Mille fois, j’ai déjà ressenti l’Unique 1...
Mille fois, plus de mille fois, ce dont l’essence est d’être unique...
- Tu le laisses toujours ne pas te reconnaître !...
Il y a donc, dans la substance d’un homme, une vertu d’effacement, sans laquelle un seul jour suffirait, épuiserait, consumerait l’attrait du monde ; une seule pensée annulerait l’esprit ?
Mais une soif de connaître, une joie de se sentir venir quelque prochaine Idée - de sentir s’éclairer peu à peu un royaume d’intelligence renaît indéfiniment des cendres secrètes de l’âme. Chaque aurore est première. L’idée qui vient crée un homme nouveau.
Mais comment se peut-il que je m’ignore et m’abolisse à ce point que l’espoir redevienne, et redore toujours les hauts frontons de la pure Promesse, les degrés infinis de la Connaissance, et ces autels mystérieux où notre vie offerte se change en fumée au pied des idoles de l’Intellect, où des actes spirituels et des prières extraordinaires transforment notre amour, notre sang, notre temps, en œuvres et en pensées ?
Ne suis-je pas accoutumé à me surprendre, et la nouveauté n’est-elle pas ma sensation la plus connue ?
C’est peut-être la loi de l’esprit qu’il doive méconnaître la plus naïve de ses lois 2. Elle exige que le désir n’ait eu de pareil. Car le désir est tout puissance ; mais le souvenir d’une puissance est impuissance, et la force n’est que ma présence au plus haut point.
Mais, tandis que le moment même de l’esprit aspire à ce qui lui semble sans exemple, et que j’espère en des états exceptionnels, chaque battement de mon cœur redit, chaque souffle de ma bouche rappelle - que la chose la plus importante est celle qui se répète le plus 3.