objectifs à atteindre. Je suis très organisé et rigoureux dans la gestion de mon temps.

Commentaires :

John répond bien à cette question qui a pour but de valider son organisation, sa gestion du temps, son efficacité.

Charles-Henri Dumon – Qu’est-ce qui vous motive dans votre poste actuel ?

Commentaires :

Cette question a pour but d’analyser les facteurs de motivation de John. Son but doit être de calquer encore plus ses motivations sur les besoins du poste à pourvoir. Il doit être positif sur son job actuel sans en faire trop : il veut quand même changer de société.

Charles-Henri Dumon – Quelles sont les qualités nécessaires pour faire un bon directeur administratif et financier ?

John – La rigueur et l’écoute.

Commentaires :

Une fois encore, John, comme il n’a pas préparé son entretien, répond de façon trop laconique. Cette question doit être une excellente occasion pour coller aux besoins de votre interlocuteur.

Charles-Henri Dumon – Avez-vous ces qualités ?

John – Oui, bien sûr.

Commentaires :

John ne prouve rien. S’il faut bien sûr répondre positivement à cette question, il ne suffit pas de le dire, il faut le prouver en illustrant vos succès, vos qualités, votre savoir-faire technique.

Charles-Henri Dumon – Avec du recul, qu’auriez-vous fait de différent dans votre carrière ?

John – Rien, j’assume mes responsabilités.

Commentaires :

Réponse cassante : tout le monde est sujet à l’erreur ! Choisissez de préférence des impairs de jeunesse, imputables au manque d’expérience et survenus il y a longtemps.

Charles-Henri Dumon – Quels types de décisions trouvez-vous difficiles à prendre ?

John – Principalement, les décisions concernant le licenciement de collaborateurs. C’est un acte de management qui n’est pas facile, que personne n’aime faire. Cela dit, quelles que soient la situation et la difficulté, je sais prendre les décisions et assumer mes responsabilités.

Commentaires :

Si vous n’avez pas un poste en rapport avec le management, faites valoir que la décision vous paraît difficile à prendre lorsque vous manquez d’informations sur le problème.

Charles-Henri Dumon – Que feriez-vous si vous étiez en désaccord avec votre supérieur hiérarchique ?

John – Nous nous sommes très souvent confrontés avec mon patron. J’ai toujours trouvé qu’il prenait trop de risques. Je lui en ai souvent fait part en réunion.

Commentaires :

John fait une erreur en répondant trop franchement à cette question : il risque de donner une image négative de lui-même, son interlocuteur peut penser que c’est une personne difficile à manager.

Charles-Henri Dumon – Quelles sont vos faiblesses ?

John – Je maîtrise mal la prise de parole en public. Je sais que cela est dû à un manque de pratique, je sais que mon entourage…

Commentaires :

Bonne réponse. N’admettez pas de défauts personnels.

Charles-Henri Dumon – Êtes-vous capable de travailler sous pression ?

John – Oui, et je trouve cela stimulant. Toutefois, à chaque fois que cela est possible, j’essaye de planifier mon travail et d’éviter ainsi un stress inutile généré par le travail fait à la dernière minute.

Commentaires :

Bonne réponse de John.

L’entretien va bien sûr continuer avec d’autres questions que nous avons abordées dans le chapitre précédent.