Statue accroupie (Suku). Bois,
corne et fibres végétales, hauteur : 35 cm.
Collection privée.
Les artistes suku mettent ici en lumière les courbes du personnage, de la coiffure aux bras en passant par le visage. Son dynamisme est renforcé par la confrontation de surfaces brutes et de détails finement sculptés. |
L’ensemble des pays qui constituent maintenant l’Union Sud-Africaine (Colonie du Cap, Natal, Orange, Transvaal) formait un vaste État, d’ailleurs peu homogène, dont la population dominante, celle des Betchouana, exerçait une sorte de suzeraineté sur les Bassouto, les Zoulou et autres peuples bantou étroitement apparentés aux Betchouana, ainsi que sur les Hottentots et les Bushmen du Lüderitzland et du désert du Kalahari.
Sur la côte orientale, entre la baie de Lourenço-Marques et celle de Sofala, régnait le fameux monomotapa dont le titre signifierait, d’après Avelot, « seigneur des hippopotames » et dont l’État, fondé dès avant le Xe siècle, comprenait comme populations suzeraines les Matabele et les Makalaka et comme populations vassales les Matonga et les Machona. Les Ouazimba, peuplade anthropophage et guerrière qui habitait à l’Ouest de Sofala, faisaient de fréquentes incursions dans ce royaume.
Tout le reste de la côte orientale, jusqu’au cap Guardafui, était plus ou moins sous la dépendance des sultanats fondés par des Arabes de Mascate et des Persans de Chiraz et de Bouchir, avec le concours commercial d’Hindous de Bombay et du Malabar.
Le plus puissant de ces sultanats, dont les autres relevaient au moins nominalement, avait son siège à Quiloa, entre le cap Delgado et l’île de Mafia. Fondé vers 980 par Ali, fils de Hassan, prince de Chiraz, il avait comme vassaux les sultans de Sofala, d’Angotche, de Mozambique, de Zanzibar, de Pemba, de Mombaz ou Mombassa, de Mélinde ou Malindi, de Kismayou et de Magadoxo (Bénadir). Dans la suite, les sultans de Sofala et de Zanzibar s’affranchirent de la tutelle de celui de Quiloa et le sultan de Zanzibar devint suzerain des établissements situés au Nord de son île.
Ces divers sultans arabes ou persans n’étaient pas à proprement parler des chefs d’État ; leur autorité ne s’exerçait que sur les colonies de musulmans d’origine asiatique établies auprès de leurs résidences respectives et sur les indigènes qui habitaient à proximité de ces résidences. Leur principale occupation était de recruter des esclaves que les chefs noirs en relations avec eux se procuraient au moyen de razzias et leur vendaient, et qu’ils expédiaient ensuite vers les ports de la mer d’Oman et du golfe Persique ou revendaient aux négriers portugais. La traite des esclaves constituait à peu près le seul négoce et la seule raison d’être des établissements musulmans de l’Afrique orientale et faisait leur prospérité. Point n’est besoin de dire que celle-ci était purement matérielle, que seuls en bénéficiaient les sultans, leur entourage et leurs clients et qu’une telle situation, loin de profiter à la masse de la population indigène, contribuait à la maintenir dans un état de barbarie et de misère morale dont elle n’a pas réussi encore à s’affranchir complètement.
L’ensemble des tribus noires répandues le long de la côte orientale était connu des Portugais sous le nom de Makoua et des Arabes sous celui de Zendj, ces deux mots étant à peu près synonymes d’esclaves dans la bouche de ceux qui les employaient. Du second fut formé le composé Zendj-bar « pays des esclaves » dont nous avons fait Zanguebar et Zanzibar[16].