Les Chercheuses de poux1

      Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes,

      Implore l'essaim blanc des rêves indistincts,

      Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes

   4  Avec de frêles doigts aux ongles argentins.

 

      Elles asseoient l'enfant devant une croisée

      Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs.

      Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée

   8  Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs.

 

      Il écoute chanter leurs haleines craintives

      Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés

      Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives

  12  Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.

 

      Il entend leurs cils noirs battant sous les silences

      Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux

      Font crépiter parmi ses grises indolences

  16  Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.

 

      Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,

      Soupir d'harmonica qui pourrait délirer ;

      L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses,

  20  Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.