Colette et
la maladie d’amour
« Plaisir d amour 45 Ne dure qu un moment Chagrin d amour 46 dure toute la vie »
Colette connaît très bien cette chanson, « ma préférée pendant longtemps », raconte-t-elle à Daniel qui veut savoir pour quoi une jeune femme, comme elle, est saisonnière aussi .
Elle raconte qu’elle habite, à cette époque, une ancienne chambre de bonne au sixième étage d’un vieil immeuble, rue du Laos, à Paris dans le XV e arrondissement. Il y a un lavabo 47 et l’eau courante 48 mais pas d’eau
chaude. Les W.C. se trouvent au cinquième étage. Elle les partage avec d’autres locataires 49 .
Elle a une table, une commode, deux chaises et un matelas par terre. Elle a tout acheté au Marché aux Puces, à Clignancourt 50 .
Elle est amoureuse de Pascal. Il est étudiant. Pour gagner de l’argent, il travaille comme veilleur de nuit 51 dans un grand hôtel. Elle fait des petits boulots 52 . Le plus important, c’est qu’ils passent leur temps ensemble. Ils vivent pratiquement d’amour et d’eau fraîche. Ils font des projets, ils sont heureux !
Au bout de plusieurs mois, ils commencent à se disputer pour des petites choses sans importance. La vie dans une si petite chambre est impossible. Pascal quitte Colette, elle va habiter chez une amie.
Elle n’arrive pas à oublier Pascal. Elle pense à lui, à son grand amour. Elle sait qu’elle ne peut plus vivre sans lui : elle va chez lui. Il n’est pas seul. Une autre femme est dans sa chambre. Colette est choquée, déprimée. Elle ne sait plus quoi faire. Elle prend toutes ses affaires, met tout dans un sac à dos, quitte Paris et part à l’aventure, sans en parler ni à ses parents ni à ses amis.
« Mais alors, » demande Daniel « pourquoi ce n’est plus ta chanson préférée ? Je ne comprends pas.» Colette continue son histoire.
Cinq mois plus tard, Pascal qui fait un stage 53 dans une usine d’ascenseurs 54 passe sur la place du Ralliement à Angers pour prendre le car – c’est le bus qu’on appelle comme ça en province -, il remarque une femme assise, elle attend son car. Elle ressemble à Colette. Il s’approche, c’est elle. Il lui parle. Elle se lève. Ils partent ensemble.
Il n’est pas allé à son stage, ce jour-là. Elle n’est pas allée couper les fleurs – c’est la saison des glaïeuls 55 - chez l’horticulteur 56 Étienne, c’est chez lui que travaillent Daniel et Alain depuis quelques jours.
Maintenant sa chanson préférée, c’est celle de Jacques Brel : « Ne me quitte pas, ne me quitte pas, il faut oublier, tout peut s’oublier. »