Statue féminine
(Lomwe-Nguru), 1901.

Malawi ou Mozambique. Bois,

hauteur : 41 cm. Staatliche Museen

zu Berlin, Preußischer Kulturbesitz,

Museum für Völkerkunde, Berlin.

 

 

Parmi les Lomwe, différents groupes tatouaient leurs corps avec des signes distincts. Le motif, comme sa position, indiquaient le statut. Les personnages de haut rang étaient plus tatoués que les autres. Leurs tatouages pouvaient être faits en différentes techniques. Le motif élaboré de lignes sculptées qui décore cette statue représente sans nul doute des tatouages. La profusion des lignes et leur complexité indiquent un rang élevé. Cette déduction est confirmée si l’on interprète la base de la sculpture comme un tabouret. La figure représentée ici peut présenter les marques distinctives d’une ancêtre d’une lignée féminine. Elle a vraisemblablement été utilisée pour le culte d’un ancêtre, dans ce cas elle devait être conservée dans le lieu de culte appartenant au chef.

 

 

Les Populations voisines de l’Abyssinie et celles de la pointe orientale de l’Afrique

 

Nous venons de voir de quelle façon, plutôt désastreuse en général, s’est exercée l’influence musulmane sur les pays compris entre le Tchad et le Nil. De l’autre côté du grand fleuve africain, c’est une autre influence qui prédomina la plupart du temps, celle de l’Abyssinie chrétienne.

 

Celle-ci fut sans contredit considérable sur les populations nègres et négroïdes comprises dans les limites de l’empire abyssin ou voisines de ces limites. Si l’on songe à la part qu’a eue cet empire dans les destinées de l’Égypte ancienne ; si l’on se souvient qu’au moment de la naissance de Mahomet (570) il exerçait sa suzeraineté, par-delà la mer Rouge, sur le Yémen et qu’il envoya contre La Mecque une armée de près de quarante mille hommes ; si l’on pense à l’extraordinaire renommée dont jouissait en Europe au Moyen Âge la puissance du fameux « Prête-Jean[14] » ; si l’on réfléchit que cet État chrétien sut conserver sa religion à travers les siècles, à proximité des grands foyers de l’islam, et la défendre contre les entreprises musulmanes depuis l’époque de la conquête de l’Égypte par les premiers khalifes jusqu’à la violente poussée des « derviches » d’Omdourmân, on est obligé de supposer qu’une pareille force n’a pas pu ne point rayonner sur les peuples avec lesquels elle s’est trouvée en contact.