Voyelles1

      A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,

      Je dirai quelque jour vos naissances latentes :

      A, noir corset velu des mouches éclatantes

   4  Qui bombinent autour des puanteurs cruelles2,

 

      Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,

      Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;

      I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles

   8  Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

 

      U, cycles, vibrements divins des mers virides3,

      Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides

      Que l'alchimie4 imprime aux grands fronts studieux ;

 

  12  O, Suprême Clairon plein des strideurs étranges5,

      Silences traversés des Mondes et des Anges :

      – Ô l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! –

A. Rimbaud

      L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,1

      L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins

      La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles

   4  Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.