III

Mac Isaac descendait la rue principale de Magellan. Un terrain vague entre une double file de maisons de bois à peine alignées. La boue desséchée par le vent du Horn sculptant des ornières enchevêtrées. Les chiens éparpillant des immondices. Des marins blonds traînant leurs bottes sur un rythme de mer montagneuse. Le vent transportait des nuages de sable, estompait les silhouettes mouvantes, épais comme une « poudrerie » d’Ushuaia. D’authentiques Fuégiens — Yaghans et Alakaloufes — promenaient leur misère salariée, du Rio de los Ciervos à Pampa Chica, portant des charges trop lourdes avec des gestes de convalescents. Des métis, affublés de défroques militaires. Des ivrognes... Mac Isaac croisait parfois quelque personnage important juché sur un « wiski » sorte de cabriolet léger très élevé sur ses roues. Uniformes de la « Gobernación ». Redingote et chapeau de soie de quelque armateur. Ces personnages allaient régler d’importants problèmes d’administration ou dépouiller légalement un navire sur rade. Acheter et vendre. Construire au nom du « Porvenir ». El porvenir ! L’avenir de Magellan. Le charbon, l’or, le mouton, la navigation...

Mac Isaac passa devant la chapelle catholique, isba de troncs superposés avec son clocher qui vacillait dans le vent. Il serrait dans sa poche la lettre d’Elisabeth Neil qu’il venait de trouver à la « Gobernación ». Il fut tenté d’entrer dans la boutique de son ami le « Capitan » Luis Piedrabuena. Il ne serait pas dérangé entre bottes de mer, ancres, fanaux de cuivre, suroîts ; dans l’ambiance tonique des relents du chanvre goudronné. Mais il poursuivit... Il descendait vers la rade. Une goélette prenait le large. Mac Isaac reconnut la « Rippling Wave ». Le détroit ruisselait de lumière glacée. Une ligne bleue dessinait, à l’horizon, la côte de l’île Grande.

Le Pasteur traversait des terrains vagues. Tas de bois calcinés. Objets hétéroclites incrustés dans le ciment de la boue... Les ruines laissées par la mutinerie des artilleurs qui, deux ans plus tôt, en 1877, avait désolé la cité, détruit par le feu et le canon la moitié des maisons et fait 53 victimes. Mac Isaac découvrit sur le port un café tranquille Antiguo Valparaiso. Il commanda un whisky.

 

« Cher et vaillant Duncan,

 

Je suis enfin allongée sur mon lit, dans cette chambre d’Ashley Down qui a reçu, trop rarement, vos chastes visites pendant les quatre années que vous avez passées parmi nous et dont le souvenir éclaire les tristes perspectives de ma vie. Beaucoup de brouillard sous mes fenêtres, cris des milliers d’enfants dont l’abandon est une honte pour l’Angleterre mais une gloire pour le Seigneur ! L’intérêt que vous me portez et que traduit votre dernier message doit vous mettre en souci de ma santé. Les médecins sont désorientés. Ils parlent d’une maladie de langueur. Mais, grâce à votre exemple, mon âme sera toujours assez forte pour soutenir le corps, et je sais que : « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. » 1 Corinthiens, xv, 26.

Je trouve enfin le loisir de vous écrire plus longuement qu’au cours de ces années passées où j’avais à peine le temps matériel de vous donner quelques nouvelles de Barbara. Car il faut être alité pour voir se relâcher la douce tyrannie du pasteur Muller. De la parole de Job : « L’homme n’a-t-il pas sur la terre un service de soldat, et ses jours ne sont-ils pas comme ceux d’un mercenaire ? VII, 1 » il fait une règle de vie pour ses collaborateurs. J’échappe à cette incertitude du lendemain qui paraît enchanter mon directeur mais qui, pour moi, n’est pas autre chose qu’une torture indéfiniment prolongée. Barbara a maintenant huit ans. Elle est grande, admirablement proportionnée, toujours gaie. Elle est extrêmement habile de ses mains, mais rebelle à tout effort intellectuel et j’ai bien peur que nous ne soyons obligés d’abandonner l’espoir de lui donner une instruction un peu étendue. Je crains aussi qu’elle ne se fortifie jamais dans l’amour du Seigneur. Tout ce qui est frivolités l’intéresse. D’un sourire, elle détruit les efforts que je multiplie pour lui faire ressentir la douce présence de Jésus ! Elle appartiendra au Monde, et le Dieu d’Israël la rejettera, Duncan, je vous le prédis !

« Barbara possède la beauté violente et primitive de sa mère, Duncan. Ce même visage de marbre, ces cheveux étranges, mais il lui manque la sérénité de sa mère. Même lorsqu’elle sourit — et elle sait, croyez-moi, utiliser la force de son sourire — il passe au fond de ses yeux l’ombre tourmentée qu’on aperçoit dans les vôtres lorsque vous ronge le souci d’une grande entreprise ou le souvenir d’un échec.

Elle est aussi belle que sa mère, Duncan, et, puisque je suis amenée à vous parler d’elle, il me faut vous ouvrir mon cœur. Pendant les quatre années de votre présence en Angleterre j’ai gardé le silence. Toute parole aurait réveillé le regret de ce qui n’a pas été. Quatre années se sont encore écoulées depuis ; je crois avoir retrouvé la force de parler de ces choses avec une certaine sérénité. Pourquoi m’avez-vous menti dans la lettre où vous m’annonciez votre mariage à Ushuaia ? Cher Duncan, pourquoi m’avez-vous dit qu’Alitol Telen n’était pas belle ? Qu’elle n’était pas aussi belle que moi ? Pourquoi m’avoir laissé supposer qu’il s’agissait d’une de ces femmes sauvages que vous m’aviez si souvent décrites avec horreur ? Vous vous êtes chargé la conscience d’un péché inutile, Duncan. Et je me suis bien souvent demandé s’il s’agissait là d’un simple mensonge, destiné à voiler de coupables pensées charnelles, ou d’un pieux mensonge commis à mon intention, afin de me rendre plus léger le sacrifice que vous m’imposiez par votre mariage. Vos dernières lettres ont levé mes incertitudes. C’était donc un pieux mensonge puisque vous demandez au Seigneur de réserver les possibilités d’un avenir qui nous rassemblerait ?

Vos lettres m’assurent que je reste la fiancée de Iona, l’île païenne « assise sur la tombe de Macbeth ». Mon pauvre cœur en reçoit une bienheureuse chaleur si ma conscience est troublée. Même dans le cas d’une union aussi extravagante que la vôtre avec une femme sauvage, l’époux a-t-il le droit de distraire ses possibilités d’affection au profit d’une autre femme ? Ce souci me ronge. Dois-je m’en ouvrir au pasteur Muller ? A Mme Muller plutôt ? J’hésite, car elle examinerait ce problème avec la sérénité d’une conscience étrangère à nos peines ; elle condamnerait votre attitude rien que pour m’imposer, à titre de pénitence, de nouvelles charges au profit de sa santé toujours victorieusement chancelante, alors que je dois m’occuper de la mienne. Je préfère vous faire confiance, Duncan, et me reposer de cette inquiétude sur la sainteté de votre vie.

J’accepte donc votre tendre présence avec la nostalgie de la sentir si lointaine. Je fais confiance à l’avenir. Peut-être serez-vous obligé de quitter bientôt ces régions désolées, puisque vos brebis sont rappelées au Seigneur plus vite que les êtres civilisés ? Remplissez votre devoir, tout votre devoir, selon la promesse faite au Tout-Puissant, mais ne m’oubliez pas, cher et vaillant Duncan... Je vois d’ailleurs, d’après votre dernière lettre, que mes conseils sont superflus et que vous ne négligez rien de vos devoirs, tout spécialement de vos devoirs conjugaux, puisque vous m’annoncez la naissance prochaine d’un deuxième enfant. Qu’il soit béni ! Votre servante est prête à se charger de son éducation dans les mêmes conditions que pour Barbara. Avec plus de succès, j’espère, que pour Barbara, je m’efforcerai de l’ouvrir à l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans l’amour de qui cherche à se maintenir votre fidèle et dévouée

 

Elisabeth NEIL.

 

P.-S. — Je ne vous ai pas demandé des nouvelles de votre santé. Que vous soyez tombé malade au retour de ce terrible voyage d’exploration à la recherche des Onas, n’a rien qui puisse surprendre. Vous m’assurez que votre guérison est complète. N’est-ce pas aussi un pieux mensonge ? Ménagez vos forces qui ne sont pas inépuisables. Vous n’êtes plus un jeune homme ! Vous auriez dû accepter, en temps opportun, la succession du Révérendissime Tomas Bartlett aux Falklands ! Depuis votre mariage, tout le monde garde un silence diplomatique sur cette affaire. Je crois que votre collaborateur John Stirling a plus de chances que vous d’occuper un jour le poste ! Mais je sais combien est grand votre mépris pour les honneurs. Et je vous approuve. Mais, d’une manière ou d’une autre, il faut vous ménager. Pensez à l’avenir. A notre avenir !

Pour vous seul : J’ai cherché durant les nuits sur ma couche celui qu’aime mon âme ; je l’ai cherché, mais je ne l’ai point trouvé.

Je me lèverai maintenant, et je ferai le tour de la ville, dans les rues et sur les places ; je chercherai celui qu’aime mon âme. Cantique des Cantiques, 111, 1, 2.

 

E.N. »

 

Mac Isaac appela le garçon, un métis au regard fuyant. Il paya en extrayant les « chauchas »29 d’un porte-monnaie en cuir de « guanaco » avec une lenteur réticente. Puis il sortit. Il allait par les rues éventrées. Il redressait sa petite taille, l’œil vif, les épaules roulant sous la tunique avec le rythme du matelot. Le vent ronflait dans les couloirs de la « Gobernaciôn », simple construction de bois à deux étages entourée d’une galerie. Le vent, aidé par la pluie, pratiquait chaque année dans les parois des brèches que les fonctionnaires masquaient avec des fonds de boîtes métalliques « Huntley Palmer ». Des enfants déguenillés tiraient le Pasteur par les pans de sa redingote.

 — Un « chaucha »... señor parroco un chauchito... un petit « chaucha » monsieur le curé !...

Mac Isaac serrait la main sur son porte-monnaie, au fond de sa poche. Un mendiant aveugle vagissait au seuil d’une cabane pourrie, rongée par la lèpre de l’humidité et disloquée par le vent.

 — Nuestra señora de la Purisima te la pagará !...

Mac Isaac passait, la tête haute. Le vent jouait avec les tôles des toitures et les cheminées. Il produisait un bruit de girouette rouillée. Le Pasteur n’entendait rien. Il n’apercevait rien qu’une maison neuve enrichie d’un auvent, et le chiffre de 5 000 £ que son œil surimpressionnait sur la plaque de cuivre gravée :

BRUNSWICK-MENDEZ
Comisión — Exportación

Tocar el timbre.

 

Un domestique géant à la figure cramoisie le fit entrer dans le salon. La reine Victoria régnait à travers la pénombre depuis le fond de son cadre. Une horloge de Boule minutait le silence. Sur une console : des pistolets d’assaut filigranés d’argent. Des fauteuils recouverts de velours rouge. Dans la pièce : un parfum de thé et de vanille.

Brunswick-Mendez entra sur la pointe des pieds. Il portait la tunique à carreaux écossais boutonnée jusqu’au col, les pantalons assortis tendus sur le mollet, serrés à la cheville par des guêtres blanches. Il s’installa dans un fauteuil, enfonça ses pieds dans une chancelière, exhaussa le lorgnon à ganse pour examiner le Pasteur. Il tournait vers lui un visage encore jeune, avec ses yeux durs, ses lèvres minces adoucies par une paire de favoris blancs.

 — Je vous écoute, monsieur le Pasteur.

 — Notre consul et ami commun Jorg Miller, commença Mac Isaac d’une voix bourrue, car vous êtes naturellement citoyen du Royaume-Uni...

 — Je suis protégé britannique, monsieur le Pasteur.

 — Peu importe ! Jorg Miller m’a donné l’assurance que vous seriez en mesure de m’apporter l’aide dont j’ai besoin. Il me faut 5 000 £...

Brunswick-Mendez poussa un soupir.

 — C’est une belle somme. On peut construire deux goélettes pour 5 000 £... J’ignorais que les frais du culte fussent si élevés ?

Mac Isaac haussa les épaules.

 — Cher monsieur, en 1875 j’ai ramené de la zone de l’Almirantazgo une cinquantaine d’Indiens Onas. Je les ai nourris et me suis efforcé de les vêtir pendant plus d’un an. Dès que l’existence de la mission est parvenue à la connaissance des autres familles, ma clientèle s’est accrue ! En 1877, deux cents bouches attendaient mes galettes. J’ai maintenu la mission par des prodiges de mendicité. Mais à la fin de 1877 j’ai dû recourir à d’autres méthodes. Disposant de crédits pour nourrir les Onas quatre mois sur douze, je les ai renvoyés pendant la belle saison après les avoir hébergés tout l’hiver. Fidèles, ils sont revenus en 1878 et réapparaissent actuellement... Mais vous comprenez qu’avec ce système tous mes efforts de prédicateur sont réduits à néant par le retour périodique à la vie sauvage ! J’ai l’ambition d’installer mon œuvre sur des bases stables !

L’armateur lustrait ses favoris d’une main négligente.

 — Je comprends très bien, monsieur le Pasteur... Mais... Je ne suis pas en mesure de subventionner une oeuvre de cette importance... 10, 20, 50 £ par an, je ne dis pas... 5 000 £ ! ! !... Mes ressources...

Mac Isaac interrompit Brunswick-Mendez.

 — Il ne s’agit pas de subvention ! J’ai l’expérience des missions de luxe subventionnées. Pendant dix ans, Yaghans et Alakaloufes ont vécu dans l’oisiveté à Ushuaia, et ils en sont morts. Rio Grande doit être établie sur des bases économiquement saines, l’Indien intégré dans le cadre d’une entreprise pour acquérir des habitudes de travail et de discipline. J’ai, par conséquent, décidé de tenter l’élevage du mouton dans l’île Grande.

Brunswick-Mendez tendit un verre de porto à son visiteur.

 — Bonne initiative ! Mais à votre place, disposant d’une main-d’œuvre abondante et gratuite dont on peut stimuler le zèle par des gardes bien armés, je n’hésiterais pas... J’entreprendrais des recherches aurifères. Vous savez qu’on vient de découvrir de l’or à l’embouchure du détroit, et que des aventuriers lavent déjà à Zanja a Pique ?

Mac Isaac rougit et fit un effort pour se contenir. Il frappa légèrement la table du plat de sa main.

 — Notre-Seigneur le Christ a dit qu’un riche entrerait difficilement dans le royaume de Dieu. Je veux seulement aider mes pauvres Onas à s’adapter tant qu’il en est temps à cette vie civilisée qui les menace.

L’armateur s’enfonça dans son fauteuil, sortit un carnet de sa poche et saisit un crayon.

 — En somme... vous avez besoin de 5 000 £ pour fonder une « estancia »30 ?

 — Cinq cents £ pour importer les reproducteurs de Cheviott et d’Aberdeen. Mille cinq cents pour « alambrer »31 mes terrains. Cinq cents pour les tondeuses à vapeur à importer de Birmingham. Huit cents pour les bâtiments. Mille sept cents pour divers et fonds de roulement... Mes calculs sont établis depuis longtemps et très serrés, je vous assure !

Le vent frappait aux persiennes closes. Brunswick-Mendez alignait des chiffres. Mac Isaac se mordait les lèvres.

 — Si j’avais confiance dans l’avenir du « ganado lanare », reprenait l’armateur, je vous proposerais l’association ! Un homme d’entreprise comme vous, un Pasteur disposant d’un vrai cheptel humain... Mais... l’or, oui !... Quel dommage que la parabole du Galiléen vous interdise !... Bref, cette confiance je ne l’ai pas ! Cependant, par amitié pour Mr. Jorg Miller je vous prêterai 5 000 £. Mais je suis un homme d’affaires, monsieur le Pasteur, cet argent doit être productif et garanti par la nue-propriété.

 — C’est tout naturel !

Brunswick-Mendez inscrivait des chiffres sur son carnet.

 — Il s’agit par conséquent d’un prêt de 5 000 £ à...

 — « Sociedad Ganadera del Rio Grande » au capital de 1 000 pesos.

 — Les actions seraient détenues par ?

 — Duncan Mac Isaac à Rio Grande et Mlle Elisabeth Neil, Ashley Down, Bristol.

 — Voici quelles sont mes conditions. La somme sera productive d’intérêt à 10 % jusqu’à son remboursement en 1885. En cas de non remboursement à cette date, l’intérêt devient progressif, soit 18 % de 1885 à 1890, et 22 % de 1890 à 1895. Si les intérêts et le capital ne sont pas entièrement soldés en 1895, le prêteur prendra possession de tous biens meubles et immeubles de la société.

Mac Isaac souriait.

 — Vous m’assassinez, monsieur l’armateur !

 — Je prends quelques risques, monsieur le Pasteur !

 — Si peu, ramenez l’intérêt de base à 8 %.

 — 10.

 — 8.

 — Je verrai... Je réfléchirai. Revenez demain !

Il reconduisit Mac Isaac. Le vent passait sous les portes avec un sifflement funèbre. Le sable crissait sous les semelles. Brunswick-Mendez murmurait dans ses favoris blancs... El porvenir... el porvenir de la Tierra de los Fuegos... avec ce vent ! ! !... »

Le vent portait nord-est quand Mac Isaac embarqua sur le Catalina, deux jours plus tard. Acte signé. L’argent en banque. Les commandes passées en Ecosse et en Angleterre. D’autres cutters mettaient à la voile pour transporter les chercheurs d’or au cap des Vierges, sur les plages de l’île Grande, à l’embouchure des rios Alpha et Béta et jusqu’en baie Saint-Sébastien... Mac Isaac contemplait les aventuriers qui se pressaient sur les ponts, animés par une fébrile espérance. Il n’avait aucune confiance dans l’or et la richesse éphémère. Le mouton... oui... Il emportait vers le sud sa foi paysanne dans la terre...

Le Catalina sortit de la rade foraine. Son énorme grande voile lui donnait un air de hautaine et silencieuse majesté. Les douze tonneaux du cutter ne pesaient pas lourd aux mains des vagues, entre les griffes du vent. Mais le patron, un vieux marin de la tradition « République de Venise », immigré depuis vingt ans, connaissait l’humeur de la mer dans les canaux et les sombres fantaisies du Horn.

 — Nous aurons vent sous vergue jusqu’à la première « angostura », capitan Bueno ! cria le Dalmate.

 — Et le nez dans la plume pour faire route sur Rio Grande, passé Espiritu Santo ! répondit joyeusement le missionnaire.

Juché sur le toit de la cabine, accroché aux drisses, capitan Bueno contemplait cette ligne bleue posée plus légèrement qu’un nuage sur l’horizon sud : l’île Grande, la « tierra del porvenir ».