La Belle et la Bête18

Il était une fois un marchand d’habits qui avait trois filles. Un jour, il s’en va à la ville pour acheter des affaires. Alors, il dit à une de ses filles, à l’aînée : « Qu’est-ce qu’il faudra que je t’apporte ?

– Oh, elle lui dit, mon père, j’aimerais bien une belle robe.

– Bien, je t’apporterai ta robe. »

À la deuxième il dit : « Et toi, qu’est-ce que tu voudras que je t’apporte ?

– Oh, elle dit, mon père, moi, je voudrais un joli corsage. »

Alors il lui dit : « Bien, je t’apporterai ton corsage. »

À la troisième il dit : « Qu’est-ce qu’il faudra que je t’apporte ?

– Oh, elle dit, mon père, comme on n’est pas bien riche, tu m’apporteras seulement une rose.

– Oh, il lui dit, je t’apporterai une rose, mais ce n’est pas grand-chose ! »

Alors, voilà le marchand parti en ville : il achète sa robe, il achète son corsage, mais il n’avait pas trouvé de rose. En revenant, qu’est-ce qu’il voit ? Un joli château avec plein de roses dans le jardin. Il se dit : « Ma foi, tant pis ! Je vais demander si on veut me donner une rose. »

Il rentre, il approche : il ne voit personne. « Eh bien, il dit, tant pis ! Je coupe la rose ! »

Il coupe une rose. Mais, en coupant la rose, il est sorti du sang. Alors, une grosse bête apparaît qui lui dit : « Tu as coupé une rose sans me le demander. »

Le marchand lui répond : « Eh bien, c’est pour ma fille qui m’en avait demandé une. Ma foi ! n’en trouvant nulle part, j’en ai pris une ici. »

Alors la Bête lui dit : « Puisque tu as une fille, tu reviendras avec elle pour que je la mange, ou toi-même ! Si dans deux jours tu n’es pas là, il t’arrivera un grand malheur. »

Voilà le marchand parti, bien ennuyé. En arrivant chez lui, il donne la robe à sa première fille ; ensuite il donne le corsage à la deuxième ; alors il dit à la troisième : « Voici ta rose, mais, tu sais, elle m’a causé de graves ennuis. Il faudra que toi ou moi nous revenions où je l’ai prise, car il y a une grosse bête qui veut nous manger toi ou moi parce que j’ai coupé la rose. »

Les deux sœurs de la jeune fille là l’ont disputée : « Tu vois, avec tes manières de ne pas être comme tout le monde ! Si notre père est mangé, qu’est-ce qu’on fera, nous seules ?

– Ce n’est pas mon père qui sera mangé, ce sera moi ! »

Voilà le père et la fille partis. En arrivant à la porte du château, la jeune fille, elle rentre ; puis le père s’en va. La jeune fille regarde partout, ne trouve personne. Partout où elle regarde, c’était marqué :

Tout est à toi. Mais surtout, ne t’en va pas, car il arriverait un grand malheur à ton père.

Arrive le soir. La jeune fille, ne voyant rien, se couche dans un beau lit. Et, dans la nuit, voilà qu’apparaît la Bête. La Bête lui dit : « Si tu veux te marier avec moi, tu seras très heureuse. » Alors, la jeune fille dit : « Avant, je veux réfléchir. »

Elle ne pouvait pas dire non !

Les jours passèrent. La jeune fille ne se décidait pas. Alors, elle dit à la Bête : « Si tu étais bien gentille, tu me laisserais aller voir mes parents. » La Bête lui dit : « Vas-y, mais sois rentrée à neuf heures ! » Voilà la jeune fille partie et qui revient juste à neuf heures.

Une autre fois, la jeune fille lui dit : « Je voudrais bien encore une fois aller voir mes parents ! » La Bête lui dit : « Vas-y, mais, comme tu as été raisonnable, tu rentreras à dix heures. » Et la jeune fille, le soir, revient à dix heures.

Une autre fois, elle dit : « Je voudrais bien encore une fois aller voir mes parents. » Alors la Bête lui dit : « Vas-y, mais tu seras là à onze heures. » Mais les sœurs lui disent au moment de partir : « Tu nous embêtes avec ta Bête ! Tu as bien le temps de rentrer ! » La jeune fille se laisse faire et ne rentre que le lendemain.

Le lendemain, en arrivant, elle ne trouve plus sa Bête… mais, tout à coup, qu’est-ce qu’elle entend ? La Bête qui était dans la rivière et qui pleurait ! Elle voulait se noyer parce qu’elle croyait que la jeune fille ne rentrerait pas. Alors la jeune fille lui dit : « Reviens, ma Bête, je me marierai avec toi ! »

Et la Bête se transforme en un prince charmant. (C’était un prince que les sorcières avaient changé en Bête, comme autrefois.)

Alors la Belle et la Bête se sont mariés. Il y a eu un grand mariage. Puis, la jeune fille a pris son père avec elle. Elle a dit à ses sœurs : « Vous n’avez pas été très bonnes pour moi mais je veux l’oublier. Je vous donnerai un appartement dans mon palais et vous n’aurez plus besoin de travailler. Et nous serons tous très heureux ! »

Et c’est fini !