Lonesome Moan. Les seuls qui gémissent, ce sont les pauvres spectateurs agressés par leur cacophonie. Connie m’avait lâché deux noms d’un ton railleur, persuadée que le père de Rambla était l’un des musiciens. Elle y avait également fait allusion dans sa déposition, comme preuve des manquements de sa sœur. Winky quelque chose et Boris. Le Winky en question gardait Rambla pendant que Cheri était passée me voir. Peut-être lui avait-il donné un nouveau coup de main pour déménager.
Installé dans la Seville, je me servis de mon iPhone. Surprise, le groupe avait un site. La photo en page d’accueil évoquait la grande époque baba cool : quatre garçons d’une vingtaine d’années, barbe et cheveux longs, écharpes violettes et perles colorées, cherchant vainement à se donner un air coriace et résolu. Le texte en dessous se félicitait que les membres d’origine soient toujours ensemble et affirmait : « La longévité du groupe est la preuve que sa musique a su rester intègre et inspirée. Le son de Lonesome Moan parle à l’âme d’une Amérique qui fera toujours la fête et sera toujours rock. Nous faisons souffler un vent de nouveauté sur Lynyrd Skynyrd, Atlanta Rhythm Section, Blue Öyster Cult, Foreigner. Et il nous arrive même de reprendre un air de doo-wop ou du Hendrix, quand les astres sont bien alignés ! »
Je cliquai sur le lien « management » et la caricature grossière d’un loup hurlant s’afficha, accompagnée du commentaire : Nous avons choisi de nous passer de manager. Rien de tel que la liberté ! Le lien « morceaux en écoute » était en cours d’élaboration, mais « Qui sommes-nous ? » fournissait quelques renseignements :
Marvin « Chuck-O » Blatt : batterie, percussions
Bernard « Boris » Chamberlain : guitare basse, saxophone, chant
William « Winky » Melandrano : guitare rythmique, chant
Spenser « Zebra » Younger : première guitare
L’Amérique avait semble-t-il perdu son âme rock, à en juger d’après la page « Tournées » où figurait une seule ligne en lettres rouges : Les Gémeaux, Ventura Boulevard, Studio City, le lundi soir, de 20 heures à 1 heure du matin.
La soirée la plus calme de la semaine, au point que certains clubs préfèrent rester fermés. Celui-ci choisissait de mettre à l’affiche un groupe de quadras interprétant des reprises. Peut-être que le bistrot avait besoin d'être renfloué, auquel cas il se pourrait bien que le Happy hour démarre tôt dans l’après-midi. Je me sentais justement d’humeur festive.
Il n’y a plus d’heure pour les embouteillages. Ça circulait déjà mal sur Cahuenga et je compris qu’il faudrait s’armer de patience pour rejoindre la Vallée. J’en profitai pour appeler Robin, l’informai que je rentrerais tard et lui expliquai pourquoi.
– Elle s’est envolée et sa sœur a été assassinée ?
– Oui, je sais. Moi qui soutenais à Milo que ça ne pouvait pas être elle.
– Peut-être a-t-elle un copain qui s’en est chargé. Sois prudent, chéri. Comment s’appelle ce bouge ? Est-ce un repaire de bikers ?
– Les Gémeaux. Je ne sais rien de la clientèle.
– Un hommage aux frères Gibb des Bee Gees, les plus célèbres jumeaux de la pop ? Quand tu parles de rentrer tard, vers quelle heure au juste ?
– J’espère être sur place dans quarante minutes, avec un peu de chance. Selon ce que j’y apprendrai, j’y passerai une ou deux heures.
– À Studio City, tu dis ? Okay, j’ai trouvé leur site. Sur Ventura Boulevard, quelques kilomètres à l’est de Coldwater. Ça n’a pas l’air si dangereux. Pas loin du petit italien où on allait souvent manger des spaghettis. Et si je te rejoignais, on pourrait dîner ensemble ?
– Ça t’obligerait à prendre ton pick-up.
– Et alors ? Je passerai devant au retour et tu surveilleras mes arrières !
– Comment résister à pareils arguments ?
Le bar Les Gémeaux occupait une construction de stuc violet de la taille d’un grand garage. On avait agrémenté autrefois la façade de quelques étoiles dorées et croissants de lune ; la plupart s’effritaient et avaient viré à un beige terne. « Happy hour ! » proclamait la banderole au-dessus de l’entrée. Pour une fois, mon intuition avait été la bonne. Une salle unique dont les boiseries de pin brut semblaient quasi noires, effet conjoint de la crasse et de l’éclairage pâlot. Plafond bas, revêtu d’une peinture granulée pulvérisée façon années soixante-dix. Un comptoir et six tabourets côté gauche. Dans le fond, une estrade de fortune avec un piano droit amoché, une batterie et un micro. La grosse caisse arborait les initiales LM et le logo du loup hurlant que j’avais vu sur le site. Le groupe jouait donc à demeure un soir par semaine. Les six autres jours, peut-être avait-on droit à la soupe country que déversaient actuellement les haut-parleurs grésillants. Je m’approchai du bar. Les six tabourets étaient occupés, quatre hommes et deux femmes penchés sur leurs verres. Il fallut que je sois assez près pour distinguer un bruit de conversation, ce murmure lent et indistinct des buveurs bien imbibés. Le barman était un quadragénaire chauve. Son visage étroit et empâté lui donnait des airs de vautour vieillissant. Teint blafard et peau marquée. Son tee-shirt noir arborait l’inscription : « Altamont n’était que le début1. »
– Si ça ne vous dérange pas de rester debout… dit-il quand il m’aperçut.
Le client le plus proche de moi se retourna. Physique empâté, traits de basset, pas loin des soixante-dix ans.
– Approchez, compagnon de soif ! Nous allons vous faire un peu de place.
Il se leva péniblement et déplaça légèrement son tabouret, juste assez pour que je puisse accéder au bar. L’épais revêtement en résine du comptoir était jauni et bien esquinté.
– Merci, dis-je. Permettez que je vous offre un verre.
Le basset empâté brandit un poing mal assuré. Il portait un costume foncé lustré aux coudes, une chemise blanche élimée et une cravate avachie relevée comme une écharpe sur un revers qui rebiquait. Sa mâchoire bouffie avait dû être carrée autrefois. On aurait dit un P-DG congédié pour turpitude et qui aurait gardé la même tenue depuis sa disgrâce. Sa voisine, cheveux noirs frisés et nez ratatiné, m’adressa un regard enjôleur et papillonna des cils.
– Et moi, j’aurai aussi droit à un verre, beau gosse ?
– Tournée générale ! lançai-je.
Quelques applaudissements.
– Un digne camarade ! se félicita le basset.
Le barman me regarda.
– Qu’est-ce qu’on vous sert, Rockefeller ?
– Vous avez de la Sam Adams ?
– Juste Heineken.
Il me servit un verre, le posa devant moi et s’occupa des autres clients. Le basset, qui semblait être le meneur, hocha la tête d’un air pénétré.
– Je peux certifier que c’est la première fois qu’on vous voit ici. Un lundi, du moins.
– Le lundi est un jour particulier ?
– Pour sûr, vu que c’est ouvert ! s’esclaffa-t-il. Malgré tout.
Il porta le regard vers l’estrade. Le barman lui prit son verre vide et le remplit à la pompe. La mousse qui débordait s’écoula sur le comptoir. Le basset récupéra le précieux liquide sur son auriculaire qu’il suça. Je pris une gorgée. Si c’était de la Heineken, j’étais un patineur de niveau olympique. Le goût laissait à désirer. Plusieurs demis avec faux col furent servis. Visiblement, il était de bon ton de boire par lampées et non de siroter. Peut-être pour faciliter l’ingestion de la bibine maison. Je jetai un coup d’œil vers l’estrade et demandai au basset qui devait se produire. Son torse tangua vers moi et il chuchota, dans un relent de levure :
– Personne et estimez-vous chanceux !
– Vous avez eu l’occasion de les entendre ?
Il me fit taire d’une toux grasse et lança un regard furtif au barman qui s’approcha, s’essuyant les mains sur un torchon douteux.
– Notre généreux donateur n’a pas soif ?
– Je déguste.
– Il se pourrait bien que monsieur soit un fan, Chuck-O ! lâcha le basset. Il a demandé si vous comptiez jouer.
Le chauve haussa les sourcils.
– Vous connaissez le groupe ?
C’était donc Marvin Blatt, dit Chuck-O, le batteur.
– En fait, une amie m’a donné l’adresse.
– Qui ça ?
– Cheri Sykes.
Il me dévisagea, intrigué.
– D’où vous connaissez Cheri ?
Même si j’avais voulu mentir, le trajet interminable et les vapeurs d’alcool éventé avaient eu raison de mon imagination.
– Je me suis occupé d’un procès dans lequel elle était impliquée.
Chuck-O se rembrunit.
– Vous êtes avocat ?
– Non, psychologue.
– Psychologue ? répéta-t-il, comme si le terme lui était peu familier. C’est vous qui avez certifié qu’elle était une maman géniale ?
Inutile de pinailler. Je souris.
– Je vous félicite, dit-il. Cheri vous vénère comme un dieu.
– Allons, Chuck-O, intervint le basset, tu sais que tous les médecins sont des dieux vivants ! C’est pour ça que leur merde n’a pas d’odeur et qu’on les laisse tondre la sécu !
– Pas de politique aujourd’hui, Lloyd.
La femme au nez amoché se tourna vers le barman.
– Demain on aura le droit de causer politique ?
– Jamais, Maggie.
– Oui, ça vaut mieux, dit-elle en dévoilant les quelques chicots marron qu’il lui restait. La politique, c’est mal !
Chuck-O me gratifia d’un sourire empreint de lassitude, façon moniteur de colonie de vacances. Lui avait une parfaite dentition, blanche comme du lait.
– Ravi de faire votre connaissance, monsieur le psychologue. Malheureusement, nous ne jouons pas avant lundi prochain. Et si vous espériez croiser Cheri, c’est aussi raté : maintenant qu’elle a charge d’âme, on ne la voit pas souvent.
– C’est la maman de l’adorable fillette ? dit Maggie. Qu’elle pose dans son maxi-cosy sur le piano quand elle chante ?
Chuck-O lui décocha un regard sévère. Je me forçai à avaler une gorgée.
– Vous faites partie du groupe ? demandai-je.
– C’est moi le batteur. Un jour, j’ai compris qu’avoir toutes les gonzesses à ses pieds n’offrait aucune sécurité financière, alors je me suis lancé dans le commerce.
Il embrassa les lieux d’un geste.
– Vous êtes le propriétaire ?
– J’ai deux autres établissements, à Sun Valley et Saugus. Mes fils s’en occupent.
– Félicitations.
– C’est sympa de gagner du blé, mais la musique c’est toute ma vie.
– Le lundi.
– Sauf imprévu.
– Cheri chante avec vous.
– On lui confie parfois un accompagnement. Discret, ajouta-t-il en souriant. Que voulez-vous, c’est une chic fille. Toujours été une pure, déjà au lycée.
– Vous êtes de fidèles amis.
– Bien sûr. Quand on galérait et qu’on songeait tous à prendre un boulot normal, elle nous disait de tenir bon, qu’on avait du talent. Et vous savez quoi ? Ça finissait toujours par s’arranger. Mais je n’ai pas besoin de vous l’expliquer, puisque vous avez témoigné pour elle. Vous savez quel genre de personne c’est.
Comme je restais silencieux, il insista :
– On est d’accord ?
Je hochai la tête.
– Pourquoi vous dites rien ?
– Cheri est gentille, en effet.
– Pas simplement « gentille », c’est quelqu’un de bien. Vous devez le savoir, si vous êtes vraiment le psy et pas un espion pour sa salope de sœur !
Ton tranchant, cou crispé. Je soutins son regard et lui montrai ma carte où figuraient mon titre de « docteur » ainsi qu’un poste ronflant de « professeur clinicien ».
– Delaware ? fit-il. Oui, c’est bien vous. Désolé d’être parano, mec, mais Cheri est sûre que cette connasse va continuer de la harceler.
– L’affaire a pourtant été jugée, non ?
– Vous connaissez le système, suffit d’avoir les thunes. En plus d’être friquée, Connie est une sale garce.
Il voulut me rendre ma carte, mais Lloyd s’en empara d’une main tremblante.
– Delaware ? L’État était du côté de l’Union pendant la guerre de Sécession, et pourtant l’esclavage y était autorisé.
– Passionnant, Lloyd.
Je regardai le barman.
– Peut-on se mettre au calme pour discuter ?
– De quoi ?
Je m’efforçai de prendre un air complice, les gens adorent se voir confier un secret.
– Désolé, fit-il. J’ai des clients.
– Je veux bien offrir une nouvelle tournée générale. Vous les servez, puis vous m’accordez deux minutes.
– Pour parler de Cheri ?
– Elle a déménagé. Je veux m’assurer qu’elle et sa fille sont en sécurité.
Je guettai sa réaction.
– Cheri s’est tirée ? finit-il par dire. Quand ça ?
– Au cours des dernières quarante-huit heures.
– Je suis sûr qu’elle avait une bonne raison.
Comme je restais muet, il demanda :
– Pourquoi serait-elle en danger ?
– Une complication est survenue.
– Du genre ?
Je secouai la tête. Il se tourna vers les habitués.
– C’est fête ! déclara-t-il. Monsieur joue les pères Noël, en plus svelte. Il vous offre un coup à sa santé !
– Le père Noël est médecin ? glapit Lloyd.
– A-t-il garé son traîneau en double file ? lança une voix au bout du comptoir. Quel genre de médecin ?
Sa voisine leva son verre et s’exclama :
– Hotte et caducée, même combat !
– Bien dit ! renchérit Lloyd.
Il voulut encore une fois brandir le poing, perdit l’équilibre et manqua tomber de son tabouret. Je le rattrapai et le redressai.
– Rencontrer un homme de votre générosité, c’est vraiment mon jour de chance !
Chuck-O s’essuya les mains, franchit le portillon du bar et pointa l’estrade. Il prit place devant sa batterie, esquissa quelques coups de baguettes sur ses cuisses et m’indiqua le banc du piano.
– Tu nous fais un solo, Chuck-O ? demanda un habitué.
– Pas aujourd’hui.
Il attendit que les clients soient de nouveau focalisés sur la boisson, prit les deux baguettes dans sa main droite.
– L’alcoolisme a du bon, soupira-t-il. Moi, je ne suis jamais tombé dedans, même pas pendant les tournées.
– Abstinence totale ?
– Non, mais je m’en tiens à un cocktail avant d’aller me coucher. Voilà pourquoi j’ai réussi en affaires. Je possède même le terrain.
– Bravo.
– Alors, c’est quoi cette « complication » ?
– Comme je vous l’ai dit, Cheri est partie. J’espérais que quelqu’un ici pourrait me dire pourquoi.
– Quelqu’un ?
– Comme Winky ou Boris.
– Vous les connaissez ?
– On m’a dit qu’ils étaient liés à Cheri.
– On l’est tous. On s’est connus il y a longtemps.
– Au lycée.
– Au collège, en fait. Boris et moi. Vous ne m’avez toujours pas dit ce qu’était la complication. Connie lui fait un nouveau procès ? Cheri s’y attendait. Sa sœur ne s’avoue jamais vaincue.
– Non, ça ne risque pas. Connie est morte.
– Quoi ?
– Assassinée. Hier soir. La police se demande s’il pourrait y avoir un lien avec le procès. J’ai objecté que Cheri n’était pas quelqu’un de violent, mais…
– Violente ? Pas du tout ! Je crois bien que je n’ai jamais connu gonzesse plus pacifique. Connie est morte ? Si vous vous renseignez sur Cheri, c’est que… Merde, vous n’êtes pas sérieux ?
– Peu importe mon avis, Chuck-O. Les flics commencent toujours par s’intéresser aux proches de la victime. Alors vous imaginez bien qu’une sœur avec laquelle il y a eu un gros différend…
– Mais non, c’est absurde.
– Je suis passé chez Cheri avant de venir ici, je voulais la prévenir pour Connie. C’est là que j’ai appris qu’elle avait disparu. L’appartement est vide, elle n’a même pas réglé son dernier loyer.
– Merde… c’est peut-être à cause du stress, les emmerdes qu’elle a subies. Elle a besoin de respirer un peu.
– Peut-être, mais reconnaissez que les apparences sont troublantes.
– Putain…
De sa main libre, il tapota un roulement sur le tom.
– Voilà, un petit solo rien que pour nous ! se félicita un habitué.
– Ta gueule ! lui envoya Chuck-O.
L’homme en resta bouche bée et les autres clients gardèrent le regard rivé au fond de leur verre.
– Connie, assassinée ? C’est dingue !
– Si vous avez le moyen de joindre Cheri, dites-lui de se manifester. Pour son bien. Elle n’a qu’à me joindre, moi.
Il me détailla, soupçonneux.
– Vous êtes sûr que vous êtes psychologue ? Facile de se faire une carte bidon.
Dee Martolo, la logeuse de Cheri, avait eu la même réaction. La méfiance de l’ère du numérique.
– Vous avez un ordinateur ?
– Pourquoi ?
– Connectez-vous au site de la fac de médecine, tapez mon nom et vous verrez si la photo correspond.
– C’est bon, c’est bon. Désolé, je suis sous le choc. Et comment se fait-il que vous sachiez ce que pense la police ?
– Il m’arrive de travailler pour eux.
– Ah bon ?
– Comme consultant. Mais ce n’est que du bon sens : une femme est tuée, sa sœur qui la hait disparaît, la déduction s’impose.
– Ce n’était pas de la haine… enfin, si, mais Connie ne méritait pas mieux. Et faites-moi confiance, Cheri est comme… comme un nuage. Un de ces nuages doux et cotonneux, vous voyez ?
– Contrairement à Connie.
– Déjà au lycée, Connie était… elle était beaucoup plus âgée que nous. On était encore au collège qu’elle était en fac, à se la péter. Même avant, elle était comme ça, à se croire supérieure. Genre, je ne suis pas de la merde, allez vous faire foutre !
– Arrogante.
– Personne ne pouvait la saquer… Mince, dit-il en ouvrant de grands yeux. J’ai pas intérêt à dire trop de mal d’elle ou vous allez me soupçonner. Hier soir, vous dites ? J’étais avec mes fils, on remettait en ordre mon bar de Sun Valley. Des connards ont tout salopé, ils l’avaient loué pour un enterrement de vie de garçon. Il a fallu faire la liste de tous les dégâts avant de nettoyer, pour l’assurance. Ça nous a pris jusqu’à six heures du mat’. Mais je n’ai pas besoin d’un alibi, n’est-ce pas ? fit-il en se levant.
– Non.
– Cheri, par contre…
– Ça simplifierait les choses si elle en avait un.
– Oui, bon. Vous en faites pas pour elle, elle ne risque rien.
– Je souhaite aussi contacter Winky et Boris.
– Pourquoi ?
– Parce que Cheri m’a parlé d’eux.
– Et de moi ?
– Bien sûr, mentis-je. Elle m’a parlé de votre petite bande, les bons amis que vous étiez.
– Vous voulez aussi rencontrer Zebra, alors ?
– Oui. Toute personne qui pourrait m’aider à retrouver Cheri.
– J’ai votre carte, je vous préviens dès que j’ai du nouveau.
– Merci.
Comme je me dirigeais vers la sortie, Lloyd me lança :
– S’il vous plaît, petit papa Noël, une dernière tournée !
Je lui souris et déposai des billets. Chuck-O Blatt compta la somme.
– Ça couvre juste ce qu’ils ont déjà bu.
Lloyd joignit les mains en prière.
– Une dernière petite libation, mon bon monsieur ? Pour récompenser les vertueux ?
– Faudrait pas pousser, le rembarra Chuck-O. Monsieur n’est pas le bon Dieu.
Altamont : célèbre festival organisé en 1969 par les Rolling Stones, marqué par la mort de plusieurs spectateurs, et considéré par certains comme la fin symbolique du rêve hippie.