Des fleurs et des copains
Alain et Daniel sont assis au bord du lac de Maine. Ils regardent le paysage.
– Evidemment, c’est beau ici, le lac, la voile 20 , la plage, le cheval 21 , le golf-miniature, le camping... mais c’est très cher, tu ne trouves pas ? demande Alain.
– Oui, c’est vrai, mais on a du travail ... répond Daniel.
– Oui et un travail pas très fatigant, un peu ennuyeux 22 ... mettre des fleurs dans des pots 23 ...
– Ou enlever les fleurs des pots, tu vois, c’est différent ! dit Daniel avec humour !
Le travail est simple mais vraiment monotone. Les collègues ne leur parlent pas. Ils n’aiment pas ces étrangers. À la pause, Alain voudrait faire la conversation :
– Eh ! Tu es d’ici, toi ?
– Oui... enfin, non... je viens de Saint-Bar thélémy 24 , c’est à quelques kilomètres...
C’est là qu’on fabrique le Cointreau. Tu connais ? répond Louis.
– Oui, bien sûr, nous, l’alcool et la bouffe 25 , on connaît toujours.
– Et vous deux-là, vous venez d’où ? continue Louis très intéressé.
– Moi, je... Daniel ne sait plus quoi dire, il préfère ne pas trop parler de lui. Il est né à Paris. Ça, les gens de province n’aiment pas trop les Parisiens. Il a peur 26 que ce petit dialogue ne s’arrête trop vite.
– Moi, je viens de... c’est-à-dire que ma mère est Normande, elle vient d’Alençon 27 et mon père est du Mans. Tu vois presque d’ici...
– Oui, c’est vrai, dit Louis rassuré 28 .
– Et moi, dit Alain, moi... je suis de Spézet, c’est en Bretagne, à côté de Gourin. Je suis Breton, ce n’est pas loin non plus. Il ne dit pas que sa mère est Italienne, l’Italie, c’est trop loin, c’est inutile, ça complique.
– Je m’appelle Louis Segré, je travaille ici depuis vingt ans. J’adore les fleurs et les plantes. J’aime les toucher 29 des milliers de fois par jour. À chaque saison, elles sont différentes, de nouvelles sortes, de nouvelles couleurs. L’hiver, nous sommes cinq ouvriers 30 ici, mais l’été, des saisonniers comme vous, viennent nous aider. Le soir, on boit un verre ensemble, on se raconte des histoires – vraies ou fausses – on rit ensemble... Ça passe le temps... Venez ce soir chez Yvette, c’est notre bistrot.
– Avec plaisir, c’est pas de refus 31 , comme on dit.
– Oh, la pause est finie... à ce soir !
– Dis, tu crois qu’on peut y aller ? Ou c’est trop dangereux ? demande Daniel.
– Oh, tu as toujours peur. Bien sûr qu’on y va, répond Alain.